Jean Dubuffet (1901-1985)
This item will be transferred to an offsite wareho… Read more Provenant d'une prestigieuse collection particulière européenne
Jean Dubuffet (1901-1985)

J'accours

Details
Jean Dubuffet (1901-1985)
J'accours
signé et daté 'J. Dubuffet 64' (en bas à gauche); signé, daté de nouveau et titré 'J'accours (vinyl) mars 64 J. Dubuffet' (au revers)
vinyl sur toile
194.4 x 129.5 cm.
Peint le 27 mars 1964

signed and dated 'J. Dubuffet 64' (lower left); signed, dated again and titled 'J'accours (vinyl) mars 64 J. Dubuffet' (on the reverse)
vinyl on canvas
76 ½ x 51 in.
Painted on the 27th of March 1964
Provenance
Galeries Beyeler, Bâle et Jeanne Bucher, Paris.
Collection particulière, New York.
Collection particulière, Londres; vente, Christie’s, Londres, 5 février 2003, lot 29.
Galerie Bernard Cats, Bruxelles (acquis au cours de cette vente).
Vedovi Gallery, Bruxelles.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel, en 2003.
Literature
G. Gassiot-Talabot, Galerie Jeanne Bucher, in Cimaises, no. 75, Paris, février-avril 1966, pp. 11-23 (illustré p. 21).
Jean Dubuffet au château d'Ancy-le-Franc, quelques détails de l'exposition "style et cri", in L 'Yonne républicaine, Auxerre, 8 août 1969 (illustré).
M. Loreau, Catalogue des Travaux de Jean Dubuffet: L'Hourloupe I, fascicule XX, Lausanne, 1969, no. 293 (illustré, p. 143).
Exhibited
Venise, Palazzo Grassi, Centro Internazionale delle Arti e del Costume, L’Hourloupe di Jean Dubuffet, juin-octobre 1964, no. 52 (illustré).
Paris, Galerie Jeanne Bucher, L'Hourloupe, décembre 1964 - janvier 1965 (illustré).
New York, Solomon R. Guggenheim Museum, Jean Dubuffet 1962-66, octobre 1966-février 1967, no. 34 (illustré).
Special Notice
This item will be transferred to an offsite warehouse after the sale. Please refer to department for information about storage charges and collection details.
Further Details

Brought to you by

Valentine LEGRIS
Valentine LEGRIS

Lot Essay

« L’Hourloupe continue donc la gigue vive et truculente, toujours pleine de science, de la connaissance des choses raffinées de la peinture. »

“So l’Hourloupe continues the lively and colourful jig, always full of science, of the knowledge of the finer things of painting.”

Guy Weelen

Depuis son origine au début des années 1940, l'œuvre de Jean Dubuffet a toujours été marquée par un sorte d’empressement, d’accélération permanente, comme si l’artiste cherchait systématiquement à devancer le spectateur, les cycles se succédant à une cadence frénétique pour surprendre et déboussoler toujours davantage. Que celui qui rédigera à la fin de sa vie une Biographie au pas de course ait décidé de titrer l'œuvre présentée ici J’accours prend dès lors une tournure volontiers autobiographique, soulignée par la première personne du singulier. Son titre inscrit en outre l'œuvre dans un corpus de tableaux réalisés au début des années 1960, dont les noms font écho à la frénésie qui marque la société française de l’époque, marquée par l’euphorie des Trente Glorieuses : L’heure de la hâte, Emplettes hâtives, Va de l’avant, L’escampette. Accourir : venir en hâte, se précipiter, aller vite et de l’avant. C’est bien ce mouvement que donne à voir, sur près de deux mètres de hauteur, ce personnage qui semble prêt à bondir hors des limites de la toile. Par sa présence joyeuse et éclatante, il s’avère un exemple emblématique de l’un des cycles les plus importants de l'œuvre de Jean Dubuffet : l’Hourloupe.

L’Hourloupe naît en juillet 1962 et sa genèse tient du hasard : alors qu’il passe du temps au téléphone, Jean Dubuffet réalise machinalement des griffonnages sur des feuilles de papier. Utilisant des stylos bille rouges et bleus, il trace, sans y prêter garde, des entrelacs de formes et de modules cellulaires, tantôt vides, tantôt barrés. L’artiste décèle dans ces gribouillages automatiques le potentiel de développement d’un nouveau langage plastique et c’est ainsi qu’il donne naissance à son plus long cycle de création, qui l’occupera jusqu’au milieu des années 1970. Si la série précédente de Paris Circus donnait à voir, dans une palette particulièrement riche et une manière figurative, des personnages affairés dans le magma urbain, l’Hourloupe réduit drastiquement la voilure chromatique pour se concentrer sur quatre tonalités principales - le rouge et le bleu donc, ainsi que le blanc et le noir – et plonge le spectateur dans un monde désormais déconnecté du réel. Comme le souligne l’artiste, « ce cycle [de l’Hourloupe] était marqué par un caractère beaucoup plus gravement arbitraire et irrationnel que tous les travaux faits antérieurement. Un plongeon dans le fantasme, dans un fantomatique univers parallèle » (J. Dubuffet, « Biographie au pas de course » in Prospectus et tous écrits suivants, IV, Paris, 1995, p. 510). Ce qui fera dire à Geneviève Bonnefoi de ces nouvelles peintures qu’elles constituent « la plus parfaite entreprise de désorientation entreprise à ce jour » (G. Bonnefoi, Les Lettres Nouvelles, septembre-novembre 1964).

J’accours se révèle une œuvre charnière au sein de ce vaste cycle de création. Parce qu’il représente un personnage en pied, tranchant seul sur un fond noir, la peinture anticipe les œuvres en trois dimensions que Jean Dubuffet commence à réaliser dans la deuxième moitié des années 1960 – figurant essentiellement des personnages, des ustensiles de la vie quotidienne et des modules d’architecture – et qui culmineront avec Coucou Bazar, sorte de tableau vivant où des comédiens revêtent des costumes de l’Hourloupe et insufflent le mouvement aux créations de l’artiste. Importante, l'œuvre l’est également en raison de sa présence dans les deux expositions majeures ayant contribué, dans les années 1960, à asseoir la reconnaissance internationale de l’Hourloupe. La première a lieu au Palazzo Grassi de Venise en 1964 et montre au public plus d’une centaine d'œuvres réalisées depuis 1962, dont 55 toiles; la seconde se tient au Musée Guggenheim de New York au tournant des années 1966 et 1967. Cette dernière recevra un accueil enthousiaste de la critique et c’est ainsi qu’on pourra lire dans le New York Times que « seul un artiste doté d’un caractère tel que celui de Dubuffet, sachant jouer la carte du primitivisme pour revitaliser un goût hanté par le souvenir de l’élégance, pouvait accéder à une telle autorité » (H. Kramer, « Dubuffet sans camouflage ou déguisement, sans faux-semblant » in The New York Times, 30 octobre 1966).


Since its origins in the early 1940’s, Jean Dubuffet’s work has always been marked by a kind of constantly accelerating haste, as if the artist were systematically trying to stay one step ahead of the viewer, the cycles coming one after the other at a frenetic pace in order to be ever more surprising and unsettling. As if he who would write at the end of his life a Biographie au pas de course decided to title the work presented here J’accours is henceforth taking a deliberately autobiographical turn, emphasised by the frst person singular.
Moreover its title places the work in a body of pictures made in the early 1960s, whose titles echo the frenzy that marked French society at the time, shown by the euphoria of the thirty year post war boom that the French call ‘Les Trente Glorieuses’: L’heure de la hâte, Emplettes hâtives, Va de l’avant, L’escampette. To run: to come in haste, to rush, to go quickly and ahead. It is indeed this movement that shows, over a height of almost two metres, this fgure that seems ready to leap of the edges of the canvas. With its joyful and radiant presence, it proves to be an iconic example of one of the most important series of Jean Dubuffet’s work: l’Hourloupe.

L’Hourloupe began by chance in July 1962: while spending time on the telephone, Jean Dubuffet instinctively made doodles on sheets of paper. Using red and blue biros, he drew, without paying attention, interlaced forms and cellular modules, some empty, some striped. In these instinctive scrawls the artist recognised the potential fordeveloping a new visual language and so began his longest cycle of creative work, which would occupy him until the mid 1970s. While the previous Paris Circus series showed, in a particularly rich palette and fgurative way, fgures bustling around the urban magma, l’Hourloupe drastically reduced the colour palette to concentrate on four main colours – red and blue, together with black and white – and immersed the viewer in a world now disconnected from reality. As the artist stressed, “this series [l’Hourloupe] was characterised by a much more seriously arbitrary and irrational nature than all the works made previously. A leap into fantasy, into a ghostly parallel universe” (J. Dubuffet, “Biographie au pas de course” in Prospectus et tous écrits suivants, IV, Paris, 1995, p. 510). Which would make Geneviève Bonnefoi say of these new paintings that they constituted “the most perfect exercise in disorientation undertaken to date” (G. Bonnefoi, Les Lettres Nouvelles, September-November 1964).

J’accours proves to be a pivotal work within this vast cycle of creation. Because it portrays a fulllength figure, outlined on its own against a black background, the painting anticipates the threedimensional works that Jean Dubuffet began to make in the later 1960s – mainly featuring figures, the utensils of daily life and architectural modules – that would culminate with Coucou Bazar, a kind of living picture in which actors wearing l’Hourloupe costumes and breathe life into the movement of the artist’s creations. This work is also important because of its presence in two major exhibitions that in the 1960s helped to establish international recognition of. The first took place at the Palazzo Grassi in Venice in 1964 and showed the public more than a hundred works made since 1962, including 55 canvases; the second was held at the Guggenheim Museum in New York in late 1966 and early 1967. The latter was greeted enthusiastically by the critics so that readers of the New York Times were told that “only an artist gifted with a character such as Dubuffet’s, knowing how to play the primitivism card to revitalize a taste haunted by the memory of elegance, could achieve such authority” in The New York Times, 30 October 1966).

More from Paris Avant-Garde

View All
View All