Pierre Soulages (Né en 1919)
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Pierre Soulages (Né en 1919)

Peinture 204 x 227 cm, 12 novembre 2007 

Details
Pierre Soulages (Né en 1919)
Peinture 204 x 227 cm, 12 novembre 2007 
signé, daté et titré 'SOULAGES "Peinture 204 x 227 cm" diptyque 12 nov. 2007 (au revers)
acrylique sur toile; diptyque
204 x 227 cm.
Peint le 12 novembre 2007

signed, dated and titled 'SOULAGES "Peinture 204 x 227 cm" diptyque 12 nov. 2007 (on the reverse)
acrylic on canvas; diptych
80 3/8 x 89 3/8 in.
Painted on the 12th of November 2007
Provenance
Galerie Karsten Greve, Saint-Moritz.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel.
Literature
P. Encrevé, Soulages, l’œuvre complet. Peintures, Vol. IV, 1997-2013, Paris, 2015, p. 288, no. 1375 (illustré en couleurs).
Special Notice
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5% inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit. (Please refer to section VAT refunds) This item will be transferred to an offsite warehouse after the sale. Please refer to department for information about storage charges and collection details.

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Valentine LEGRIS
Valentine LEGRIS

Lot Essay

« Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j’ignore, je vais à leur rencontre. »

“Black has unsuspected possibilities and, since I am attentive to what I do not know, I go to meet them”.

Pierre Soulages

Un jour de 1979, Pierre Soulages se rend compte que l’une des toiles qu’il est en train de peindre a été, presque malgré lui, entièrement recouverte de noir. Ce hasard constitue un moment charnière dans l’évolution de son travail : « le lendemain, raconte-t-il ainsi, quand je l’ai montrée à Colette [sa femme], avec sa réaction j’ai compris que c’était vraiment une peinture autre » (P. Daix, J. J. Sweeney, Pierre Soulages, Neuchâtel, 1991, p. 13). En effet, tandis que son œuvre était jusqu’à alors marquée par une utilisation du noir en opposition aux autres couleurs – les ocres, les rouges, les bleus ou les blancs sur lesquels il venait s’appuyer – ce nouveau territoire, auquel il donne le nom d’Outrenoir, lui permet d’explorer les possibilités offertes par le noir – et seulement celui-ci – en tant que lumière et en tant que matière. Comme on dit outre-Atlantique ou outre-Rhin, l’Outrenoir invite ainsi celui qui le contemple à franchir une frontière, à partir pour un pays étranger, et à découvrir comment le noir, en saturant la surface de la toile jusqu’à l’excès, provoque l’apparition d’une réalité nouvelle, d’un champ mental radicalement autre où la surface des toiles importe moins que la lumière qui surgit hors d’elle.
L’utilisation d’une pâte acrylique épaisse permet à l’artiste de travailler la matière à loisir, presque comme le ferait un sculpteur, de lui imprimer tranchées, cratères, stries et crêtes que vient tantôt accentuer, tantôt estomper la lumière qui s’y projette. Peinture 204 x 227 cm, 12 novembre 2007 offre à ce titre un exemple saisissant du voyage auquel Soulages invite le spectateur : balayée en son centre par de profonds sillons qui parcourent la surface de gauche à droite, elle donne à voir comme un drapé délicat dont les plis et replis se révèlent ou se dissimulent selon d’où on les regarde. Les larges aplats de peinture plus mate, en haut et en bas de l’œuvre, absorbant la lumière ou la réfléchissant en fonction de la position du spectateur, tranchent par leur calme avec l’agitation de la partie centrale. La tension engendrée par la confrontation de ces deux forces antagoniques, ajoutée au format magistral de la toile, confère à Peinture 204 x 227 cm, 12 novembre 2007 une puissance d’expression emblématique des recherches entreprises par Soulages à la fin des années 1970 et qu’il poursuit aujourd’hui encore. Surtout, par sa façon de présenter à celui qui l’observe un visage toujours renouvelé, elle montre combien ce qui importe à l’artiste, c’est « l’infinie pluralité de la lumière selon le point où l’on se place pour voir » (B. Decron et P. Encrevé, avant-propos au catalogue de l’exposition Outrenoir en Europe, Rodez, Musée Soulages, mai-octobre 2014, p. 11).

One day in 1979, Pierre Soulages realised that, almost without his intervention, one of the canvases he was painting had become completely covered with black. That chance was a key moment in the development of his work: “The next day”, as he puts it, “when I showed it to Colette {his wife}, I understood from her reaction that it was really a diferent kind of painting”. (P. Daix, J. J. Sweeney, Pierre Soulages, Neuchâtel, 1991, p. 13). Whereas until then his work had been characterised by the use of black in opposition to other colours – the ochres, reds, blues or whites on which he had previously relied – this new territory, which he named “Outrenoir” [Beyond Black], enabled him to explore the possibilities offered by black – and black alone – as both light and material. Like the French expressions “outre-Atlantique” [across the Atlantic] and “outre-Rhin” [across the Rhine], Outrenoir thus invites the viewer to cross a frontier, to set of for a foreign land and discover how, by saturating a canvas to excess, black creates a new reality, a radically different state of mind where the surface of canvases is less important than the light which shines out of them.
The use of a thick acrylic paste enabled the artist to work the material at leisure, almost as a sculptor would, and to imprint it with striations, craters, troughs and crests, sometimes accentuating and sometimes obliterating the light projected on to them. Thus, Peinture 204 x 227 cm, 12 novembre 2007 is a striking example of the journey on which Soulages invites the viewer to embark. The centre of the canvas is swept by deep furrows from left to right, like a drapery whose intricate folds hide or reveal themselves, depending on how the canvas is viewed. The broad expanses of more matt paint at the top and bottom of the work absorb the light or refect it according to where the viewer is standing, their tranquillity contrasting with the agitation of the centre. The tension created by the confrontation of those two antagonistic forces, added to the huge size of the canvas, makes Peinture 204 x 227 cm, 12 novembre 2007 an emblematic and powerful expression of the researches Soulages undertook in the late 1970s and continues to this day. Above all, in the way it presents the viewer with a constantly renewed face, it shows how what matters to Soulages is “the infinite plurality of light according to where one stands when looking at it” (B. Decron and P. Encrevé, introduction to the Outrenoir en Europe exhibition catalogue, Rodez, Musée Soulages, May-October 2014, p. 11).

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