Marcel Duchamp (1887-1968)
Provenant de la collection Daniel Cordier
Marcel Duchamp (1887-1968)

Couple de tabliers

Details
Marcel Duchamp (1887-1968)
Couple de tabliers
signé et daté 'Marcel Duchamp 59' (sur un ruban de soie collé en haut à droite de chaque tablier au revers)
Ready-made, imité et rectifié: deux maniques (mâle et femelle); tissu, fourrure et ruban adhésif
mâle: 23.7 x 18.1 cm.
femelle: 24.1 x 19.7 cm.
Conçu en 1959; cette paire de Ready-mades exécutée dans une édition de 20 exemplaires assemblés par Mimi Parent pour Boîte alerte!, la version luxe du catalogue de l'Exposition Internationale du Surréalisme, organisée en 1959 par André Breton à la Galerie Daniel Cordier, Paris

signed and dated 'Marcel Duchamp 59' (on a silk ribbon adhered at the upper right of each apron on the reverse)
Imitated Rectified Readymade, two potholders (male and female); cloth, fur and adhesive tape
male: 9 3/8 x 7 1/8 in.
female: 9 ½ x 7 ¾ in.
Conceived in 1959; this pair of Readymades executed in an edition of 20, assembled by Mimi Parent for Boîte alerte!, the deluxe version of the catalogue of the exhibition Exposition Internationale du Surréalisme organized by André Breton in 1959 at the Galerie Daniel Cordier, Paris
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Provenance
Daniel Cordier, Paris (don de l’artiste, en 1959).
Literature
A. Schwarz, Marcel Duchamp, Paris, 1969, p. 46, no. 200-201 (un autre exemplaire illustré en couleurs, pl. 200-201).
J. Clair, Marcel Duchamp, abécédaire, approches critiques, Paris, 1977, p. 34, no. 4 (un autre exemplaire illustré).
M. Gibson, Duchamp Dada, Paris, 1991, p. 233, no. 300 (un autre exemplaire illustré en couleurs).
J. Gough-Cooper et J. Caumont, Ephemerides on and about Marcel Duchamp and Rrose Sélavy, 1887-1968, Londres, 1993 (un autre exemplaire illustré).
A. Schwarz, The Complete Works of Marcel Duchamp, New York, 1997, p. 822, no. 574 (un autre exemplaire illustré, p. 822-823).
F. M. Naumann, Marcel Duchamp, L'art à l'ère de la reproduction mécanisée, Paris, 1999, p. 320, no. 230 (d'autres exemplaires illustrés en couleurs, p. 228).
D. Ottinger, dir., Marcel Duchamp dans les collections du Centre Georges Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, 2001, p. 124, no. 35 (un autre exemplaire illustré en couleurs, p. 126-127).
Exhibited
Paris, Galerie Daniel Cordier, Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme, décembre 1959-février 1960 (autres exemplaires utilisés pour la version luxe du catalogue).
Further Details
«Je vous envoie par avion 2 petits tabliers (destinés à protéger les mains d’une chaleur excessive des pots et casseroles sur le feu). L’un est mâle et l’autre femelle. Ils pourraient être exécutés à Paris en quelques jours et à moins cher si l’idée vous en plait.»
Marcel Duchamp, lettre envoyée à André Breton, 20 novembre 1959, New York (M. Duchamp cité in J. Gough-Cooper et J. Caumont, Ephemerides on and about Marcel Duchamp and Rrose Sélavy, 1887-1968, Londres, 1993).

À l’occasion de l’Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme - EROS - organisée par André Breton à la galerie Daniel Cordier du 15 décembre 1959 au 15 février 1960, Marcel Duchamp réalise Couple de tabliers, également célèbre sous le nom de Couple de tabliers de blanchisseuse, paire de Ready-mades destinée aux vingt exemplaires de l’édition de luxe du catalogue-objet de l’exposition, Boîte-Alerte. L’artiste choisit de manière provocante d’ajouter à ces gants de cuisinière trouvés dans un bazar de New York, des attributs masculins et féminins en tissu cousu et fourrure. S’il semble alors pointer d’un œil ironique la réputation sulfureuse traditionnellement associée aux blanchisseuses, Duchamp aborde ici avant tout l’érotisme d’une manière singulière.
Comme en témoigne par sa fonction ménagère Couple de tabliers, selon lui, les formes mâle et femelle, se réconcilient dans un espace imaginaire qui les confond – son œuvre - et c’est ce principe fusionnel qui pour Duchamp évoque l’érotisme. L’androgynie, comme celle de Rrose Sélavy, n’est qu’une des modalités possibles de cette synthèse des principes sexués puisque la métaphore du gant illustre également l’idée que Duchamp se fait de cette dualité.
A l’instar de Masculin/Féminin, objet présenté par Mimi Parent pour cette même exposition - une chemise et une veste d’homme associées à une cravate faite à partir de sa propre chevelure - la présente œuvre s’inscrit alors comme véritable manifeste de cette dernière grande exposition surréaliste perçue comme ultime acte de transgression contre l’ordre moral, politique et social de l’époque.

«I am sending you 2 small approns designed to protect hands from an excessive heat of pans on the fire. One is male and the other is female. They could be made in Paris, in a few days and more cheaply, if you like the idea.”
Marcel Duchamp in a letter sent to André Breton, New York, 20 November 1959 (M. Duchamp quoted in J. Gough-Cooper and J. Caumont, Ephemerides on and about Marcel Duchamp and Rrose Sélavy, 1887-1968, London, 1993).

At the time of the International Exhibition of Surrealism - “EROS” - organised by André Breton at the Daniel Cordier gallery from 15th December 1959 to 15th February 1960, Marcel Duchamp created Couple de tabliers, also called Couple de tabliers de blanchisseuse, a pair of Readymades intended for the twenty exemplaries of Boîte-Alerte, the deluxe catalogue of the exhibition. Provocatively, the artist decided to add male and female attributes made of stitched cloth and fake fur to these oven gloves found in a New York market. Although he thus seems to be making an ironic reference to the traditionally sulphurous reputation of laundrywomen, above all Duchamp approached eroticism here in a most unusual way.
As demonstrated by their domestic purpose, in Couple de tabliers, according to Duchamp, the male and female forms are reconciled in an imaginary space - his work - which merges them and for Duchamp it was this merging phenomenon which constituted eroticism. Androgyny - like that of his alter-ego Rrose Sélavy - is but one of the possible ways of representing this synthesis of sexual principles, since the metaphor of the glove also illustrates Duchamp’s own perception of that dualism.
Like Masculin/Féminin, an object presented by Mimi Parent for the same exhibition – a man’s shirt and jacket associated with a tie made from her own hair - the present work then seems a true emblem of the final surrealist exhibition, perceived as the ultimate act of transgression against the moral, political and social order of the time.

(fig. 1) Aube Breton-Elléouët, Radovan Ivsic, Jean Schuster, Robert Benayoun, André Breton, Jean-Louis Bédouin, Joyce Mansour, Mimi Parent, André Pieyre de Mandiargues devant le Festin de Meret Oppenheim, Exposition inteRnatiOnale du Surréalisme, galerie Cordier, Paris, 1959.
Photographie de William Klein.

Brought to you by

Valentine LEGRIS
Valentine LEGRIS

Lot Essay

Jacqueline Matisse Monnier et l'Association Marcel Duchamp ont confirmé l'authenticité de cette œuvre.

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