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L’année 1905 est considérée aujourd’hui comme un tournant dans l’histoire moderne de la sculpture. C’est à cette époque que, dans le sillage de Rodin, une nouvelle génération de sculpteurs va s’atteler à l’exploration d’horizons inédits. Maillol fait partie de ce groupe d’artistes qui tentent de rompre avec la tradition classique et de révolutionner l’art de la sculpture. Raillant l’académisme stérile de la fin du XIXe siècle, Maillol adopte une nouvelle conception de la sculpture moderne, fondée sur la simplification de la forme et du sujet, conception qui influencera les œuvres de Brancusi, Arp et Moore. Comme l’observe André Gide en 1905 lors de la présentation de La Méditerranée : «Elle est belle, elle ne signifie rien; c’est une œuvre silencieuse. Je crois qu’il faut remonter loin en arrière pour trouver une aussi complète négligence de toute préoccupation étrangère à la simple manifestation de la beauté» (cité in ‘Promenade au Salon d’Automne’ in Gazette des Beaux-Arts, 1er décembre 1905, p. 476).
La plupart des artistes de cette génération, notamment Charles Despiau et Antoine Bourdelle, ont travaillé en tant qu’assistants pour Rodin, ce qui n’est pas le cas de Maillol. C’est peut-être cette absence d’implication directe dans les travaux du maître qui permet à Maillol de marquer, dès 1905, son originalité en exécutant des sculptures radicalement différentes de tout ce qui a précédé.
Alors que Rodin continuait à suivre la méthode traditionnelle qui consiste à modeler une sculpture en plâtre avant de remettre celle-ci à son atelier pour la faire reproduire en pierre, Maillol façonne directement ses œuvres dans la pierre. Il se considère comme un artisan et n’opère à ce titre aucune distinction entre art et artisanat. Lorsqu’il se consacre à la sculpture, il ne se contente pas d’aller chercher son argile dans la forêt, mais fabrique lui-même son four et ses outils. Maillol n’a recours à aucun assistant et façonne ses sculptures lui-même. Il n’existe donc pas de discontinuité entre l’artiste et le médium, pas de distinction entre la conception et l’exécution. Cette notion de sculpture directe va avoir un profond retentissement sur le développement de la sculpture du XXe siècle.
Cette sculpture est une œuvre unique que Maillol a façonnée directement dans la pierre. Il s’agit très vraisemblablement d’un portrait de Lucy Hessel. On reconnaît la légère inclinaison de sa tête en arrière et sur le côté, une pose qu’elle prend souvent sur les photographies de l’époque et les portraits réalisés par Vuillard. L’on peut voir dans le pastel de cette même collection (lot 3A) Jos Hessel admirant cette sculpture représentée de profil sur une cheminée.
The years after 1905 bear witness to an important break in the history of sculpture. New avenues, beyond the legacy of Rodin, were being explored by the new generation of young sculptors. Maillol was part of a new group of artists who attempted to break with classical tradition and revolutionize the art of sculpture. Railing against the sterile academicism of the late 19th century, Maillol adopted a revised idea of modern sculpture based on the simplification of form and subject, a notion that would find its progeny in the work of Brancusi, Arp and Moore. As André Gide commented in 1905 on the exhibition of La Méditerranée;”She is lovely; she doesn’t signify a thing. She is a silent work of art. One has to go far back in time, I believe, to find such a complete indifference to any concern foreign to the simple presentation of beauty” (quoted in ‘Promenade au Salon d’Automne’ in Gazette des Beaux-Arts, 1 December 1905, p. 476). With the exception of Maillol, most of this emerging generation of artists, including Charles Despiau and Antoine Bourdelle, had worked as assistants to Rodin. It was perhaps this absence of direct involvement in the work of the master that allowed Maillol to produce sculptures as early as 1905 that were so fundamentally different from anything that had preceded him. Whereas Rodin had followed the traditional method of modelling his sculpture in plaster before giving the work over to his studio who would reproduce it in stone, Maillol carved his stone works directly. He considered himself a craftsman and, as such, saw no distinction between art and craft. Maillol used no assistants, carving his sculptures himself. Thus, there is no discontinuity between the artist and the medium, no distinction between the conception and the execution. This notion of direct carving was to have profound consequences in the development of 20th century sculpture.
The present sculpture is a unique work that Maillol carved directly into the stone. It is most certainly a portrait head of Lucy Hessel. One recognizes the slight tilt of her head back and to one side, as she is often seen in photographs and likenesses of her by Vuillard. One can see Jos Hessel admiring this sculpture in the pastel sold under lot 3A, where it is proudly displayed in profile on the mantle piece.