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Auguste Rodin (1840-1917)
Éternel printemps, Second état, 1ère réduction dite aussi "réduction n°1"
signé 'Rodin' (sur le côté droit), avec le cachet du fondeur 'F. BARBEDIENNE, FONdeur' (sur le côté gauche), inscrit 'A FÉLIX ROUSSEL PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA SEINE LES ÉLECTEURS DU QUARTIER DE LA MONNAIE 20 JUILLET 1907' (sur la base)
bronze à patine brun foncé
Hauteur: 66 cm.
Conçu en 1884; cette version dite "second état" réalisée dans cette taille en 1898; cette épreuve fondue en 1907
signed 'Rodin' (on the right side), with the foundry mark 'F. BARBEDIENNE, FONdeur' (on the left side), inscribed 'A FÉLIX ROUSSEL PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA SEINE LES ÉLECTEURS DU QUARTIER DE LA MONNAIE 20 JUILLET 1907' (on the base)
bronze with dark brown patina
Height: 26 in.
Conceived in 1884; this version referred to as "second état" executed in this size in 1898; this bronze cast in 1907
Provenance
Établissements Barbedienne, Paris.
Réunion des électeurs du quartier de la Monnaie de Paris (acquis auprès de ceux-ci, en 1907).
Félix Roussel, Paris (don de celle-ci, le 20 juillet 1907).
Collection particulière, France (par descendance); vente, Me Coutau-Bégarie, Paris, 4 juin 1999, lot 160.
Acquis au cours de cette vente par le propriétaire actuel.
Literature
L. Maillard, Études sur quelques artistes originaux, Auguste Rodin, Statuaire, Paris, 1899, p. 121 et 155 (la version en marbre illustrée, fig. 16).
G. Grappe, Le Musée Rodin, Monaco, 1947, p. 141, no. 56 (une autre version illustrée, pl. 56).
I. Jianou et C. Goldscheider, Rodin, Paris, 1967, p. 98 (une autre épreuve illustrée, pl. 56-57).
J.L. Tancock, The Sculpture of Auguste Rodin, The Collection of the Rodin Museum Philadelphia, Philadelphie, 1976, p. 241-247, no. 32b (une autre épreuve illustrée, p. 243).
A. Le Normand-Romain, Rodin et le bronze, Catalogue des œuvres conservées au Musée Rodin, Paris, 2007, vol. I, p. 332, no. S.2808 (une autre épreuve illustrée).
L. Steinberg, Other Criteria, Confrontations with Twentieth-Century Art, Chicago et Londres, 2007, p. 429, no. 232 (la version en marbre illustrée, p. 365).
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Further Details
Comptant parmi les représentations les plus emblématiques de l'amour passionnel, L'éternel printemps est l’une des compositions les plus appréciées de Rodin et l’un des plus grands succès commerciaux du sculpteur. Également intitulé Zéphyr et La Terre et Cupidon et Psyché, il fut exposé au Salon de 1898. Cette sculpture émotionnellement puissante et vivante peut dans une certaine mesure revêtir une dimension autobiographique. Rodin l'a conçue à l’origine en 1884, comme un groupe destiné à la Porte de l'Enfer, s’inspirant de l’une de ses œuvres précédentes pour la position de la femme, à savoir le Torse d’Adèle exécuté vers 1882 (fig. 2), lequel apparaît dans l’angle supérieur gauche du tympan de La Porte de l'Enfer. Le sculpteur fait la connaissance de Camille Claudel en 1882, lorsqu’Alfred Boucher, professeur de sculpture de la jeune artiste, doit déménager en Italie et confie ses étudiants à Rodin. Ayant reçu des commandes de grande envergure au début des années 1880, telles que La Porte de l’Enfer, Rodin a engagé plusieurs assistants et Claudel a rejoint son studio vers 1884. Bien que marié à Rose Beuret Mignon, le grand sculpteur est tout de suite tombé amoureux de Claudel en dépit de la nature réservée de la jeune fille. L’évolution de la sculpture d’un couple passionné sous le coup du sort pour La Porte de l’Enfer à une œuvre indépendante finalement intitulée Éternel printemps (fig. 1) prouve bien que les émotions amoureuses et lyriques humaines saisies dans cette sculpture n’étaient pas adaptées à l’interprétation noire et tragique que se faisait Rodin de l'œuvre de Dante.
La beauté de ce chef-d'œuvre majeur de la sculpture réside dans sa capacité à exprimer un amour érotique, les deux personnages se fondant littéralement l’un dans l'autre de par leur position et le médium utilisé. Ce dernier point souligne l’aspect novateur de Rodin, notamment par rapport à l’interprétation d’Antonio Canova réalisée pratiquement cent ans plus tôt, représentant Pysché réanimée par le baiser de l’Amour (fig. 3), sculpture dans laquelle Canova garde une certaine distance entre les deux personnages, leurs lèvres ne se touchant même pas. Cependant, les amants de Rodin semblent également prêts à prendre leur envol tout en se retenant passionnément, une résistance qui n’existe pas Canova. La femme semble repousser le front de l’homme avec son bras droit et le saisit pourtant avec son bras gauche; l’homme enroule son bras droit autour du torse de la femme tout en tendant son bras gauche vers l'extérieur. Ces contrastes de mouvements et d’émotions sont renforcés par l’éblouissant jeu de lumière à la surface de la sculpture ainsi que par le mouvement ascendant de l’homme dominant la femme, laquelle semble s’abandonner à lui. L’Éternel printemps traduit la complexité de l'amour et rend hommage non seulement à Canova mais aussi à l’Antiquité qui fut une source d’inspiration pour Rodin, en particulier l’histoire de Cupidon et Psyché dans la mythologie grecque, comme le suggèrent les autres titres de l'œuvre. De fait, le dos de l’homme présente des empreintes d’ailes qui pourraient l’identifier comme Cupidon. Le personnage féminin s'appuie contre un élément semblable à un arbre situé derrière elle. L'ambiguïté si caractéristique de l'œuvre de Rodin à cette période réside ici dans le fait de savoir si la femme a ou non émergé de cet arbre. La jambe en surplomb du personnage masculin et le contrepoint complexe des amants reflètent enfin le traitement innovant des personnages par l’artiste.
Cette sculpture a connu un tel succès que Rodin a réalisé plusieurs versions en marbre en apportant quelques variations : il a ainsi exécuté une seconde version de L’Éternel printemps avec une base étendue et un affleurement rocheux pour soutenir le bras gauche et la jambe tendue du personnage masculin. Cette version simplifiée et plus facile à fondre est devenu le modèle utilisé par la fonderie Barbedienne, qui a acquis les droits d’édition de la version en bronze en 1898 et l’a produite en quatre tailles pendant vingt ans de 1898 à 1918.
La présente version de L’Éternel printemps a été offerte le 20 juillet 1907 par la Réunion des électeurs du quartier de la Monnaie de Paris à Félix Roussel (1856- 1925), un avocat français, professeur à la Faculté de droit de Paris, journaliste et homme politique. Co-fondateur de la Revue politique et parlementaire en 1894, il a également participé à la publication d’autres ouvrages, notamment des encyclopédies et des dictionnaires. Quand Roussel reçu cette œuvre comme cadeau, il était Président du Conseil général de la Seine (1907-1908) avant de devenir Président du Conseil municipal de Paris (1911-1912).
As one of the most iconic representations of passionate love, l'Éternel printemps was one of Rodin's most popular compositions and one of the sculptor's greatest commercial successes. Also entitled Zéphyr et la terre and L'amour et Pysché, it was exhibited at the Salon of 1898. To some extent, an autobiographical dimension can be read in this emotionally powerful and lively sculpture. Rodin originally conceived it in 1884 as a figural grouping for La Porte de l'Enfer, sourcing the woman’s position in one of his earlier works, Torse d’Adèle dated circa 1882 (fig.2), which appears on the top left corner of the tympanum of La Porte de l'Enfer. At the same time, Rodin met Camille Claudel in 1882, when the latter’s sculpture supervisor, Alfred Boucher, had to move to Italy and asked Rodin to look after his students. Having received large-scale commissions in the early 1880s, such as that of La Porte de l'Enfer, Rodin hired several assistants and Claudel joined his studio around 1884. Although Rodin was married to Rose Beuret Mignon, the great sculptor almost immediately fell in love with Claudel despite her reserved character. Therefore, the transition from sculpting a passionate couple threatened by fate intended for La Porte de l'Enfer into an independent work that eventually was known as l’Éternel printemps (fig. 1) proves that the amorous and lyrical human emotions grasped in this sculpture were unfit for the tragedy and darkness luring over Rodin’s interpretation of Dante’s text.
The beauty of this pivotal sculptural masterpiece lies in its ability to convey erotic love, with the two figures almost melting into one another through their position and through the chosen medium used. This last point underlines Rodin’s innovation when compared to Antonio Canova’s interpretation executed almost a hundred years earlier, representing Pysché réanimée par le baiser de l’Amour (fig. 3), a sculpture in which Canova preserves a certain distance between the two characters, as their lips do not even touch. At the same time, Rodin’s figures seem ready to take flight as they passionately hold each other back, a resistance that did not exist in Canova’s version. The woman seems to push the man’s forehead with her right arm yet grasps him with her left arm; the man wraps his right arm around her torso yet pulls back with his left arm outstretched. These contrasts of movements and emotions are further heightened by the dazzling play of light on the surface and the sweeping upward movement of the man dominating the woman who appears to abandon her body to him. L'Éternel printemps translates the complexities of love and pays tribute to Rodin’s sources of inspiration not only in Canova’s work but also in Antiquity, particularly the story in Greek mythology of Cupid and Psyche as hinted by the work’s alternative titles. In fact, the man's back shows traces of wings that could identify him as Cupid. The female figure is leaning against the tree-like formation behind her and part of the ambiguity so prevalent in Rodin's work of this period is whether or not she has indeed emerged from it. The overhanging leg of the male figure and the uneasy counterpoint of the lovers reflects Rodin's innovative treatment of the figures.
Due to its popularity, Rodin produced several marble versions with a few variations: he executed a second version of l'Éternel printemps , with an extended base and a rocky outcrop to support the left arm and outstretched leg of the male figure. That version, simplified and easier to cast, became the model used by the Barbedienne foundry, who acquired the rights in 1898 for editing the bronze, produced it in four sizes over a period of twenty years between 1898 and 1918.
The present version of L’éternel printemps was gifted on 20 July 1907 by the Réunion des électeurs du quartier de la Monnaie de Paris to Félix Roussel (1856- 1925) who was a French lawyer, teacher at the Law Faculty in Paris, journalist and politician. Co-founder of the Revue politique et parlementaire in 1894, he also participated to the publication of other books, including encyclopaedias and dictionaries. When Roussel was gifted this work, he was the President of the General Council of the Seine (1907-1908) before becoming President of the City Council for Paris (1911-1912).