Lot Essay
À la veille de la Première Guerre Mondiale, Maurice Utrillo s’installe dans un petit atelier donnant sur la rue du Mont-Cenis, à Montmartre. Elle est dès lors l’un des sujets favoris du peintre, alors que s’achève sa fameuse période blanche. Il est ensuite régulièrement exploré au cours de sa carrière, par tous les temps et sous toutes les lumières. Avec sa vue plongeante sur les toits de Paris, ses hauts et longs murs de béton brut et ses façades rythmées de fenêtres, la rue du Mont-Cenis offre au seul véritable peintre de Montmartre matière à exprimer son talent.
En effet, si Montmartre fut un formidable lieu de rencontres, de création et d’échanges intellectuels, et si de nombreux peintres y révolutionnèrent l’art de leur temps dans l’intimité de leurs ateliers ou de petits cabarets désuets, Utrillo fut le seul à représenter les rues du village elles-mêmes, pour en restituer la poésie et la misère. Comme le note le premier marchand du peintre, Louis Libaude : «Maurice Utrillo évoque, pour tout parisien sensible, la nostalgie de la ville natale, son ciel malade, ses maisons résignées. […] Ses paysages sont souvent des rues, vues en enfilades et dont le lointain se perd en menus détails. Parfois aussi il nous montre simplement un mur, quelques arbres et le ciel. C’est assez pour être un poète et un peintre» (cité in G. Coquiot, Cubistes, futuristes, passéistes : essai, sur la jeune peinture et la jeune sculpture, Paris, 1914, p. 191).
Datant de 1935, La rue du Mont-Cenis sous la neige rappelle l’apogée de la carrière d’Utrillo, dite « la période blanche» (1912-1914) avec cette dominance de blancs, gris et roses, utilisés pour modeler le sujet et la surface du tableau. Son format impressionant et sa prise de vue plongeante dans la rue invitent le spectateur à descendre cette rue et à entrer dans l’univers d’Utrillo en plein cœur de Montmartre.
At the outset of the Great War, Maurice Utrillo moved into a small studio overlooking the rue du Mont-Cenis in Montmartre. As his celebrated white period was coming to an end, the street became one his favored subjects. He would depict it in countless variations over the course of his career, under different weather conditions and lighting. With its high viewpoint overlooking the roofs of Paris and its winding concrete walls with their regular arrangement of windows, the street offered the true painter of Montmartre the ideal subject with which to express his interest in urban landscape.
Montmartre had become well-established as a center for artistic gatherings where the latest theories and intellectual exchanges would be debated. Whereas many artists would revolutionize their art within the privacy of their studio or in small, back-room taverns, Utrillo actually depicted the location of Montmartre itself, portraying the village’s streets and restoring to them their sense of poetry and wretchedness which has since become a reference point within the popular conception of artistic existence. As Louis Libaude, the artist’s first dealer, wrote “For any sympathetic Parisian, Maurice Utrillo evokes nostalgia for one’s native town, its skies, the stoic sense of its buildings […] His landscapes are often rows of streets, their miniscule details lost in the distance. Alternatively, he may choose to depict the simple beauty of a wall, a few trees and the sky. Intrinsically, his work is that of both artist and poet” (quoted in G. Coquiot, Cubistes, futuristes, passéistes: essai, sur la jeune peinture et la jeune sculpture, Paris, 1914, p. 191).
Dated 1935, La rue du Mont-Cenis sous la neige is reminiscent of the peak of Utrillo’s career known as ‘the white period’ (1912-1914) dominated by white, grey and pink color tones used to model the subject and the painting’s surface. Its impressive size and its plunging angle into the street invites the viewer to come down that street and to enter Utrillo’s universe at the heart of Montmartre.
En effet, si Montmartre fut un formidable lieu de rencontres, de création et d’échanges intellectuels, et si de nombreux peintres y révolutionnèrent l’art de leur temps dans l’intimité de leurs ateliers ou de petits cabarets désuets, Utrillo fut le seul à représenter les rues du village elles-mêmes, pour en restituer la poésie et la misère. Comme le note le premier marchand du peintre, Louis Libaude : «Maurice Utrillo évoque, pour tout parisien sensible, la nostalgie de la ville natale, son ciel malade, ses maisons résignées. […] Ses paysages sont souvent des rues, vues en enfilades et dont le lointain se perd en menus détails. Parfois aussi il nous montre simplement un mur, quelques arbres et le ciel. C’est assez pour être un poète et un peintre» (cité in G. Coquiot, Cubistes, futuristes, passéistes : essai, sur la jeune peinture et la jeune sculpture, Paris, 1914, p. 191).
Datant de 1935, La rue du Mont-Cenis sous la neige rappelle l’apogée de la carrière d’Utrillo, dite « la période blanche» (1912-1914) avec cette dominance de blancs, gris et roses, utilisés pour modeler le sujet et la surface du tableau. Son format impressionant et sa prise de vue plongeante dans la rue invitent le spectateur à descendre cette rue et à entrer dans l’univers d’Utrillo en plein cœur de Montmartre.
At the outset of the Great War, Maurice Utrillo moved into a small studio overlooking the rue du Mont-Cenis in Montmartre. As his celebrated white period was coming to an end, the street became one his favored subjects. He would depict it in countless variations over the course of his career, under different weather conditions and lighting. With its high viewpoint overlooking the roofs of Paris and its winding concrete walls with their regular arrangement of windows, the street offered the true painter of Montmartre the ideal subject with which to express his interest in urban landscape.
Montmartre had become well-established as a center for artistic gatherings where the latest theories and intellectual exchanges would be debated. Whereas many artists would revolutionize their art within the privacy of their studio or in small, back-room taverns, Utrillo actually depicted the location of Montmartre itself, portraying the village’s streets and restoring to them their sense of poetry and wretchedness which has since become a reference point within the popular conception of artistic existence. As Louis Libaude, the artist’s first dealer, wrote “For any sympathetic Parisian, Maurice Utrillo evokes nostalgia for one’s native town, its skies, the stoic sense of its buildings […] His landscapes are often rows of streets, their miniscule details lost in the distance. Alternatively, he may choose to depict the simple beauty of a wall, a few trees and the sky. Intrinsically, his work is that of both artist and poet” (quoted in G. Coquiot, Cubistes, futuristes, passéistes: essai, sur la jeune peinture et la jeune sculpture, Paris, 1914, p. 191).
Dated 1935, La rue du Mont-Cenis sous la neige is reminiscent of the peak of Utrillo’s career known as ‘the white period’ (1912-1914) dominated by white, grey and pink color tones used to model the subject and the painting’s surface. Its impressive size and its plunging angle into the street invites the viewer to come down that street and to enter Utrillo’s universe at the heart of Montmartre.