Exhibited
Avignon, Musée Louis Vouland, La Collection Dumon, Musée Regards de Provence, juin-octobre 2011.
Marseille, Musée Regards de Provence, La collection Regards de Provence, Reflets de Méditerranée, mars-juin 2013.
Rueil-Malmaison, Atelier Grognard, Les peintres du paysage provençal, 1850-1920, décembre 2013-mars 2014, p. 123 (illustré en couleurs, p. 102).
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En 1929, lorsque Lhote réalise cette composition ambitieuse du Déjeuner du marin, l’artiste estau sommet de sa carrière, ayant eu une décennie particulièrement fructueuse en terme de production artistique. En effet, six expositions rétrospectives de son œuvre se déroulèrent en l’espace de cinq ans entre 1920 et 1925 dans des galeries parisiennes de grande renommée (Druet, Rosenberg, Weill, Galerie Le Licorne) mais aussi à l’étranger, à Bruxelles (Galerie Le Centaure) et à Stockholm (Gummeson Konsthall).
Lhote était à la recherche de la modernité à travers son art; il évitait la rupture avec le passé ou le présent et prônait en revanche la continuité. L’influence sur Lhote des développements avant-gardistes entraînés par le Cubisme est indéniable mais s’il parvient à créer son propre vocabulaire visuel, et fut invité à participer à l’exposition de La Section d’Or en 1912. Des lors, en tant qu’artiste, étudiant puis enseignant, conférencier et critique d’art pour La Nouvelle Revue Française par le biais de laquelle il rencontra Jean Paulhan (1884-1968), Lhote joue un rôle incontestablement essentiel au sein de l’évolution de l’École de Paris.
Le déjeuner du marin témoigne de l’esthétique novatrice de l’artiste. Le personnage au centre du tableau, le marin, est vu de dos. Il semble présider le déjeuner qu’il partage avec des amis ou membres de sa famille lors d’un de ses retours à terre. Contrairement à certains tableaux de Lhote, il fait ici recours à une palette restreinte dominée par une variété de tons chauds d’ocres et bruns contrastant avec les pigments froids bleus et gris qu’il utilise pour certains endroits de l’arrière-plan, pour l’uniforme du marin et pour la robe de la femme assise à droite.
Cependant, l’audace de placer son personnage principal au centre de la composition, lequel tourne son dos complètement au spectateur sans avoir le moindre intérêt à se retourner, confirme le rôle critique de Lhote au sein de la scène avant-garde parisienne. Le spectateur se retrouve dans une position presque d’espionnage du déjeuner intime du marin, étant exclu de manière explicite du cercle d’amis assis à table. Lhote réalisa cinq versions différentes de ce tableau, trois en 1914 et deux en 1929, dont le lot présent en est un exemple, en plus d’un pastel et de plusieurs lithographies du même sujet.
When Lhote painted this ambitious composition of Le dejeuner du marin in 1929, he was at the peak of his career following a particularly fruitful decade of artistic production. In fact, no less than six solo exhibitions showcasing his works were held in the span of just five years between 1920 and 1925 in some of the leading Parisian art galleries (Druet, Rosenberg, Weill, Galerie La Licorne), but also in other international locations such as in Brussels (Galerie Le Centaure) and Stockholm (Gummeson Konsthall).
As an artist seeking modernity not through rupture with the past or present, but rather through continuity, Lhote was definitively influenced by the avant-garde developments spearheaded by Cubism but he also formulated his own visual lexicon and was invited to participate to the 1912 exhibition of the so-called Golden Number group. From then on, as an artist, student then teacher, lecturer and art critic for La Nouvelle Revue Française through which he befriended Jean Paulhan (1884-1968), Lhote played without doubt a pivotal role at the heart of the evolution of l’École de Paris.
Le déjeuner du marin embraces the artist’s innovative visual means. The central figure seen from the back, the sailor, appears to be sharing a meal with friends or/ and family possibly during one of his stops back on land. As opposed to other works by Lhote, the painter reduces his palette here to warm tonal variations of ochre/ brown contrasting with the cold blue/grey pigments used for some areas of the background, the sailor’s outfit and the right figure’s dress.
Yet Lhote’s audacious composition of placing the main character right in the middle, turning his back to the viewer without even being remotely interested to look back, truly emphasizes Lhote’s pioneering position for the Parisian avant-garde scene. The viewer is put in a position of almost spying on the sailor’s intimate lunch, being explicitly excluded from the circle of guests seated at the table for lunch.
Lhote painted five times the same subject, three times in 1914 and twice in 1929, of which the present lot is an example, in addition to a pastel and several lithographs depicting Le déjeuner du marin.