Max Ernst (1891-1976)
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Max Ernst (1891-1976)

Âmes-sœurs

Details
Max Ernst (1891-1976)
Âmes-sœurs
signé, numéroté et avec la marque du fondeur 'max ernst 4/5 Susse Fondeur Paris' (sur la base)
bronze à patine brun vert
Hauteur: 93.3 cm. (36 ¾ in.)
Conçu en 1961; cette épreuve fondue entre septembre 1961 et juin 1962 dans une édition de 6 exemplaires numérotés + 3 épreuves d’artistes
Provenance
Galerie Alexandre Iolas, Paris (avant 1966)
Collection Bénédicte Pesle, Paris (acquis auprès de celle-ci avant 1972)
Literature
W. Spies, S. Metken et G. Metken, Max Ernst, Œuvre-Katalog, Werke 1954-1963, Cologne, 1998, p. 407, no. 3822,I (une autre épreuve illustrée).
J. Pech, Max Ernst, Plastische Werke, Cologne, 2005, p. 164-167 (une autre épreuve illustrée en couleurs).
Exhibited
Venise, Palazzo Grassi, Centro Internazionale delle Arti e del Costume, Max Ernst, Oltre la pittura, juin-octobre 1966, no. 104.
Munich, Haus der Kunst, Welt kulturen und moderne Kunst, Die Begegnung der europäischen Kunst und Musik im 19. und 20. Jahrhundert mit Asien, Afrika, Ozeanien, Afro- und Indo-Amerika, juin-septembre 1972, p. 541, no. 2059 (illustré).
Special Notice
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Further Details
'AMES-SOEURS'; SIGNED, NUMBERED AND WITH THE FOUNDRY MARK ON THE BASE; BRONZE WITH BROWN AND GREEN PATINA.

La sculpture occupe une place unique dans l’ensemble de l’Œuvre de Max Ernst. Bien qu'il s'agisse d'un élément clé de son travail, Max Ernst ne pratique la sculpture que sur certaines périodes: à Paris au milieu des années 1930, au milieu des années 1940, lorsqu’il était réfugié de guerre et qu’il avait un studio à Long Island, New York, et plus tard au cours de sa carrière, lorsqu’il revient en France, en 1953. C’est à partir de 1934 que les activités de Max Ernst commencent progressivement à se focaliser sur la sculpture,
inspirée notamment par le travail d’Alberto Giacometti. En passant l’été dans la maison de Giacometti, à Maloja, en Suisse, il s’essaie à la gravure et à la décoration de pierres sphériques et ovoïdes trouvées dans les moraines du glacier de Forno. Il écrit d’ailleurs à l’historienne de l’art Carola Giedon-Welcker: «Alberto et moi avons succombé à la fièvre de la sculpture. Nous travaillons sur des blocs de granite grands et petits... [Qui] ont été étrangement sculptés par le temps, la glace et les intempéries, et semblent déjà merveilleusement beaux en soi. Alors, pourquoi ne pas laisser le gros du travail aux éléments et se contenter de graver nos secrets sur eux comme des runes ? (cité in Max Ernst: Sculptures, cat.exp., Rivoli, 1996, p. 69 et 71). Après son retour à Paris, Ernst adopte l’utilisation des techniques improvisées, comme il le faisait en peinture, en créant Oedipus II (1934), moulé à partir d’un tas de seaux en bois à l’équilibre précaire, et Les Asperges de la Lune (1934), dont la base ressemble beaucoup aux Ames-soeurs.
Conçue en 1961, Les Ames-soeurs témoigne de l’ironie omniprésente dans le travail de Max Ernst. Cette année-là, une rétrospective
mettant à l’honneur le travail de l’artiste avait été organisée au MoMa à New York, et il avait été récompensé par la médaille Stefan Lochner de la ville de Cologne à l’occasion de son 70e anniversaire. Max Ernst évoque ce que représente pour lui la sculpture: «Quand je peins, dès que je tombe dans une impasse, ce qui arrive tout le temps, la sculpture m’offre une porte de sortie; car la sculpture est plus ludique que la peinture». Ses sculptures des années 1950 et du début des années 1960 attestent de son goût pour le jeu ainsi que de son sens de l’humour surréaliste. L’esprit aiguisé de Max Ernst et ce sens de l’humour, précisément, sont évidents
dans la présente sculpture en cela que les deux protagonistes semblent être tout sauf des âmes soeurs: ils n’arrivent pas à se regarder en face, le plus grand des deux semble même se détourner de l’autre. Outre son potentiel surréaliste, Ernst considérait toutefois la sculpture comme «l’art le plus simple et le plus primitif». La Belle Allemande, L’Oiseau-tête (1934-1935) et le Jeune homme au codeur battant (1944) reflètent l’engagement de l’artiste par rapport à l’arrivée à Paris de travaux remarquablement iconographiques d’autochtones originaires d’Afrique et d’Océanie. En appliquant cela à ces travaux précédents et à ses anciennes
préoccupations, comme avec ses toiles, Max Ernst confère à sa sculpture une sorte de mythologie idiosyncrasique. Il moule des objets tels que des pots de fleurs et des coquillages pour suggérer des parties du corps, de plantes, d’animaux, qui correspondent souvent à l’imagerie des toiles qu’il peint à cette même époque. Les Ames-sœurs, sculpture à la fois empreinte d’imagination et d’une simplicité réjouissante, est composée de deux bustes hésitants en forme de brindille, chacun surmonté d'un visages en forme de
disque avec des yeux de la taille de cailloux et une bouche ovale aux creux irréguliers. La base circulaire de la sculpture réunit non seulement les deux âmes sœurs, mais est également prétexte à des ornements supplémentaires. Une version antérieure des Ames-soeurs en bronze a été exposée au musée Guggenheim de New York en 1975, dans le cadre d’une rétrospective sur les œuvres de Max Ernst, tandis qu’une autre fait partie de la collection du Nasher Sculpture Centre de Dallas.

Sculpture occupies a unique place in the totality of Max Ernst’s œuvre. Despite being a key element of his practice, Ernst was only able to attend to sculpture periodically - in Paris in the mid-1930s, in the mid-1940s, when as a wartime refugee he had a studio on Long Island, New York, and later in his career, following his return to France in 1953. It was from 1934 onwards that Ernst’s activities began to centre increasingly on sculpture inspired by the work, among others, of Alberto Giacometti. Spending the summer at Giacometti’s house in the Swiss village of Maloja he experimented with the incision and decoration of spherical and egg shaped stones found on the moraines of the Forno glacier. Ernst wrote to art historian Carola Giedion-Welcker: "Alberto and I have been seized with a fever to sculpt. We are working on large and small granite blocks… [which] have been strangely carved by time, ice and the weather, and look fantastically beautiful, in themselves. Why not, then, leave the main work to the elements and be content with scratching our secrets into them, like runes...?" (Max Ernst: Sculptures, Rivoli, 1996, exh. cat., p. 69 and 71). Upon his return to Paris Ernst embraced the use of improvised techniques, just as he had in painting, creating Oedipus II (1934), cast from a stack of precariously balanced wooden pails, and les Asperges de la Lune (1934), which bears a striking initial resemblance to les Âmes-soeurs.
Conceived in 1961, the same year in which Ernst was honoured with a retrospective at New York’s Museum of Modern Art and received the Stefan Lochner medal from the city of Cologne on the occasion of his 70th birthday, les Âmes-soeurs is a truculent expression of Ernst’s sculptural intent. Reflecting that: "Whenever I get into an impasse with painting, which happens to me all the time, sculpture is always there as a way out; for sculpture is even more a game than painting", his sculptures of the 1950s and early 1960s attest to Ernst’s delight in the joy of play as well as his surreal sense of humour. Ernst’s wit and indeed surreal sense of humour are evident in les Âmes-soeurs for the two protagonists appear anything but soul mates/soul sisters - failing to see eye to eye, the taller of the two even seems to writhe away from her sibling. Aside from its surreal potential, however, Ernst considered sculpture "the most simple, most primeval art". The Lovely German Girl, Bird Head (1934-35) and Young Man with a Beating Heart (1944) reflect the artist’s engagement with the influx to Paris of strikingly iconographic works of autochthonous African and Oceanic origin. Expanding on previous work and prior preoccupations, as with his painting, Ernst imbued his sculpture with a kind of idiosyncratic mythology. He cast objects like flowerpots and seashells to suggest parts of bodies, plants and animals, which often correspond to imagery in his contemporaneous paintings. At once endearingly imaginative and yet gratifyingly uncomplicated, les Âmes-soeurs is composed of two tentative twig-like torsos atop which are mounted disc-like faces complete with eyes of pebble-like proportions and variously hollowed, oval mouths. The sculpture’s circular base not only formally unites the two sisters but also provides an opportunity for further decoration. An earlier version/cast of les Âmes-soeurs was exhibited at the Guggenheim Museum, New York in 1975 as part of a Max Ernst retrospective while another is in the collection of the Nasher Sculpture Centre, Dallas.

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Paul Nyzam
Paul Nyzam

Lot Essay

Jürgen Pech a confirmé l'authenticité de cette œuvre.

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