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Paysage fantastique peint en 1955 par Max Ernst, Sans titre suggère le relief rocheux d’un monde sous-marin originel orné de coraux, et est manifeste de sa maîtrise dans la technique du décalcomanie que l’artiste découvre dans les années 1930, pendant sa période surréaliste. Avec cette technique, Ernst pose d’abord une couche de peinture fraîche sur la toile avant d’appliquer une plaque de verre sur la surface; la pression de la plaque et son retrait progressif contribuent ensuite à révéler une myriade de formes et une kyrielle d’effets surprenants dans la peinture encore fraîche. Ce procédé donne naissance à des compositions très contrastées, formées par le hasard, qui, d’un point de vue visuel, ne sont pas sans rappeler les caves et les forêts dans lesquelles l’artiste, guidé par son inconscient, y discernait des animaux et des figures. Si le décalcomanie semble donner naissance à des compositions abstraites, Ernst utilise pourtant cette technique dont le recueil d’images semble accidentel, comme point de départ pour la création de formes provenant de son inconscient. “En ce qui me concerne”, disait Ernst, “j’accorde au peintre le droit de parler, de rire, de se positionner et de puiser dans toutes ses capacités hallucinatoires. Mais je refuse catégoriquement de vivre comme un Tachiste” (cité in Max Ernst, cat. exp., Knokke-le-Zoute, 1953, p. 30).
La présente œuvre a été offerte par Max Ernst et sa femme, l’artiste surréaliste Dorothea Tanning (1910-2012), laquelle resta dans l’ombre de son mari jusqu’à très récemment. Lorsqu’Ernst rencontra Dorothea en 1942, il était alors marié à Peggy Guggenheim. Selon Dorothea, Ernst et elle firent une partie d’échecs, tombèrent amoureux l’un de l’autre et se marièrent en 1946. Ils vivront à Sedona en Arizona avant de rentrer en France dans les années 1950 pour partager leur temps entre Paris, la Touraine et la Provence, avec quelques retours occasionnels à Sedona. Ils célébreront leurs trente ans de mariage l’année du décès de Max Ernst en 1976.
Evoking the rocky expanses of some primordial submarine coral-like world, the surface of this fantastical 1955 landscape was created through decalcomania, a technique Ernst had pioneered during his Surrealist years in the 1930s. After having applied wet paint onto the canvas, the artist would press a glass over the surface; its movement and removal would create friction, helping to form a myriad of unforeseen shapes and effects in the still fresh paint. The process thus created a contrasted and stimulating composition by chance, visually reminiscent of caves and forests, in which the artist – guided by his unconscious – was able to see animals and figures emerge. Although achieving an abstract effect at first, decalcomania was considered by Ernst as a path to images, as the accidental repository of the shapes of his own unconscious. “As far as I’m concerned”, Ernst declared,”‘I grant the painter the right to speak, to laugh, to take a stand and to draw upon all his hallucinatory faculties. But I absolutely refuse to live like a Tachist” (quoted in Max Ernst, exh. cat., Knokke-le-Zoute, 1953, p. 30).
The present work was a gift from both Max Ernst and his wife, fellow Surrealist artist Dorothea Tanning (1910-2012), who remained in the shadow of her husband’s artistic success for a long time. Ernst, who was married to Peggy Guggenheim at the time, met Dorothea in 1942. According to the latter, they played chess, fell in love and married in 1946. They lived in Sedona, Arizona, and then moved back to France in the 1950s, spending their time between Paris, Touraine and Provence, occasionally returning to Sedona, until Ernst’s death in 1976.