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«Seuls l’amour et le dévouement désintéressés envers les autres peuvent mener à l’harmonie absolue de l’amour et de la vie dont l’humanité rêve depuis si longtemps, » confiait Chagall. « Et cela doit, bien entendu, se manifester dans chaque parole, dans chaque coup de pinceau, et dans chaque couleur».
“Only love and uncalculating devotion towards others will lead to the greatest harmony in life and in art of which humanity has been dreaming so long,” Chagall once remarked. “And this must, of course, be included in each utterance, in each brushstroke, and in each colour”.
M. Chagall cité in J. Baal-Teshuva, (éd.), Chagall: A Retrospective, New York, 1995, p. 208.
"Chagall sait aussi que sa couleur à lui est le bleu, et je dirais volontiers, pour ma part, que ce bleu est sombre et nocturne, celui d’une nuit d’été chargée de feux […] Il est à l’intérieur de sa couleur qui est comme une âme. Et cela fait que l’espace qui sépare, cette invention de la pensée rationnelle, cesse un moment d’exister".
"Chagall also knows that blue is his colour and I would add, in my opinion, that this blue is dark and nocturnal, the colour of a night loaded with flecks of light […] He is inside his colour which is like a soul. Consequently the space that separates it, this invention of rational thinking, ceases to exist for a moment".
Y. Bonnefoy, cité in ‘La religion de Chagall’ in Derrière le Miroir, no. 132, Paris, 1962.
au crépuscule de sa vie, Les Mariés au bord de la Seine est un hymne à l’amour dévoué et à l’harmonie entre les hommes que Chagall évoque ci-dessus. Vibrant, envoûtant, ce chef-d’œuvre incarne l’essence même de la peinture de Chagall, nombre de ses leitmotivs s’y trouvant réunis, notamment les mariés enlacés, les allusions architecturales à Paris, le bouquet de fleurs, le coq et la chèvre; le tout flottant sur un fond fantasque composé de riches nuances de bleu. Comme toujours, Chagall plonge l’observateur dans son monde féérique et l’invite à sonder les mystères de l’âme humaine et à dépasser le réel. Dénuée de logique narrative, cette œuvre en forme d’envolée lyrique, constituée de motifs emblématiques de Chagall, procure un effet purement sensoriel et sensuel.
Si l’amour se place au cœur de l’Œuvre de Chagall jusqu’à la fin de sa carrière, c’est Bella Rosenfeld que l’artiste russe épouse en 1915, son grand amour, sa muse, qui est évoquée encore et encore malgré son décès prématuré en 1944. Au tournant des années 1950, Chagall entame une longue liaison avec Virginia McNeil de laquelle naît un fils, David, avant de se remarier avec Valentine («Vava») Brodsky en 1952, avec laquelle le peintre partage les trente dernières années de sa vie à Saint-Paul-de-Vence, jusqu’à sa mort en 1985. Malgré ces relations, le souvenir de Bella habite l’ensemble de l’Œuvre de Chagall et, plus de quarante ans après sa mort et près de soixante-dix après leur mariage, c’est toujours elle qui porte la robe nuptiale dans Les Mariés au bord de la Seine. Sidney Alexander, l’un des biographes de Chagall, souligne l’importance de ce mythe de Bella, qui stimule inlassablement l’imagination de l’artiste et nourrit son lexique visuel: «de cet Eden conjugal, qu’il a vécu et qu’il garde en mémoire, découle une longue série d’épithalames. Bella en déesse, Bella en Vénus, Bella en Bethsabée… Bella en fusée blanche filant vers la lune. Même après sa mort, à chaque fois qu’il peint une mariée, c’est Bella» (cité in Marc Chagall, A Biography, New York, 1978, p. 82).
Sciemment étudié, le contraste entre la mosaïque de taches bleues qui constelle en grande partie Les Mariés au bord de la Seine et les fulgurances de jaune, de rouge et de rose, incandescentes, qui émanent des fleurs et des animaux, produit une vibration intense dans cette toile, la nimbant d’un éclat presque spirituel. Cette approche de la peinture renvoie par ailleurs aux expériences que Chagall fait avec le vitrail après la Seconde Guerre mondiale, notamment pour la cathédrale de Reims (1974) ou la chapelle des Cordeliers à Sarrebourg (1976), accentuant d’autant plus la portée métaphysique du tableau. La représentation sacrée de l’amour qui domine à première vue Les Mariés au bord de la Seine est contrebalancée par la fantaisie et l’imagination débordantes de Chagall. Les animaux, les joueurs de violon et le bouquet de fleurs disproportionné qui surplombe la présente œuvre laissent entendre que, pour composer cette vision poétique, l’artiste a mêlé des fragments de ses souvenirs, de ses rêves et de ses désirs. Autant d’éléments narratifs que Chagall puise dans la mythologie personnelle qu’il a développée au fil des années; mythologie fondée sur son enfance à Vitebsk, à laquelle viennent s’ajouter ses années passées en Russie révolutionnaire, en France et aux États-Unis. Dans Les Mariés au bord de la Seine, ce savant mélange plonge le spectateur dans un univers mystérieux et onirique, empreint de ce sens romantique du possible propre à un Chagall plein d’espoir et d’optimisme: «Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons, durant la nôtre, la colorier d’amour et d’espoir» (M. Chagall, cité in Chagall: entre ciel et terre, cat. exp., Martigny, 2007, p. 135).
Painted in the last few years of his life, Les mariés au bord de la Seine is an ode to what Chagall described in the above statement in conveying devoted love and humanity’s harmony. The present work represents the essence of Chagall’s OEuvre, encompassing several of his leit motivs such as the embracing bridal couple, the architectural nods to Paris, the vase of flowers, the cockerel and the goat, all floating in a whimsical background of rich blue hues. As always, Chagall plunges the viewer into his magical world to invite him or her to appreciate the mysteries of human emotions and to go beyond reality. Devoid of any logical narrative, the present work is a lyrical amalgam of iconic Chagallian motifs that provides a purely sensuous and sensual experience.
Until the end of his life, love was at the core of Chagall’s Œuvre, being a constant reference to the Russian artist’s great love and muse, Bella Rosenfeld, whom he married in 1915, despite following her premature death in 1944 her unexpected and premature death in 1944. Chagall’s liaison with Virginia McNeil, produced a son, David. In 1952, Chagall married Valentine ("Vava") Brodsky with whom he spent more than three decades of his life in Saint-Paul-de-Vence, until he passed away in 1985. Despite these relationships, the memory of Bella permeated throughout Chagall’s entire OEuvre and even more than forty years after her death and almost seventy years after their wedding, Bella is Chagall’s bride in Les mariés au bord de la Seine. One of Chagall’s biographers, Sidney Alexander, reiterated the importance of the myth of Bella in constantly triggering the artist’s imagination and nurturing his visual lexicon, writing that, "out of this domestic Eden, lived and remembered, poured an endless series of painted epithalamia. Bella as goddess, Bella as Venus, Bella as Bathsheba...Bella as a white whish of rocket soaring toward the moon. Even after her death, whenever he painted a bride it was Bella" (quoted in Marc Chagall, A Biography, New York, 1978, p. 82).
Chagall’s deliberate exploration of the contrast between the mosaic of blue flecks that suffuses so much of the surface in Les mariés au bord de la Seine and the incandescent bursts of yellow, red, and pink in the flowers and the animals, creates an intense vibrancy in this painting, from which a spiritual glow seems to emanate. This approach in painting echoes Chagall’s experiments with stained-glass windows after the Second World War, in particular his commissions for Rheims Cathedral (1974) or the Cordeliers Chapel in Sarrebourg (1976), emphasising the composition’s metaphysical dimension. The apparent sacredness of the world of romance represented in Les mariés au bord de la Seine is counter-balanced by Chagall's endless sense of fantasy and imagination. The disproportionately large bouquet of flowers dominating the composition in the present work, the animals and fiddlers hint at the artist combining elements from his own memories, dreams and desires, resulting in this poetic vision. Chagall often tapped into narrative elements that were related to the unique personal mythology which he had developed over the years, taking as its foundations his own childhood in Vitebsk and adding to it his experiences in revolutionary Russia, in France and in the United States. In Les mariés au bord de la Seine, this results in the viewer being immersed into a mysterious, oneiric universe, one that is filled with Chagall's sense of romantic possibility, hope and optimism: "if everyone’s life unavoidably goes towards its end, we must colour it with love and hope during our own life" (Marc Chagall, quoted in Chagall: entre ciel et terre, cat. exp., Martigny, 2007, p. 135).