Vincent van Gogh (1853-1890)
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a c… Read more Provenant d'une collection particulière new-yorkaise
Vincent van Gogh (1853-1890)

Femme debout ou de profil

Details
Vincent van Gogh (1853-1890)
Femme debout ou de profil
signé 'Vincent' (au centre à gauche)
graphite sur papier
45.7 x 28.7 cm.
Exécuté en février 1882

signed 'Vincent' (centre left)
pencil on paper
18 x 11 ¼ in.
Executed in February 1882
Provenance
Hidde Nijland, La Haye (jusqu'à au moins 1931).
Kunsthandel Martinus Liernur, La Haye.
August Eijffinger, La Haye (acquis auprès de celui-ci, en juillet 1939).
Collection Dingemans, Amsterdam; vente, Van Marle & Bignell, La Haye, 9 novembre 1943, lot 29.
Huinck and Scherjon Art Gallery, Amsterdam.
Collection particulière, Haarlem.
Galerie les Tourettes, Paris.
Ian Woodner, New York (acquis auprès de celle-ci en 1958).
Literature
J.-B. de la Faille, L'œuvre de Vincent van Gogh, Catalogue raisonné, Paris et Bruxelles, 1928, p. 5, no. 840 (illustré, pl. VII; titré 'Femme debout (esquisse)').
W. Vanbeselaere, De Hollandsche periode (1880-1885) in het werk van Vincent van Gogh, Anvers, 1937, p. 38, 81, 124 et 407.
J.-B. de la Faille, The Works of Vincent van Gogh, His Paintings and Drawings, Amsterdam, 1970, p. 315, no. 840 (illustré, p. 396).
J. Hulsker, The Complete Van Gogh, Paintings, Drawings, Sketches, Oxford, 1980, p. 33, no. 103 (illustré).
E. Nicoline Heenk, Vincent van Gogh's Drawings: An analysis of their production and uses, Londres, 1995, p. 50.
J. Hulsker, The New Complete Van Gogh: Paintings, Drawings, Sketches: Revised and Enlarged Edition of the Catalogue Raisonné of the Works of Vincent van Gogh, Amsterdam, 1996, p. 32, no. 103 (illustré, p. 33).
T. Meedendorp, Drawings and prints by Vincent van Gogh in the collection of the Kröller-Müller Museum, Otterlo, 2007, p. 420 et 423.
Exhibited
Amsterdam, Gebouw voor Beeldende Kunst, Vincent van Gogh tentoostelling, mars-avril 1924, no. 119.
Tokyo, National Museum of Western Art et Nagoya, City Museum, Vincent van Gogh exhibition, octobre 1985-février 1986, no. 13.
Special Notice
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5% inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit. (Please refer to section VAT refunds)
Further Details
« Cher Théo […]

Ces jours-ci, j’ai fait plusieurs études de l’une ou l’autre partie d’une figure. […] Les lignes d’un croquis […] sont assez simples. Mais lorsque l’on se trouve devant le modèle, il est plus difficile de saisir ces lignes simples, caractéristiques. Ces lignes sont si simples qu’on peut les tracer à la plume mais, je le répète, la difficulté consiste à découvrir les grandes lignes qui permettent de rendre l’essentiel à l’aide de quelques lignes et de quelques traits.
[…]
L’été dernier, quand tu m’as montré cette grande gravure de Millet, «La Bergère», je me suis dit: «Comme une seule ligne peut exprimer bien des choses!» Evidemment, je n’ai pas la prétention d’exprimer autant que Millet à l’aide d’un seul contour. Néanmoins, j’ai essayé de mettre un peu de sentiments dans cette figure.
[…]
Voici où je veux en venir : rechercher des sujets, fréquenter des ouvriers, se creuser la tête devant un modèle, dessiner sur place d’après nature […]».

Extraits de lettres de Vincent Van Gogh adressée à son frère Théo, 1882, in B. Grasset, éd., Correspondance complète de Vincent van Gogh, enrichie de tous les dessins originaux, Paris, 1960, vol. I, p. 334, 336, 337, 344.

"Dear Théo […]

In recent days, I have done several studies of various parts of a figure. […] The lines of a sketch […] are rather simple. But when I find myself in front of the model, it is more difficult to capture these simple, characteristic lines. These lines are so simple that one can trace them with a pen, but, I repeat, the difficulty lies in discovering the critical lines which make it possible to render the essence with just a few lines and strokes.
[…]
Last summer, when you showed me that large engraving by Millet, "La Bergère", I said to myself: "A single line can express so many things!" Obviously, I do not aspire to express as much as Millet with a single contour. Nevertheless, I have tried to put a bit of feeling into this figure.
[…]
This is what I hope to achieve: look for subjects, spend time around workers, rack my brain before a model, draw on location to capture nature […]".

Excerpts of letters from Vincent Van Gogh to his brother Théo, 1882, in B. Grasset, éd., Correspondance complète de Vincent van Gogh, enrichie de tous les dessins originaux, Paris, 1960, vol. I, p. 334, 336, 337, 344.

Un conflit de plus en plus tendu avec ses parents et l’appel de La Haye, terre d’adoption de nombreux artistes, poussent Van Gogh à s’y installer en 1881. Il prend durant ce séjour des cours de dessin et de peinture auprès de son cousin Anton Mauve (1838-1888). Ayant travaillé auparavant pour la succursale haguenoise des marchands d’art Goupil & Cie, Van Gogh connaît la ville comme sa poche et sait qu’elle peut être un terreau fertile pour développer ses talents bourgeonnants, surtout en matière de dessin d’après modèle vivant. Les œuvres graphiques qu’il réalise en 1882, marquées par une exploration des volumes, des scènes de genre et des sujets ouvriers, feront partie intégrante de cet apprentissage.
Exécutée en février 1882, la présente œuvre constitue un exemple frappant des premiers portraits de Van Gogh, sans doute l’un des aspects les plus célébrés de son œuvre. S’il avait peiné à trouver des modèles au tout début de sa carrière, il rencontre régulièrement à la Haye des personnes disposées à poser pour lui. Leur métier et leurs activités quotidiennes deviennent, de ce fait, une importante source d’inspiration pour l’artiste.
Avec sa saisissante palette monochrome, Femme debout ou de profil témoigne de la maîtrise dont Van Gogh fait preuve dès ses débuts. Au plus près de son sujet, il cherche à dépeindre la vie paysanne dans toute son intimité, entrant comme par effraction dans la vie de cette femme ordinaire. Ces portraits d’habitants de La Haye, très expressifs, sont souvent empreints d’un sensation exacerbée d’isolement, reflétant le sentiment de solitude que Van Gogh éprouve lui-même à cette période. En témoignent les lettres qu’il écrit à son frère, l’implorant de lui rendre visite - signe d’un esprit angoissé.
Cette œuvre marquée par un noir omniprésent atteste en outre de l’influence de la gravure sur le travail de Van Gogh. Le jeune artiste s’était passionné pour les œuvres reproduites par certains journaux britanniques et français comme The Graphic, The Illustrated London News et L’Illustration. Il collectionnait d’ailleurs ces images avec ferveur et cherchait, à son tour, à produire des effets hautement expressifs en utilisant des nuances de noir et de gris exclusivement.
Ici, Van Gogh mêle de légers coups de graphite à des traits plus francs, pour tracer les contours du visage et des vêtements de la paysanne. Des hachures croisées se distinguent également à l’arrière-plan, créant des effets d’ombres et de textures. Les traits du fusain et du crayon, amples et insistants, traduisent parfaitement l’âpreté de la vie quotidienne du modèle.
L’importance que Van Gogh attachait à représenter des têtes de travailleurs, comme cette Femme debout ou de profil, révèle une volonté de se heurter aux artistes qu’il estimait le plus : Jules Breton (1827-1906), Léon Augustin Lhermitte (1844-1925) et, surtout, Jean-François Millet (1814-1875). Ces maîtres français du Réalisme avaient dépeint la vie campagnarde avec une grande solennité et Van Gogh souhaitait lui aussi s’inscrire dans cette tradition, admiratif qu’il était de leur capacité à représenter leurs sujets de manière convaincante et réaliste.
À cette époque, la posture de Millet, artiste le plus célèbre à avoir glorifié la classe paysanne, est encore jugée scandaleuse. Or Van Gogh lui voue une révérence profonde. Le présent dessin témoigne de l’influence du maître français, tant sur le choix du sujet que sur l’exécution vigoureuse du dessin. La facture de Van Gogh trahit, et revendique même, le fait que ce portrait constitue non pas un travail d’atelier mais bien une œuvre réalisée, littéralement, sur le champ. L’artiste semble y capter le plus rapidement possible les gestes de la paysanne à l'œuvre. Dans une lettre à son frère Theo, Van Gogh note que : « Rien ne paraît plus simple que de peindre des paysans, des chiffonniers et des ouvriers en tout genre, et pourtant aucun sujet n’est plus difficile à dépeindre que ces figures ordinaires ! »* (Van Gogh, op. cit. vol. II, p. 400).

An escalating conflict with his parents and the appeal of The Hague, with its many artists, led to Van Gogh’s decision to move there at the end of 1881. At this time, he took lessons in drawing and painting technique with his cousin Anton Mauve (1838- 1888). He knew the town well, having worked at the Hague branch of the art dealers Goupil & Cie. for four years, and he also knew that it offered him ample opportunity to develop his talents further, especially on drawing after live models. Drawings dated from 1882, with their exploration of volumetric forms, genre, and labor, were an integral part of that learning process.
Executed in February 1882, the present work is a powerful example of Van Gogh’s early portraiture, undoubtedly among the most celebrated aspects of his oeuvre. Having had difficulty finding models in his early career, Van Gogh found locals willing to pose for him regularly in The Hague and their everyday work and domestic activities became an important source of inspiration for the artist.
Strikingly executed in a monochrome palette Femme debout or de profil bears witness of the artist’s mastery of his medium, even at this early point in his career. Insistently close to the sitter, Van Gogh sought to depict the peasant as if he was an insider in an unflinchingly intimate and expressive portrait of an ordinary woman. These expressive portraits of local people, often imbued with an exaggerated sense of isolation, reflect Van Gogh’s own personal sense of solitude during this time as evidenced by his letters that reveal his anguished mental state and as he wrote often to implore his brother to visit.
As the present work testifies, the choice of focusing on working in black was influenced by Van Gogh’s love of the prints that appeared in English and French illustrated periodicals such as The Graphic, The Illustrated London News and L’Illustration as he was indeed an avid collector of these reproductions. He aimed to achieve highly expressive results using only shades of black and grey.
Van Gogh employed light strokes of pencil as well as bold lines to define the edges of the peasant’s clothes and face. Crosshatching is also visible throughout the background, giving a sense of texture and shadow. The thick application of pencil and black chalk in broad, deliberate strokes perfectly expresses the hardship of this woman’s daily life.
The importance for Van Gogh of depicting peasant heads like Femme debout or de profil, is to be understood in terms of his efforts to confront the artists whom he most admired: Jules Breton, Léon Augustin Lhermitte, and, above all Jean-François Millet. These French masters had created solemn depictions of peasant life, and Van Gogh wanted to add to this tradition as he admired them for their ability to make convincing depictions of figures in a realistic way.
Millet was the most famous artist to celebrate the peasant’s life in his art, and it was still considered scandalous. Van Gogh, though, held Millet in a position of great reverence. The present drawing shows the older master's influence both in the subject matter, and the vigorous style of execution, which not only betrays, but flaunts the fact that this was no studio work, but was produced literally in the field, capturing as quickly as possible the labourer's movements. Writing to his brother Theo, the artist remarked “Nothing seems simpler than painting peasants, ragpickers and labourers of all kinds, but no subjects in painting are so difficult as these commonplace figures!” (Van Gogh, op. cit. vol. II, p. 400).
Sale Room Notice
Veuillez noter que la technique est graphite sur papier et non pierre noire et graphite sur papier comme indiqué au catalogue.
Please kindly note that the technique is pencil on paper and not black chalk and pencil on paper as indicated in the catalogue.

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