Camille Pissarro (1830-1903)
Provenant d'une prestigieuse collection privée parisienne
Camille Pissarro (1830-1903)

Marché à Pontoise

Details
Camille Pissarro (1830-1903)
Marché à Pontoise
avec le cachet ‘C.P.’ (en bas à droite; Lugt 613a)
détrempe et pastel sur papier mis au carreau marouflé sur toile
81.1 x 64.8 cm.
Exécuté vers 1882

stamped ‘C.P.’ (lower right; Lugt 613a)
distemper and pastel on squared paper laid down on canvas
32 x 25 5/8 in.
Executed circa 1882
Provenance
Atelier de l'artiste.
Jeanne Bonin-Pissarro, Paris (par descendance).
Alexandre Bonin, Paris (par descendance); sa vente, Me Lair-Dubreuil, Paris, 26 juin 1931, lot 9 (titré 'Au marché').
Acquis au cours de cette vente par la famille du propriétaire actuel.
Literature
L. R. Pissarro et L. Venturi, Camille Pissarro, son art — son œuvre, Paris, 1989, vol. I, p. 270, no. 1364 (illustré, vol. II, pl. 267).
J. Pissarro et C. Durand-Ruel Snollaerts, Pissarro, Catalogue critique des peintures, vol. II, Paris, 2005, p. 456 (illustré).
Further Details
Le début des années 1880, marque le début des expérimentations artistiques les plus abouties de toute la carrière de Camille Pissarro. Il cesse de se concentrer sur les paysages qui abondent la production de la décennie précédente, pour laisser place à la peinture de genre. Sa technique évolue également et devient plus complexe, avec davantage de travail en atelier, d’étude et de grands dessins préparatoires. Il explore également une grande variété de techniques, dont la gravure, l'aquarelle, la gouache et la peinture à la détrempe. «Tous ces centres d'intérêt variés suggèrent une remise en question fondamentale du modèle de peinture généralement associée à l'Impressionnisme, c'est-à-dire le travail en plein air » explique Richard Brettell «et une relation plus complexe avec la «réalité» que la seule relation visuelle, mettant en jeu de nombreux intermédiaires» (Pissarro and Pontoise: The Painter in a Landscape, cat. exp., New Haven, 1990, p. 184).
Au cours de cette période essentielle de remise en question et de renouveau, Pissarro introduit un nouveau thème à son iconographie : le paysan au marché. Cette production inspirée, témoigne de l’intérêt de Pissarro des liens économiques entre le milieu rural et le milieu urbain, que la vie des paysans ne se limitait pas à un cycle continue de semailles et de récoltes, mais de cycle de labeurs et de productions qui culminaient avec les moments de marché. Les scènes de marché peintes par Pissarro au début des années 1880 peuvent être interprétées comme l’équivalent des peintures de cafés animés et de foules urbaines peintes par les autres membres du groupe des impressionnistes. Ces peintures constituent en quelque sorte le trait d’union entre le mode de vie des champs et le mode de vie des villes. Cette production peut également être perçue comme une contrepartie aux paysages industrielles. En effet, alors que les usines symbolisent l’expansion de l’industrie, du monde moderne dans les campagnes ; les moments de marché représentent a contrario, la pénétration du monde rural dans les villes. Pissarro fut un des premiers peintres français à donner un nouveau statut social au paysan, non plus comme un simple travailleur de la terre, mais comme un petit commerçant.
Dans notre détrempe sur papier, Marché à Pontoise datant de 1883, travail préparatoire à la toile éponyme, conservée dans les collections du Norton Simon Museum aux États-Unis, Pissarro fait interagir et participer le spectateur en le plaçant directement au milieu des étals, au milieu des trois paysans issus du monde rural attendant le client suivant. Les trois figures centrales au premier plan, tournent hardiment le dos au spectateur et marquent le centre de la composition. À partir de ces figures, la composition s’ouvre en V vers les angles supérieurs et nous invite à rencontrer d’autres acteurs de la scène, cette fois ci la population et clientèle du village issu du monde urbain. Alors qu’entre 1870 et 1880 les figures des œuvres de Pissarro sont soigneusement intégrées à leur environnement, vers le début des années 1880, ce sont les figures qui prédominent. Edgar Degas pourrait être la source de cette nouvelle inspiration. La palette aussi devient de plus en plus variée, avec des petites taches de couleur pures.
Cette étude inédite à la détrempe est restée dans l’atelier de l’artiste, avant d’être transmise à sa fille Jeanne Pissarro puis au mari de cette dernière Alexandre Bonin. Ce sera lors de la vente de celui-ci en 1931 à Drouot que l'œuvre rejoindra la collection de la famille des propriétaires actuels.

The early 1880s saw Camille Pissarro embark upon the most successful period of artistic experimentation of his entire career. The artist turned his attention away from the landscapes that had dominated the previous decade, focusing instead on genre painting. His technique also evolved, becoming more complex, with more studio work, studies and large preparatory drawings. He explored a wide variety of techniques, including engraving, watercolour, gouache and distemper painting. “These varied interests suggest a fundamental questioning of the kind of painting normally associated with Impressionism, the plein-air sketch, and a more complicated, highly mediated relationship with 'reality',” explains Richard Brettell (Pissarro and Pontoise: The Painter in a Landscape, exh. cat., New Haven, 1990, p. 184).
During that essential period of questioning and renewal, Pissarro introduced a new icon into his work: the peasant at the market. The artist's inspired output on this theme is testament to his interest in the economic links between the rural and urban worlds, and shows that farmers’ lives did not consist merely of an endless cycle of sowing and harvesting, but of a cycle of work and production that culminated in market time. The market scenes Pissarro painted in the early 1880s can be interpreted as the equivalent of the scenes of animated cafés and city crowds painted by other members of the Impressionist group. These paintings provide a link between life in the fields and life in the towns. They can also be perceived as a response to industrial landscapes. While factories symbolise the expansion of industry and the modern world into the countryside, these market scenes represent the opposite: rural life seeping into towns. Pissarro was one of the first French painters to give farmers a new social status, depicting them not merely as land workers, but as merchants.
In this 1883 distemper on paper, Marché à Pontoise, a preparatory work for the canvas of the same name, which is part of the collection of the Norton Simon Museum in the United States, Pissarro makes the viewer interact with and take part in the scene by placing him directly amid the stalls, among three farmers from the rural world, waiting for their next customer. The three central figures in the foreground have their backs turned to the viewer and mark the centre of the composition. From these figures, the composition opens out in a V shape into the upper corners and invites us to meet other participants in the scene, namely the local residents and customers from the village, members of the urban world. Whereas between 1870 and 1880, the figures in Pissarro’s works were carefully integrated in their surroundings, by the early 1880s, the figures were predominant. This fresh approach may have been inspired by Edgar Degas. The palette also became more varied, with splashes of pure colour.
This previously unseen distemper study had remained in the artist’s studio, before being passed on to his daughter Jeanne Pissarro and then her husband Alexandre Bonin. It came into the possession of the current owners’ family in 1931 in a sale at the Drouot auction house.
Sale Room Notice
This Lot is Withdrawn.

Lot Essay

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