Lot Essay
Nous remercions la galerie Christophe Gaillard pour les informations fournies sur l'œuvre.
« Son travail, comme son comportement dans l’exercice du quotidien, consistait à miner les conditionnements moraux, idéologiques ou simplement sociaux dont nous sommes à des degrés divers les produits ».
"His work, like his behaviour in his everyday routines, consisted in mining the moral, ideological or simply social conditioning of which we are all products, to varying degrees."
Anne Tronche
Dans la boîte en plexiglas de Your portrait, le japonais Tetsumi Kudo a créé un microcosme déconcertant de plastique et de résine. Un pied pâle émerge d’un faux gazon et écrase la tige d’une fleur artificielle, faussement phosphorescente. Glissant sur une matière boueuse, il entraine des écoulements organiques, la bille d'un œil et une croix chrétienne – symbole du rejet par Kudo de la possible résurrection de l’humanité. Celui que le critique Alain Jouffroy a qualifié d’«objecteur», aux côtés d’Arman et Spoerri, livre ici la singularité de son univers, portant un jugement sans appel sur l’homme moderne. La société de consommation, faite de simulacres, va entraîner l’avènement d’une « nouvelle écologie » déshumanisée en phase avec les progrès techniques et la décomposition de l’ancien monde. Arrivé à Paris en 1962, et partageant dès lors sa vie entre la France et le Japon, Kudo est l’enfant terrible de l’ère post-nucléaire. À Paris, il fréquente Jean-Jacques Lebel et Erró ; se fait connaître pour ses performances troublantes – à l’image de Philosophy of Impotence. Comme dans Your portrait, l’objet demeure toutefois son medium privilégié. Usant fréquemment de ce titre, il tend ainsi au regardeur un miroir déformant qui reste toutefois, près de cinquante ans après, d’une acuité prémonitoire.
In the Plexiglas box of Your Portrait, Japanese artist Testumi Kudo created an unsettling microcosm of plastic and resin. A pale foot emerges from a fake lawn and crushes the stem of an artificial flower that is unnaturally phosphorescent. Sliding on a muddy substance, it trails organic discharge, a marble-like eye and a Christian cross – symbolising Kudo's rejection of any possible resurrection for humanity. This man whom the critic Alain Jouffroy qualified as an "Objector", alongside Arman and Spoerri, shows us here the singularity of his universe, passing final judgement on modern man. The consumer society, made up of simulacra, will bring about the onset of a dehumanised "new ecology" on pace with technical progress and the breakdown of the old world. After arriving in Paris in 1962, Kudo divided his time between France and Japan, occupying the role of "enfant terrible" of the post-nuclear era. In Paris, he socialised with Jean-Jacques Lebel and Erró and became known for his disturbing performances, such as Philosophy of Impotence. As in Your Portrait, objects continued to be his favourite medium. Using this title frequently, he presents the observer with a distorting mirror whose premonitory acuity has lost none of its edge nearly 50 years on.
« Son travail, comme son comportement dans l’exercice du quotidien, consistait à miner les conditionnements moraux, idéologiques ou simplement sociaux dont nous sommes à des degrés divers les produits ».
"His work, like his behaviour in his everyday routines, consisted in mining the moral, ideological or simply social conditioning of which we are all products, to varying degrees."
Anne Tronche
Dans la boîte en plexiglas de Your portrait, le japonais Tetsumi Kudo a créé un microcosme déconcertant de plastique et de résine. Un pied pâle émerge d’un faux gazon et écrase la tige d’une fleur artificielle, faussement phosphorescente. Glissant sur une matière boueuse, il entraine des écoulements organiques, la bille d'un œil et une croix chrétienne – symbole du rejet par Kudo de la possible résurrection de l’humanité. Celui que le critique Alain Jouffroy a qualifié d’«objecteur», aux côtés d’Arman et Spoerri, livre ici la singularité de son univers, portant un jugement sans appel sur l’homme moderne. La société de consommation, faite de simulacres, va entraîner l’avènement d’une « nouvelle écologie » déshumanisée en phase avec les progrès techniques et la décomposition de l’ancien monde. Arrivé à Paris en 1962, et partageant dès lors sa vie entre la France et le Japon, Kudo est l’enfant terrible de l’ère post-nucléaire. À Paris, il fréquente Jean-Jacques Lebel et Erró ; se fait connaître pour ses performances troublantes – à l’image de Philosophy of Impotence. Comme dans Your portrait, l’objet demeure toutefois son medium privilégié. Usant fréquemment de ce titre, il tend ainsi au regardeur un miroir déformant qui reste toutefois, près de cinquante ans après, d’une acuité prémonitoire.
In the Plexiglas box of Your Portrait, Japanese artist Testumi Kudo created an unsettling microcosm of plastic and resin. A pale foot emerges from a fake lawn and crushes the stem of an artificial flower that is unnaturally phosphorescent. Sliding on a muddy substance, it trails organic discharge, a marble-like eye and a Christian cross – symbolising Kudo's rejection of any possible resurrection for humanity. This man whom the critic Alain Jouffroy qualified as an "Objector", alongside Arman and Spoerri, shows us here the singularity of his universe, passing final judgement on modern man. The consumer society, made up of simulacra, will bring about the onset of a dehumanised "new ecology" on pace with technical progress and the breakdown of the old world. After arriving in Paris in 1962, Kudo divided his time between France and Japan, occupying the role of "enfant terrible" of the post-nuclear era. In Paris, he socialised with Jean-Jacques Lebel and Erró and became known for his disturbing performances, such as Philosophy of Impotence. As in Your Portrait, objects continued to be his favourite medium. Using this title frequently, he presents the observer with a distorting mirror whose premonitory acuity has lost none of its edge nearly 50 years on.