Jean Dubuffet (1901-1985)
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the … Read more
Jean Dubuffet (1901-1985)

Joie de terre

Details
Jean Dubuffet (1901-1985)
Joie de terre
signé et daté 'J. Dubuffet 59' (en haut au centre); signé, daté et titré 'Joie de terre décembre 59 J. Dubuffet' (au revers)
papier mâché sur panneau
130 x 162 cm.
Exécuté en décembre 1959

signed and dated 'J. Dubuffet 59' (upper center); signed, dated and titled 'Joie de terre décembre 59 J. Dubuffet' (on the reverse)
papier mâché on panel
51 1/8 x 63.6/8 in.
Executed in December 1959
Provenance
Galerie Daniel Cordier, Paris (acquis en 1960).
Galerie Daniel Gervis, Paris (acquis en 1969).
Galerie Baudoin Lebon, Paris.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel, dans les années 1980.
Literature
M. Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, fascicule XVII: Matériologies, no. 93 (illustré, p. 81).
M. Glimcher, Jean Dubuffet, Towards an alternative reality, New York, 1987, (illustré, p. 179).
Exhibited
Paris, Musée des Arts Décoratifs, Rétrospective Dubuffet, décembre 1960-février 1961, no. 194, p. 234 (illustré, p. 342).
Francfort, Galerie Daniel Cordier; Matériologies de Jean Dubuffet, mars-avril 1961, no. 2 (illustré).
Milan, Galleria del Naviglio, Matériologies de Jean Dubuffet, mai 1961, no. 2 (illustré).
Paris, Galerie Daniel Gervis, Matériologies de Jean Dubuffet, juin-juillet 1969.
Berlin, Akademie der Künste; Vienne, Museum moderner Kunst; Cologne, Josef-Haubrich-Kunsthalle, Jean Dubuffet rétrospective, septembre 1980-mars 1981, no. 190 (illustré en couleurs, p. 195 et illustré, p. 355).
Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght, Jean Dubuffet rétrospective, peintures, sculptures, dessins, juillet-octobre 1985, no. 47, p. 181 (illustré, p. 101).
Paris, Galerie de France et Galerie Baudoin Lebon, Dubuffet : sols et terrains, 1956-1960, janvier-mars 1988 (illustré en couleurs, p. 103).
New York, Arnold Herstand & Compagny, Dubuffet, earth and terrain :Assemblages, Texturologies and Materiologies : paintings and works on paper from 1955-1962, mai-juillet 1989, no. 6 (illustré en couleurs).
Rome, Galleria Nazionale d'Arte Moderna, Jean Dubuffet : 1901-1985, décembre 1989-février 1990, no. 66 (illustré en couleurs, p. 184).
Vitoria-Gasteiz, Sala Amarica-Aretoa; Saragosse, Museo de Zaragoza, Diputacion general de Aragon; Logrono; Sala Amos Salvador, Cultural Rioja, Jean Dubuffet : el anarquitecto del suelo (1957-1960), juillet-août 1991, no. 13.
Luxembourg, Banque Paribas, Un regard sur Jean Dubuffet, décembre 1993, no. 5 (illustré en couleurs, p. 19).
Avignon, Palais des Papes, Dubuffet « Hauts lieux » paysages 1944-1984, juin-octobre 1994 (illustré en couleurs, p. 132).
Barcelone, Centre cultural; Vienne, Künstlerhaus, Arte después del diluvio : Europa de postguerra 1945-1965, mai-décembe 1995, no. 26 (illustré en couleurs, p. 109).
New York, Pace Wildenstein Gallery, The Radiant Earth, février-mars 1996 (illustré en couleurs, p. 31).
Paris, Centre Pompidou, Jean Dubuffet (1901-1985): exposition du centenaire, septembre-décembre 2001 (illustré en couleurs, p. 224).
Lausanne, Musée d'Art Brut, Dubuffet et l’Art Brut, juin-septembre 2005.
Rome, Scuderie del Quirinale, Burri, gli artisti e la materia 1945-2004, novembre 2005-février 2006, no. 6 (illustré en couleurs, p. 69).
Reggio Emilia, Fondazione Palazzo Magnani, Jean Dubuffet l’Art en jeu, Matière et esprit 1943-1985, novembre 2018- mars 2019(illustré, p. 147).
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent. This item will be transferred to an offsite warehouse after the sale. Please refer to department for information about storage charges and collection details. In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5% inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit. (Please refer to section VAT refunds)
Further Details
« J’aime les amples mondes homogènes comme sont la mer, les hautes neiges, les déserts et steppes ; j’aspire à des peintures qui m’en procurent l’équivalence »
'I like vast, uniform worlds such as the sea, high snow fields, deserts and steppes; I aspire to create paintings that give me the same experience'
Jean Dubuffet
« Le plus souvent, toutefois, les lieux sont d’humeur véridique. Dans ce cas, aux chimères du papier d’argent, ils préfèrent le papier mâché. Et sur le champ, ils prennent allure d’authentiques terres. Terres lourdes et laborieuses, ou agiles et allègres, travaillées à main plate et comportant des foules d’empreintes de doigts. (Gala de terre, Joie de terre, le Gâteau de terre).
'But most often, places are of a truthful nature. In that case, rather than the mirages of silver paper, they prefer papier mâché. And thenthey instantly take on the appearance of authentic earth. Heavy and laborious, or agile and lively earth, worked with the palms of the hands and bearing myriad fingerprints. (Gala de terre, Joie de terre, Gâteau de terre).
Max Loreau

Jean Dubuffet passe l’essentiel des années 1950 à Vence, loin de l’effervescence des villes. Son œil se détourne des activités urbaines pour se recentrer sur la nature, les matières et les sols, l’univers végétal et minéral. La figure humaine est progressivement réduite à la portion congrue jusqu’à parfois totalement s’effacer, notamment dans le cycle des Matériologies que l’artiste initie à la toute fin de la décennie. La radicalité de cette série d’œuvres d’un genre nouveau tient au fait que Dubuffet y abandonne tout à fait les recettes conventionnelles attachées à la représentation : plus de premier ni d’arrière-plan, plus de haut ni de bas, plus d’ordre de lecture d’une œuvre qui se livre à présent toute entière, d’un seul tenant, à celui qui la contemple, comme un fragment arraché à l’écorce terrestre et érigé verticalement. « Ces tableaux-là sont l’Accident lui-même, le Hasard brut sans référence à rien d’autre que soi (si l’on excepte toutefois le cadre du tableau) » (M. Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, fascicule XVII, Matériologies, Lausanne, 1969, p. 12).
Pour ce faire, Jean Dubuffet a recours à des ingrédients nouveaux, et en particulier au papier mâché, coloré dans la masse et appliqué sur des plaques d’isorel. Joie de Terre, réalisée en décembre 1959, offre l’une des premières et des plus éclatantes manifestations de cette série d’œuvres inédites. Sa vaste surface porte les traces du modelage de la matière par l’artiste. Les innombrables empreintes de doigts engendrent une géologie singulière que vient rythmer les nuances de couleurs, allant du sépia au noir anthracite. Il y a quelque chose de rupestre et de primitif dans ces étendues de matière brute façonnée à la main, quelque chose d’avant le langage, d’avant la peinture et l’écriture, comme si tout cela était situé « au cœur d’un monde dont l’humain ne constituerait que l’une des parties, sans distinction hiérarchique, hors du logocentrisme » (B. Brun, « Jean Dubuffet, pré-humain » in Préhistoire, une énigme moderne, catalogue d’exposition, Centre Pompidou, 2019, p. 139).
Par son titre évocateur, Joie de terre souligne combien les Matériologies sont source de jouissance chez Dubuffet. Car, dit-il, « c’est de banalité que je suis avide. La chaussée la plus dénuée de tout accident et de toute particularité, n’importe quel plancher sale ou terre nue poussiéreuse, auxquels nul n’aurait l’idée de porter son regard – délibérément du moins – (encore moins de les peindre) – sont pour moi nappes d’ivresse et de jubilation. » (Jean Dubuffet, préface de l’exposition « Célébration du sol », Paris, Galerie Daniel Cordier, 1959). Cette joie tient aussi au véritable aboutissement que représentent les Matériologies dans la trajectoire de Jean Dubuffet au cours des années 1950. Avec elles, l’artiste s’est totalement défait de toute contrainte de transposition du réel sur la toile : il ne s’agit plus pour lui d’imiter ou de reproduire mais bien de « créer la nature, [de] produire la nature, [de] se substituer à la nature […] réussissant à la remplacer, il est la matière même et ses caprices. » (M Loreau, op. cit., p. 11).
Comme le point d’arrivée d’une décennie d’explorations effrénées, dernière série avant la réintroduction de l’homme au cœur de ses œuvres (les années 1960 seront chez Dubuffet celles de la couleur, du fourmillement de l’activité humaine dans le Paris des Trente Glorieuses), les grands all-over bruts des Matériologies offrent in fine à l’artiste comme un apaisement bienfaisant : « ce que ces tableaux me fournissent encore c’est une paix. Paix tonique et ardente, plan d’exaltation sereine comme celles des méditations asiatiques. Grande paix des tapis, plaines nues et vides, silencieuses étendues ininterrompues dont rien ne vient altérer l’homogénéité, la continuité. » (Jean Dubuffet, préface de l’exposition « Célébration du sol », Paris, Galerie Daniel Cordier, 1959).

Jean Dubuffet spent most of the 1950s in Vence, far from the buzz of the cities. His gaze strayed from urban activities to refocus on nature, materials and the earth ‒ the plant and mineral world. The human figure was gradually reduced to the smallest share until it was sometimes completely absent, particularly in the Matériologies cycle which the artist began right at the end of the decade. The radicalness of this series of works in a new genre lies in the fact that Dubuffet was completely abandoning the conventional formulas associated with representation: there is neither foreground nor background, neither top nor bottom, no more order in which to read a work that now presents itself as a whole, all in one piece, to the person looking at it, like a fragment ripped from the bark of the earth and stood up on its end. 'These paintings are the Accident itself, unadulterated Chance with no reference to anything other than itself (if one excludes the frame of the canvas)' (M. Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, volume XVII, Matériologies, Lausanne, 1969, p. 12).
To achieve this, Jean Dubuffet made use of new ingredients, especially bulk-dyed papier mâché applied to hardboard panels. Joie de terre, made in December 1959, provides one of the first and most stunning manifestations of this series of unprecedented works. Its vast surface bears the traces left by the artist as he worked the material. The countless fingerprints result in a singular geology that establishes a rhythm for the colour progression, ranging from sepia to coal black. These stretches of hand-sculpted raw matter call to mind rock painting, or something primitive, something that came before language, before painting and writing, as if all of this existed 'at the centre of a world in which humans were just one element, without any hierarchical distinction, outside of logocentrism' (B. Brun, 'Jean Dubuffet, pré-humain' in Préhistoire, une énigme moderne, exhibition catalogue, Centre Pompidou, 2019, p. 139).
With its evocative title, Joie de terre ('Joy of the Earth') underlines the extent to which Matériologies were a source of joy for Dubuffet. Because, he said, 'I am passionate about the banal. The road that is most devoid of any unevenness and any notable feature, any dirty floor or bare, dusty ground, where no one would think to turn their gaze – not intentionally anyway – (much less paint them) – are, for me, swathes of intoxication and jubilation.' (Jean Dubuffet, preface to the exhibition 'Célébration du sol', Paris, Galerie Daniel Cordier, 1959). This joyalso stems from the high point that Matériologies represents in Jean Dubuffet's trajectory in the 1950s. With these, the artist totally freed himself from any constraints to transpose reality on the canvas: For him it is no longer a matter of imitating or replicating, but rather to 'create nature, [to] produce nature, [to] stand in for nature […] succeeding in replacing it, he is the matter itself and its whims.' (M. Loreau, op. cit., p. 11).
Like the culmination of a decade of frenetic explorations, this was the last series before the reintroduction of people into the heart of his work (as the 1960s would be Dubuffet's years of colour and the teeming human endeavours in the Paris of the 'Trente Glorieuses'). The grand, raw all-over pieces from Matériologies ultimately served the artist as a soothing balm: 'what these paintings still give me is peace. An invigorating, fervent peace, a place of serene exaltation like that of Asian meditations. The immense peace of carpets, bare and empty plains, uninterrupted stretches of silence whose continuity and uniformity cannot be disturbed.' (Jean Dubuffet, preface to the exhibition 'Célébration du sol', Paris, Galerie Daniel Cordier, 1959).
Sale Room Notice
Veuillez noter que ce lot est soumis au Droit de Suite.

Please note that this Lot is subject to the Artist's Resale Right.

Brought to you by

Paul Nyzam
Paul Nyzam Head of Department

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