Lot Essay
Le carré est l' élément le plus imposant du service de toilette féminin avec le miroir. Il est utilisé pour ranger les brosses et les peignes.
Cette pièce ne porte pas le poinçon de maître-orfèvre, mais elle peut etre attribué à Nicolas Besnier. En effet, les entrelacs sur les cotés sont identiques aux dessins réalisés par Claude Ballin et Nicolas Delaunay pour le cadenas en or de la reine Marie-Thérèse exécuté en 1678 par Nicolas Delaunay, orfèvre de Louis XIV, oncle et associé de Nicolas Besnier.
The carré is the most important element of a dressing service with the mirror. It is used to keep brushes and combs. There is no maker's mark on the carré but it can be attributed to Nicolas Besnier. The entrelacs motifs are the same are those represented on the drawing by Claude Ballin and Nicolas Delaunay for the gold cadenas made for Queen Marie-Thérèse in 1678 by Delaunay, who was Besnier's uncle and partner.
BESNIER L’HERITIER SPIRITUEL DE BALLIN ET DELAUNAY
La production du service de la duchesse de Modène est confiée à Nicolas Besnier (1686-1754) et donc par association à Nicolas Delaunay (1646-1727). Delaunay est l'orfèvre de Louis XIV mais aussi le spécialiste des toilettes royales et surtout l’associé de Besnier depuis 1714; Mais à l'époque de cette commande il a plus de 70 ans, ce qui n’empêche que même si la majorité des pièces porte le poinçon de Besnier, son influence ainsi que celle de son maître Ballin s’y fait clairement ressentir.
Nicolas Delaunay est avec Claude Ballin (1615-1678) le créateur du mobilier d’argent et de la vaisselle d’or de Louis XIV. Petit-fils et fils d’orfèvre et monnayeur de Louis XIII, Delaunay n’est pas formé dans l’atelier paternel, son père étant mort prématurément, mais travaille en partie dans celui de Ballin dont il épouse la nièce Madeleine en 1676. D’après les clauses du contrat de mariage, Delaunay s’engage à loger et travailler avec Ballin pendant deux ans en échange d’un don de 11 000 livres. A l’issue de cette période, il recevra une ‘récompense’ de 1 000 livres et sera ‘associé’. Pourtant au-delà de cet accord financier, Delaunay devient surtout le légataire du savoir de Ballin avant d’hériter d’une partie de ses parts au décès du maître en 1678 qui inclut ‘bosses, plastres, modeles, desseings, estampes et livres’(sic.) (Arch. Nat., Minutier central, XCVII, 47). La mort subite de Ballin oblige Delaunay à prendre sa suite comme orfèvre de Louis XIV mais surtout à honorer les commandes en cours dont le dessin du fameux bassin en or centré des armes de France dont le décor comporte ‘cartouches, masques, esfinges, tapis, vazes, casques, trepiés, arpes, roses’ et au bord deux frises moulurées de ‘coquilles, feuilles, bandes de poste, dauphins et souffleurs’ (Arch. Dép. Oise, série A, papiers Gédéon du Metz, dossier 8, pièce 3). Cette description rappelle d’ailleurs beaucoup celle des deux boîtes, du carré, de l’aiguière et de son bassin agrémenté de ces fameux ‘souffleurs’ du service de la duchesse de Modène, montrant la pérennité du vocabulaire ornemaniste créé par Ballin.
Delaunay va faire de Besnier, tout comme Ballin l’avait fait avec lui, son meilleur élève et son légataire spirituel. Nicolas Besnier (1686-1754) est le fils de François Besnier, chef du gobelet du roi, et d’Henriette Delaunay. Il part à Rome entre 1709 et 1712 et travaille à la villa Médicis où il reçoit une formation d’architecte, remportant le prix d’architecture en 1711. L’année suivante, il rentre à Paris et termine sa formation. En 1714 il est reçu maître-orfèvre et intègre l’atelier de son oncle Nicolas Delaunay logeant aux Galeries du Louvre. En 1723, il est nommé orfèvre du roi par brevet et travaille pour la Cour, notamment pour le remplacement de la vaisselle ordinaire du roi et pour les Affaires étrangères, ainsi que pour une clientèle étrangère prestigieuse. Il devient échevin de la ville de Paris en 1729 et décide alors de collaborer avec son gendre Jacques Roëttiers de La Tour, à qui il laissera la conduite de son atelier d’orfèvre pour devenir de 1734 à 1753 directeur de la Manufacture royale de tapisserie de Beauvais.
Cette importante commande du Régent pour la duchesse de Modène est donc l’occasion pour Besnier de prouver son talent et sa créativité.
BESNIER : THE SPIRITUAL HEIR TO BALLIN AND DELAUNAY
Nicolas Besnier was commissioned to make the duchesse de Modène’s dressing service at a time when he was working in partnership with his uncle Nicolas Delaunay and was based in his uncle’s workshop. By 1720 Delaunay was already 70 years old, but his influence as well as that of Ballin, is obvious in many aspects of the service's designs although the pieces bear only the hallmarks of Besnier.
Nicolas Delaunay is remembered with Claude Ballin as the designer of Louis XIV’s silver and gold. Delaunay was the son and grandson of a goldsmith and coin maker; following his father’s early death, he was apprenticed in the workshops of several goldsmiths including Ballin, whose niece, Madeleine, he married in 1676. According to the terms of the marriage contract and in exchange of a ‘reward’ of 11,000 livres , Delaunay agreed to live and work with Ballin for two years, becoming after that period his ‘partner’ as well as receiving a ‘gift’ of 1000 livres. In addition to this financial gain, Delaunay became Ballin’s artistic heir and took over his knowledge and skills. Upon Ballin’s sudden death in 1678, Delaunay inherited part of Ballin’s assets which included models, plasters, drawings and books. The sudden death of Ballin also led to Delaunay being appointed Royal goldsmith finishing Ballin’s ongoing commissions, especially the famous gold charger centred with the royal arms. Delaunay’s design shows ornaments such as cartouches, masks, vases, helmets, dolphins and ‘souffleurs’ all very similar to those used on Charlotte-Aglaé’s dressing service, showing the relevance and continuity of Ballin’s decorative vocabulary.
Delaunay would follow the example of Ballin and trained Nicolas Besnier to continue his work. Nicolas Besnier (1686-1754) was the son of François Besnier, chef du gobelet du roi, and Henriette Delaunay, niece of Nicolas Delaunay. From 1709 to 1712, Besnier worked in Rome at the Villa Medicis where he trained as an architect, winning a prize in 1711. He returned to Paris the following year to complete his training. He registered his goldsmith’s mark in 1714, moving into his wife’s uncle’s workshop at the Galerie du Louvre. In 1723, he was appointed royal goldsmith and worked for the Court and for the Foreign office providing ambassadorial plate, as well as working for a rich international clientele. In 1729 he became alderman collaborating with his son-in-law Jacques Roëttiers de La Tour, finally leaving him his workshop when he became director of the Beauvais Manufacture from 1734 to 1753.
The duchesse de Modène dressing service was therefore the opportunity for Besnier to demonstrate his talent and his creativity.
Cette pièce ne porte pas le poinçon de maître-orfèvre, mais elle peut etre attribué à Nicolas Besnier. En effet, les entrelacs sur les cotés sont identiques aux dessins réalisés par Claude Ballin et Nicolas Delaunay pour le cadenas en or de la reine Marie-Thérèse exécuté en 1678 par Nicolas Delaunay, orfèvre de Louis XIV, oncle et associé de Nicolas Besnier.
The carré is the most important element of a dressing service with the mirror. It is used to keep brushes and combs. There is no maker's mark on the carré but it can be attributed to Nicolas Besnier. The entrelacs motifs are the same are those represented on the drawing by Claude Ballin and Nicolas Delaunay for the gold cadenas made for Queen Marie-Thérèse in 1678 by Delaunay, who was Besnier's uncle and partner.
BESNIER L’HERITIER SPIRITUEL DE BALLIN ET DELAUNAY
La production du service de la duchesse de Modène est confiée à Nicolas Besnier (1686-1754) et donc par association à Nicolas Delaunay (1646-1727). Delaunay est l'orfèvre de Louis XIV mais aussi le spécialiste des toilettes royales et surtout l’associé de Besnier depuis 1714; Mais à l'époque de cette commande il a plus de 70 ans, ce qui n’empêche que même si la majorité des pièces porte le poinçon de Besnier, son influence ainsi que celle de son maître Ballin s’y fait clairement ressentir.
Nicolas Delaunay est avec Claude Ballin (1615-1678) le créateur du mobilier d’argent et de la vaisselle d’or de Louis XIV. Petit-fils et fils d’orfèvre et monnayeur de Louis XIII, Delaunay n’est pas formé dans l’atelier paternel, son père étant mort prématurément, mais travaille en partie dans celui de Ballin dont il épouse la nièce Madeleine en 1676. D’après les clauses du contrat de mariage, Delaunay s’engage à loger et travailler avec Ballin pendant deux ans en échange d’un don de 11 000 livres. A l’issue de cette période, il recevra une ‘récompense’ de 1 000 livres et sera ‘associé’. Pourtant au-delà de cet accord financier, Delaunay devient surtout le légataire du savoir de Ballin avant d’hériter d’une partie de ses parts au décès du maître en 1678 qui inclut ‘bosses, plastres, modeles, desseings, estampes et livres’(sic.) (Arch. Nat., Minutier central, XCVII, 47). La mort subite de Ballin oblige Delaunay à prendre sa suite comme orfèvre de Louis XIV mais surtout à honorer les commandes en cours dont le dessin du fameux bassin en or centré des armes de France dont le décor comporte ‘cartouches, masques, esfinges, tapis, vazes, casques, trepiés, arpes, roses’ et au bord deux frises moulurées de ‘coquilles, feuilles, bandes de poste, dauphins et souffleurs’ (Arch. Dép. Oise, série A, papiers Gédéon du Metz, dossier 8, pièce 3). Cette description rappelle d’ailleurs beaucoup celle des deux boîtes, du carré, de l’aiguière et de son bassin agrémenté de ces fameux ‘souffleurs’ du service de la duchesse de Modène, montrant la pérennité du vocabulaire ornemaniste créé par Ballin.
Delaunay va faire de Besnier, tout comme Ballin l’avait fait avec lui, son meilleur élève et son légataire spirituel. Nicolas Besnier (1686-1754) est le fils de François Besnier, chef du gobelet du roi, et d’Henriette Delaunay. Il part à Rome entre 1709 et 1712 et travaille à la villa Médicis où il reçoit une formation d’architecte, remportant le prix d’architecture en 1711. L’année suivante, il rentre à Paris et termine sa formation. En 1714 il est reçu maître-orfèvre et intègre l’atelier de son oncle Nicolas Delaunay logeant aux Galeries du Louvre. En 1723, il est nommé orfèvre du roi par brevet et travaille pour la Cour, notamment pour le remplacement de la vaisselle ordinaire du roi et pour les Affaires étrangères, ainsi que pour une clientèle étrangère prestigieuse. Il devient échevin de la ville de Paris en 1729 et décide alors de collaborer avec son gendre Jacques Roëttiers de La Tour, à qui il laissera la conduite de son atelier d’orfèvre pour devenir de 1734 à 1753 directeur de la Manufacture royale de tapisserie de Beauvais.
Cette importante commande du Régent pour la duchesse de Modène est donc l’occasion pour Besnier de prouver son talent et sa créativité.
BESNIER : THE SPIRITUAL HEIR TO BALLIN AND DELAUNAY
Nicolas Besnier was commissioned to make the duchesse de Modène’s dressing service at a time when he was working in partnership with his uncle Nicolas Delaunay and was based in his uncle’s workshop. By 1720 Delaunay was already 70 years old, but his influence as well as that of Ballin, is obvious in many aspects of the service's designs although the pieces bear only the hallmarks of Besnier.
Nicolas Delaunay is remembered with Claude Ballin as the designer of Louis XIV’s silver and gold. Delaunay was the son and grandson of a goldsmith and coin maker; following his father’s early death, he was apprenticed in the workshops of several goldsmiths including Ballin, whose niece, Madeleine, he married in 1676. According to the terms of the marriage contract and in exchange of a ‘reward’ of 11,000 livres , Delaunay agreed to live and work with Ballin for two years, becoming after that period his ‘partner’ as well as receiving a ‘gift’ of 1000 livres. In addition to this financial gain, Delaunay became Ballin’s artistic heir and took over his knowledge and skills. Upon Ballin’s sudden death in 1678, Delaunay inherited part of Ballin’s assets which included models, plasters, drawings and books. The sudden death of Ballin also led to Delaunay being appointed Royal goldsmith finishing Ballin’s ongoing commissions, especially the famous gold charger centred with the royal arms. Delaunay’s design shows ornaments such as cartouches, masks, vases, helmets, dolphins and ‘souffleurs’ all very similar to those used on Charlotte-Aglaé’s dressing service, showing the relevance and continuity of Ballin’s decorative vocabulary.
Delaunay would follow the example of Ballin and trained Nicolas Besnier to continue his work. Nicolas Besnier (1686-1754) was the son of François Besnier, chef du gobelet du roi, and Henriette Delaunay, niece of Nicolas Delaunay. From 1709 to 1712, Besnier worked in Rome at the Villa Medicis where he trained as an architect, winning a prize in 1711. He returned to Paris the following year to complete his training. He registered his goldsmith’s mark in 1714, moving into his wife’s uncle’s workshop at the Galerie du Louvre. In 1723, he was appointed royal goldsmith and worked for the Court and for the Foreign office providing ambassadorial plate, as well as working for a rich international clientele. In 1729 he became alderman collaborating with his son-in-law Jacques Roëttiers de La Tour, finally leaving him his workshop when he became director of the Beauvais Manufacture from 1734 to 1753.
The duchesse de Modène dressing service was therefore the opportunity for Besnier to demonstrate his talent and his creativity.