Lot Essay
Le crachoir est un accessoire peu répertorié dans les inventaires du XVIIème et du XVIIIème siècle, nous en trouvons un dans l'inventaire de Françoise-Marie de Bourbon, duchesse d'Orléans (1677-1749), mère de Charlotte-Aglaé. Très peu d'exemples ont survécu aux différentes fontes royales et révolutionnaires mais nous connaissons au moins le crachoir de la toilette en vermeil de la reine Mary II d'Angleterre (1662-1694), exécutée à Paris dans les années 1669-1671, conservé dans les collections du duc et de la duchesse de Devonshire au château de Chatsworth. Sa forme est intéressante car similaire au nôtre mais avec un décor repoussé de feuilles d'acanthe. La forme générale du crachoir évolue ensuite pour devenir une petite casserole avec manche en bois.
The spitoon appears in the 17th and 18th centuries inventories such as the one recorded in the probate valuation of Françoise-Marie de Bourbon, duchesse d'Orléans (1677-1749), Charlotte-Aglaé's mother. However, very few examples have survived the various royal and revolutionary meltings but we know at least of the spitoon from the Mary II of England’s dressing service, executed in Paris on 1669-1671, now in the collections of the Duke and Duchess of Devonshire at Chatsworth castle. It is the same shape as ours but is chased with large acanthus leaves motifs in repoussé. The general shape of the spitoon later evolves to become a kind of a small saucepan with a wooden handle.
TESTAMENT DE L’EVOLUTION STYLISTIQUE OU L’APOTHEOSE DU STYLE REGENCE
Le style de ce service est un exemple de l’aboutissement d’une longue élaboration qui commence avec Ballin et se termine avec Besnier. Ballin a pourtant laissé relativement peu de dessins et peu de pièces, perdues dans les grandes fontes ; heureusement comme en témoigne Perrault dans son chapitre sur Ballin dans Hommes Illustres : ‘..le sieur de Launay, excellent orfèvre et excellent dessinateur qui marche sur les traces du sieur Ballin dont il a épousé la nièce, a dessiné la pluspart (sic) de ces beaux ouvrages avant qu’on les fondist (sic)’ (Ch. Perrault, Les hommes illustres, T1, Genève, 1697-1700, p. 99).
Dans ce service de toilette, Besnier réussit la prouesse de combiner le vocabulaire stylistique de Ballin reconnaissable par la linéarité des motifs enrichie par une superposition de bordures décoratives, avec le style de Delaunay caractérisé par un assouplissement des lignes et une compartimentalisation des motifs. Il donne au tout une certaine folie par un excès de décor évident dans la complexité des panneaux d’entrelacs et la multiplication des ornements. En effet, le style Régence c'est aussi une diversification des motifs ornementaux avec la coquille à cinq branches, la feuille d'acanthe dissymétrique, le palmier, les rinceaux courbes, la tête de faune et celle de femme coiffée d'un diadème, les fonds quadrillés ou pointillés, qui se marient sans retenue et sans limite.
Ce service apparaît donc comme un exemple parfait de transition stylistique empruntant aux deux périodes du style Louis XIV pour créer le style Régence. En effet, le style Louis XIV se décompose en deux périodes : une première qui se caractérise par sa symétrie absolue et une dimension monumentale et ostentatoire, d’inspiration italienne et antique, alors que la seconde voit l'assouplissement des lignes moins solennelles avec une ornementation plus aérée, moins massive. Ainsi le cadenas de la reine Marie-Thérèse d’Autriche livré par Delaunay en 1678 suite au décès de Ballin et dont le dessin préparatoire a été conservé dans le fonds dit ‘Robert de Cotte’ de la Bibliothèque Nationale de France (Bibl. nat. de Fr., Est., Le 39 fol.) est déjà annonciateur du style Régence avec son décor de bandes d’entrelacs et de médaillions à profils féminins.
Ce nouveau style Régence qui rompt donc avec l’austérité du style de Louis XIV garde une certaine correction qui n’a pas encore la fantaisie capricieuse du style Louis XV même si elle se fait déjà sentir dans le couvercle en coquille de l’aiguière.
TESTIMONY OF A STYLISTIC EVOLUTION WITH THE BIRTH OF THE REGENCE STYLE
The style of this service is the perfect example of the development of the Régence style starting with Ballin and finishing with Besnier.
Ballin left very few drawings and many pieces were destroyed in Louis XIV’s melting campaigns; nonetheless many of his designs were drawn by Delaunay as described by Charles Perrault in his Hommes Illustres (1697-1700).
With this service, Besnier combines Ballin’s style with its straight overlapping borders of motifs with that of Delaunay characterised by a softening of the lines and a taste for compartmentalising decoration to create his own version by multiplying and complicating motifs to create a sense of opulence and richness. The new Régence style introduced a large variety of new motifs such as palmette, asymmetrical acanthus leaf, palm leaf, faun and Midas masks and trelliswork.
This service shows the evolution from the Louis XIV style composed of two periods: the first characterised by absolute symmetry and monumental and ostentious proportions inspired by Italy and Antiquity, while the second sees a softening of the lines less formal combined with less crowded decor. This evolution can be seen in the drawing of Marie-Thérèse of Austria's cadenas made by Delaunay in 1678 and now kept at the Bibliothèque Nationale de France (Bibl. nat. de Fr., Est., Le 39 fol.).
This new style promoted by Besnier, although reacting against the austerity of the Louis XIV style, does retain a certain correctness though still far from the capriciousness of the Louis XV style already suggested in the cover of the ewer.
The spitoon appears in the 17th and 18th centuries inventories such as the one recorded in the probate valuation of Françoise-Marie de Bourbon, duchesse d'Orléans (1677-1749), Charlotte-Aglaé's mother. However, very few examples have survived the various royal and revolutionary meltings but we know at least of the spitoon from the Mary II of England’s dressing service, executed in Paris on 1669-1671, now in the collections of the Duke and Duchess of Devonshire at Chatsworth castle. It is the same shape as ours but is chased with large acanthus leaves motifs in repoussé. The general shape of the spitoon later evolves to become a kind of a small saucepan with a wooden handle.
TESTAMENT DE L’EVOLUTION STYLISTIQUE OU L’APOTHEOSE DU STYLE REGENCE
Le style de ce service est un exemple de l’aboutissement d’une longue élaboration qui commence avec Ballin et se termine avec Besnier. Ballin a pourtant laissé relativement peu de dessins et peu de pièces, perdues dans les grandes fontes ; heureusement comme en témoigne Perrault dans son chapitre sur Ballin dans Hommes Illustres : ‘..le sieur de Launay, excellent orfèvre et excellent dessinateur qui marche sur les traces du sieur Ballin dont il a épousé la nièce, a dessiné la pluspart (sic) de ces beaux ouvrages avant qu’on les fondist (sic)’ (Ch. Perrault, Les hommes illustres, T1, Genève, 1697-1700, p. 99).
Dans ce service de toilette, Besnier réussit la prouesse de combiner le vocabulaire stylistique de Ballin reconnaissable par la linéarité des motifs enrichie par une superposition de bordures décoratives, avec le style de Delaunay caractérisé par un assouplissement des lignes et une compartimentalisation des motifs. Il donne au tout une certaine folie par un excès de décor évident dans la complexité des panneaux d’entrelacs et la multiplication des ornements. En effet, le style Régence c'est aussi une diversification des motifs ornementaux avec la coquille à cinq branches, la feuille d'acanthe dissymétrique, le palmier, les rinceaux courbes, la tête de faune et celle de femme coiffée d'un diadème, les fonds quadrillés ou pointillés, qui se marient sans retenue et sans limite.
Ce service apparaît donc comme un exemple parfait de transition stylistique empruntant aux deux périodes du style Louis XIV pour créer le style Régence. En effet, le style Louis XIV se décompose en deux périodes : une première qui se caractérise par sa symétrie absolue et une dimension monumentale et ostentatoire, d’inspiration italienne et antique, alors que la seconde voit l'assouplissement des lignes moins solennelles avec une ornementation plus aérée, moins massive. Ainsi le cadenas de la reine Marie-Thérèse d’Autriche livré par Delaunay en 1678 suite au décès de Ballin et dont le dessin préparatoire a été conservé dans le fonds dit ‘Robert de Cotte’ de la Bibliothèque Nationale de France (Bibl. nat. de Fr., Est., Le 39 fol.) est déjà annonciateur du style Régence avec son décor de bandes d’entrelacs et de médaillions à profils féminins.
Ce nouveau style Régence qui rompt donc avec l’austérité du style de Louis XIV garde une certaine correction qui n’a pas encore la fantaisie capricieuse du style Louis XV même si elle se fait déjà sentir dans le couvercle en coquille de l’aiguière.
TESTIMONY OF A STYLISTIC EVOLUTION WITH THE BIRTH OF THE REGENCE STYLE
The style of this service is the perfect example of the development of the Régence style starting with Ballin and finishing with Besnier.
Ballin left very few drawings and many pieces were destroyed in Louis XIV’s melting campaigns; nonetheless many of his designs were drawn by Delaunay as described by Charles Perrault in his Hommes Illustres (1697-1700).
With this service, Besnier combines Ballin’s style with its straight overlapping borders of motifs with that of Delaunay characterised by a softening of the lines and a taste for compartmentalising decoration to create his own version by multiplying and complicating motifs to create a sense of opulence and richness. The new Régence style introduced a large variety of new motifs such as palmette, asymmetrical acanthus leaf, palm leaf, faun and Midas masks and trelliswork.
This service shows the evolution from the Louis XIV style composed of two periods: the first characterised by absolute symmetry and monumental and ostentious proportions inspired by Italy and Antiquity, while the second sees a softening of the lines less formal combined with less crowded decor. This evolution can be seen in the drawing of Marie-Thérèse of Austria's cadenas made by Delaunay in 1678 and now kept at the Bibliothèque Nationale de France (Bibl. nat. de Fr., Est., Le 39 fol.).
This new style promoted by Besnier, although reacting against the austerity of the Louis XIV style, does retain a certain correctness though still far from the capriciousness of the Louis XV style already suggested in the cover of the ewer.