Lot Essay
La série de quatre paysages que nous présentons constitue, par la cohérence de l’ensemble et sa qualité picturale, un apport intéressant dans la connaissance de l’évolution du genre du paysage en Flandres à la fin du XVIème et au début du XVIIème siècle. La peinture de paysage se développe alors considérablement et devient un genre à part entière. Les paysagistes flamands sont les premiers à s’affirmer dans ce style, s’éloignant peu à peu des sujets religieux et mythologiques qui occupaient le devant de la scène pour s’intéresser à des sujets plus réalistes et permettre à la nature d’occuper vraiment l’espace.
Ces paysages sont ici un témoignage direct des châteaux et domaines seigneuriaux situés à Bruxelles et ses alentours au XVIe siècle. Le peintre s’inspire d’une série de vingt-quatre Vues des environs de Bruxelles gravées par le maître anversois Hans Collaert I vers 1575-1580. On doit à Hans van Luyck une première édition non numérotée des estampes qui furent publiées à nouveau par Claes Jansz. Visscher, cette fois numérotée, après 1607. Ces planches constituent de toute évidence une source iconographique importante. L’auteur de la série n’a pas été identifié mais plusieurs noms ont été suggérés parmi lesquels Hans Bol (1534-1593) dont la signature figure sur certaines gravures, ou encore Hendrick Ghysmans (1560-1611), et leur entourage. Il est également fort possible que cette série topographique ait pour but initial de proposer aux peintres un répertoire de motifs pour leurs œuvres (Sur la série d’Hans Collaert I, voir A. Diels, « Hans Collaert I ( ? – Anvers, 1580) », V. Van de Kerckhof, H. Bussers et V. Bücken (dir.), Le peintre et l’arpenteur: Images de Bruxelles et de l’ancien duché de Brabant, [cat. d’exp.], Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Tournai, 2000, pp. 206-210, n° 60, 67, 77 et 81).
Au XVIe siècle, sous l’impulsion de Charles Quint, Bruxelles devient un bastion politique et culturel, centre administratif des Pays-Bas méridionaux, et résidence principale du souverain. A ce titre, le palais de Bruxelles, perché sur la colline du Coudenberg qui dominait la ville, était sans nul doute l’une des plus belles demeures princières d’Europe. Ce château défensif ne tarde pas à devenir un haut lieu de la diplomatie et un endroit de plaisance. Bruxelles rayonne et d’autres fortifications s’élèvent ou sont réhabilitées dans les campagnes flamandes.
Nos compositions sont particulièrement évocatrices de cette peinture nordique à la perspective atmosphérique qui nous invite à participer à la vie quotidienne des villageois, qu’ils soient de simples paysans ou issus de la noblesse locale. Stylistiquement, on retrouve dans nos tableaux l’influence de Marten van Valckenborch dont les paysages boisés animés de petits personnages révélaient avec force ce nouveau genre pictural qui allait susciter tant d’enthousiasme, de Malines à Bruxelles ou dans la région d’Anvers au cours du XVIIe siècle. Les jeux de perspective se multiplient et la scène s’organise sur plusieurs plans bien définis, avec une disposition minutieuse des éléments. La palette de couleurs est également au centre des préoccupations avec une grande variation des tonalités de bleu, vert et gris pour construire l’espace et donner de la profondeur à la composition.
Les figures bien spécifiques ont une réelle personnalité et se rapprochent de la manière d’Hendrick de Clerck. Elles s’articulent d’une façon à la fois poétique et soignée pour atteindre un juste équilibre, une harmonie de l’ensemble. Elles participent clairement à la narration et au pittoresque de ces œuvres.
Bien que s’accordant parfaitement, chacune de nos toiles a une identité propre et raconte une histoire bien différente. Chasse au sanglier ou scène de fauconnerie, balade en calèche, retour du marché les bras chargés de provisions, le peintre ne manque pas d’imagination pour traduire l’ambiance qui devait régner dans les campagnes flamandes aux abords de Bruxelles. Lorsqu’on étudie la composition de plus près, on pense également à David Vinckboons et Sebastiaen Vrancx qui ont eux aussi contribué à la grande popularité du genre et à une approche plus authentique du monde dans lequel nous vivons.
Nous remercions le Dr. Sabine van Sprang pour son aide dans l’identification des sources iconographiques de nos tableaux.
This series of four landscapes, by the coherence of the group and their pictorial quality, is a wonderfully interesting contribution to our understanding of the evolution of landscape painting in Flanders at the end of the 16th and beginning of the 17th Centuries. At this point landscape painting was developing rapidly, becoming a genre in its own right.Flemish artists were the first to specialise in the field, distancing themselves gradually from the religious and mythological subjects that previously occupied the foreground, to engage further with more realistic subjects and allow nature to play a true part.
These landscapes are a pictorial witness to the palaces and noble estates in and around Brussels during the 16th Century. In this the artist was inspired by a series of twenty-four Views of Brussels’ Surrounds engraved by the Antwerp master Hans Collaert I circa 1575-1580. A first, un-numbered edition of the set was published by Hans van Luyck, which was then re-published, this time numbered, by Claes Jansz. Visscher in 1607. These sheets were, by all accounts, an important iconographic source. Though the author of the series has never been identified, several names have been suggested, including Hans Bol (1534-1593), whose signature is found on certain engravings, or Hendrick Ghysmans (1560-1611), and their circles. It is equally likely that the repertoire of motifs in this topographical series was initially intended as a source to be utilised by painters in their work. (For further writing on the series by Hans Collaert I, see A. Diels, ‘Hans Collaert I ( ? – Anvers, 1580)’, V. Van de Kerckhof, H. Bussers et V. Bücken (eds.) Le peintre et l’arpenteur: Images de Bruxelles et de l’ancien duché de Brabant, [exh. cat.], Tournai, 2000, pp. 206-210, n° 60, 67, 77 and 81).
In the 16th Century, with the impetus of Charles V, Brussels became one of the most important centres of cultural and political activity, it was the administrative centre of the Southern Netherlands, and the principle royal residence. For this reason, the Palace of Brussels, perched on the slopes of the Coudenberg hill that overlooked the city, was without a doubt one of the most beautiful of Europe’s royal homes. It was not long before the fortified castle became a place of the highest diplomatic importance and courtly pleasure. Brussels shone, and other castles were built or repurposed in the Flemish countryside.
From an atmospheric perspective, the present works are particularly evocative of this genre of Northern painting, inviting us as they do to enter into the day to day life of the villagers, both simple peasants and members of the local nobility. Stylistically, the influence of Marten van Valkenborch is clear to see here; his woody landscapes, populated with figures were a lively example of the new pictorial genre, that came to excite such enthusiasm from Mechelen to Brussels, and in the whole Antwerp region. Different perspectives are played with cleverly in these scenes, which are organised on various well-defined planes. The colour palette is of equal importance, with a wide variety of blue, green and grey tones, which help to construct the pictorial space and give depth to the composition.
The specific figures show real personality and are similar to those in the work of Hendrick de Clerck. They are key to the narration of the scenes and their picturesque appeal. Both poetic and meticulous, they allow a perfect balance to be achieved within the painting, a harmonious whole where nature reigns supreme.
Though they work together perfectly as a group, each one of the present paintings can stand alone and tells a different story. A boar hunt or a falconry scene, a carriage ride or the return from market laden with provisions: the artist’s imagination lacks nothing when it comes to creating the atmosphere that must have presided in the Flemish countryside. Each of the scenes is set in the grounds of a stately home in the vicinity of a castle, with each element of the surrounds carefully arranged. A closer examination of the paintings also leads to a comparison with David Vinckboons and Sebastiaen Vrancx, who also contributed to the immense popularity of the genre and helped develop a more truthful approach to depictions of the world in which we live.
We are grateful to Dr. Sabine van Sprang for her help in identifying the iconographic source for our paintings.
Ces paysages sont ici un témoignage direct des châteaux et domaines seigneuriaux situés à Bruxelles et ses alentours au XVIe siècle. Le peintre s’inspire d’une série de vingt-quatre Vues des environs de Bruxelles gravées par le maître anversois Hans Collaert I vers 1575-1580. On doit à Hans van Luyck une première édition non numérotée des estampes qui furent publiées à nouveau par Claes Jansz. Visscher, cette fois numérotée, après 1607. Ces planches constituent de toute évidence une source iconographique importante. L’auteur de la série n’a pas été identifié mais plusieurs noms ont été suggérés parmi lesquels Hans Bol (1534-1593) dont la signature figure sur certaines gravures, ou encore Hendrick Ghysmans (1560-1611), et leur entourage. Il est également fort possible que cette série topographique ait pour but initial de proposer aux peintres un répertoire de motifs pour leurs œuvres (Sur la série d’Hans Collaert I, voir A. Diels, « Hans Collaert I ( ? – Anvers, 1580) », V. Van de Kerckhof, H. Bussers et V. Bücken (dir.), Le peintre et l’arpenteur: Images de Bruxelles et de l’ancien duché de Brabant, [cat. d’exp.], Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Tournai, 2000, pp. 206-210, n° 60, 67, 77 et 81).
Au XVIe siècle, sous l’impulsion de Charles Quint, Bruxelles devient un bastion politique et culturel, centre administratif des Pays-Bas méridionaux, et résidence principale du souverain. A ce titre, le palais de Bruxelles, perché sur la colline du Coudenberg qui dominait la ville, était sans nul doute l’une des plus belles demeures princières d’Europe. Ce château défensif ne tarde pas à devenir un haut lieu de la diplomatie et un endroit de plaisance. Bruxelles rayonne et d’autres fortifications s’élèvent ou sont réhabilitées dans les campagnes flamandes.
Nos compositions sont particulièrement évocatrices de cette peinture nordique à la perspective atmosphérique qui nous invite à participer à la vie quotidienne des villageois, qu’ils soient de simples paysans ou issus de la noblesse locale. Stylistiquement, on retrouve dans nos tableaux l’influence de Marten van Valckenborch dont les paysages boisés animés de petits personnages révélaient avec force ce nouveau genre pictural qui allait susciter tant d’enthousiasme, de Malines à Bruxelles ou dans la région d’Anvers au cours du XVIIe siècle. Les jeux de perspective se multiplient et la scène s’organise sur plusieurs plans bien définis, avec une disposition minutieuse des éléments. La palette de couleurs est également au centre des préoccupations avec une grande variation des tonalités de bleu, vert et gris pour construire l’espace et donner de la profondeur à la composition.
Les figures bien spécifiques ont une réelle personnalité et se rapprochent de la manière d’Hendrick de Clerck. Elles s’articulent d’une façon à la fois poétique et soignée pour atteindre un juste équilibre, une harmonie de l’ensemble. Elles participent clairement à la narration et au pittoresque de ces œuvres.
Bien que s’accordant parfaitement, chacune de nos toiles a une identité propre et raconte une histoire bien différente. Chasse au sanglier ou scène de fauconnerie, balade en calèche, retour du marché les bras chargés de provisions, le peintre ne manque pas d’imagination pour traduire l’ambiance qui devait régner dans les campagnes flamandes aux abords de Bruxelles. Lorsqu’on étudie la composition de plus près, on pense également à David Vinckboons et Sebastiaen Vrancx qui ont eux aussi contribué à la grande popularité du genre et à une approche plus authentique du monde dans lequel nous vivons.
Nous remercions le Dr. Sabine van Sprang pour son aide dans l’identification des sources iconographiques de nos tableaux.
This series of four landscapes, by the coherence of the group and their pictorial quality, is a wonderfully interesting contribution to our understanding of the evolution of landscape painting in Flanders at the end of the 16th and beginning of the 17th Centuries. At this point landscape painting was developing rapidly, becoming a genre in its own right.Flemish artists were the first to specialise in the field, distancing themselves gradually from the religious and mythological subjects that previously occupied the foreground, to engage further with more realistic subjects and allow nature to play a true part.
These landscapes are a pictorial witness to the palaces and noble estates in and around Brussels during the 16th Century. In this the artist was inspired by a series of twenty-four Views of Brussels’ Surrounds engraved by the Antwerp master Hans Collaert I circa 1575-1580. A first, un-numbered edition of the set was published by Hans van Luyck, which was then re-published, this time numbered, by Claes Jansz. Visscher in 1607. These sheets were, by all accounts, an important iconographic source. Though the author of the series has never been identified, several names have been suggested, including Hans Bol (1534-1593), whose signature is found on certain engravings, or Hendrick Ghysmans (1560-1611), and their circles. It is equally likely that the repertoire of motifs in this topographical series was initially intended as a source to be utilised by painters in their work. (For further writing on the series by Hans Collaert I, see A. Diels, ‘Hans Collaert I ( ? – Anvers, 1580)’, V. Van de Kerckhof, H. Bussers et V. Bücken (eds.) Le peintre et l’arpenteur: Images de Bruxelles et de l’ancien duché de Brabant, [exh. cat.], Tournai, 2000, pp. 206-210, n° 60, 67, 77 and 81).
In the 16th Century, with the impetus of Charles V, Brussels became one of the most important centres of cultural and political activity, it was the administrative centre of the Southern Netherlands, and the principle royal residence. For this reason, the Palace of Brussels, perched on the slopes of the Coudenberg hill that overlooked the city, was without a doubt one of the most beautiful of Europe’s royal homes. It was not long before the fortified castle became a place of the highest diplomatic importance and courtly pleasure. Brussels shone, and other castles were built or repurposed in the Flemish countryside.
From an atmospheric perspective, the present works are particularly evocative of this genre of Northern painting, inviting us as they do to enter into the day to day life of the villagers, both simple peasants and members of the local nobility. Stylistically, the influence of Marten van Valkenborch is clear to see here; his woody landscapes, populated with figures were a lively example of the new pictorial genre, that came to excite such enthusiasm from Mechelen to Brussels, and in the whole Antwerp region. Different perspectives are played with cleverly in these scenes, which are organised on various well-defined planes. The colour palette is of equal importance, with a wide variety of blue, green and grey tones, which help to construct the pictorial space and give depth to the composition.
The specific figures show real personality and are similar to those in the work of Hendrick de Clerck. They are key to the narration of the scenes and their picturesque appeal. Both poetic and meticulous, they allow a perfect balance to be achieved within the painting, a harmonious whole where nature reigns supreme.
Though they work together perfectly as a group, each one of the present paintings can stand alone and tells a different story. A boar hunt or a falconry scene, a carriage ride or the return from market laden with provisions: the artist’s imagination lacks nothing when it comes to creating the atmosphere that must have presided in the Flemish countryside. Each of the scenes is set in the grounds of a stately home in the vicinity of a castle, with each element of the surrounds carefully arranged. A closer examination of the paintings also leads to a comparison with David Vinckboons and Sebastiaen Vrancx, who also contributed to the immense popularity of the genre and helped develop a more truthful approach to depictions of the world in which we live.
We are grateful to Dr. Sabine van Sprang for her help in identifying the iconographic source for our paintings.