Lot Essay
Précurseurs des décorateurs d’aujourd’hui, les marchands-merciers « marchand(s) de tout, faiseur(s) de rien » selon la formule célèbre de l’Encyclopédie (1765), assurent une collaboration efficace entre les meilleurs ébénistes et les bronziers les plus talentueux, pour proposer à leur clientèle des pièces somptueuses et originales. C’est le cas de la présente console, extraordinaire par sa forme sinueuse dite à perruques, fruit d’une coopération étroite entre le marchand-mercier Darnault, l’ébéniste Hubert Hansen et un bronzier dont malheureusement le nom ne nous est pas parvenu. Fleuron de la production de l’ébéniste Hansen, elle rejoint à une date que l’on ignore les collections Rothschild anglaises.
Hubert Hansen
Reçu à la maîtrise en 1747, il installe son atelier rue de Charenton, faubourg Saint-Antoine, jusqu’à sa mort fin 1756. Malgré la brièveté de sa carrière, il est réputé pour l’élégance de ses meubles de style Louis XV et plus particulièrement des commodes en marqueterie florale en bois de bout et la qualité des bronzes dorés ornant ses meubles.
Avec leur structure inhabituelle, les commodes en console aussi appelées perruquière, sont aussi atypiques que rares. Soulignons la mention de la livraison au Dauphin, fils de Louis XV, par le marchand-mercier Lazare Duvaux le 3 février 1757 : « M. le Dauphin : Deux espèces de commodes à un seul tiroir, dont les pieds en consoles, plaquées en bois de rose à fleurs, garnies en bronze d’or moulu, le dedans des tiroirs doublé en étoffe, de 600 l. pièce, 1.200 livres ».
La présente commode à perruques de cette collection apparaît comme le chef-d’œuvre d’Hubert Hansen : perfection de la ligne, qualité du placage et virtuosité des bronzes. On ne semble connaître de sa main que très peu de commodes de ce type, notamment celle de la vente Galliera, Paris, 5 décembre 1967, lot 101 ; celle de l’ancienne collection Dr. Peter D. Sommer ; et celle de la vente Christie’s, Paris, 14 avril 2015, lot 148. Les ébénistes du XIXe sauront reconnaître la qualité exceptionnelle de ce meuble, puisqu’ils le copieront (vente Sotheby’s, New York, 15 octobre 2015, lot 61).
Les marchands-merciers, François et Darnault père et fils
L’appellation de marchand-mercier est générique car elle regroupe différentes spécialités de commerce ; celle qui nous intéresse concerne la 13e classe. Les conditions d’accès sont strictes et requièrent notamment la nationalité française de naissance et l’achat d’une charge d’environ 1.000 livres. Pierre Verlet rappelle dans son étude incontournable, le talent des marchands-merciers pour « flairer ou provoquer les tendances du moment, ils sont devenus des incitateurs, des entraîneurs, renouvelant l’intérêt, accélérant même l’évolution des styles, tenant habilement leur clientèle en haleine. » (P. Verlet, « Le commerce des objets d’art et les marchands merciers à Paris au XVIIIe siècle », Annales de l’économie, 1958, vol. XIII, pp.10-29).
Principalement installés rue Saint-Honoré (Hébert, Poirier, Dulac, Julliot, Lebrun, Tuard), on trouve également les merciers parisiens rue de la Monnaie à l’instar de Lazare Duvaux et des Darnault, rue du Roule, rue des Fossés-Saint-Germain, quai de la Mégisserie et pont Notre-Dame pour Gersaint.
Notre regard du XXIe siècle, nous force à analyser les marchands-merciers comme d’excellents communicants. Les enseignes apposées sur leur devanture invitent au voyage : A la Couronne d’Or (pour Poirier-Daguerre), Au roi des Indes (Lebrun), Au château de Bellevue (Tuard), A la pagode (Gersaint), Au petit Dunkerque (Grancher) ou encore Au Roy d’Espagne pour les Darnault.
Ils n’hésitent pas en parallèle à détailler avec soin leur activité et à le faire savoir au travers d’étiquettes apposées sur les pièces qu’ils vendent ou sur les entêtes de facture.
L’étude approfondie sur les marchands-merciers menée par Carolyn Sargentson (Merchants and luxury markets. The Marchands Merciers of Eighteenth-Century Paris, Malibu, 1996, pp. 21-23) permet de mieux connaître cette famille de merciers, même s’il subsiste encore quelques zones d’incertitude. On ne peut donc assurer connaître l’histoire complète des Darnault mais en fonction des documents disponibles (archives, étiquettes, factures, livraisons), on peut néanmoins saisir l’essor fulgurant de cette famille.
En effet, le champ de compétence de la famille Darnault est à l’origine celui des miroirs. Le père est fabricant de miroirs, maître et marchand miroitier rue Grenier Saint Lazare. Il est reçu à la maîtrise en mars 1715 en tant que « miroitier et lunetier, bimblottier, doreur sur cuivre et enjoliveur ».
Un inventaire de son magasin établi en 1731 ne détaille encore que des miroirs de toutes sortes et de toutes tailles. Son activité étant florissante, Darnault élargit la gamme des biens qu’il propose jusqu’au mobilier, bronzes d’ameublement, horlogerie et peintures en s’associant à son fils et en s’installant rue de la Monnaie. Conformément au système de corporations mis en place, le fabricant de miroirs ne peut vendre que des miroirs. Ainsi, les Darnault intègrent la corporation des marchands.
En 1737, Darnault père rachète le fonds de commerce d’un mercier en fin de carrière, Edme Calley.
Grâce à la stratégie de « communicant » évoquée plus haut et mise en place par les marchands-merciers, nous connaissons en détail l’activité des Darnault : « Au Roy d’Espagne. Rue de la Monnaie, près le Pont-Neuf à Paris. Darnault, Marchand, vend tout de ce qu’il y a de plus beau & de plus nouveau, A savoir, toutes sortes de mioirs, glaces de cheminée, trumeaux avec leurs bordures sculptées et dorées de toutes grandeurs. Toutes sortes de grilles, ou feux de cheminée, des bras de toutes façons, à deux et trois branches, écritoires ; flambeaux, porte-mouchettes, girandoles et lustres à six, huit et dix branches, le tout de bronze ciselé et doré, d’or moulu, d’or en feuilles, argenté et en couleur d’or. Des lustres et girandoles de cristaux, lustres de bois doré, toutes sortes de belles pendules en bronze, ciselé, et doré d’or moulu, et couleur d’or, avec leur mouvement, tant à répétition qu’autrement, (…) l’on ne vend qu’avec garantie, toutes sortes de tables de marbre à choisir, avec les pieds à consoles sculptées et dorées. Les Tableaux, pour dessus de portes, de toutes grandeurs, avec leurs bordures de bois doré. Des toilettes complètes en vernis de toute (…). Cabarets, cabinets, paravents et écrans en vernis de la Chine et autres. Des bureaux pour écrire, serre-papier, commodes de toutes grandeurs avec leur dessus de marbre, des secrétaires, armoires, bibliothèques, le tout en bois des Indes de toutes espèces, en vernis de la Chine et du Japon, garnis de bronze, dorés d’or moulu et en couleur d’or. Et toutes sortes de choses, pour meubler les appartements, le tout à juste prix et en conscience. A PARIS. 1742 ».
Leur entête de facturation est moins exhaustif mais rend compte du large panel de biens proposés à la vente : « Darnault père et fils, marchands et miroitiers ordinaires du Roy en ses Menus Plaisirs, tiennent magazin de glaces, feux, bras, ébénisteries, porcelaines, pendules, bronzes et bijoux. Au Roy d’Espagne, rue de la Monnaie, à Paris ».
On sait par une autre étiquette que la boutique du mercier Darnault est basculée en 1751 rue Grenier Saint Lazarre et rebaptisée A la ville de Versailles. L’énumération est la même que celle figurant sur l’étiquette de 1742.
L’inventaire après décès de l’épouse de Darnault fils (Marie-Antoinette Pinguet) réalisé en 1753, liste alors 542 pièces en stock comprenant meubles en bois de placage, à décor de plaques de porcelaine, en laque orientale et vernis parisien, bronzes d’ameublement, cristal et toujours des miroirs.
Au fil des années, les Darnault ont réussi à se constituer un carnet de commandes important via des clients prestigieux : le roi Louis XV pour une paire d’appliques en bronze doré en 1738 ; le comte et la comtesse de Provence et Mesdames, sœurs de Louis XV. Ils livrent pour ces dernières au château de Bellevue en 1784 une paire de chenets à décor de lions ailés pour le Grand Salon ou encore en 1785 une commode et une paire d’encoignures en laque. Cet ensemble destiné au Grand Cabinet de Madame Victoire, est aujourd’hui conservé au musée du Louvre (inv. OA5498). Le génie des Darnault s’illustre ici par l’achat de deux cabinets chinois lors de la dispersion aux enchères des collections du duc d’Aumont en 1782 sous le lot 299, et d’en destiner les panneaux en laque, après démontage, à la commode réalisée par Carlin.
Le prestige du réseau d’artisans des Darnault est à la hauteur de leur clientèle. Ils collaborent ainsi avec les ébénistes Hubert Hansen à l’exemple de la présente console ; Martin Carlin comme vu précédemment et qui travaille par ailleurs avec deux autres éminents marchands-merciers : Simon-Philippe Poirier et Dominique Daguerre ; Etienne Levasseur ; ou encore le bronzier Galien – dont certains de ses modèles sont détenus par les merciers comme le révèle l’inventaire après décès de l’épouse de Darnault fils, Marie-Antoinette Pinguet, en août 1753.
Une provenance prestigieuse : Rothschild à Mentmore Towers
Perdu dans la compagne anglaise du Buckinghamshire, le château de Mentmore Towers est construit à partir de 1850 pour le banquier Mayer Amschel de Rothschild (1818-1874), fils du fondateur de la branche anglaise de la famille Rothschild, par l’architecte Joseph Paxton auteur du célèbre Crystal Palace. Plus grande propriété de la famille Rothschild, le château présente tous les aménagements et conforts modernes de l’époque : grand hall central, verrière, baies vitrées et chauffage central. L’auteur féminin Lady Eastlake se croit dans un « monde féérique » alors qu’elle pénètre dans le château pour la première fois en 1872, à la vue des immenses « tapisseries, des tapis perses recouvrant le parquet ».
Fille unique et par conséquent plus riche héritière du royaume, Hannah (1851-1890) épouse en 1878 le Ve comte de Rosebery, Archibald Primrose, futur Premier ministre britannique (1894-1895). Le château revient à l’un de leurs quatre enfants, Albert Edward Harry Meyer Archibald Primrose, VIe comte de Rosebery (1882-1974).
Grand joueur de cricket, homme politique libéral, il est élu membre de la Royal Society of Edinburgh en 1938. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il est nommé par Churchill membre du Conseil privé et secrétaire d’Etat pour l’Ecosse. La durée éphémère de ce gouvernement (1945) lui fera dire au moment de son départ « Well. I didn’t make a bad job of this, did I ? Didn’t have the time.” Il est par ailleurs promu en 1947 par le roi George VI Chevalier de l’Ordre du Chardon. Puis assure la présidence du Parti libéral national de 1945 à 1957 ainsi que celle de la Commission royale des beaux-arts pour l’Ecosse en 1952. Il décède en 1974 à Mentmore.
La décision est prise de disperser le contenu du château en 1977. La vacation est mémorable et est considérée comme « la vente du siècle ». Elle est ponctuée par le meilleur du XVIIIe siècle français énumérant lot après lot les plus grands maîtres de la peinture et des arts décoratifs comme Boucher, Reynolds, Gainsborough, Riesener, Cressent, Oeben ou encore Bernard van Riesenburgh.
L’ouvrage Mentmore de 1884 (vol. I, p. 40, no. 21) permet de localiser précisément la console dans le Lord Rosebery’s Sitting Room : « 21. Console-table of king’s wood ; gilt metal mounts ; vert vert marble slab. Workmanship French ; period Louis XV. » (non illustrée) où elle figure encore en juin 1976 sur une photographie, soit un an avant la vente. La console est alors juste à côté du cabinet monumental de Michael Kimmel aujourd’hui conservé au Victoria and Albert museum (inv. W.63-1977).
The marchands-merciers, precursors of the decorators of today and the “makers of nothing, creators of everything” according the famous catchphrase from the Encyclopédie (1765), carried out successful collaborations between the best ébénistes and the most talented bronziers of the time in order to offer their clientele the most sumptuous and original objects. Such is the case with the present console, which with its extraordinary form (referred to as à perruques) is the result of the close collaboration between the marchard-mercier Darnault, the ébéniste Hubert Hansen, and a bronzier whose identity is unfortunately lost to us.
Hubert Hansen
Becoming a maître ébéniste in 1747, Hansen established his atelier at rue de Charenton, faubourg Saint Antoine, where he remained until his death in 1756. Despite this short career, Hansen attained great recognition for elegant furniture he created in the Louis XV style, particularly for his commodes veneered with bois de bout floral marquetry and for the quality of the gilt-bronze mounts which adorned his pieces.
With their unusual structure, these commodes en conolse, also called perruquière, are as rare as they are atypical. The form is specifically mentioned in a delivery to the Dauphin, prince and son of Louis XV, by the marchand-mercier Lazare Duvaux on the 3 February 1757: ‘M. le Dauphin : Deux espèces de commodes à un seul tiroir, dont les pieds en consoles, plaquées en bois de rose à fleurs, garnies en bronze d’or moulu, le dedans des tiroirs doublé en étoffe, de 600 l. pièce, 1.200 livres.’
The present commode à perruques is a masterpiece by Hubert Hensen, which can be seen in the perfection of the lines, the quality of the veneers, and the virtuosity of the mounts. Only a few examples of this form of commode by Hensen’s himself are known, notably an example sold Galliera (Paris), 5 December1967, lot 101; one from the collection of Dr. Peter D. Sommer; and one sold Christie’s, Paris, 14 April 2015, lot 148. Recognizing the exceptional quality of his works, 19th century ébénistes copied these models, an example of which was sold Sotheby’s, New York, 15 October 2015, lot 61.
The marchands-merciers : François et Darnault, father and son
The title marchand-mercier is a generic term as it encompasses many different types of commercial specialties, however it is the 13th classification which is of particular interest. The conditions to become a marchand-mercier were strict and required that applicants were of French nationality and that they pay of a fee of nearly 1,0000 livres. In his indispensable work Annales de l’économie, Pierre Verlet recalled that the talent of marchands-merciers lay their ability to ‘flairer ou provoquer les tendances du moment, ils sont devenus des incitateurs, des entraîneurs, renouvelant l’intérêt, accélérant même l’évolution des styles, tenant habilement leur clientèle en haleine’ (P. Verlet, ‘Le commerce des objets d’art et les marchands merciers à Paris au XVIIIe siècle’, Annales de l’économie, 1958, vol. XIII, pp. 10-29).
Parisian merciers were principally situated on rue Saint-Honoré (as was the case with Hébert, Poirier, Dulac, Julliot, Lebrun, Tuard), on rue de la Monnaie (where Lazare Duvaux and the Darnaults had established themselves), as well as on rue du Roule, rue des Fossés-Saint-Germain, quai de la Mégisserie, and pont Notre-Dame (where Gersaint was installed).
From a 21st-century perspective, marchands-merciers would be best be described as excellent self-promoters. The logos which they placed on their storefronts were an invitation to travel: A la Couronne d’Or (for Poirier-Daguerre), Au roi des Indes (Lebrun), Au château de Bellevue (Tuard), A la pagode (Gersaint), Au petit Dunkerque (Grancher) and Au Roy d’Espagne (pour les Darnault). They also did not hesitate to highlight their work and expertise by adding labels to the pieces which they sold or to their invoice headings.
The comprehensive study on marchands-merciers conducted by Carolyn Sargentson (Merchants and luxury markets. The Marchands Merciers of Eighteenth-Century Paris, Malibu, 1996, pp.21-23), has provided us a better understanding of their practices, yet there remains several areas of their work which remains unknown. We therefore do not know the entire history of the Darnaults, but through the documents available (including archives, labels, invoices, and deliveries), we can nevertheless develop a clear understanding this family’s quick rise.
The Darnault family first found success in mirrors. The father was a mirror maker, having become a qualified master of ‘miroitier et lunetier, bimblottier, doreur sur cuivre et enjoliveur’ in 1715, and then establishing himself a maître and marchand miroitier on rue Grenier Saint Lazare by 1731. An early inventory of his store included only mirrors, but of great variety and sizes. However, as his business flourished, Darnault began to expand the range of products offered to include furniture, bronze furniture mounts, clocks, and paintings. In conjunction with his son, they moved their premises to rue de la Monnaia. Since they were no longer only selling mirrors, and in accordance with the system of corporations in place, they became members of the corporation des marchands.
In 1737, Darnault further expanded his operation by purchasing the business assets of another mercier, Edme Calley who was at the end of his career. Thanks to the strong communication practices established by the marchand-merciers, we have detailed information regarding Darnault’s activity: ‘Au Roy d’Espagne. Rue de la Monnaie, près le Pont-Neuf à Paris. Darnault, Marchand, vend tout de ce qu’il y a de plus beau & de plus nouveau, A savoir, toutes sortes de mioirs, glaces de cheminée, trumeaux avec leurs bordures sculptées et dorées de toutes grandeurs. Toutes sortes de grilles, ou feux de cheminée, des bras de toutes façons, à deux et trois branches, écritoires ; flambeaux, porte-mouchettes, girandoles et lustres à six, huit et dix branches, le tout de bronze ciselé et doré, d’or moulu, d’or en feuilles, argenté et en couleur d’or. Des lustres et girandoles de cristaux, lustres de bois doré, toutes sortes de belles pendules en bronze, ciselé, et doré d’or moulu, et couleur d’or, avec leur mouvement, tant à répétition qu’autrement, (…) l’on ne vend qu’avec garantie, toutes sortes de tables de marbre à choisir, avec les pieds à consoles sculptées et dorées. Les Tableaux, pour dessus de portes, de toutes grandeurs, avec leurs bordures de bois doré. Des toilettes complètes en vernis de toute (…). Cabarets, cabinets, paravents et écrans en vernis de la Chine et autres. Des bureaux pour écrire, serre-papier, commodes de toutes grandeurs avec leur dessus de marbre, des secrétaires, armoires, bibliothèques, le tout en bois des Indes de toutes espèces, en vernis de la Chine et du Japon, garnis de bronze, dorés d’or moulu et en couleur d’or. Et toutes sortes de choses, pour meubler les appartements, le tout à juste prix et en conscience. A PARIS. 1742.’
Their invoice was less exhaustive but detailed a large sample group of items proposed for sale: ‘Darnault père et fils, marchands et miroitiers ordinaires du Roy en ses Menus Plaisirs, tiennent magazin de glaces, feux, bras, ébénisteries, porcelaines, pendules, bronzes et bijoux. Au Roy d’Espagne, rue de la Monnaie, à Paris.’ We know through the existence of another label that the Darnault boutique transferred to rue Grenier Saint Lazarre in 1751 and was renamed A la ville de Versailles. The listing of items sold is the same for another label from 1742.
The inventory from 1753 following the death of Darnault fils’ wife (Marie-Antoinette Pinguet), lists 542 items in stock, which included furniture which was veneered, decorated with porcelain plaques, Oriental lacquer, and Parisian vernis, as well as bronze furniture mounts, crystal, and, as always, mirrors.
Throughout the years the Darnaults succeed in obtaining important commissions from very prestigious clients, such as the king Louis XV for a pair of gilt-bronze appliques in 1738, the Count and Countess de Provence, and Mesdames (the sisters of Louis XV). For these last clients they delivered a pair of lion chenets for the Grand Salon at château de Bellevue in 1784 as well as a lacquer commode and lacquer pair of encoignures in 1785. The second order was intended for Madame Victoire’s Grand Cabinet and is today in the Louvre (inv. OA5498). The commode perfectly demonstrates the Darnault’s genius, for the merciers purchased two cabinets in the sales duc d’Aumont’s collection in 1782, lot 299, and disassembled the lacquer panels, which were then used by Carlin for the commode.
The impressive level of their clientele is only matched by the network of artisans the Darnault’s developed. They collaborated with such great ébénistes as Hubert Hansen, as seen in the present console, Martin Carlin, as evidenced by the previously discussed commode (who worked with other prominent merciers Simon-Philippe Poirer and Dominique Daguerre), as well as Etienne Levasseur and the bronzier Galien, some of whose models were in the Darnault’s possession, which was revealed in the 1753 inventory.
A prestigious provenance: Rothschild at Mentmore Towers
Hidden in the English countryside of Buckinghamshire, Mentmore Towers was built by the banker Mayer Amschel de Rothschild (1818-1874), the son of the founder of the English branch of the Rothschild family. Construction began on the house in 1850 and was designed by Joseph Paxton, the celebrated architect of the Crystal Palace. The largest of the Rothschild family property, the house provided all of the amenities and modern comforts of the period: a great central hall, a glass roof, patio doors, and central heating. The author Lady Eastlake described it as like “a fairyland” when she visited the house for the first time in 1872, with enormous rooms she described as hung with “tapestries, floored with parquet and Persian carpets."
His daughter Hannah (1851-1890), an only child, and as a result, the richest heiress in the kingdom, married in 1878 Archibald Philip Primrose, 5th Earl of Rosebery, who was to later go on to serve as Prime Minister (1894-1895). The estate then passed onto one of their four children, Albert Edward Harry Meyer Archibald Primrose, 6th Earl of Rosebery (1882-1974).
A great cricket player and liberal politician, Albert was elected as a member of the Royal Society of Edinburgh in 1938. At the end of the Second World War, he was nominated by Churchill as a member of the Privy Council and later Secretary of State to Scotland, a position he hold for only a short period of time. Upon his departure in 1945 he remarked, “Well. I didn’t make a bad job of this, did I ? Didn’t have the time.” Shortly thereafter he was appointed by George VI as a Knight of the Order of the Thistle. He also served as President of the National Liberal Party between 1945 and 1957 and was appointed Chairman of the Royal Fine Art Commission for Scotland in 1952. He passed away in 1974 at Mentmore.
Three years later it was decided the contents of Mentmore should be dispersed. A memorable moment, it was considered “the sale of the century” and included works by the best 18th-century French grands maîtres such as Riesener, Cressent, Oeben, and Bernard van Riesenburgh, as well such celebrated artists as Boucher, Reynolds, and Gainsborough.
The great book from 1884 Mentmore (vol. I, p. 40, no. 21) allows us to determine the precise location of the present console at Mentmore: Rosebery’s Sitting Room, ‘21. Console-table of king’s wood ; gilt metal mounts ; vert marble slab. Workmanship French ; period Louis XV’ (not illustrated). The console appears in the same location in a photograph taken in June 1976, just one year before the sale, where it was placed next to the monumental writing cabinet by Michael Kimmel, now conserved in the Victoria & Albert Museum, London (inv. W.63-1977).
Hubert Hansen
Reçu à la maîtrise en 1747, il installe son atelier rue de Charenton, faubourg Saint-Antoine, jusqu’à sa mort fin 1756. Malgré la brièveté de sa carrière, il est réputé pour l’élégance de ses meubles de style Louis XV et plus particulièrement des commodes en marqueterie florale en bois de bout et la qualité des bronzes dorés ornant ses meubles.
Avec leur structure inhabituelle, les commodes en console aussi appelées perruquière, sont aussi atypiques que rares. Soulignons la mention de la livraison au Dauphin, fils de Louis XV, par le marchand-mercier Lazare Duvaux le 3 février 1757 : « M. le Dauphin : Deux espèces de commodes à un seul tiroir, dont les pieds en consoles, plaquées en bois de rose à fleurs, garnies en bronze d’or moulu, le dedans des tiroirs doublé en étoffe, de 600 l. pièce, 1.200 livres ».
La présente commode à perruques de cette collection apparaît comme le chef-d’œuvre d’Hubert Hansen : perfection de la ligne, qualité du placage et virtuosité des bronzes. On ne semble connaître de sa main que très peu de commodes de ce type, notamment celle de la vente Galliera, Paris, 5 décembre 1967, lot 101 ; celle de l’ancienne collection Dr. Peter D. Sommer ; et celle de la vente Christie’s, Paris, 14 avril 2015, lot 148. Les ébénistes du XIXe sauront reconnaître la qualité exceptionnelle de ce meuble, puisqu’ils le copieront (vente Sotheby’s, New York, 15 octobre 2015, lot 61).
Les marchands-merciers, François et Darnault père et fils
L’appellation de marchand-mercier est générique car elle regroupe différentes spécialités de commerce ; celle qui nous intéresse concerne la 13e classe. Les conditions d’accès sont strictes et requièrent notamment la nationalité française de naissance et l’achat d’une charge d’environ 1.000 livres. Pierre Verlet rappelle dans son étude incontournable, le talent des marchands-merciers pour « flairer ou provoquer les tendances du moment, ils sont devenus des incitateurs, des entraîneurs, renouvelant l’intérêt, accélérant même l’évolution des styles, tenant habilement leur clientèle en haleine. » (P. Verlet, « Le commerce des objets d’art et les marchands merciers à Paris au XVIIIe siècle », Annales de l’économie, 1958, vol. XIII, pp.10-29).
Principalement installés rue Saint-Honoré (Hébert, Poirier, Dulac, Julliot, Lebrun, Tuard), on trouve également les merciers parisiens rue de la Monnaie à l’instar de Lazare Duvaux et des Darnault, rue du Roule, rue des Fossés-Saint-Germain, quai de la Mégisserie et pont Notre-Dame pour Gersaint.
Notre regard du XXIe siècle, nous force à analyser les marchands-merciers comme d’excellents communicants. Les enseignes apposées sur leur devanture invitent au voyage : A la Couronne d’Or (pour Poirier-Daguerre), Au roi des Indes (Lebrun), Au château de Bellevue (Tuard), A la pagode (Gersaint), Au petit Dunkerque (Grancher) ou encore Au Roy d’Espagne pour les Darnault.
Ils n’hésitent pas en parallèle à détailler avec soin leur activité et à le faire savoir au travers d’étiquettes apposées sur les pièces qu’ils vendent ou sur les entêtes de facture.
L’étude approfondie sur les marchands-merciers menée par Carolyn Sargentson (Merchants and luxury markets. The Marchands Merciers of Eighteenth-Century Paris, Malibu, 1996, pp. 21-23) permet de mieux connaître cette famille de merciers, même s’il subsiste encore quelques zones d’incertitude. On ne peut donc assurer connaître l’histoire complète des Darnault mais en fonction des documents disponibles (archives, étiquettes, factures, livraisons), on peut néanmoins saisir l’essor fulgurant de cette famille.
En effet, le champ de compétence de la famille Darnault est à l’origine celui des miroirs. Le père est fabricant de miroirs, maître et marchand miroitier rue Grenier Saint Lazare. Il est reçu à la maîtrise en mars 1715 en tant que « miroitier et lunetier, bimblottier, doreur sur cuivre et enjoliveur ».
Un inventaire de son magasin établi en 1731 ne détaille encore que des miroirs de toutes sortes et de toutes tailles. Son activité étant florissante, Darnault élargit la gamme des biens qu’il propose jusqu’au mobilier, bronzes d’ameublement, horlogerie et peintures en s’associant à son fils et en s’installant rue de la Monnaie. Conformément au système de corporations mis en place, le fabricant de miroirs ne peut vendre que des miroirs. Ainsi, les Darnault intègrent la corporation des marchands.
En 1737, Darnault père rachète le fonds de commerce d’un mercier en fin de carrière, Edme Calley.
Grâce à la stratégie de « communicant » évoquée plus haut et mise en place par les marchands-merciers, nous connaissons en détail l’activité des Darnault : « Au Roy d’Espagne. Rue de la Monnaie, près le Pont-Neuf à Paris. Darnault, Marchand, vend tout de ce qu’il y a de plus beau & de plus nouveau, A savoir, toutes sortes de mioirs, glaces de cheminée, trumeaux avec leurs bordures sculptées et dorées de toutes grandeurs. Toutes sortes de grilles, ou feux de cheminée, des bras de toutes façons, à deux et trois branches, écritoires ; flambeaux, porte-mouchettes, girandoles et lustres à six, huit et dix branches, le tout de bronze ciselé et doré, d’or moulu, d’or en feuilles, argenté et en couleur d’or. Des lustres et girandoles de cristaux, lustres de bois doré, toutes sortes de belles pendules en bronze, ciselé, et doré d’or moulu, et couleur d’or, avec leur mouvement, tant à répétition qu’autrement, (…) l’on ne vend qu’avec garantie, toutes sortes de tables de marbre à choisir, avec les pieds à consoles sculptées et dorées. Les Tableaux, pour dessus de portes, de toutes grandeurs, avec leurs bordures de bois doré. Des toilettes complètes en vernis de toute (…). Cabarets, cabinets, paravents et écrans en vernis de la Chine et autres. Des bureaux pour écrire, serre-papier, commodes de toutes grandeurs avec leur dessus de marbre, des secrétaires, armoires, bibliothèques, le tout en bois des Indes de toutes espèces, en vernis de la Chine et du Japon, garnis de bronze, dorés d’or moulu et en couleur d’or. Et toutes sortes de choses, pour meubler les appartements, le tout à juste prix et en conscience. A PARIS. 1742 ».
Leur entête de facturation est moins exhaustif mais rend compte du large panel de biens proposés à la vente : « Darnault père et fils, marchands et miroitiers ordinaires du Roy en ses Menus Plaisirs, tiennent magazin de glaces, feux, bras, ébénisteries, porcelaines, pendules, bronzes et bijoux. Au Roy d’Espagne, rue de la Monnaie, à Paris ».
On sait par une autre étiquette que la boutique du mercier Darnault est basculée en 1751 rue Grenier Saint Lazarre et rebaptisée A la ville de Versailles. L’énumération est la même que celle figurant sur l’étiquette de 1742.
L’inventaire après décès de l’épouse de Darnault fils (Marie-Antoinette Pinguet) réalisé en 1753, liste alors 542 pièces en stock comprenant meubles en bois de placage, à décor de plaques de porcelaine, en laque orientale et vernis parisien, bronzes d’ameublement, cristal et toujours des miroirs.
Au fil des années, les Darnault ont réussi à se constituer un carnet de commandes important via des clients prestigieux : le roi Louis XV pour une paire d’appliques en bronze doré en 1738 ; le comte et la comtesse de Provence et Mesdames, sœurs de Louis XV. Ils livrent pour ces dernières au château de Bellevue en 1784 une paire de chenets à décor de lions ailés pour le Grand Salon ou encore en 1785 une commode et une paire d’encoignures en laque. Cet ensemble destiné au Grand Cabinet de Madame Victoire, est aujourd’hui conservé au musée du Louvre (inv. OA5498). Le génie des Darnault s’illustre ici par l’achat de deux cabinets chinois lors de la dispersion aux enchères des collections du duc d’Aumont en 1782 sous le lot 299, et d’en destiner les panneaux en laque, après démontage, à la commode réalisée par Carlin.
Le prestige du réseau d’artisans des Darnault est à la hauteur de leur clientèle. Ils collaborent ainsi avec les ébénistes Hubert Hansen à l’exemple de la présente console ; Martin Carlin comme vu précédemment et qui travaille par ailleurs avec deux autres éminents marchands-merciers : Simon-Philippe Poirier et Dominique Daguerre ; Etienne Levasseur ; ou encore le bronzier Galien – dont certains de ses modèles sont détenus par les merciers comme le révèle l’inventaire après décès de l’épouse de Darnault fils, Marie-Antoinette Pinguet, en août 1753.
Une provenance prestigieuse : Rothschild à Mentmore Towers
Perdu dans la compagne anglaise du Buckinghamshire, le château de Mentmore Towers est construit à partir de 1850 pour le banquier Mayer Amschel de Rothschild (1818-1874), fils du fondateur de la branche anglaise de la famille Rothschild, par l’architecte Joseph Paxton auteur du célèbre Crystal Palace. Plus grande propriété de la famille Rothschild, le château présente tous les aménagements et conforts modernes de l’époque : grand hall central, verrière, baies vitrées et chauffage central. L’auteur féminin Lady Eastlake se croit dans un « monde féérique » alors qu’elle pénètre dans le château pour la première fois en 1872, à la vue des immenses « tapisseries, des tapis perses recouvrant le parquet ».
Fille unique et par conséquent plus riche héritière du royaume, Hannah (1851-1890) épouse en 1878 le Ve comte de Rosebery, Archibald Primrose, futur Premier ministre britannique (1894-1895). Le château revient à l’un de leurs quatre enfants, Albert Edward Harry Meyer Archibald Primrose, VIe comte de Rosebery (1882-1974).
Grand joueur de cricket, homme politique libéral, il est élu membre de la Royal Society of Edinburgh en 1938. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il est nommé par Churchill membre du Conseil privé et secrétaire d’Etat pour l’Ecosse. La durée éphémère de ce gouvernement (1945) lui fera dire au moment de son départ « Well. I didn’t make a bad job of this, did I ? Didn’t have the time.” Il est par ailleurs promu en 1947 par le roi George VI Chevalier de l’Ordre du Chardon. Puis assure la présidence du Parti libéral national de 1945 à 1957 ainsi que celle de la Commission royale des beaux-arts pour l’Ecosse en 1952. Il décède en 1974 à Mentmore.
La décision est prise de disperser le contenu du château en 1977. La vacation est mémorable et est considérée comme « la vente du siècle ». Elle est ponctuée par le meilleur du XVIIIe siècle français énumérant lot après lot les plus grands maîtres de la peinture et des arts décoratifs comme Boucher, Reynolds, Gainsborough, Riesener, Cressent, Oeben ou encore Bernard van Riesenburgh.
L’ouvrage Mentmore de 1884 (vol. I, p. 40, no. 21) permet de localiser précisément la console dans le Lord Rosebery’s Sitting Room : « 21. Console-table of king’s wood ; gilt metal mounts ; vert vert marble slab. Workmanship French ; period Louis XV. » (non illustrée) où elle figure encore en juin 1976 sur une photographie, soit un an avant la vente. La console est alors juste à côté du cabinet monumental de Michael Kimmel aujourd’hui conservé au Victoria and Albert museum (inv. W.63-1977).
The marchands-merciers, precursors of the decorators of today and the “makers of nothing, creators of everything” according the famous catchphrase from the Encyclopédie (1765), carried out successful collaborations between the best ébénistes and the most talented bronziers of the time in order to offer their clientele the most sumptuous and original objects. Such is the case with the present console, which with its extraordinary form (referred to as à perruques) is the result of the close collaboration between the marchard-mercier Darnault, the ébéniste Hubert Hansen, and a bronzier whose identity is unfortunately lost to us.
Hubert Hansen
Becoming a maître ébéniste in 1747, Hansen established his atelier at rue de Charenton, faubourg Saint Antoine, where he remained until his death in 1756. Despite this short career, Hansen attained great recognition for elegant furniture he created in the Louis XV style, particularly for his commodes veneered with bois de bout floral marquetry and for the quality of the gilt-bronze mounts which adorned his pieces.
With their unusual structure, these commodes en conolse, also called perruquière, are as rare as they are atypical. The form is specifically mentioned in a delivery to the Dauphin, prince and son of Louis XV, by the marchand-mercier Lazare Duvaux on the 3 February 1757: ‘M. le Dauphin : Deux espèces de commodes à un seul tiroir, dont les pieds en consoles, plaquées en bois de rose à fleurs, garnies en bronze d’or moulu, le dedans des tiroirs doublé en étoffe, de 600 l. pièce, 1.200 livres.’
The present commode à perruques is a masterpiece by Hubert Hensen, which can be seen in the perfection of the lines, the quality of the veneers, and the virtuosity of the mounts. Only a few examples of this form of commode by Hensen’s himself are known, notably an example sold Galliera (Paris), 5 December1967, lot 101; one from the collection of Dr. Peter D. Sommer; and one sold Christie’s, Paris, 14 April 2015, lot 148. Recognizing the exceptional quality of his works, 19th century ébénistes copied these models, an example of which was sold Sotheby’s, New York, 15 October 2015, lot 61.
The marchands-merciers : François et Darnault, father and son
The title marchand-mercier is a generic term as it encompasses many different types of commercial specialties, however it is the 13th classification which is of particular interest. The conditions to become a marchand-mercier were strict and required that applicants were of French nationality and that they pay of a fee of nearly 1,0000 livres. In his indispensable work Annales de l’économie, Pierre Verlet recalled that the talent of marchands-merciers lay their ability to ‘flairer ou provoquer les tendances du moment, ils sont devenus des incitateurs, des entraîneurs, renouvelant l’intérêt, accélérant même l’évolution des styles, tenant habilement leur clientèle en haleine’ (P. Verlet, ‘Le commerce des objets d’art et les marchands merciers à Paris au XVIIIe siècle’, Annales de l’économie, 1958, vol. XIII, pp. 10-29).
Parisian merciers were principally situated on rue Saint-Honoré (as was the case with Hébert, Poirier, Dulac, Julliot, Lebrun, Tuard), on rue de la Monnaie (where Lazare Duvaux and the Darnaults had established themselves), as well as on rue du Roule, rue des Fossés-Saint-Germain, quai de la Mégisserie, and pont Notre-Dame (where Gersaint was installed).
From a 21st-century perspective, marchands-merciers would be best be described as excellent self-promoters. The logos which they placed on their storefronts were an invitation to travel: A la Couronne d’Or (for Poirier-Daguerre), Au roi des Indes (Lebrun), Au château de Bellevue (Tuard), A la pagode (Gersaint), Au petit Dunkerque (Grancher) and Au Roy d’Espagne (pour les Darnault). They also did not hesitate to highlight their work and expertise by adding labels to the pieces which they sold or to their invoice headings.
The comprehensive study on marchands-merciers conducted by Carolyn Sargentson (Merchants and luxury markets. The Marchands Merciers of Eighteenth-Century Paris, Malibu, 1996, pp.21-23), has provided us a better understanding of their practices, yet there remains several areas of their work which remains unknown. We therefore do not know the entire history of the Darnaults, but through the documents available (including archives, labels, invoices, and deliveries), we can nevertheless develop a clear understanding this family’s quick rise.
The Darnault family first found success in mirrors. The father was a mirror maker, having become a qualified master of ‘miroitier et lunetier, bimblottier, doreur sur cuivre et enjoliveur’ in 1715, and then establishing himself a maître and marchand miroitier on rue Grenier Saint Lazare by 1731. An early inventory of his store included only mirrors, but of great variety and sizes. However, as his business flourished, Darnault began to expand the range of products offered to include furniture, bronze furniture mounts, clocks, and paintings. In conjunction with his son, they moved their premises to rue de la Monnaia. Since they were no longer only selling mirrors, and in accordance with the system of corporations in place, they became members of the corporation des marchands.
In 1737, Darnault further expanded his operation by purchasing the business assets of another mercier, Edme Calley who was at the end of his career. Thanks to the strong communication practices established by the marchand-merciers, we have detailed information regarding Darnault’s activity: ‘Au Roy d’Espagne. Rue de la Monnaie, près le Pont-Neuf à Paris. Darnault, Marchand, vend tout de ce qu’il y a de plus beau & de plus nouveau, A savoir, toutes sortes de mioirs, glaces de cheminée, trumeaux avec leurs bordures sculptées et dorées de toutes grandeurs. Toutes sortes de grilles, ou feux de cheminée, des bras de toutes façons, à deux et trois branches, écritoires ; flambeaux, porte-mouchettes, girandoles et lustres à six, huit et dix branches, le tout de bronze ciselé et doré, d’or moulu, d’or en feuilles, argenté et en couleur d’or. Des lustres et girandoles de cristaux, lustres de bois doré, toutes sortes de belles pendules en bronze, ciselé, et doré d’or moulu, et couleur d’or, avec leur mouvement, tant à répétition qu’autrement, (…) l’on ne vend qu’avec garantie, toutes sortes de tables de marbre à choisir, avec les pieds à consoles sculptées et dorées. Les Tableaux, pour dessus de portes, de toutes grandeurs, avec leurs bordures de bois doré. Des toilettes complètes en vernis de toute (…). Cabarets, cabinets, paravents et écrans en vernis de la Chine et autres. Des bureaux pour écrire, serre-papier, commodes de toutes grandeurs avec leur dessus de marbre, des secrétaires, armoires, bibliothèques, le tout en bois des Indes de toutes espèces, en vernis de la Chine et du Japon, garnis de bronze, dorés d’or moulu et en couleur d’or. Et toutes sortes de choses, pour meubler les appartements, le tout à juste prix et en conscience. A PARIS. 1742.’
Their invoice was less exhaustive but detailed a large sample group of items proposed for sale: ‘Darnault père et fils, marchands et miroitiers ordinaires du Roy en ses Menus Plaisirs, tiennent magazin de glaces, feux, bras, ébénisteries, porcelaines, pendules, bronzes et bijoux. Au Roy d’Espagne, rue de la Monnaie, à Paris.’ We know through the existence of another label that the Darnault boutique transferred to rue Grenier Saint Lazarre in 1751 and was renamed A la ville de Versailles. The listing of items sold is the same for another label from 1742.
The inventory from 1753 following the death of Darnault fils’ wife (Marie-Antoinette Pinguet), lists 542 items in stock, which included furniture which was veneered, decorated with porcelain plaques, Oriental lacquer, and Parisian vernis, as well as bronze furniture mounts, crystal, and, as always, mirrors.
Throughout the years the Darnaults succeed in obtaining important commissions from very prestigious clients, such as the king Louis XV for a pair of gilt-bronze appliques in 1738, the Count and Countess de Provence, and Mesdames (the sisters of Louis XV). For these last clients they delivered a pair of lion chenets for the Grand Salon at château de Bellevue in 1784 as well as a lacquer commode and lacquer pair of encoignures in 1785. The second order was intended for Madame Victoire’s Grand Cabinet and is today in the Louvre (inv. OA5498). The commode perfectly demonstrates the Darnault’s genius, for the merciers purchased two cabinets in the sales duc d’Aumont’s collection in 1782, lot 299, and disassembled the lacquer panels, which were then used by Carlin for the commode.
The impressive level of their clientele is only matched by the network of artisans the Darnault’s developed. They collaborated with such great ébénistes as Hubert Hansen, as seen in the present console, Martin Carlin, as evidenced by the previously discussed commode (who worked with other prominent merciers Simon-Philippe Poirer and Dominique Daguerre), as well as Etienne Levasseur and the bronzier Galien, some of whose models were in the Darnault’s possession, which was revealed in the 1753 inventory.
A prestigious provenance: Rothschild at Mentmore Towers
Hidden in the English countryside of Buckinghamshire, Mentmore Towers was built by the banker Mayer Amschel de Rothschild (1818-1874), the son of the founder of the English branch of the Rothschild family. Construction began on the house in 1850 and was designed by Joseph Paxton, the celebrated architect of the Crystal Palace. The largest of the Rothschild family property, the house provided all of the amenities and modern comforts of the period: a great central hall, a glass roof, patio doors, and central heating. The author Lady Eastlake described it as like “a fairyland” when she visited the house for the first time in 1872, with enormous rooms she described as hung with “tapestries, floored with parquet and Persian carpets."
His daughter Hannah (1851-1890), an only child, and as a result, the richest heiress in the kingdom, married in 1878 Archibald Philip Primrose, 5th Earl of Rosebery, who was to later go on to serve as Prime Minister (1894-1895). The estate then passed onto one of their four children, Albert Edward Harry Meyer Archibald Primrose, 6th Earl of Rosebery (1882-1974).
A great cricket player and liberal politician, Albert was elected as a member of the Royal Society of Edinburgh in 1938. At the end of the Second World War, he was nominated by Churchill as a member of the Privy Council and later Secretary of State to Scotland, a position he hold for only a short period of time. Upon his departure in 1945 he remarked, “Well. I didn’t make a bad job of this, did I ? Didn’t have the time.” Shortly thereafter he was appointed by George VI as a Knight of the Order of the Thistle. He also served as President of the National Liberal Party between 1945 and 1957 and was appointed Chairman of the Royal Fine Art Commission for Scotland in 1952. He passed away in 1974 at Mentmore.
Three years later it was decided the contents of Mentmore should be dispersed. A memorable moment, it was considered “the sale of the century” and included works by the best 18th-century French grands maîtres such as Riesener, Cressent, Oeben, and Bernard van Riesenburgh, as well such celebrated artists as Boucher, Reynolds, and Gainsborough.
The great book from 1884 Mentmore (vol. I, p. 40, no. 21) allows us to determine the precise location of the present console at Mentmore: Rosebery’s Sitting Room, ‘21. Console-table of king’s wood ; gilt metal mounts ; vert marble slab. Workmanship French ; period Louis XV’ (not illustrated). The console appears in the same location in a photograph taken in June 1976, just one year before the sale, where it was placed next to the monumental writing cabinet by Michael Kimmel, now conserved in the Victoria & Albert Museum, London (inv. W.63-1977).