Emil Nolde (1867-1956)
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Emil Nolde (1867-1956)

Marschlandschaft mit Wolkenspiegelung (recto/verso)

Details
Emil Nolde (1867-1956)
Marschlandschaft mit Wolkenspiegelung (recto/verso)
signé 'Nolde.' (en bas au centre)
aquarelle sur papier
34.8 x 47.8 cm. (13 5/8 x 18 ¾in.)
Exécuté vers 1925
Provenance
Collection particulière.
Sotheby's, Londres, 3 février 2004, lot 20.
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.
Further Details
'MARSCHLANDSCHAFT MIT WOLKENSPIEGELUNG (RECTO/VERSO)'; WATERCOLOUR ON JAPAN PAPER; SIGNED; EXECUTED CIRCA 1925.
埃米爾‧諾爾德(1867-1956)-《風景》,水彩、紙本,簽名,約1925年作

«Nolde comprend la mer comme nul autre peintre avant lui. Il ne la regarde pas depuis la plage ou le bateau, mais telle qu'elle est, vivant sa vie pour et par elle-même, libre de toute référence à l'homme, en mouvement perpétuel, en évolution constante: une force divine, primitive, qui se nourrit d'elle-même (M. Sauerlandt, cité in P. Vergo et F. Lunn, Emil Nolde, cat. exp., Londres, 1995, p. 132).

Dans sa Schleswig-Holstein natale, région allemande où il passe l'essentiel de son existence, Nolde ne perdra presque jamais de vue la nature. Elle occupe une place de choix à la fois dans son imaginaire et dans son œuvre. Son premier atelier, construit sur l'île d'Alsen où il estive à partir de 1903, n'est autre qu'une cabane érigée à l'orée même de la plage, permettant au peintre d'observer au plus près les caprices du ciel et de la mer à toute heure de la journée. Nolde raconte: «Je me tenais souvent debout à ma fenêtre, à regarder la mer pendant des heures. Il n'y avait rien d'autre que de l'eau et du ciel. Pas un bruit, hormis de temps à autre le clapotis sourd des vagues contre les galets de la plage» (l'artiste cité in W. Haftmann, Emil Nolde, Cologne, 1978, p. 70). Vraisemblablement, l'artiste voit son rapport au ciel sous un jour quasiment mystique; une vision nourrie par ses propres expériences de l'air marin, orageux, indomptable. Il se souvient notamment d'une traversée mouvementée du Cattégat, durant laquelle il s'était penché au-dessus de la balustrade du pont pour s'imprégner de la fougue de la mer: «J'étais-là, debout, agrippé à la rampe, à contempler, à m'émerveiller, tandis que les remous et le navire me ballottaient de haut en bas. Pendant de nombreuses années, ce jour est resté si vivement gravé dans mon esprit que je l'ai incorporé à mes toiles marines, avec leurs vagues vertes, déchaînées, hautes comme des montagnes, à peine surmontées d'un éclat de ciel sulfureux» (l'artiste cité in Emil Nolde,cat. exp., The Whitechapel Art Gallery, Londres, 1996, p. 132).
Exécuté vers 1925, Marschlandschaft mit Wolkenspiegelung fait partie d'un ensemble envoûtant et percutant d'aquarelles mettant en scène la mer et le ciel que Nolde réalise tout au long de sa carrière. Ici, les nuages qui avancent vers l'observateur sont rendus par différentes nuances de bleus et de violets. Les pigments saisissent parfaitement le mouvement fiévreux de cette masse ténébreuse dans le ciel, la rendant presque tangible, comme si elle était sur le point de pénétrer l'espace du spectateur. Tranchants, les contrastes entre les tons bleus foncés et violets soulignent d'autant plus la présence puissante de cette voute céleste, tout en lui conférant une texture vigoureuse. Toujours soucieux de représenter le ciel et la mer comme des forces élémentaires, l'artiste les accable bien souvent de nuages orageux pour mieux les plonger dans une pénombre inquiétante, évocatrice de la tempête qui approche.
La présente œuvre doit sa forte charge dramatique à sa palette intense et démesurée. Du début à la fin de sa carrière, la couleur demeure la force la plus fondamentale et la plus expressive de Nolde. «Très tôt, explique l'artiste, je me suis intéressé aux couleurs et à leurs propriétés, des plus délicates aux plus fortes, sans oublier les plus froides, surtout. Je me suis délecté de leur pureté et j'ai évité tout mélange de chauds et de froids susceptibles de souiller et d'anéantir leur éclat tout-puissant» (l'artiste cité in op. cit., p. 43). Dans Marschlandschaft mit Wolkenspiegelung, des éruptions furtives de vert et de jaune, alliées à des bleus profonds, évoquent le ciel agité. Les coups de pinceaux enlevés, très emphatiques, énoncent quant à eux le mouvement de la houle, les empâtements déposés sur les crêtes des vagues dotant l'eau d'une fougue bien palpable. Avec une emphase radicale, la présente aquarelle déploie une tempête de couleurs; celle d'un artiste en immersion totale dans la nature à son état le plus primitif – sauvage et débridée.

"Nolde understands the sea like no other painter before him. He sees it not from the beach or boat but as it exists in itself, devoid of any reference to man, eternally in motion, ever changing, living out its life in and for itself: a divine, self-consuming, primal force."
(M. Sauerlandt, quoted in P. Vergo and F. Lunn, Emil Nolde, exh. cat., London, 1995, p. 132).

Having grown up and spent much of his life in the German province of Schleswig-Holstein, Nolde was rarely out of sight of nature, which occupied an important place both in his imagination and in his work. His first studio, erected during the summer months spent on the island of Alsen from 1903 onwards, was a wooden hut on the very edge of the beach, so that he could observe the sky and sea closely and at any time of the day in all its moods. Nolde states: "Often, I stood at the window looking out at the sea for hours. There was nothing except water and sky. There was complete silence except for the occasional hushed ripple of the waves against the stones of the beach" (quoted in W. Haftmann, Emil Nolde, Cologne, 1978, p. 70). He himself evidently viewed his relationship with the sky in something approaching mystical terms. There were also his experiences of the wild, untamed stormy sea clouds. Recalling a stormy crossing of the Kattegat during which, standing on the open deck, he leaned far out over the rail of the boat to experience the power and strength of the sea, he notes: "I stood gripping the rail, gazing and wondering as the waves and the ship tossed me up and down. For years afterwards, that day remained so vividly in my mind that I incorporated it into my sea paintings with their wild, mountainous green waves and only at the topmost edge a silver of sulphurous sky" (quoted in Emil Nolde, exh. cat., The Whitechapel Art Gallery, London, 1996, p. 132).
Marschlandschaft mit Wolkenspiegelung, painted circa 1925, is part of a series of powerful and captivating watercolours of the sky and sea which Nolde executed throughout his career. The clouds moving towards the viewer, are rendered in different shades of blue and purple. The pigments, brilliantly capture the powerful movement of the clouds in the sky, becoming tangible, almost as if to penetrate the viewer's space. The strong contrasts between the dark blue and purple tones further enhance the powerful nature of the sky whilst at the same time adding a strong texture. The artist was preoccupied with the task of representing the sky and sea as elemental forces, often shown with scudding storm clouds or else bathed in an eerie half-light suggestive of a storm approaching.
The exaggerated and heightened colour in Marschlandschaft mit Wolkenspiegelung lends the composition its dramatic power. Colour was the central, expressive force of Nolde’s work throughout his career; "From very early on", the artist explained, "I was very interested in colours and their properties, from delicate to powerful and especially the cold ones too. I loved purity and avoided all mixtures of cold and warm that lead to dirt and the killing of the brilliant forces" (Nolde, quoted in op. cit., p. 43). In Marschlandschaft mit Wolkenspiegelung, surges of green and yellow, and deep shades of blue evoke the turbulent, stormy sky, while the gestural, emphatic brushstrokes imitate the movement of the rolling sea, the thick impasto of the wave crescents lending a tangible, expressive force to the depiction of the water. With an emphatic directness, Marschlandschaft mit Wolkenspiegelung presents a storm of colour, demonstrating the artist’s complete absorption in nature in its most primitive state, wild and unrestrained.

Brought to you by

Nathalie Honnay
Nathalie Honnay

Lot Essay

Manfred Reuther a confirmé l'authenticité de cette œuvre.

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