Lot Essay
PANNEAU ‘AUM MANE PADME AUM’
Notre panneau, Aum Mane Padme Aum [Salut à toi, ô joyau dans le lotus], connu aussi sous le nom Le Magicien de la nuit, illustre le thème de la transmutation alchimique dans l’hindouisme : une humble figure masculine ofre une feur de lotus – symbole de la purifcation du corps, de la parole et de l’esprit – au bodhisattva de la compassion infnie, Avalokiteshvara, alors que son assistant lui retire son manteau, le révélant ainsi dans sa vérité nue. Trois versions nous en sont connues, dont celle-ci semble être l’exemplaire le plus proche des premières réalisations d’Eileen Gray inspirées par l’Orient, au chromatisme encore classique, comme le panneau Oriental Mountbanks (ill. 6). On note ici l’utilisation d’une gamme de couleurs commune, où les visages et la peau sont encore traités de façon réaliste, dans un ton évoquant la couleur de la chair. A contrario, les deux autres versions connues sont toutes d’une seule teinte uniforme, hormis la feur de lotus inscrite à chaque fois de façon contrastée dans la composition. D’une grande épure, ces oeuvres – mêmes si nous ne les connaissons pour la plupart que sur photos – sont très oniriques et restent mystérieuses. La version exposée dans le cadre du Salon des Artistes Décorateurs de 1913, décrite également comme dessus de cheminée, semble être la première version totalement détachée de toute traitement classique. Elle n’est connue que par une photo en noir et blanc. La coife de l’assistant est un simple turban sans élément décoratif, contrairement aux autres panneaux. Une version de couleur uniforme bleu nuit montrant une feur de lotus en nacre, a fait partie de la collection de Madame Mathieu-Lévy. Femme résolument moderne, en prise avec son époque, Eileen Gray dispose de sources d’inspiration très variées, qu’elle sait synthétiser de façon parfaitement harmonieuse. Elle est nourrie des diférents mouvements littéraires et artistiques anglais, puis européens du tournant du siècle, tout comme de ceux des années 1910-20. Elle baigne dans la créativité de son époque. C’est le règne de Paul Poiret, dont la mode est largement inspirée d’un Orient rêvé et stylisé (ill. 4), qui fait écho à la révolution apportée aux arts du spectacle par la modernité des Ballets Russes de Diaghilev et les costumes de Léon Bakst, introduits à Paris en 1909 (ill. 5). Le dessin et le choix des tenues des protagonistes de cette scène sont nourris d’autant de références assimilées. La magie d’Eileen Gray est de retranscrire ce foisonnement dans une expression tout aussi minimaliste, que luxueuse et sophistiquée.
Our panel Aum Mane Padme Aum (Greetings, Oh Jewel in the Lotus), which as well known by the title, Le Magicien de la nuit [The Magician of the Night], illustrates the theme of alchemical transmutation in Hinduism: a humble male fgure ofers a lotus fower – the symbol of the purifcation of the body, the word and the spirit – to the infnitely compassionate bodhisattva, Avalokiteshvara, while his assistant removes his cloak, thus revealing him in his naked truth. Three versions of this are known to us; this one seems the example closest to Eileen Gray’s initial creations inspired by the Orient, with still classic chromatism, like the panel, Oriental Mountbanks (ill. 6). In this, one can see the use of a range of colours in common, in which the faces and the skin are still treated realistically, in a tone evoking the colour of fesh. Conversely, the other two known versions are all in one single uniform shade, apart from the lotus fower, which in each case is engraved as a contrast in the composition. Even although we know most of these works only through photos, their great purity and dreamlike quality lend them lasting mystery. The version exhibited in the Decorative Artists Salon in 1913, also described as a mantel, seems to be the first version completely free of any classic treatment. It is known only by a black and white photograph. The assistant’s head is covered by a simple turban with no decorative element, in contrast to the other panels. A version in a uniform blue colour shows a lotus fower in mother-of-pearl It was part of Mrs Mathieu-Lévy's collection. A resolutely modern woman, in touch with her era, Eileen Gray found her inspiration in a great variety of sources, which she was able to synthesise with perfect harmony. She was nurtured on various English, and later on European literary and artistic movements from the turn of the century, as well as those of the years 1910-20. She basked in the creativity of her period. This was the reign of Paul Poiret, whose fashion was largely inspired by the stylised Orient of dreams (ill. 4 ), which echoed the revolution brought to the performing arts by the modernity of Diaghilev’s Russian Ballet and Léon Bakst’s costumes, introduced to Paris in 1909 (ill. 5). The design and the choice of costume for the protagonists in this scene are nurtured by such assimilated references. Eileen Gray’s magic lies in her translation of this profusion into an expression as minimalist as it is luxurious and sophisticated.
Notre panneau, Aum Mane Padme Aum [Salut à toi, ô joyau dans le lotus], connu aussi sous le nom Le Magicien de la nuit, illustre le thème de la transmutation alchimique dans l’hindouisme : une humble figure masculine ofre une feur de lotus – symbole de la purifcation du corps, de la parole et de l’esprit – au bodhisattva de la compassion infnie, Avalokiteshvara, alors que son assistant lui retire son manteau, le révélant ainsi dans sa vérité nue. Trois versions nous en sont connues, dont celle-ci semble être l’exemplaire le plus proche des premières réalisations d’Eileen Gray inspirées par l’Orient, au chromatisme encore classique, comme le panneau Oriental Mountbanks (ill. 6). On note ici l’utilisation d’une gamme de couleurs commune, où les visages et la peau sont encore traités de façon réaliste, dans un ton évoquant la couleur de la chair. A contrario, les deux autres versions connues sont toutes d’une seule teinte uniforme, hormis la feur de lotus inscrite à chaque fois de façon contrastée dans la composition. D’une grande épure, ces oeuvres – mêmes si nous ne les connaissons pour la plupart que sur photos – sont très oniriques et restent mystérieuses. La version exposée dans le cadre du Salon des Artistes Décorateurs de 1913, décrite également comme dessus de cheminée, semble être la première version totalement détachée de toute traitement classique. Elle n’est connue que par une photo en noir et blanc. La coife de l’assistant est un simple turban sans élément décoratif, contrairement aux autres panneaux. Une version de couleur uniforme bleu nuit montrant une feur de lotus en nacre, a fait partie de la collection de Madame Mathieu-Lévy. Femme résolument moderne, en prise avec son époque, Eileen Gray dispose de sources d’inspiration très variées, qu’elle sait synthétiser de façon parfaitement harmonieuse. Elle est nourrie des diférents mouvements littéraires et artistiques anglais, puis européens du tournant du siècle, tout comme de ceux des années 1910-20. Elle baigne dans la créativité de son époque. C’est le règne de Paul Poiret, dont la mode est largement inspirée d’un Orient rêvé et stylisé (ill. 4), qui fait écho à la révolution apportée aux arts du spectacle par la modernité des Ballets Russes de Diaghilev et les costumes de Léon Bakst, introduits à Paris en 1909 (ill. 5). Le dessin et le choix des tenues des protagonistes de cette scène sont nourris d’autant de références assimilées. La magie d’Eileen Gray est de retranscrire ce foisonnement dans une expression tout aussi minimaliste, que luxueuse et sophistiquée.
Our panel Aum Mane Padme Aum (Greetings, Oh Jewel in the Lotus), which as well known by the title, Le Magicien de la nuit [The Magician of the Night], illustrates the theme of alchemical transmutation in Hinduism: a humble male fgure ofers a lotus fower – the symbol of the purifcation of the body, the word and the spirit – to the infnitely compassionate bodhisattva, Avalokiteshvara, while his assistant removes his cloak, thus revealing him in his naked truth. Three versions of this are known to us; this one seems the example closest to Eileen Gray’s initial creations inspired by the Orient, with still classic chromatism, like the panel, Oriental Mountbanks (ill. 6). In this, one can see the use of a range of colours in common, in which the faces and the skin are still treated realistically, in a tone evoking the colour of fesh. Conversely, the other two known versions are all in one single uniform shade, apart from the lotus fower, which in each case is engraved as a contrast in the composition. Even although we know most of these works only through photos, their great purity and dreamlike quality lend them lasting mystery. The version exhibited in the Decorative Artists Salon in 1913, also described as a mantel, seems to be the first version completely free of any classic treatment. It is known only by a black and white photograph. The assistant’s head is covered by a simple turban with no decorative element, in contrast to the other panels. A version in a uniform blue colour shows a lotus fower in mother-of-pearl It was part of Mrs Mathieu-Lévy's collection. A resolutely modern woman, in touch with her era, Eileen Gray found her inspiration in a great variety of sources, which she was able to synthesise with perfect harmony. She was nurtured on various English, and later on European literary and artistic movements from the turn of the century, as well as those of the years 1910-20. She basked in the creativity of her period. This was the reign of Paul Poiret, whose fashion was largely inspired by the stylised Orient of dreams (ill. 4 ), which echoed the revolution brought to the performing arts by the modernity of Diaghilev’s Russian Ballet and Léon Bakst’s costumes, introduced to Paris in 1909 (ill. 5). The design and the choice of costume for the protagonists in this scene are nurtured by such assimilated references. Eileen Gray’s magic lies in her translation of this profusion into an expression as minimalist as it is luxurious and sophisticated.