Alexej von Jawlensky (1864-1941)
Provenant d'une collection privée, France
Alexej von Jawlensky (1864-1941)

Abstrakter Kopf: Der Schutzengel

Details
Alexej von Jawlensky (1864-1941)
Abstrakter Kopf: Der Schutzengel
signé des initiales 'A.J.' (en bas à gauche) et daté '33' (en bas à droite)
huile sur carton d'artiste marouflé sur panneau
44 x 34 cm.
Peint en 1933

signed with initials 'A.J.' (lower left) and dated '33' (lower right)
oil on canvasboard laid down on panel
17 3/8 x 13 ½ in.
Painted in 1933
Provenance
Atelier de l'artiste.
Galerie Alex Vömel, Düsseldorf (en 1968).
Samy Chalom, Paris.
Collection particulière, France (avant 1992).
Literature
C. Weiler, Alexej Jawlensky, Cologne, 1959, p. 254, no. 372 (illustré; titré 'Der Schutzengel').
W. Haftmann, Verfemte Kunst, Cologne, 1986, p. 329 (illustré; titré 'Der Schutzengel').
M. Jawlensky, L. Pieroni-Jawlensky et A. Jawlensky, Alexej von Jawlensky, Catalogue Raisonné of the Oil Paintings, 1914-1933, Londres, 1992, vol. II, p. 505, no. 1443 (illustré en couleurs, p. 500).
Exhibited
Düsseldorf, Galerie Wilhelm Grosshennig, Sonderausstellung Alexej v. Jawlensky, octobre 1961 (illustré; titré 'Schutzengel').
Munich, Städtische Galerie im Lenbachhaus, Alexej von Jawlensky, juillet-septembre 1964, no. 115.
New York, Leonard Hutton Galleries, A Centennial Exhibition of Paintings by Alexej Jawlensky, février-mars 1965, no. 57 (titré 'Guardian Angel').
Further Details
Jawlensky peint ses premières Abstrakter Kopk (Têtes abstraites) en 1918, à Ascona, en parallèle de son travail sur les Têtes mystiques et les Faces du Sauveur. Autrement appelé « têtes constructivistes », ce nouveau corpus se distingue par une stylisation plus aplatie et plus géométrique des traits du visage par rapport aux deux séries antérieures. Ici, les yeux auparavant grand ouverts deviennent des lignes ou des barres horizontales ; les nez et les bouches sont simplifiés de la même manière. La forme courbe dominante dessine la demie-lune du menton ; d'autres lignes arquées, moins longues, prennent naissance dans la raie des cheveux, pour se déployer dans la partie supérieure du tableau.
Si quelques œuvres de la série portent le sous-titre « vision intérieure », l'ensemble des Abstrakter Kopk revêt un caractère profondément introspectif et contemplatif. Lorsque Jawlensky se rend en Russie pour la dernière fois en 1914, peu avant le début de la Première Guerre mondiale, son frère lui prête quelques livres sur la philosophie indienne et le yoga qui ont sans doute contribué à approfondir la dimension toujours plus spirituelle de ses visages. En 1938, le peintre écrit à Dom Willibrord Verkade, un prêtre qui avait été associé au mouvement Nabi pendant sa jeunesse dans les années 1890 : « J'ai fini par comprendre qu'on ne peut peindre du grand art qu'avec un sentiment religieux. Et que je ne pouvais invoquer autre chose que le visage humain. J'ai enfin compris que l'artiste, à travers son art, et par le biais des formes et des couleurs, se doit d'exprimer la divinité qu'il porte en lui. Une œuvre d'art, c'est donc Dieu rendu visible, et l'art est un "désir de Dieu". Je peins des visages depuis des années. Je me suis assis dans mon atelier et j'ai peint, sans avoir à me rapporter à la Nature. Je n'ai eu besoin que de m'immerger, prier, et préparer mon âme à un état de conscience religieuse » (cité in M. Jawlensky, L. Pieroni-Jawlensky et A. Jawlensky, op. cit., p. 14).
Le rayonnement intérieur qui émane de ces têtes et, en l'occurrence, les tons pastel chauds qui viennent irradier la présente œuvre, deviennent d'autant plus bouleversants à la lumière des problèmes de santé de l'artiste. L'état de Jawlensky se dégrade en effet à partir de 1927, lorsqu'on lui diagnostique une arthrite dégénérative qui finira par le paralyser totalement et provoquer sa mort. En 1933-34, ses mains sont déjà si atteintes par la maladie qu'elles le contraignent à travailler, la plupart du temps, sur des formats très réduits. C'est à cette époque qu'il mène à terme son ensemble de Têtes abstraites. S'il peint par la suite quelques fleurs quand son état le lui permet, il se consacre surtout à sa toute dernière série, les Méditations. La géométrie des Têtes abstraites y est encore simplifiée ; dépouillés à l'extrême, les traits du visage sont désormais réduits à un simple motif cruciforme.

Jawlensky painted his earliest Abstract heads in Ascona in 1918, while working concurrently on his series of Mystical heads and Savior's faces. The series is also referred to as his Constructivist heads, and is characterized by a flatter and more geometrical stylization of the facial features seen in the earlier series. Eyes that were formerly wide open have become horizontal lines or bars; the noses and mouth are reduced in similar fashion. The most prominent curvilinear form is the semi-oval marking the lower part of the face; shorter curving lines delineate the part in the hair in the upper portion of the picture.
A subseries of this group bears the subtitle Inner vision, and the entire series possesses a deeply introspective and contemplative character. During the artist's last visit to Russia in 1914, before the outbreak of the First World War, his brother lent him some books on Indian philosophy and yoga, which may have contributed to the increasingly spiritual nature evident in the three heads series. The artist wrote in 1938 to Dom Willibrord Verkade, a priest who in his youth had been affiliated with the Nabi movement during the 1890s:
I had come to understand that great art can only be painted with religious feeling. And that I could only bring to the human face. I understood that the artist must express through his art, in forms and colours, the divine inside him. Therefore a work of art is God made visible, and art is "a longing for God". I have painted faces for many years. I have sat in my studio and painted, and have not needed Nature as a prompter. I have needed only to immerse myself, pray, and prepare my soul for a state of religious awareness. (quoted in M. Jawlensky and L. Pieroni-Jawlensky et A. Jawlensky, op. cit., p. 14)
The radiant inner light that emanates from these heads, and the warm pastel tones seen in the present work, seem especially poignant when one learns of the artist's health, which deteriorated after 1927 when he was diagnosed with arthritis deformans, a condition that eventually led to total paralysis and caused his death. By 1933-34 his hands had become so arthritic that on most days he could work in only a very small format. The series of Abstract heads came to an end at this time, and although the artist might occasionally paint flowers on less painful days, he turned to his final series of Meditations, in which the geometry of the Abstract heads is further reduced to the most austere essentials of a cruciform design.

Brought to you by

Valérie Didier
Valérie Didier

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