Lot Essay
« Beaucoup de gens disent que dans la peinture abstraite, il n’y a rien. Quant à moi, je sais que si ma vie était trois fois plus longue, elle ne m’aurait pas suffi à dire tout ce que j’y vois. »
"Many people say that there is nothing in abstract painting. To me, I know that if my life was three times longer, it would not have been enough to tell all I see in it. "
SERGE POLIAKOFF
« Je pourrais utiliser mes formes pour des sculptures. Mais c'est avant tout un poème plastique. On m'a montré en Bretagne des formes de rochers qui ressemblent à celles que je peins. J'ai été très étonné de voir que ces rochers avaient pris ces formes à moi. Aucune influence extérieure n'agit sur ma peinture. Si j'étais resté dans une cave toute ma vie, j'aurais peint la même chose. »
“I might use my shapes for sculptures. But it’s first and foremost a poem in visual form. In Brittany, I was shown rocks in shapes resembling the ones I paint. I was truly astonished to see that those rocks had taken on my own shapes. There is no external influence on my work. If I had stayed in a cellar all my life, I would have painted the same thing.”
« Quand un tableau est silencieux, cela signifie qu’il est réussi. Certains de mes tableaux commencent dans le tumulte. Ils sont explosifs. Mais je ne suis satisfait que lorsqu’ils deviennent silencieux. Une forme doit s’écouter et non pas se voir. »
“When a painting is silent, that means it is well executed. Some of my paintings start off in turmoil. They are explosive. But I am satisfied only when they become silent. A shape must be heard and not seen.”
SERGE POLIAKOFF
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Serge Poliakoff, peintre des formes et de la couleur, atténue sa palette pour se concentrer sur les lignes. Les polychromies éclatantes jusqu’alors saluées par la critique lui paraissent trop décoratives et ne traduisent plus les aspirations de l’artiste dans un contexte instable. La recherche de l’espace, de l’articulation des formes, de la couleur et de la profondeur sont paradoxalement amplifiées par ce changement de direction créative.
Peintre majeur de la Nouvelle École de Paris, Serge Poliakoff crée sa propre définition de l’abstraction, éloignée du stricte géométrique et de l’improvisation gestuelle. L’art de ce dernier est caractérisé par un assemblage de formes qui semblent découler les unes des autres : ses tableaux, dont la visualisation implique plusieurs temps, ont pour origine une forme, autour de laquelle s’imbriquent et rayonnent d’autres éléments. Celle-ci représente la clef de voûte de l’harmonie de l’œuvre. Les couleurs également jouent un rôle essentiel dans les créations de Poliakoff : extrêmement travaillées, elles sont vectrices des émotions que l’artiste veut véhiculer, en particulier de la sensation d’unité qui se dégage de ses toiles.
Marqué depuis son plus jeune âge par la technique de la peinture d’icône, Serge Poliakoff superpose les couches de pigments purs à la recherche du ton juste, obtenant ainsi une surface animée d’une lumière intérieure. Selon lui, chaque forme a deux couleurs : une intérieure, et une extérieure. Cette idée est particulièrement développée au sein de cette œuvre qui, si elle semble être composée de deux aplats de couleurs, est en fait une articulation de formes aux tons distincts, chacune également composée de nuances multiples. De cet ensemble bleu se détache un élément rouge, au centre même du tableau : élément clé de cette composition, c’est la forme qui relie toutes les autres entre elles. Exécutée en 1967, au cours de la dernière période de sa carrière, cette toile traduit la spiritualité grandissante dans les créations de Poliakoff : la recherche de la monochromie amène à l’expression des lignes. Ici, la ligne verticale est mouvante et la ligne d’horizon est tracée sur un axe demi-circulaire, qui doivent aboutir au "Silence Absolu". Cette recherche mystique se traduit ici par une présence obsédante qui semble émaner de la toile. Cette œuvre profonde illustre la concentration et la mesure grandissante du peintre ayant alors acquis sagesse et expérience.
Artiste incontournable de l’abstraction, peintre majeur du XXe siècle, Serge Poliakoff a fait l’objet d’une importante rétrospective au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 2013 avec pas moins de cent cinquante œuvres exposées.
Just after the Second World War, Serge Poliakoff, a painter of shapes and colour, reduced his palette in order to focus on lines. The dazzling polychrome works hitherto lauded by critics seemed to him too decorative and no longer communicated his aspirations in an unstable context. The search for space, for the articulation of shapes, for colour and for depth are paradoxically amplified by this change of creative direction.
One of the greatest painters of the New School of Paris, Poliakoff created his own definition of abstraction, far removed from the strictly geometric and from gestural improvisation. Poliakoff’s art is characterised by an assembly of shapes that seem to follow on from one another: his paintings, the visualisation of which implies several different times, originate from a shape, around which other elements link together and radiate. This represents the keystone of the work’s harmony. Colours also play an essential role in Poliakoff’s creations: painstakingly executed, they are vectors of the emotions he wants to convey, particularly the feeling of unity that emanates from his paintings.
Influenced from early childhood by the technique of icon painting, Poliakoff superimposes layers of pure pigment in search of the right tone, thereby obtaining a surface animated by an inner light. In his view, every shape has two colours: an interior one, and an exterior one. This idea is particularly well developed in this work, which, although it seems to be composed of two flat surfaces of colour, is in fact an articulation of shapes in distinct tones, each also consisting of multiple shades. A red element stands out from the blue ensemble, right in the centre of the painting: this shape is the key element in the composition, linking all the others together. Painted in 1967, during the final phase of Poliakoff’s career, this picture displays the growing spirituality of his paintings: the search for monochromy leads to expressive lines. Here, the vertical line is moving and the horizon line traces a semi-circular path, which inevitably ends in “Absolute Silence”. This mystical search is communicated here by a haunting presence that seems to emanate from the painting. This profound work illustrates Poliakoff’s concentration and increasing measure and moderation, having by this time acquired wisdom and experience.
A key abstract artist and a major 20th-century painter, Serge Poliakoff was the subject of an extensive retrospective at the City of Paris Museum of Modern Art in 2013, with no fewer than five hundred works exhibited.
"Many people say that there is nothing in abstract painting. To me, I know that if my life was three times longer, it would not have been enough to tell all I see in it. "
SERGE POLIAKOFF
« Je pourrais utiliser mes formes pour des sculptures. Mais c'est avant tout un poème plastique. On m'a montré en Bretagne des formes de rochers qui ressemblent à celles que je peins. J'ai été très étonné de voir que ces rochers avaient pris ces formes à moi. Aucune influence extérieure n'agit sur ma peinture. Si j'étais resté dans une cave toute ma vie, j'aurais peint la même chose. »
“I might use my shapes for sculptures. But it’s first and foremost a poem in visual form. In Brittany, I was shown rocks in shapes resembling the ones I paint. I was truly astonished to see that those rocks had taken on my own shapes. There is no external influence on my work. If I had stayed in a cellar all my life, I would have painted the same thing.”
« Quand un tableau est silencieux, cela signifie qu’il est réussi. Certains de mes tableaux commencent dans le tumulte. Ils sont explosifs. Mais je ne suis satisfait que lorsqu’ils deviennent silencieux. Une forme doit s’écouter et non pas se voir. »
“When a painting is silent, that means it is well executed. Some of my paintings start off in turmoil. They are explosive. But I am satisfied only when they become silent. A shape must be heard and not seen.”
SERGE POLIAKOFF
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Serge Poliakoff, peintre des formes et de la couleur, atténue sa palette pour se concentrer sur les lignes. Les polychromies éclatantes jusqu’alors saluées par la critique lui paraissent trop décoratives et ne traduisent plus les aspirations de l’artiste dans un contexte instable. La recherche de l’espace, de l’articulation des formes, de la couleur et de la profondeur sont paradoxalement amplifiées par ce changement de direction créative.
Peintre majeur de la Nouvelle École de Paris, Serge Poliakoff crée sa propre définition de l’abstraction, éloignée du stricte géométrique et de l’improvisation gestuelle. L’art de ce dernier est caractérisé par un assemblage de formes qui semblent découler les unes des autres : ses tableaux, dont la visualisation implique plusieurs temps, ont pour origine une forme, autour de laquelle s’imbriquent et rayonnent d’autres éléments. Celle-ci représente la clef de voûte de l’harmonie de l’œuvre. Les couleurs également jouent un rôle essentiel dans les créations de Poliakoff : extrêmement travaillées, elles sont vectrices des émotions que l’artiste veut véhiculer, en particulier de la sensation d’unité qui se dégage de ses toiles.
Marqué depuis son plus jeune âge par la technique de la peinture d’icône, Serge Poliakoff superpose les couches de pigments purs à la recherche du ton juste, obtenant ainsi une surface animée d’une lumière intérieure. Selon lui, chaque forme a deux couleurs : une intérieure, et une extérieure. Cette idée est particulièrement développée au sein de cette œuvre qui, si elle semble être composée de deux aplats de couleurs, est en fait une articulation de formes aux tons distincts, chacune également composée de nuances multiples. De cet ensemble bleu se détache un élément rouge, au centre même du tableau : élément clé de cette composition, c’est la forme qui relie toutes les autres entre elles. Exécutée en 1967, au cours de la dernière période de sa carrière, cette toile traduit la spiritualité grandissante dans les créations de Poliakoff : la recherche de la monochromie amène à l’expression des lignes. Ici, la ligne verticale est mouvante et la ligne d’horizon est tracée sur un axe demi-circulaire, qui doivent aboutir au "Silence Absolu". Cette recherche mystique se traduit ici par une présence obsédante qui semble émaner de la toile. Cette œuvre profonde illustre la concentration et la mesure grandissante du peintre ayant alors acquis sagesse et expérience.
Artiste incontournable de l’abstraction, peintre majeur du XXe siècle, Serge Poliakoff a fait l’objet d’une importante rétrospective au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 2013 avec pas moins de cent cinquante œuvres exposées.
Just after the Second World War, Serge Poliakoff, a painter of shapes and colour, reduced his palette in order to focus on lines. The dazzling polychrome works hitherto lauded by critics seemed to him too decorative and no longer communicated his aspirations in an unstable context. The search for space, for the articulation of shapes, for colour and for depth are paradoxically amplified by this change of creative direction.
One of the greatest painters of the New School of Paris, Poliakoff created his own definition of abstraction, far removed from the strictly geometric and from gestural improvisation. Poliakoff’s art is characterised by an assembly of shapes that seem to follow on from one another: his paintings, the visualisation of which implies several different times, originate from a shape, around which other elements link together and radiate. This represents the keystone of the work’s harmony. Colours also play an essential role in Poliakoff’s creations: painstakingly executed, they are vectors of the emotions he wants to convey, particularly the feeling of unity that emanates from his paintings.
Influenced from early childhood by the technique of icon painting, Poliakoff superimposes layers of pure pigment in search of the right tone, thereby obtaining a surface animated by an inner light. In his view, every shape has two colours: an interior one, and an exterior one. This idea is particularly well developed in this work, which, although it seems to be composed of two flat surfaces of colour, is in fact an articulation of shapes in distinct tones, each also consisting of multiple shades. A red element stands out from the blue ensemble, right in the centre of the painting: this shape is the key element in the composition, linking all the others together. Painted in 1967, during the final phase of Poliakoff’s career, this picture displays the growing spirituality of his paintings: the search for monochromy leads to expressive lines. Here, the vertical line is moving and the horizon line traces a semi-circular path, which inevitably ends in “Absolute Silence”. This mystical search is communicated here by a haunting presence that seems to emanate from the painting. This profound work illustrates Poliakoff’s concentration and increasing measure and moderation, having by this time acquired wisdom and experience.
A key abstract artist and a major 20th-century painter, Serge Poliakoff was the subject of an extensive retrospective at the City of Paris Museum of Modern Art in 2013, with no fewer than five hundred works exhibited.