FRANÇOIS CLOUET (TOURS VERS 1515 - 1572 PARIS) ET SON ATELIER
FRANÇOIS CLOUET (TOURS VERS 1515 - 1572 PARIS) ET SON ATELIER

Portrait de François de Lorraine, duc d’Aumale puis de Guise (1519-1563), vers 1562

Details
FRANÇOIS CLOUET (TOURS VERS 1515 - 1572 PARIS) ET SON ATELIER
Portrait de François de Lorraine, duc d’Aumale puis de Guise (1519-1563), vers 1562
huile sur panneau
32 x 24 cm. (12 ½ x 9 3/8 in.)
Provenance
Vente succession du marquis d'Argenson (et divers), Paris, Pavillon Gabriel, 17 juin 1977, n°11, reproduit (Ecole de Clouet, portrait présumé du Roi Henri II)
Further Details
FRANÇOIS CLOUET AND STUDIO, PORTRAIT FRANÇOIS DE LORRAINE, 1er DUC DE GUISE, OIL ON PANEL

Brought to you by

Astrid Centner
Astrid Centner

Lot Essay

Grâce à Alexandre Dumas et Paul Delaroche, l’imaginaire collectif n’a retenu qu’un seul duc de Guise : Henri dit le Balafré, chef de la Ligue catholique et adversaire de Henri III. Mais avant ce flamboyant gentilhomme assassiné à Blois, il y avait son grand-père, Claude (1496-1550), cadet de la maison lorraine devenu premier duc de Guise par la faveur de François Ier, et surtout son père, l’illustre François, le premier à porter le surnom de Balafré.
L’aîné des six fils de Claude et d’Antoinette de Bourbon-Vendôme, princesse du sang, François avait le même âge que le futur Henri II dont il était l’enfant d’honneur. Le prince vouait à François une amitié sincère et commença son règne par ériger le comté d’Aumale de son favori en duché pairie. Homme de guerre brillant et d’une grande bravoure, affable, séduisant malgré la blessure à la joue reçue au siège de Boulogne en 1545, le duc cumulait les charges, les honneurs et les titres : gouverneur du Dauphiné, lieutenant général du royaume, duc de Guise à la mort de son père, prince de Joinville, grand chambellan, grand veneur. Sa réputation fut portée à son comble par la défense de Metz contre Charles Quint en 1552, puis par la prise de Calais et de Thionville en 1558.
Le règne de François II marqua le sommet de la puissance du duc de Guise, oncle par alliance du roi, qui gouvernait le royaume avec ses frères les cardinaux de Lorraine et de Guise. Catholique intransigeant, il perdit ses positions à l’avènement de Charles IX, se rapprocha du connétable de Montmorency et du maréchal de Saint-André, et quitta même la cour en 1561 pour protester contre la politique de conciliation de Catherine de Médicis. L’année suivante, le massacre de Wassy perpétré par ses gens fut le premier acte de guerre civile. Durant ce premier conflit, Guise commanda l’armée royale, prit Rouen et Bourges, battit les protestants à Dreux et mit le siège devant Orléans. Il y fut mortellement blessé d’un coup de pistolet tiré par Jean Poltrot de Méré à l’instigation probable de Coligny. Ses funérailles furent célébrées en grande pompe à Notre-Dame et le meurtrier condamné à l’écartèlement comme un régicide.
D’une étonnante présence, notre portrait reflète fidèlement la toute-puissance du Balafré dans les dernières années de sa vie. C’est un homme de belle prestance, aux traits creusés, barbe bifide blonde, tempes grisonnantes et regard perçant. Il est vêtu avec sobriété d’un collet de cuir tailladé et galonné d’or, d’une cape de velours noir et d’une toque de même. Son cou est entouré d’une petite fraise, tandis qu’une chaîne en maille palmier plonge sous le cadre rendant invisible le médaillon de l’Ordre de Saint-Michel qu’elle porte. Enfin, suivant l’exemple de Henri II, le duc arbore une perle à son oreille gauche.
Comme pour l’ensemble de ses courtisans, le roi confia l’iconographie de son favori à François Clouet, portraitiste officiel de la famille royale. Il en subsiste deux dessins aux contours identiques, réalisés vers 1547 et 1555 (Chantilly, musée Condé, inv. MN 76 ; Rotterdam, Museum Boijmans van Beuningen, inv. 2954, fol. 3 vo), ainsi qu’un tableau tiré du second crayon (Musée du Louvre, inv. 3267). Guise y apparaît mélancolique, le regard dirigé hors du cadre. Il faut probablement attribuer au duc lui-même la décision de renouveler profondément son image peu après car c’est un prince volontaire et résolument martial qui fixe le spectateur dans une grande plaque d’émail de Léonard Limosin datée de 1557 (Louvre, inv. N1255), ainsi que dans les recueils dessinés créés à cette époque. Si le dessin préparatoire n’est plus localisé, il n’y a guère de doute que Clouet devait en être l’auteur. Notre œuvre reprend la même effigie en vieillissant légèrement les traits du prince et en mettant le vêtement au goût du début des années 1560. Jusqu’à la redécouverte de notre panneau, on connaissait cette effigie par une version dessinée anonyme (BnF Est. Na 22 rés.) et deux répliques peintes conservées au château de Beauregard et à l’administration communale de Molenbeek-Saint-Jean (inv. 315). Ici, la maîtrise des glacis, le modelé sculptural du visage, la finesse des carnations accusent une main savante et sûre d’un grand artiste, très certainement Clouet lui-même, tandis qu’une certaine sècheresse dans le rendu des cheveux et la minutie remarquable des détails vestimentaires font penser à l’intervention de Jean Decourt, peintre en titre de Marie Stuart, collaborateur régulier de Clouet et son futur successeur auprès du roi.

Nous remercions Alexandra Zvereva pour la rédaction de cette notice.

More from Maîtres Anciens, Peinture - Sculpture

View All
View All