Lot Essay
Le thème du cabinet du collectionneur est né en Flandres au début du XVIIe siècle où il devient rapidement un sujet prisé par les amateurs d’art. Frans Francken le Jeune s’illustra largement dans ce thème qui consistait à mettre en scène des tableaux, sculptures et autres objets de curiosité dans une galerie, pour les offrir à la contemplation du propriétaire et de ses hôtes. Le tableau que nous présentons en est ici le parfait exemple, révélant au spectateur une grande diversité d’œuvres d’art, sélectionnées tant pour leur caractère esthétique que pour leur rareté. La composition est inspirée d’une œuvre originale du maître, signée et conservée à Munich parmi les collections d’Etat bavarois (inv. no. 1988). Dans notre tableau, on observe le même assemblage d’œuvres à l’exception de la Vierge à l’Enfant avec sainte Anne et saint Jean-Baptiste qui a cédé la place à une Adoration des Mages rappelant l’œuvre de Rubens. Les autres peintures nous évoquent également le travail de Jan Brueghel, Gysbrecht Leytens et Joos de Momper pour les paysages, Pieter Brueghel pour les tondi avec les profils de paysans, ou encore Adam Willaerts pour la marine. Notons qu’il existe une variante autographe de cette composition, conservée à Rome, au Palazzo Barberini (inv. no. 1332) (voir U. Härting, Frans Francken der Jüngere (1581-1642), Die Gemälde mit kritischem Oeuvrekatalog, Düsseldorf, 1989, p.371, nos. 450 et 451). Les compositions de Frans Francken II ont donné lieu à de nombreuses versions d’atelier réalisées, pour certaines, par son fils, Frans Francken III.
Tenant davantage de l’église ou du palais, avec un décor articulé autour d’un tableau religieux en majesté, le cabinet d’amateur invite à une réflexion spirituelle et intellectuelle, une approche humaniste en contradiction évidente avec les personnages costumés à tête d’âne à droite qui s’emploient à détruire des œuvres d’art et des instruments de musique. Cette scène théâtrale doit être interprétée comme une allégorie de l’iconoclasme, pied de nez de l’artiste anversois, et probablement catholique, au mouvement protestant qui associait au XVIe siècle la vénération à l’idolâtrie, incitant à la destruction massive des images religieuses.
Tenant davantage de l’église ou du palais, avec un décor articulé autour d’un tableau religieux en majesté, le cabinet d’amateur invite à une réflexion spirituelle et intellectuelle, une approche humaniste en contradiction évidente avec les personnages costumés à tête d’âne à droite qui s’emploient à détruire des œuvres d’art et des instruments de musique. Cette scène théâtrale doit être interprétée comme une allégorie de l’iconoclasme, pied de nez de l’artiste anversois, et probablement catholique, au mouvement protestant qui associait au XVIe siècle la vénération à l’idolâtrie, incitant à la destruction massive des images religieuses.