Lot Essay
Cet enfant paré de ses plus beaux atours et renversant maladroitement sa cuillère est le Duc de Montpensier (1747-1793). Son expression distraite est traduite avec tendresse par François Boucher qui s’est amusé à opposer la richesse d’un vêtement princier à la moue ordinaire d’un enfant lassé de prendre la pose.
Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, de son nom complet, se destinait à une vie mouvementée, reflétant les tensions de son siècle. Très enclin aux idées neuves de la monarchie anglaise, il s’était régulièrement et ouvertement opposé au Roi, faisant de sa demeure parisienne du Palais Royal, un véritable « anti Versailles ». Sous la Révolution, il prit le pseudonyme de Philippe-Egalité pour siéger à la Convention nationale qui refusait les noms de titre. Son destin s’arrêta brutalement en 1793 quand le tribunal révolutionnaire vota sa mise à mort après une suspicion de collaboration à un coup d’Etat. Il fut guillotiné peu de temps après avoir voté la mort de son propre cousin, le roi Louis XVI.
Avant les années douloureuses de la Terreur, ce membre de la branche cadette des Rois de France, allait être peint à deux reprises par François Boucher. Notre version semble être la première des deux et ainsi former l’ébauche du grand tableau conservé au Waddesdon Manor (Angleterre, Buckinghamshire) représentant l’enfant en pied (voir A. Ananoff, François Boucher, Paris, 1976, n°332). La présence du hochet et de la bouillie (absents du tableau de Waddesdon) pour divertir l’enfant pendant la séance de peinture semble corroborer cette hypothèse d’un tableau pris sur le vif. Alastair Laing suggère également qu’une mention singulière dans un ouvrage de Lady Dilke se rapporterait à notre tableau : « (…) ce superbe bébé, portant un bonnet aussi bleu que ses yeux (dans la collection de M. Jacques Doucet) au dos duquel est écrit « fait en deux heures »1. écrivait-elle en 1899 (voir notes supra). L’inscription au revers de la toile d’origine n’est aujourd’hui plus lisible, mais rien n’empêche de penser que le tableau fut effectivement ébauché « en deux heures » par Boucher, avec d’éventuelles retouches par le peintre ensuite, expliquant l’aspect davantage « fini » du visage à la différence du bras ou des éléments de décors, plus simplement brossés.
La vente du comte de Curel en 1918 précisait que la toile avait été « mise au carré » et l’on constate en effet au-dessus de l’assiette sur la droite, ainsi qu’au-dessus du bonnet de l’enfant des traces d’anciennes pliures. Le format ovale, pas plus que cet ancien format carré ne paraissent être les formats d’origine de cette toile qui, toujours selon Laing, fut changé au grès des siècles, expliquant l’emplacement de la signature, inhabituellement proche du sujet.
Les portraits d’enfant sont assez rares dans l'oeuvre de Boucher, d’autant plus ceux dont on identifie les modèles. Pourtant le style rocaille du peintre et sa manière douce se prêtaient à merveille à l’exercice, rendant avec délicatesse les visages poupins et angéliques de l’enfance.
Nous remercions Alastair D. Laing et Françoise Joulie d’avoir confirmé l’attribution de notre portrait à François Boucher et pour les informations contenues dans cette notice.
1. « (…) the wonderful baby, in a bonnet as blue as its eyes (in the collection of M. Jacques Doucet) on the back of which he has written “fait en deux heures”.
Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, de son nom complet, se destinait à une vie mouvementée, reflétant les tensions de son siècle. Très enclin aux idées neuves de la monarchie anglaise, il s’était régulièrement et ouvertement opposé au Roi, faisant de sa demeure parisienne du Palais Royal, un véritable « anti Versailles ». Sous la Révolution, il prit le pseudonyme de Philippe-Egalité pour siéger à la Convention nationale qui refusait les noms de titre. Son destin s’arrêta brutalement en 1793 quand le tribunal révolutionnaire vota sa mise à mort après une suspicion de collaboration à un coup d’Etat. Il fut guillotiné peu de temps après avoir voté la mort de son propre cousin, le roi Louis XVI.
Avant les années douloureuses de la Terreur, ce membre de la branche cadette des Rois de France, allait être peint à deux reprises par François Boucher. Notre version semble être la première des deux et ainsi former l’ébauche du grand tableau conservé au Waddesdon Manor (Angleterre, Buckinghamshire) représentant l’enfant en pied (voir A. Ananoff, François Boucher, Paris, 1976, n°332). La présence du hochet et de la bouillie (absents du tableau de Waddesdon) pour divertir l’enfant pendant la séance de peinture semble corroborer cette hypothèse d’un tableau pris sur le vif. Alastair Laing suggère également qu’une mention singulière dans un ouvrage de Lady Dilke se rapporterait à notre tableau : « (…) ce superbe bébé, portant un bonnet aussi bleu que ses yeux (dans la collection de M. Jacques Doucet) au dos duquel est écrit « fait en deux heures »1. écrivait-elle en 1899 (voir notes supra). L’inscription au revers de la toile d’origine n’est aujourd’hui plus lisible, mais rien n’empêche de penser que le tableau fut effectivement ébauché « en deux heures » par Boucher, avec d’éventuelles retouches par le peintre ensuite, expliquant l’aspect davantage « fini » du visage à la différence du bras ou des éléments de décors, plus simplement brossés.
La vente du comte de Curel en 1918 précisait que la toile avait été « mise au carré » et l’on constate en effet au-dessus de l’assiette sur la droite, ainsi qu’au-dessus du bonnet de l’enfant des traces d’anciennes pliures. Le format ovale, pas plus que cet ancien format carré ne paraissent être les formats d’origine de cette toile qui, toujours selon Laing, fut changé au grès des siècles, expliquant l’emplacement de la signature, inhabituellement proche du sujet.
Les portraits d’enfant sont assez rares dans l'oeuvre de Boucher, d’autant plus ceux dont on identifie les modèles. Pourtant le style rocaille du peintre et sa manière douce se prêtaient à merveille à l’exercice, rendant avec délicatesse les visages poupins et angéliques de l’enfance.
Nous remercions Alastair D. Laing et Françoise Joulie d’avoir confirmé l’attribution de notre portrait à François Boucher et pour les informations contenues dans cette notice.
1. « (…) the wonderful baby, in a bonnet as blue as its eyes (in the collection of M. Jacques Doucet) on the back of which he has written “fait en deux heures”.