Alexander Calder (1898–1976)
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Alexander Calder (1898–1976)

Gouvernails rouges

Details
Alexander Calder (1898–1976)
Gouvernails rouges
signé des initiales et daté 'CA 67' (sur la base)
stabile - feuilles de métal, barre de fer et peinture
233.7 x 170.2 x 101.6 cm.
Réalisé en 1967.

signed with the artist's monogram and dated 'CA 67' (on the base)
standing mobile – sheet metal, rod and paint
92 x 67 x 40 in.
Executed in 1967.
Provenance
Galerie Maeght, Paris
Galería Barbié de Arte, Barcelone (acquis en 1976)
Collection privée, New York
Collection privée, Los Angeles (acquis en 1981)
Collection privée, New York
Jeffrey Loria & Co., New York
Collection privée (acquis en 1987)
Paul Haim (acquis en 1998)
Puis par descendance au propriétaire actuel
Exhibited
Nièvre, Château de Ratilly, Calder/Bazaine, juin-septembre 1970, No. 16 (illustré pp. 24-25).
Albi, Musée Toulouse-Lautrec, Alexander Calder, juin-septembre 1971, No. 9 (illustré).
New York, Gagosian Gallery, Masters of American Sculpture, novembre-décembre 1996.
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent. Lot transferred to an outside warehouse. Thank you for contacting our service Post Sale (Sandra Balzani - postsaleParis@christies.com +33 (0) 1 40 76 84 10) in order to organize the collection of your lot.

Brought to you by

Pierre Martin Vivier
Pierre Martin Vivier

Lot Essay

Cette œuvre est enregistrée dans les Archives de la Fondation Calder, New York, sous le No. A07381.

«Pourquoi l'art doit-il être statique? Vous regardez sans signification une abstraction, en sculpture ou en peinture, un arrangement de plans, sphères, noyaux passionant. Il serait parfait mais il est toujours immobile. La prochaine étape dans la sculpture, c'est le mouvement».
"Why must art be static? You look at an abstraction, sculptured or painted, an entirely exciting arrangement of planes, spheres, nuclei, entirely without meaning. It would be perfect, but it is always still. The next step in sculpture is motion."
Alexander Calder
« Vous voyez la nature et ensuite vous essayez de l’imiter »
“You see nature and then you try to emulate it”
Alexander Calder
« Je pense qu’à cette époque et pratiquement depuis lors, la notion de forme qui sous-tend mon travail reste le système de l’Univers, ou une partie de celui-ci. C’est en effet un modèle assez vaste avec lequel on peut composer »
“I think that at that time and practically ever since, the underlying sense of form in my work has been the system of the Universe, or part thereof. For that is a rather large model to work from”
Alexander Calder
« Tout comme on peut composer des couleurs ou des formes, on peut composer des mouvements »
“Just as one can compose colours, or forms, so one can compose motions”
Alexander Calder
Créée en 1967, Gouvernails rouges illustre à merveille les mobiles-stabiles d’Alexander Calder : un travail hybride composé d’une base sculpturale fixe autour de laquelle des éléments pivotent et tournent librement, dans un mouvement lyrique propre à l’univers de l’artiste. Les six « gouvernails rouges » de la présente œuvre sont suspendus à partir d’une flèche noire dont la base est large et triangulaire. Ils dansent doucement, ballotés par le vent tels des gouvernails de bateaux mus par les flots. D’une hauteur de plus de deux mètres, cette œuvre au volume impressionnant est emblématique des travaux ultérieurs de l’artiste. À partir des années 1950, il collabore avec des fonderies en France et aux États-Unis pour produire des sculptures toujours plus monumentales, dont beaucoup sont commandées en vue d’être présentées dans l’espace public : Cinq gouvernails (1964), en lien avec le présent, est ainsi exposée en plein air au Kemper Art Museum, à Saint-Louis, dans le Missouri. L’œuvre Gouvernails rouges affiche les soudures et les rivets inhérents à sa construction, en référence à la connotation maritime contenue dans son titre. Dans le même temps ces « gouvernails » deviennent élégants et biomorphiques — particulièrement lorsqu’ils prennent place dans un jardin. Ils rappellent une chute de pétales, de feuilles ou encore des ailes de papillons virevoltant dans l’air avec légèreté. À la Petite Escalère, dans un foisonnant dialogue entre sculpture et nature, l’œuvre prend vie au cœur de la verdure comme un arbre recouvert de fleurs exotiques.
Le travail de Calder est fortement influencé par son séjour dans le Paris de l’entre-deux-guerres au cours duquel il puise son inspiration dans l’atmosphère créative révolutionnaire de la ville : c’est là qu’il rencontre en 1928 le surréaliste Joan Miró avec lequel il nourrira une amitié indéfectible. En 1930, il fait une visite déterminante dans l’atelier de Piet Mondrian dont il admire les maquettes rectangulaires colorées qui ornent les murs. « Je lui ai soufflé que ce serait peut-être amusant de faire tourner ces rectangles sur eux-mêmes », se rappelle-t-il (A. Calder, Calder: An Autobiography with Pictures, New York, 1966, p. 113). Commencés peu après, les premiers mobiles de Calder — un terme proposé par Marcel Duchamp — sont des objets méditatifs et motorisés dont les éléments géométriques peuvent s’articuler « comme la chorégraphie d’un ballet ». (Citation de A. Calder dans The Painters Object, M. Evans, London, 1937, pp. 62–67). Au cours des décennies suivantes, il continue d’innover dans le domaine de la sculpture cinétique, l’art et la physique fusionnant harmonieusement dans ses explorations de la couleur, de la forme et du mouvement. Dans les années 1960, ses œuvres sont saluées à travers le globe et font l’objet d’importantes commandes pour différents lieux à l’échelle internationale. Du fait de leur caractère monumental, ses sculptures publiques permettent à son œuvre de côtoyer de nouveaux sommets et de s’orienter vers des configurations toujours plus complexes et impressionnantes. « Il y a eu comme un effet d’agrandissement dans mon travail, » explique Calder en 1960. « Il est vrai que je me suis plus ou moins éloigné des petits mobiles. Je les vois maintenant comme de simples jouets. La part d’ingénierie sur les grosses pièces est assez considérable… » (Citation d’A. Calder dans Alexander Calder 1898-1976, M. Prather, exh. cat. National Gallery of Art, Washington, D.C., 1998, p. 279).
Calder est l’un des premiers artistes américains à connaître le succès en Europe. Son art se nourrit de l’alliance entre les formes abstraites, les compositions audacieuses et les qualités cérébrales qui caractérisent l’avant-garde du Vieux Continent. Dénués de moteur, les éléments mobiles qui composent Gouvernails rouges obéissent aux lois du hasard — toute la force créatrice chère aux contemporains surréalistes de Calder. Cet aspect de son travail lui permet d’amener la sculpture moderniste vers de nouveaux horizons passionnants, jouant ingénieusement avec l’espace et les formes tout en explorant les rythmes changeants et imperceptibles de la nature.
Passionné par les mobiles de Calder, Jean-Paul Sartre leur trouve une dichotomie magique. Ils sont pour lui à la fois des objets statiques et des organismes vivants qui puisent leur énergie de leur environnement. Au-delà de l’aspect superficiel du divertissement qu’offre chaque œuvre en s’animant, il observe : « Ces mouvements qui ne visent qu’à plaire, qu’à enchanter nos yeux, ont pourtant un sens profond et comme métaphysique. C’est parce que ces mobiles doivent avoir une certaine source de mobilité. Autrefois, Calder les alimentait avec un moteur électrique. Il les abandonne à présent au milieu de la nature, dans un jardin, près d’une fenêtre ouverte, il les laisse vibrer au vent comme des harpes éoliennes. Ils se nourrissent de l’air, ils respirent, ils empruntent leur vitalité à la vie indistincte de l’atmosphère » (J-P. Sartre, Les Mobiles des Calder, dans Alexander Calder: Mobiles, Stabiles, Constellations, exh. cat. Galerie Louis Carré, Paris, 1946, pp. 6-19, trans. C. Turner). Dans son élément, niché dans un jardin secret, ses pétales de couleur virevoltant autour d’une haute tige noire, Gouvernails rouges incarne brillamment cette vision.

Created in 1967, Gouvernails rouges (Red rudders) is a sublime example of Alexander Calder’s mobile-stabiles: a hybrid work with a fixed, sculptural base from which mobile elements are free to pivot and rotate, introducing the lyrical motion that defines the artist’s practice. The six ‘red rudders’ of the present work are suspended from a central black spire with a broad, triangular foundation. They dance gently, swung by the wind like ships’ rudders through water. Standing well over two metres in height, the work’s impressive scale is typical of Calder’s later oeuvre. From the 1950s onwards he collaborated with foundries in France and the United States to produce ever-more monumental sculptures, many of which were commissioned as public artworks: a work related to the present, Five Rudders (1964), is displayed outdoors at the Kemper Art Museum, St. Louis, Missouri. Gouvernails rouges openly bears the welds and rivets integral to its construction, echoing the title’s maritime associations. At the same time – and especially when installed in a garden setting – the ‘rudders’ take on an elegant, biomorphic aspect, evoking falling petals, leaves, or the wings of butterflies as they sway lightly through the air. At La Petite Escalère, taking part in a rich dialogue between sculpture and nature, the work bloomed amid greenery like a tree of exotic flowers.
Calder’s practice was heavily informed by his sojourn in interwar Paris, where he imbibed the city’s revolutionary creative atmosphere: it was here in 1928 that he met the Surrealist Joan Miró, who would become a lifelong friend. In 1930, he made a seminal visit to Piet Mondrian’s studio, admiring the coloured rectangular maquettes that adorned the artist’s walls. ‘I suggested to Mondrian that perhaps it would be fun to make these rectangles oscillate’, he recalled (A. Calder, Calder: An Autobiography with Pictures, New York, 1966, p. 113). Begun shortly afterwards, Calder’s first mobiles – a term proposed by Marcel Duchamp – were meditative, motorized objects whose geometric components could be articulated ‘like the choreography in a ballet’ (A. Calder quoted in M. Evans (ed.), The Painter’s Object, London, 1937, pp. 62–67). Over the following decades, he would go on to break new ground for kinetic sculpture, seamlessly fusing art and physics in his explorations of colour, form, and motion. By the 1960s, his works had achieved worldwide acclaim, resulting in major commissions for sites around the world. The grand scale of his public sculptures drove his practice to new heights, giving rise to increasingly complex and dramatic configurations. ‘There has been an agrandissement in my work,’ Calder said in 1960. ‘It’s true that I’ve more or less retired from the smaller mobiles. I regard them as just fiddling. The engineering on the big objects is important...’ (A. Calder quoted in M. Prather, Alexander Calder 1898-1976, exh. cat. National Gallery of Art, Washington, D.C., 1998, p. 279).
Calder was one of the first American artists to see success in Europe. His art hinged on the marriage of abstract forms, bold compositions, and the cerebral qualities embraced by the continental avant-garde. Without motors, the shifting mobile elements of Gouvernails rouges are governed by chance – the creative force beloved of Calder’s Surrealist contemporaries. This aspect of his work allowed him to push Modernist sculpture into exciting new territory, playing ingeniously with space and shape while exploring the ever-changing and unseen rhythms of the natural world.
Jean-Paul Sartre was an enthusiast of Calder’s mobiles, and found within them a magical dichotomy. To him, they were both frozen objects and living organisms that drew power from their surroundings. Looking past the surface value of each work’s entertaining animation, he observed: ‘These movements that intend only to please, to enchant our eyes, have nonetheless a profound and, as it were, metaphysical meaning. This is because the mobiles have to have some source of mobility. In the past, Calder drove them with an electric motor. Now he abandons them in the wild: in a garden, by an open window he lets them vibrate in the wind like Aeolian harps. They feed on the air, breathe it and take their life from the indistinct life of the atmosphere’ (J. Sartre, ‘Les Mobiles des Calder’, in Alexander Calder: Mobiles, Stabiles, Constellations, exh. cat. Galerie Louis Carré, Paris, 1946, pp. 6-19, trans. C. Turner). At home in a secret garden, its petals of colour blossoming into motion round a tall black stem, Gouvernails rouges is a brilliant embodiment of this vision.

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