Zao Wou-Ki (1920-2013)
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Zao Wou-Ki (1920-2013)

31.07.68

Details
Zao Wou-Ki (1920-2013)
31.07.68
signé en Pinyin et signé ‘ZAO’ (en bas à droite); signé, titré et daté ‘ZAO WOU-KI "31.7.68"’ (au revers)
huile sur toile
73 x 92 cm.
Peint en 1968

signed in Pinyin and signed 'ZAO' (lower right); signed, titled and dated 'ZAO WOU-KI "31.7.68"' (on the reverse)
oil on canvas
28 ¾ x 36 ¼ in.
Painted in 1968
Provenance
Galerie de France, Paris.
Galerie At Home, Toulouse.
Galerie Protée, Toulouse.
Collection particulière, France (acquis auprès de celle-ci en 2003).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
J. Leymarie, Zao Wou-Ki, Paris, 1986, no. 406 (illustré p. 335).
P. Daix, Zao Wou-Ki, L’œuvre 1935-1993, Neuchâtel, 1994 (illustré en couleurs p. 112).
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.

Lot Essay

L'authenticité de cette œuvre a été confirmée par la Fondation Zao Wou-Ki. L'œuvre est accompagnée d'un certificat de l'artiste datant du 28 octobre 2003.

« Je peins ma propre vie mais je cherche aussi à peindre un espace invisible, celui du rêve, d’un lieu où l’on se sent toujours en harmonie, même dans des formes agitées de forces contraires. Chaque tableau, du plus petit au plus grand, est toujours un morceau de cet espace de rêve. »
Zao Wou-Ki
"I paint my own life but also seek to paint an invisible realm, that of dreams, of a place where one always feels in harmony, even in the restless shapes of opposing forces. Each work, from the smallest to the biggest, is always a piece of this dream space."

L’outremer se déverse, brossé de longs gestes dynamiques, et submerge partiellement 31.07.68. Sa partie supérieure se couvre d’écume, frémit et se déploie au cœur de la toile en flots agités de lignes éparses et dynamiques. Tantôt dense et appuyé, tantôt tracé dans un mouvement précipité, tantôt projeté sur la toile en dripping, le trait ne se ressemble jamais. Libre et dansant, agile, indomptable, il se brise, se diffuse et reprend à droite en d’épais aplats d’ébène. Au-dessus de l’agitation : le vide. Une respiration, enfin.
Tout, dans 31.07.68, rappelle l’hybridation de l’Orient et de l’Occident qui parcourt l’œuvre de Zao Wou-Ki. L’Orient, c’est sa Chine natale et la technique ancestrale codifiée de la peinture à l’encre sur soie. Sur la toile, cet héritage s’incarne par un sens de l’équilibre, rythmant les zones de vide et de plein avec harmonie. L’Occident, c’est la France, où le peintre s’installe en 1948 pour tirer les enseignements de l’art moderne et devenir par la suite une des figures de proue de la Seconde Ecole de Paris. Cet enseignement embrasse à la fois la tradition européenne de la peinture à l’huile et la liberté du geste et de la couleur propre à l’abstraction d’après-guerre.
La complexité de l’œuvre de Zao Wou-Ki ne saurait supporter une comparaison avec un paysage. Nulle description d’Océan, montagne, champ ou ciel n’a sa place dans le langage pictural de l’artiste à partir de la fin des années 1950. Zao nous éclaire dans son autobiographie : « je compris peu à peu que ce que je peignais ressemblait à ce qui se passait en moi. Je me surpris à imaginer, en regardant les tableaux terminés, qu’ils exprimaient de la colère, de la tranquillité ou de la violence puis de nouveau le calme ». A partir de 1958, ses titres de tableaux se muent en chiffres correspondant à la date d’achèvement des toiles, tel un journal intime où l’artiste peut afficher sans pudeur ses états d’âme. Les traits de pinceaux qui implosent, s’agitent, s’obscurcissent dans 31.07.68 sont ainsi la matérialisation des tourments du peintre en cette fin de décennie, marquée par les vicissitudes de la maladie mentale de sa belle épouse May. La surface picturale devient le lieu de son chaos intérieur.
Le génie du peintre réside toutefois dans sa capacité à transcender cette dimension intime. La révolution de Zao Wou-Ki, qui fusionne la spontanéité de la peinture occidentale avec la maîtrise de la calligraphie chinoise, explore les possibilités expressives qu’offre l’abstraction et ouvre un univers de la représentation inédit. Quatre ans plus tôt, Pierre Schneider avait d’ailleurs qualifié sa peinture d’ « univers liquide » où la couleur devient lumière. 31.07.68 nous en offre un fragment.

Ultramarine pours forth, brushed with long dynamic strokes, partially submerging 31.07.68. The surface is covered in spume, simmering and unfurling onto the heart of the painting in restless streams of sparse, dynamic lines. Sometimes dense and heavy, sometimes traced out in a hurried movement, other times projected and dripped onto the canvas, no stroke resembles another. Free, dancing, agile, indomitable, the stroke bends, disperses and picks up again at the right of the composition as thick blocks of ebony black. Above the agitation is emptiness. Breath, at last.
Everything in 31.07.68 calls to mind the blend of East and West that runs through Zao Wou-Ki's work. East is his native China and the academic scholarly technique of shanshui painting on silk. On the canvas, this heritage is embodied by a sense of balance and harmony, bringing rhythm to the composition. West is France where the painter settled in 1948 to study Modern Art, later becoming one of the figureheads of the Seconde Ecole de Paris. This teaching embraced both the European tradition of oil painting and the freedom of gesture and colour of Post-War Expressionism.
The complexity of Zao Wou-Ki's work cannot be reduced to bearing a comparison with a landscape. No depiction of an ocean, mountain, field, or sky is to be found in the artist's pictorial language in the end of the 1950s. Zao explained in his autobiography: "Gradually, I understood that what I was painting resembled what was happening inside of me. I caught myself imagining, as I looked at the finished paintings, that they expressed anger, tranquillity or violence then calm, once again." As of 1958, the titles of his works became numbers that marked the date at which they were accomplished, as in a diary in which the artist could, without reserve, express his state of mind. The brushstrokes that implode, twist and turn, and darken in 31.07.68 are thus the reflection of the painter's torment at the end of this decade, marked by the hardships of the mental illness of his wife, May. The pictorial surface became the scene of his inner chaos.
Yet the painter's genius resided in his ability to transcend this intimate dimension. Zao Wou-Ki's revolution, which would combine the spontaneity of Western painting with the mastery of Chinese calligraphy, exploring the expressive possibilities offered by Abstraction and opening up a world of unprecedented representation. Four years earlier, Pierre Schneider had in fact called his painting a "liquid universe" where colour becomes light. 31.07.68 offers us a piece of that universe.

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