Lot Essay
Nous remercions Dr Arta Valstar-Verhoff pour les informations communiquées à propos de cette œuvre.
Formé à Hanovre, Friedrich Vordemberge-Gildewart peint dès ses débuts dans un registre non-figuratif. Sa première œuvre véritablement abstraite date de 1922, période où l'Allemagne est un terreau fertile de l'avant-garde. En 1929, il fonde avec Hans Nitzschke le « Gruppe K » avant de devenir, sous l'impulsion de Kurt Schwitters, membre d'« Abstraction Hannover » aux côtés d'artistes comme Carl Buchmeister, Hans Nitzschke ou Rudolf Jahns. César Domela fera office, pour sa part, de représentant du mouvement à Berlin. Nitzschke et Vordemberge-Gildewart penchent plus nettement vers la pensée constructiviste que les autres peintres du groupe : Vordemberge-Gildewart s'inspire notamment de la vision d'El Lissitzky, lequel séjourne quelque temps à Hanovre, où il encourage les idées et les créations de son congénère allemand. La rencontre de Theo van Doesburg en 1922 sera elle aussi décisive pour sa carrière. On peine d'ailleurs à distinguer l'impact d'El Lissitzky et de van Doesburg sur l'œuvre de Vordemberge-Gildewart à partir de 1926-1927, tant leurs idées se rejoignent et se répondent. Contrairement à Lissitzky, van Doesburg émet toutefois de réelles exigences : il voudrait que Vordemberge-Gildewart prône dans son art et ses écrits les principes de l'élémentarisme – conception dont il est lui-même le représentant. Il tente même de convaincre le jeune peintre de rédiger un pamphlet et un manifeste, et l'implique dans les débats de la revue De Stijl. Or si les préceptes de van Doesburg l'impressionnent, Vordemberge-Gildewart ne partage guère son point de vue sur certaines théories – à propos de l'application de la couleur notamment. En 1925, l'Allemand donne une conférence dans laquelle il formule sa notion de « l'art absolu » (voir Antje von Graevenitz, in D. Helms, op. cit., p. 203-210). Pour Vordemberge-Gildewart, la thèse que développe Kandinsky dans Über das Geistige in der Kunst (Du Spirituel dans l'Art) n'est pas assez radicale : contrairement à son aîné, il estime que pour que l'art soit fondamentalement absolu, il ne doit avoir ni d'objet, ni de contenu, hormis la couleur et la forme, le contraste et l'espace. Il en conclut que « seule la forme domine, elle n'est pas faussée, et elle n'est plus en lien avec les phénomènes naturels ». Aux yeux de Vordemberge-Gildewart, l'œuvre d'art ne doit se référer qu'à elle-même.
Friedrich Vordemberge-Gildewart studied in Hannover and worked from the beginning as an abstract artist. His first real abstract work dates from 1922. In the early 1920's Germany was a centre of the avant-garde. In 1929 together with Hans Nitzschke, Vordemberge-Gildewart formed the "Gruppe K" and later on, on instigation of Kurt Schwitters he became member of the "Abstraction Hannover", together with artists like Carl Buchmeister, Hans Nitzschke, Rudolf Jahns. Cesar Domela was a corresponding member in Berlin. In their thinking Nitzschke and Vordemberge-Gildewart were the most constructivist of the group.
Vordemberge-Gildewart was inspired by El Lissitzky, who stayed in Hannover for a short period, and who would confirm Vordemberge-Gildewart's ideas and creations. His meeting with Theo van Doesburg in 1922 was another important mark in his artistic career. Because of the interaction of ideas between Lissitzky and Van Doesburg, it is difficult to disentangle the influence of both artists on Vordemberge-Gildewart after 1926-1927.
Unlike Lissitzky, Van Doesburg made real demands on Vordemberge-Gildewart: he wanted him to advocate in his work and writings the idea of elementary, which Van Doesburg already represented. He tried to persuade Vordemberge-Gildewart to produce leaflets and a manifesto. He also involved Vordemberge-Gildewart in his debates in the magazine of the Stijl movement. Although very impressed by Van Doesburg ideas, he thought fundamentally different about many theories, such as the application of colours.
In 1925 Friedrich Vordemberge-Gildewart gave a lecture in which he formulated his idea about "The Absolute Art". (See Antje von Graevenitz, in D. Helms, op. cit., p..203-210.) Kandinsky's thesis as formulated in "Uber das geistige in der Kunst" was not sufficient for him. Contrary to Kandinsky's view, genuine absolute art does not have a content. Vordemberge-Gildewart stated that for absolute art so-called content and object are totally impossible. He even regarded colour and form, contrast and space as the only content and his conclusion in the end was that "form alone is dominant, it is not dummy and it has no longer any contact with natural phenomena". A work of art only refers to itself.
Formé à Hanovre, Friedrich Vordemberge-Gildewart peint dès ses débuts dans un registre non-figuratif. Sa première œuvre véritablement abstraite date de 1922, période où l'Allemagne est un terreau fertile de l'avant-garde. En 1929, il fonde avec Hans Nitzschke le « Gruppe K » avant de devenir, sous l'impulsion de Kurt Schwitters, membre d'« Abstraction Hannover » aux côtés d'artistes comme Carl Buchmeister, Hans Nitzschke ou Rudolf Jahns. César Domela fera office, pour sa part, de représentant du mouvement à Berlin. Nitzschke et Vordemberge-Gildewart penchent plus nettement vers la pensée constructiviste que les autres peintres du groupe : Vordemberge-Gildewart s'inspire notamment de la vision d'El Lissitzky, lequel séjourne quelque temps à Hanovre, où il encourage les idées et les créations de son congénère allemand. La rencontre de Theo van Doesburg en 1922 sera elle aussi décisive pour sa carrière. On peine d'ailleurs à distinguer l'impact d'El Lissitzky et de van Doesburg sur l'œuvre de Vordemberge-Gildewart à partir de 1926-1927, tant leurs idées se rejoignent et se répondent. Contrairement à Lissitzky, van Doesburg émet toutefois de réelles exigences : il voudrait que Vordemberge-Gildewart prône dans son art et ses écrits les principes de l'élémentarisme – conception dont il est lui-même le représentant. Il tente même de convaincre le jeune peintre de rédiger un pamphlet et un manifeste, et l'implique dans les débats de la revue De Stijl. Or si les préceptes de van Doesburg l'impressionnent, Vordemberge-Gildewart ne partage guère son point de vue sur certaines théories – à propos de l'application de la couleur notamment. En 1925, l'Allemand donne une conférence dans laquelle il formule sa notion de « l'art absolu » (voir Antje von Graevenitz, in D. Helms, op. cit., p. 203-210). Pour Vordemberge-Gildewart, la thèse que développe Kandinsky dans Über das Geistige in der Kunst (Du Spirituel dans l'Art) n'est pas assez radicale : contrairement à son aîné, il estime que pour que l'art soit fondamentalement absolu, il ne doit avoir ni d'objet, ni de contenu, hormis la couleur et la forme, le contraste et l'espace. Il en conclut que « seule la forme domine, elle n'est pas faussée, et elle n'est plus en lien avec les phénomènes naturels ». Aux yeux de Vordemberge-Gildewart, l'œuvre d'art ne doit se référer qu'à elle-même.
Friedrich Vordemberge-Gildewart studied in Hannover and worked from the beginning as an abstract artist. His first real abstract work dates from 1922. In the early 1920's Germany was a centre of the avant-garde. In 1929 together with Hans Nitzschke, Vordemberge-Gildewart formed the "Gruppe K" and later on, on instigation of Kurt Schwitters he became member of the "Abstraction Hannover", together with artists like Carl Buchmeister, Hans Nitzschke, Rudolf Jahns. Cesar Domela was a corresponding member in Berlin. In their thinking Nitzschke and Vordemberge-Gildewart were the most constructivist of the group.
Vordemberge-Gildewart was inspired by El Lissitzky, who stayed in Hannover for a short period, and who would confirm Vordemberge-Gildewart's ideas and creations. His meeting with Theo van Doesburg in 1922 was another important mark in his artistic career. Because of the interaction of ideas between Lissitzky and Van Doesburg, it is difficult to disentangle the influence of both artists on Vordemberge-Gildewart after 1926-1927.
Unlike Lissitzky, Van Doesburg made real demands on Vordemberge-Gildewart: he wanted him to advocate in his work and writings the idea of elementary, which Van Doesburg already represented. He tried to persuade Vordemberge-Gildewart to produce leaflets and a manifesto. He also involved Vordemberge-Gildewart in his debates in the magazine of the Stijl movement. Although very impressed by Van Doesburg ideas, he thought fundamentally different about many theories, such as the application of colours.
In 1925 Friedrich Vordemberge-Gildewart gave a lecture in which he formulated his idea about "The Absolute Art". (See Antje von Graevenitz, in D. Helms, op. cit., p..203-210.) Kandinsky's thesis as formulated in "Uber das geistige in der Kunst" was not sufficient for him. Contrary to Kandinsky's view, genuine absolute art does not have a content. Vordemberge-Gildewart stated that for absolute art so-called content and object are totally impossible. He even regarded colour and form, contrast and space as the only content and his conclusion in the end was that "form alone is dominant, it is not dummy and it has no longer any contact with natural phenomena". A work of art only refers to itself.