Lot Essay
Flottant dans une immensité bleue, des lignes délicates, des formes fantasques et des taches de couleur abstraites jaillissent de cette composition poétique de Miró. Réalisée en 1927, Peinture appartient au célèbre cycle des « tableaux de rêve » ou « oniriques » que l'artiste entame à Paris en 1925. Décidé à s'émanciper de toute référence au monde extérieur, Miró cherche à traduire à la peinture son univers intime et subconscient à travers ces œuvres chimériques. Ou comment toucher à ce qu'il décrit comme « les étincelles dorées de notre âme » (Miró, cité in M. Rowell, éd., Joan Miró: Selected Writings and Interviews, Londres, 1987, p. 83). Sur des arrière-plans monochromes, d'abord bleus, puis blancs, le Catalan déploie au fil de cet ensemble un vocabulaire plastique profondément personnel, constitué de symboles librement imaginés qui insuffle une dimension aérienne et féérique.
Miró se lance dans ses œuvres oniriques tandis qu'il vit et travaille au 45 rue Blomet, à Paris. Entouré d'artistes et de poètes, dont Michel Leiris, Robert Desnos ou son voisin d'atelier André Masson, l'artiste baigne dans un contexte effervescent qui le pousse à rompre avec le réalisme et les codes de l'art traditionnel, pour s'aventurer vers une approche inédite de la peinture. Il saluera plus tard cette période de sa carrière : « Le fait de me retrouver avec tous les poètes m'a ouvert de nouvelles portes, et m'a aidé à aller au-delà du fait plastique, au-delà de la peinture : cela m'a été très, très précieux. La rue Blomet a été d'une importance primordiale pour moi, pour ma vie et pour mon œuvre, grâce à tout ce temps que j'ai pu passer à Paris avec des poètes, et surtout avec des écrivains » (Miró, cité in M.A. Caws, ‘Surrealism and the rue Blomet’, in Surrealism and the rue Blomet, cat. exp., New York, 2013, p. 15).
Inspiré par l'écriture automatique de ses contemporains et les premiers balbutiements du surréalisme, mais aussi par des visions hallucinatoires provoquées par la faim, Miró commence à peindre dans un langage abstrait, libre et spontané, composé de formes et de signes invraisemblables. « Les symboles d'une écriture imaginaire sont apparus dans mon œuvre. Je peignais sans préméditation, comme sous l'emprise d'un rêve. Je réunissais réalité et mystère dans un espace sans contraintes... Ce n'était plus le rêve qui dictait mon art, je créais mes propres rêves à travers mes tableaux... Je m'évadais dans l'absolu de la nature » (Miró, cité in M. Rowell, op. cit., p. 264). Plongées dans un vide intersidéral, les allégories visuelles que Miró invente au gré de sa fantaisie dégagent une force énigmatique. Peinture ne donne à voir que quelques éléments : une forme noire intrigante, des vagues rouges et jaunes, et une convergence de lignes délicates qui viennent former une étoile. Avec cette parcimonie de moyens, l'artiste parvient à communiquer un mystère poétique – vision illusoire au cœur d'une vastitude bleue. Forte de sa spontanéité d'exécution et de son imagerie lyrique et gracieuse, Peinture illustre parfaitement le désir que Miró avait de transcender les conventions de la peinture pour s'éveiller à un nouveau territoire plastique, affranchi de tout mimétisme.
Against an endless, ethereal blue background, delicate lines, whimsical forms and abstract patches of colour emerge in Joan Miró’s poetic Peinture. Painted in 1927, the present work belongs to Miró’s radical and much celebrated series of "oneiric" or "dream" paintings, which the artist began in Paris in 1925. Seeking to eliminate references to the external world, with these dream paintings Miró sought to channel a subconscious, interior world onto his canvases, so as to explore what he once described as, "all the golden sparks of our souls" (Miró, quoted in M. Rowell, ed., Joan Miró, Selected Writings and Interviews, London, 1987, p. 83). Against a monochrome background of first blue and later white, Miró deployed a highly individual pictorial idiom that consisted of freely invented signs, which imbue these works with a celestial, otherworldly quality.
Miró began his dream paintings while living and working at 45, rue Blomet in Paris. Surrounded by a circle of artists and poets, including André Masson, who had a studio next to Miró, Michel Leiris and Robert Desnos, the artist found himself in the midst of an intensely fertile creative environment, which inspired him to move away from realism and traditional pictorial convention, towards a new form of painting. Miró later reflected on this critical moment in his career, "Then, being with all the poets opened new doors for me, helping me go past the plastic pictorial fact, to go beyond painting: that was very, very important. Rue Blomet, for me that is something crucial in my life and in my work, because of the time I was able to spend in Paris, with poets, above all with writers" (Miró, quoted in M.A. Caws, ‘Surrealism and the rue Blomet’, in Surrealism and the rue Blomet, exh. cat., New York, 2013, p. 15). Inspired by the automatic poetry of his peers, the nascent Surrealist movement, and the dream-like, hallucinatory visions that he was experiencing due to extreme hunger, Miró started to paint with a new, unpremeditated and unconstrained abstract imagery composed of signs and forms. The artist explained,
"the signs of an imaginary writing appeared in my work. I painted without premeditation, as if under the influence of a dream. I combined reality and mystery in a space that had been set free… I was no longer subjected to dream-dictation, I created my dreams through my paintings… I escaped into the absolute of nature" (Miró, quoted in M. Rowell, ed., op. cit., p. 264). Set within an empty abyss, Miró’s freely invented signs and forms take on an enigmatic visual power. Peinture consists of just a few element: a resonating black element, waves of yellow et redcolour, and a graceful conversion of delicate lines that coalesce into a star image. With this sparsity of means, Miró is able to communicate a poetic mystery, creating a dream-like vision set within an endless blue void. With its elegant, lyrical forms and spontaneity of execution, Peinture encapsulates Miró’s desire to transcend the conventions of painting to realise a revelatory visual form free from realistic imitation.
Miró se lance dans ses œuvres oniriques tandis qu'il vit et travaille au 45 rue Blomet, à Paris. Entouré d'artistes et de poètes, dont Michel Leiris, Robert Desnos ou son voisin d'atelier André Masson, l'artiste baigne dans un contexte effervescent qui le pousse à rompre avec le réalisme et les codes de l'art traditionnel, pour s'aventurer vers une approche inédite de la peinture. Il saluera plus tard cette période de sa carrière : « Le fait de me retrouver avec tous les poètes m'a ouvert de nouvelles portes, et m'a aidé à aller au-delà du fait plastique, au-delà de la peinture : cela m'a été très, très précieux. La rue Blomet a été d'une importance primordiale pour moi, pour ma vie et pour mon œuvre, grâce à tout ce temps que j'ai pu passer à Paris avec des poètes, et surtout avec des écrivains » (Miró, cité in M.A. Caws, ‘Surrealism and the rue Blomet’, in Surrealism and the rue Blomet, cat. exp., New York, 2013, p. 15).
Inspiré par l'écriture automatique de ses contemporains et les premiers balbutiements du surréalisme, mais aussi par des visions hallucinatoires provoquées par la faim, Miró commence à peindre dans un langage abstrait, libre et spontané, composé de formes et de signes invraisemblables. « Les symboles d'une écriture imaginaire sont apparus dans mon œuvre. Je peignais sans préméditation, comme sous l'emprise d'un rêve. Je réunissais réalité et mystère dans un espace sans contraintes... Ce n'était plus le rêve qui dictait mon art, je créais mes propres rêves à travers mes tableaux... Je m'évadais dans l'absolu de la nature » (Miró, cité in M. Rowell, op. cit., p. 264). Plongées dans un vide intersidéral, les allégories visuelles que Miró invente au gré de sa fantaisie dégagent une force énigmatique. Peinture ne donne à voir que quelques éléments : une forme noire intrigante, des vagues rouges et jaunes, et une convergence de lignes délicates qui viennent former une étoile. Avec cette parcimonie de moyens, l'artiste parvient à communiquer un mystère poétique – vision illusoire au cœur d'une vastitude bleue. Forte de sa spontanéité d'exécution et de son imagerie lyrique et gracieuse, Peinture illustre parfaitement le désir que Miró avait de transcender les conventions de la peinture pour s'éveiller à un nouveau territoire plastique, affranchi de tout mimétisme.
Against an endless, ethereal blue background, delicate lines, whimsical forms and abstract patches of colour emerge in Joan Miró’s poetic Peinture. Painted in 1927, the present work belongs to Miró’s radical and much celebrated series of "oneiric" or "dream" paintings, which the artist began in Paris in 1925. Seeking to eliminate references to the external world, with these dream paintings Miró sought to channel a subconscious, interior world onto his canvases, so as to explore what he once described as, "all the golden sparks of our souls" (Miró, quoted in M. Rowell, ed., Joan Miró, Selected Writings and Interviews, London, 1987, p. 83). Against a monochrome background of first blue and later white, Miró deployed a highly individual pictorial idiom that consisted of freely invented signs, which imbue these works with a celestial, otherworldly quality.
Miró began his dream paintings while living and working at 45, rue Blomet in Paris. Surrounded by a circle of artists and poets, including André Masson, who had a studio next to Miró, Michel Leiris and Robert Desnos, the artist found himself in the midst of an intensely fertile creative environment, which inspired him to move away from realism and traditional pictorial convention, towards a new form of painting. Miró later reflected on this critical moment in his career, "Then, being with all the poets opened new doors for me, helping me go past the plastic pictorial fact, to go beyond painting: that was very, very important. Rue Blomet, for me that is something crucial in my life and in my work, because of the time I was able to spend in Paris, with poets, above all with writers" (Miró, quoted in M.A. Caws, ‘Surrealism and the rue Blomet’, in Surrealism and the rue Blomet, exh. cat., New York, 2013, p. 15). Inspired by the automatic poetry of his peers, the nascent Surrealist movement, and the dream-like, hallucinatory visions that he was experiencing due to extreme hunger, Miró started to paint with a new, unpremeditated and unconstrained abstract imagery composed of signs and forms. The artist explained,
"the signs of an imaginary writing appeared in my work. I painted without premeditation, as if under the influence of a dream. I combined reality and mystery in a space that had been set free… I was no longer subjected to dream-dictation, I created my dreams through my paintings… I escaped into the absolute of nature" (Miró, quoted in M. Rowell, ed., op. cit., p. 264). Set within an empty abyss, Miró’s freely invented signs and forms take on an enigmatic visual power. Peinture consists of just a few element: a resonating black element, waves of yellow et redcolour, and a graceful conversion of delicate lines that coalesce into a star image. With this sparsity of means, Miró is able to communicate a poetic mystery, creating a dream-like vision set within an endless blue void. With its elegant, lyrical forms and spontaneity of execution, Peinture encapsulates Miró’s desire to transcend the conventions of painting to realise a revelatory visual form free from realistic imitation.