Lot Essay
Le Comité Marc Chagall a confirmé l'authenticité de cette oeuvre.
« Si je crée avec mon cœur, à peu près tout fonctionne. Si c'est avec ma tête, presque rien » (Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, éd., Chagall: A Retrospective, cat. exp., New York, 1995, p. 16).
Peint en 1974, Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk date d'une période particulièrement prolifique de la carrière de Marc Chagall. Déjà largement considéré comme l'un des plus grands artistes de son temps, il mène alors une existence paisible dans le sud de la France. Inspirée par ce climat de plénitude et les recherches récentes qu'il a menées sur différents supports – notamment la mosaïque et le vitrail –, sa peinture va connaître un regain de créativité. À cette époque, Chagall revient sur certains des thèmes les plus emblématiques et les plus personnels de son œuvre. Si la peinture a toujours été un moyen pour lui d'exprimer son univers intérieur et de coucher sur la toile ses souvenirs, ses passions et ses sentiments de manière fantasque et intuitive, Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk perpétue cette tradition. Ici, Chagall pose sa scène flamboyante dans l'un de ses décors privilégiés : Vitebsk, sa ville natale, située dans l'actuelle Biélorussie. Il choisit ce cadre pour célébrer, entre autres, la joie, l'amour et la sérénité de sa vie dans le Midi auprès de sa seconde femme, Valentina Brodsky (« Vava »). En témoigne la présence de plusieurs de ses motifs de prédilection, comme le bouquet aux couleurs vives, les mariés, la lune, le coq et le violoniste éponyme, qui semblent flotter comme par enchantement dans une éclatante lumière rouge orangée. Chacun incarne un symbole bien précis du répertoire visuel de Chagall : la lune, les fleurs et les amants représentent l'amour, tandis que le coq évoque la virilité et la nature primaire, tout en renvoyant à l'enfance de l'artiste à Vitebsk. Autre personnage récurrent de son œuvre, le violoniste symbolise quant à lui la gaieté et la fête, ainsi que les racines juives orthodoxes du peintre – souvenir des quartiers juifs de Vitebsk où la musique, omniprésente, retentissait au rythme des cérémonies religieuses, des processions et des noces. À l'heure d'élucider la persistance de ses leitmotivs, Chagall se compare à l'écrivain : « Les poètes utilisent toujours les mêmes lettres, mais en tirent constamment de nouveaux mots » (Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, Marc Chagall: 1887 – 1985, Cologne et New York, 1998, p. 269). Ses talents artistiques et son imagination fertile veilleront toutefois à ce que la répétition de ces éléments ne soit jamais monotone. De composition en composition, chacune de leurs apparitions s'avère au contraire unique et enrichissante.
Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk atteste une maîtrise virtuose de la couleur, la surface prenant vie au gré des tonalités fortes et pures qu'y applique l'artiste. Pour Chagall, le pigment est « le pouls d'une œuvre d'art » (Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, op. cit., p. 180) ; aussi, son utilisation audacieuse de la couleur durant cette période en fait l'un des éléments centraux de sa production à Saint-Paul-de-Vence. Dans cette peinture débordante de vie, l'intensité des nuances rouges, orange et jaunes infuse la scène d'une énergie et d'une ardeur inédites. Le geste, lui, est souple et enlevé, rythmé par des coups de pinceau spontanés dont les traces courent légèrement le long de la toile. La dimension onirique du tableau n'en est que plus forte : les figures semblent émaner de la brume, comme pour signifier leur appartenance au royaume imaginaire du peintre. En mettant l'accent sur le caractère surréel et vaporeux de sa vision, Chagall épaissit encore un peu le mystère et la théâtralité de cette œuvre qui mêle comme dans un rêve les éléments de son passé et de son présent. Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk exalte ainsi fabuleusement les liens affectifs entre l'artiste et son épouse, son foyer et sa jeunesse, à travers une composition radieuse et saisissante.
"If I create from the heart, nearly everything works; if from the head, almost nothing".
M. gall, quoted in J. Baal-Teshuva, ed., Chagall: A Retrospective, exh. cat., New York, 1995, p. 16.
Painted in 1974, Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk dates from one of the most prolific periods in Marc Chagall’s career, at a time when he was considered to be one of the greatest living artists in the world. The stability and contentment he felt in his personal life, combined with recent experiments in a diverse array of media including mosaic and stained glass, had inspired a renewed impetus in the artist’s painting, and drove him to revisit some of the highly personal themes which had occupied his art for decades. For Chagall, painting had always been a medium through which to express the internal world of his imagination, recording his memories, passions and emotions on canvas in a fantastical, anti-rational manner. Violoniste continues this tradition, by recreating an imaginary fiery scene set in Vitebsk, his beloved hometown in What is now known as Belarus, a cityscape that repetitively appears throughout his oeuvre. Furthermore, in the present work, Chagall also celebrates the happiness, love and contentment that he felt living in the South of France with his second wife, Valentina Brodsky (‘Vava’), by including several of his favorite leit motivs such as the vibrant flower bouquet, the married couple, the moon, the cockerel and the violinist himself, that all seem to magically float in a dazzling warm red-orange light and that all refer to specific symbols in Chagall’s visual language. The moon, flowers and lovers represent romance and love, whilst the cockerel recalls Chagall’s upbringing in Vitebsk but also stands as a symbol of virility and primordial nature. The violinist was a recurring figure in Chagall’s art, rooted in his Hasidic Jewish upbringing in Russia, particularly in Vitebsk, where music was an integral component in local religious processions, feast days, community celebrations and weddings. Chagall associated the character with joy, happiness and celebration, and the violinist gradually became an emblematic motif in his art. Discussing his use of these symbolic leitmotifs, Chagall compared himself to a writer, explaining: ‘Poets always use the same letters, but out of them they constantly recreate different words’ (M. Chagall, quoted in J. Baal-Teshuva, Marc Chagall, Cologne & New York, 1998, p. 269). Chagall’s imagination and artistic skills ensured that the recurrence of these motifs was never repetitive, and instead offered something new and unique in each composition.
Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk demonstrates Chagall’s masterful use of colour, as the surface of the canvas comes alive with the artist’s use of vibrant primary paint. Chagall believed colour to be ‘the pulse of a work of art’ (M. Chagall, quoted in J. Baal-Teshuva, op. cit., p. 180), and his bold approach to this element became one of the central features of his work from Saint-Paul de Vence. In this lively painting the intensity of the red, orange and yellow hues give the composition a new energy and sense of life. The handling of paint, meanwhile, is light and loose, with soft, free brushwork visible across the canvas. This enhances the dreamlike quality of the scene, as the figures appear to emerge from the mist, indicating their place as figments of the artist’s imagination. By emphasising the ethereal and surreal nature of the scene, Chagall underlines the mystery and drama of his painting. In its dreamlike atmosphere and fusion of elements from his past and present, Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk captures the artist’s emotional connection to his wife, his home, and his past in a striking and captivating imaginative composition.
« Si je crée avec mon cœur, à peu près tout fonctionne. Si c'est avec ma tête, presque rien » (Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, éd., Chagall: A Retrospective, cat. exp., New York, 1995, p. 16).
Peint en 1974, Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk date d'une période particulièrement prolifique de la carrière de Marc Chagall. Déjà largement considéré comme l'un des plus grands artistes de son temps, il mène alors une existence paisible dans le sud de la France. Inspirée par ce climat de plénitude et les recherches récentes qu'il a menées sur différents supports – notamment la mosaïque et le vitrail –, sa peinture va connaître un regain de créativité. À cette époque, Chagall revient sur certains des thèmes les plus emblématiques et les plus personnels de son œuvre. Si la peinture a toujours été un moyen pour lui d'exprimer son univers intérieur et de coucher sur la toile ses souvenirs, ses passions et ses sentiments de manière fantasque et intuitive, Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk perpétue cette tradition. Ici, Chagall pose sa scène flamboyante dans l'un de ses décors privilégiés : Vitebsk, sa ville natale, située dans l'actuelle Biélorussie. Il choisit ce cadre pour célébrer, entre autres, la joie, l'amour et la sérénité de sa vie dans le Midi auprès de sa seconde femme, Valentina Brodsky (« Vava »). En témoigne la présence de plusieurs de ses motifs de prédilection, comme le bouquet aux couleurs vives, les mariés, la lune, le coq et le violoniste éponyme, qui semblent flotter comme par enchantement dans une éclatante lumière rouge orangée. Chacun incarne un symbole bien précis du répertoire visuel de Chagall : la lune, les fleurs et les amants représentent l'amour, tandis que le coq évoque la virilité et la nature primaire, tout en renvoyant à l'enfance de l'artiste à Vitebsk. Autre personnage récurrent de son œuvre, le violoniste symbolise quant à lui la gaieté et la fête, ainsi que les racines juives orthodoxes du peintre – souvenir des quartiers juifs de Vitebsk où la musique, omniprésente, retentissait au rythme des cérémonies religieuses, des processions et des noces. À l'heure d'élucider la persistance de ses leitmotivs, Chagall se compare à l'écrivain : « Les poètes utilisent toujours les mêmes lettres, mais en tirent constamment de nouveaux mots » (Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, Marc Chagall: 1887 – 1985, Cologne et New York, 1998, p. 269). Ses talents artistiques et son imagination fertile veilleront toutefois à ce que la répétition de ces éléments ne soit jamais monotone. De composition en composition, chacune de leurs apparitions s'avère au contraire unique et enrichissante.
Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk atteste une maîtrise virtuose de la couleur, la surface prenant vie au gré des tonalités fortes et pures qu'y applique l'artiste. Pour Chagall, le pigment est « le pouls d'une œuvre d'art » (Chagall, cité in J. Baal-Teshuva, op. cit., p. 180) ; aussi, son utilisation audacieuse de la couleur durant cette période en fait l'un des éléments centraux de sa production à Saint-Paul-de-Vence. Dans cette peinture débordante de vie, l'intensité des nuances rouges, orange et jaunes infuse la scène d'une énergie et d'une ardeur inédites. Le geste, lui, est souple et enlevé, rythmé par des coups de pinceau spontanés dont les traces courent légèrement le long de la toile. La dimension onirique du tableau n'en est que plus forte : les figures semblent émaner de la brume, comme pour signifier leur appartenance au royaume imaginaire du peintre. En mettant l'accent sur le caractère surréel et vaporeux de sa vision, Chagall épaissit encore un peu le mystère et la théâtralité de cette œuvre qui mêle comme dans un rêve les éléments de son passé et de son présent. Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk exalte ainsi fabuleusement les liens affectifs entre l'artiste et son épouse, son foyer et sa jeunesse, à travers une composition radieuse et saisissante.
"If I create from the heart, nearly everything works; if from the head, almost nothing".
M. gall, quoted in J. Baal-Teshuva, ed., Chagall: A Retrospective, exh. cat., New York, 1995, p. 16.
Painted in 1974, Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk dates from one of the most prolific periods in Marc Chagall’s career, at a time when he was considered to be one of the greatest living artists in the world. The stability and contentment he felt in his personal life, combined with recent experiments in a diverse array of media including mosaic and stained glass, had inspired a renewed impetus in the artist’s painting, and drove him to revisit some of the highly personal themes which had occupied his art for decades. For Chagall, painting had always been a medium through which to express the internal world of his imagination, recording his memories, passions and emotions on canvas in a fantastical, anti-rational manner. Violoniste continues this tradition, by recreating an imaginary fiery scene set in Vitebsk, his beloved hometown in What is now known as Belarus, a cityscape that repetitively appears throughout his oeuvre. Furthermore, in the present work, Chagall also celebrates the happiness, love and contentment that he felt living in the South of France with his second wife, Valentina Brodsky (‘Vava’), by including several of his favorite leit motivs such as the vibrant flower bouquet, the married couple, the moon, the cockerel and the violinist himself, that all seem to magically float in a dazzling warm red-orange light and that all refer to specific symbols in Chagall’s visual language. The moon, flowers and lovers represent romance and love, whilst the cockerel recalls Chagall’s upbringing in Vitebsk but also stands as a symbol of virility and primordial nature. The violinist was a recurring figure in Chagall’s art, rooted in his Hasidic Jewish upbringing in Russia, particularly in Vitebsk, where music was an integral component in local religious processions, feast days, community celebrations and weddings. Chagall associated the character with joy, happiness and celebration, and the violinist gradually became an emblematic motif in his art. Discussing his use of these symbolic leitmotifs, Chagall compared himself to a writer, explaining: ‘Poets always use the same letters, but out of them they constantly recreate different words’ (M. Chagall, quoted in J. Baal-Teshuva, Marc Chagall, Cologne & New York, 1998, p. 269). Chagall’s imagination and artistic skills ensured that the recurrence of these motifs was never repetitive, and instead offered something new and unique in each composition.
Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk demonstrates Chagall’s masterful use of colour, as the surface of the canvas comes alive with the artist’s use of vibrant primary paint. Chagall believed colour to be ‘the pulse of a work of art’ (M. Chagall, quoted in J. Baal-Teshuva, op. cit., p. 180), and his bold approach to this element became one of the central features of his work from Saint-Paul de Vence. In this lively painting the intensity of the red, orange and yellow hues give the composition a new energy and sense of life. The handling of paint, meanwhile, is light and loose, with soft, free brushwork visible across the canvas. This enhances the dreamlike quality of the scene, as the figures appear to emerge from the mist, indicating their place as figments of the artist’s imagination. By emphasising the ethereal and surreal nature of the scene, Chagall underlines the mystery and drama of his painting. In its dreamlike atmosphere and fusion of elements from his past and present, Violoniste dans le clair de lune orange à Vitebsk captures the artist’s emotional connection to his wife, his home, and his past in a striking and captivating imaginative composition.