Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Ancienne collection Madeleine et Joseph NashMadeleine et Joseph R. Nash étaient des collectionneurs d’art passionnés. Basés à Paris, ils étaient aussi des généreux mécènes, particulièrement pour le Israël Museum de Jérusalem. Ils firent plusieurs dons importants de tableaux hollandais et flamands du XVIIème siècle à cette institution, dont La Lettre de Pieter Janssens Elinga (1623-1682), Portrait d’une famille dans un paysage de Jacob (1620-1691) et Aelbert (1594-1651) Cuyp et le Portrait du graveur Paulus Pontius d’Anthony van Dyck (1599-1641). Christie’s a le plaisir de mettre en vente ces cinq œuvres impressionnistes charmantes de la collection, qui témoignent de l’œil connaisseur de ce couple, mais qui leur rendent également hommage : Madeleine et Joseph sont décédés le même jour, le 15 août 1977.Madeleine and Joseph R. Nash were avid art collectors based in Paris but also generous donors, particularly towards the Israel Museum of Jerusalem. They donated several important 17th century Flemish and Dutch paintings in the 1960s to this institution, namely The Letter by Pieter Janssens Elinga (1623-1682), Portrait of a family in a Landscape by Jacob (1620-1691) and Aelbert (1594-1651) Cuyp and a Portrait of the Engraver Paulus Pontius by Anthony van Dyck (1599-1641). Christie’s is proud to offer these five charming Impressionist works from the Nash collection, that bear witness to this couple’s connoisseur eye but that also commemorate them: Madeleine and Joseph both passed away on the same day, on 15th August 1977.
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)

Le Jeu de balles

Details
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Le Jeu de balles
signé 'Renoir' (en bas à droite)
pastel sur papier
62 x 48 cm.
Exécuté vers 1892-1900

signed 'Renoir' (lower right)
pastel on paper
24 ½ x 18 7/8 in.
Executed circa 1892-1900
Provenance
Madeleine et Joseph Nash, Paris (avant 1977).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
A. Vollard, Pierre-Auguste Renoir, Tableaux, pastels et dessins, Paris, 1918, vol I, p. 19, no. 74 (illustré; erronément décrit 'dessin réhaussé').
G.-P. et M. Dauberville, Renoir, Catalogue raisonné des tableaux, pastels, dessins et aquarelles, 1895-1902, Paris, 2010, vol. III, p. 493, no. 2554 (illustré; erronément décrit 'dessin réhaussé').

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Valérie Didier Hess
Valérie Didier Hess

Lot Essay

Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné en ligne de l'œuvre de Pierre-Auguste Renoir actuellement en préparation par le Wildenstein Plattner Institute.

Bien que ce soit un sujet très classique, rappelant les scènes bucoliques et idylliques des artistes français rococo du XVIIIème siècle Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) et Jean-Antoine Watteau (1684-1721), ce qui frappe particulièrement dans Le jeu de balles de Renoir, c’est la spontanéité de son exécution accentuée par la manière très vivante dont Renoir maîtrise le médium du pastel. Renoir construit ses figures et leur environnement avec des traits de pastel très souples, frais et colorés, évoquant ainsi l'effervescence et le caractère heureux de la scène, alors que deux jeunes femmes se précipitent sur une même balle au premier plan, et que deux autres silhouettes féminines courent vers la gauche à l’arrière-plan. La technique de Renoir apparaît presque comme les prémices d'un certain expressionnisme abstrait alors que l'artiste joue avec des contrastes de traits qui définissent très nettement ses personnages et d'autres parties de l'oeuvre, plus floues, qui définissent le cadre du jardin. Dans une certaine mesure, Le jeu de balles démontre le génie de Renoir à concilier ce qu’il avait tant admiré pendant ses séjours en Italie en 1881-82 et parvient à trouver un compromis entre l’école florentine tournée vers un style plus linéaire, classique et académique - représentée par Michel-Ange et Botticelli - et l’approche plus spontanée, expressionniste et plus centrée autour de la couleur des peintres vénitiens tels le Titien et le Tintoret.
Renoir réalise Le jeu de balles au début vers 1892-1900, une décennie charnière pour l’artiste pendant laquelle il consolide son statut artistique à Paris en renforçant ses liens personnels et professionnels avec le marchand français Paul Durand-Ruel, essentiel pour sa carrière. Pendant les années 1890, Renoir reprend des scenes de vie quotidienne dans lesquelles y figurent souvent amis ou voisins. Certaines scènes se passent à l’intérieur, à l'instar de son chef-d’œuvre représentant deux filles jouant au piano également exécuté vers 1892, composition aux antipodes du présent pastel, par son atmosphère calme, posée et musicale qui s’oppose complètement au dynamisme et à l’enthousiasme palpitant généré par le jeu de balles des jeunes femmes. L’un des thèmes favoris de Renoir était de peindre des femmes dans le jardin et bien qu'il ait réalisé de nombreuses œuvres avec des jeunes femmes posant à l’extérieur, chaque œuvre représentait un effort supplémentaire pour obtenir l’harmonie de la surface picturale : "Je travaille mes personnages jusqu’à ce qu’ils forment une uniformité avec le paysage ou le fond dans lequel ils sont ancrés, et je souhaite que ni le cadre ni le personnage apparaissent terne et éteint" (cité in K. Weldon, Renoir and his art, Londres, 1975, p. 108-109). Considérant le fait qu'aucun tableau n'est été exécuté à partir de la présente oeuvre, il est aisé de considérer Le jeu de balles comme oeuvre finale. Cette composition a d'ailleurs probablement servi de modèle pour les lithographies de Renoir reprenant le même sujet.

Although a classical subject matter, very much recalling the bucolic and idyllic scenes of 18th century French Rococo artists Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) and Jean-Antoine Watteau (1684-1721), Renoir’s Le jeu de balles is striking because of its particularly spontaneous execution, the liveliness of which is further enhanced by the artist’s mastering of the medium itself, wax crayon. Renoir models his figures and the setting with some very loose, fresh and colourful wax crayon lines, conveying the joviality and excitement of the scene, of two young women rushing to catch the same ball in the foreground, and with two further female figures running towards the left in the background. In an almost abstract expressionistic way, Renoir plays with the contrasts of his figures’ sharply defined lines set against the more blurry areas of the composition used for the garden setting. To some extent, Le jeu de balles shows how Renoir sought to reconcile what he had greatly admired during his trips to Italy in 1881-82, finding a compromise between the more linear, classical and academic Florentine school, incarnated by Michelangelo and Botticelli for example, and the more coloristic, looser and expressionistic approach of the Venetian painters such as Titian and Tintoretto.
Le jeu de balles was executed circa 1892-1900, a pivotal decade for Renoir in which he consolidated his artistic position in Paris, strengthening a personal and professional relationship with French dealer Paul Durand-Ruel, which proved so fundamental for his career. During those years in the 1890s, Renoir returned to scenes of daily life using friends or neighbours as models. Some were interior scenes, such as his masterpieces of two girls playing the piano, which were also realised around 1892 like Le jeu de balles. Yet the two compositions cannot be more different in terms of the scene’s liveliness, with the calm, musical atmosphere of the two girls playing the piano as opposed to the dynamic, exhilarating ambiance created by the young women’s ball-game. Women in a garden had always been one of his most favoured subjects and though he painted young women posed in outdoor settings throughout his career, every work was an endeavour towards a unison of the picture plane. "I struggle with my figures until they are a harmonious unity with their landscape background, and I want people to feel that neither the setting nor the figure are dull and lifeless" (quoted in: K . Weldon, Renoir and his art, London, 1975, pp. 108-109), which is perfectly conveyed in Le jeu de balles. There is no known painting of the Nash couple’s pastel drawing, proving that it is a finished work in itself, which most likely served as model for Renoir’s print of the same subject.

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