Charles Angrand (1854-1926)
Collection particulière, Belgique
Charles Angrand (1854-1926)

Les Faucheurs

Details
Charles Angrand (1854-1926)
Les Faucheurs
signé et daté 'CH. ANGRAND - 1883' (en bas à droite)
huile sur toile
46 x 55 cm.
Peint en 1883

signed and dated 'CH. ANGRAND - 1883' (lower right)
oil on canvas
18 1/8 x 21 5/8 in.
Painted in 1883
Provenance
Atelier de l'artiste.
Pierre Angrand, France (par descendance).
Galerie Jacques Rodrigues-Henriques, Paris (avant 1968).
Collection particulière, Belgique.
Literature
B. Welsh-Ovcharov, Angrand et van Gogh, Utrecht, 1971, p. 18 (illustré).
Further Details
À ce jour, moins de cent peintures de l’artiste normand sont répertoriées. C’est dire si l’apparition d’un tableau « Les Faucheurs » de 1883 de cet artiste est un moment fort.
Charles Angrand est né à Criquetot-sur-Ouville le 19 avril 1854. Ce village est situé à égale distance des falaises du pays de Caux et des méandres de la Seine. Son père y est instituteur et souhaite voir son fils embrasser cette même carrière.
Après ses études primaires, il quitte sa chère campagne cauchoise pour Rouen, suit avec brio les cours de l’École Normale. Il est nommé instituteur à Lillebonne en 1874, puis maître- répétiteur au lycée Corneille de Rouen, et le 30 janvier 1875, il y devient aspirant-répétiteur pour l’enseignement secondaire spécial. Dans cette institution rouennaise sont dispensés des cours de dessin et à deux pas dans l’enclave Ste Marie se trouve l’Académie de Peinture et de Dessin dirigée par Gustave Morin (1809-1886). Avec une grande assiduité il va suivre les cours. Attiré par les Arts, Charles Angrand va avoir une double carrière : enseignant et artiste peintre.
Il expose dès 1878 au Salon municipal des Beaux-arts de Rouen, puis en 1880 et 1882. Irrésistiblement attiré par la peinture de plein air et l’Impressionnisme, ses premières toiles (La Gare St Sever, de Motteville, le Gardeur de dindons…) attirent la réprobation du public et Charles Angrand décide de quitter Rouen pour Paris. Il prend fonction en octobre 1882 au collège Chaptal situé au 45 boulevard des Batignolles.
À chaque vacance scolaire, Charles Angrand regagne la Normandie et son village natal. Dans le tableau présenté, il vient de passer l’année scolaire 1882/83 à Paris, et met à profit l’été pour fixer cette scène champêtre. Il a totalement adopté le plein air et son regard vers la nature n’est pas sans rappeler un autre normand Jean-François Millet qu’il admire.
L’année 1883 marque une évolution importante, car la touche est beaucoup plus épaisse, la matière est grasse, généreuse, comme dans Femme trayant sa vache (1883) et préfigure des toiles comme Dans l’île des Ravageurs, en automne (1885), La Couseuse ou encore La Ligne de l’ouest, à sa sortie de Paris (1886). La touche s’effiloche et montre une rapidité d’exécution certaine.
Ce motif, l’artiste le trouve à deux pas du domicile familial dans les plaines, où les « aoûteux » coupent les tiges avant de les mettre en « villottes » que l’on voit très précisément en dessous de la ligne d’horizon. La composition de la toile est un classique avec un quart de ciel, et on la retrouve dans des tableaux de même sujet, en particulier dans les scènes de moisson de factures divisées de 1888 (Anc. coll. Hadley, USA) 1889 (coll. part. Canada) et de 1892 (Musée de Houston, Texas).
La palette est aussi particulièrement intéressante et montre une évolution vers les tons ocre-jaune.

To date, fewer than one hundred paintings by this Norman artist have been catalogued. The appearance of this picture, Les Faucheurs, painted by the artist in 1883, is thus a landmark event.
Charles Angrand was born on 19 April 1854 in Criquetot‑sur‑Ouville, a village equidistant from the cliffs of the Caux region and the meanders of the Seine. His father was a schoolmaster there and wanted his son to follow the same career.
After completing his basic schooling, Angrand left his beloved Caux countryside to attend a teacher training college in Rouen, where he shone as a student. He was appointed as a teacher in Lillebonne in 1874, then as a tutor at Lycée Corneille in Rouen, where on 30 January 1875 he became a junior tutor within the “special” (more vocational) secondary education system. This Rouen school gave drawing lessons, and the Sainte Marie enclave, home to the Académie de Peinture et de Dessin run by Gustave Morin (1809-1886), was very close by. Angrand became a very assiduous art student. Being attracted by the Arts, he went on to have twin careers, as a teacher and as a painter.
He first exhibited in 1878 at the Salon Municipal des Beaux-Arts de Rouen, and again in 1880 and 1882. Open-air painting and Impressionism held an irresistible attraction for him, but his first paintings (such as La Gare St Sever, de Motteville, le Gardeur de dindons) met with the disapproval of the general public, and he decided to leave Rouen for Paris. In October 1882 Angrand took up a post at Collège Chaptal at 45 boulevard des Batignolles.
Every school holiday saw him return to Normandy and his native village. When he painted the picture now being presented, he had just spent the 1882-83 academic year in Paris, and was taking advantage of the summer to capture this rural scene. By now he was painting only in the open air, and the gaze he turns upon nature is somewhat reminiscent of a fellow Norman Jean‑François Millet, whom he admired.
The year 1883 marks a significant shift in that the strokes are much broader and the paint is thick and generously-applied, as in Femme trayant sa vache (1883), prefiguring paintings such as Dans l’île des Ravageurs, en automne (1885), La Couseuse and La Ligne de l’ouest, à sa sortie de Paris (1886). The strokes are frayed, and indicative of fast, confident execution.
The artist found his subject-matter a stone’s throw from the family home in the flat, open countryside where seasonal workers would cut the stalks before binding them into the sheaves that are clearly visible below the horizon line. The picture has a classic composition with one-quarter sky, as seen in other pictures of the same subject, especially in the Divisionist-technique harvest scenes from 1888 (formerly in the Hadley collection, USA), 1889 (private collection, Canada) and 1892 (Museum of Houston, Texas).
The palette is also particularly interesting and displays a shift towards ochre-yellow tones.

François Lespinasse.

Brought to you by

Valérie Didier Hess
Valérie Didier Hess

Lot Essay

François Lespinasse a confirmé l'authenticité de cette oeuvre.

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