Pierre Alechinsky (né en 1927)
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the … Read more PROVENANT DE L'ANCIENNE COLLECTION DE ROMAIN GARY
Pierre Alechinsky (né en 1927)

Dr. Livingstone, I presume ?

Details
Pierre Alechinsky (né en 1927)
Dr. Livingstone, I presume ?
signé 'Alechinsky' (en bas à droite); signé et titré 'Alechinsky "Dr. Livingstone, I presume ?"' (sur le châssis)
huile sur toile
110 x 122 cm.
Peint en 1960.

signed 'Alechinsky' (lower right); signed and titled 'Alechinsky "Dr. Livingstone, I presume ?"' (on the stretcher)
oil on canvas
43 ¼ x 48 in.
Painted in 1960.
Provenance
Galerie de France, Paris
Monsieur Gildo Caputo, Paris
Monsieur et Madame Romain Gary et Jean Seberg, Paris
Collection privée, France
Literature
E. Jaguer, Alechinsky ou  la revanche des dragons, Zurich, janvier 1963 (illustré en couleurs p. 67).
M. Seuphor, Abstracy Painting, New York, 1964 (illustré p. 176).
J. Putman, Alechinsky, Milan, 1967, No. 84 (illustré en couleurs).
P. Alechinsky, Peintures et écrits, Paris, 1977 (illustré p. 205).
A. Abellard, in Le Monde, 'Diego Gary. Sa vie à lui, enfin', 27 mai 2009 (illustré en couleurs).
Exhibited
Rotterdam, Kunstkring, Alechinsky, peintures - Reinhoud, sculptures, mars-avril 1961.
Amsterdam, Stedelijk Museum, Alechinsky + Reinhoud, mai- juin 1961.
Pittsburgh, Carnegie Institute, The 1961 Pittsburgh International Exhibition of Contemporary Painting and Sculpture. One-Man Exhibition: Pierre Alechinsky, octobre 1961-janvier 1962, No. 42.
Paris, Galerie de France, Alechinsky, peintures et encres, mai 1962.
Vienne, Museum des 20. Jahrhunderts, Belgische Malerei seit 1900, novembre-décembre 1962.
Eindhoven, Stedelijk van Abbemuseum, Alechinsky, mars-avril 1963.
Buenos Aires, Museo national de Bellas Artes, Phases, octobre-novembre 1963.
Pittsburgh, Carnegie Institute, First Pittsburgh International series: Alechinsky, octobre 1977-janvier 1978.
Toronto, Art Gallery of Ontario, Alechinsky: a retrospective, mars-avril 1978.
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.

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Etienne Sallon
Etienne Sallon

Lot Essay

Cette œuvre est répertoriée dans le catalogue raisonné de l'artiste sous le No. 408.
Pour Pierre Alechinsky, l’année 1960 marque définitivement un tournant dans sa carrière artistique. En effet, c’est cette année-là qu’il est sélectionné avec quatre autres artistes pour représenter la Belgique lors de la 30ème Biennale de Venise, signe incontestable de sa reconnaissance internationale croissante. Dr Livingstone, I presume ? peint cette même année reflète cette période de maturité et de maîtrise de la peinture à l’huile où l’artiste trouve son plein épanouissement dans les entrelacs de matière, parfaite synthèse entre l’expressionnisme brutal hérité du groupe CoBrA et une fluidité du tracé qu’il a acquis lors de son séjour au Japon en 1955. « Ce que l’on retient [d’Alechinsky], c’est toujours un enveloppement et un développement, ou plutôt un enroulement ou un déroulement de formes qui s’enchevêtrent en même temps qu’elles se succèdent. » écrit le critique Jean Grenier à la vision de cette nouvelle série d’œuvres. Ni figurative, ni véritablement abstraite, l’œuvre d’Alechinsky prend des libertés avec la réalité pour mieux toucher au plus près une certaine vérité sur la toile. Ici l’artiste semble retranscrire non sans un certain humour et avec une part grande laissée à l’interprétation la fameuse rencontre restée dans les annales entre le journaliste Henry Morton Stanley et le Dr David Livingstone, missionnaire et explorateur anglais qui avait disparu au cours d’une exploration de l’Afrique orientale. Comme l’explique Alechinsky, « les anciens peintres commencent par le sens et lui trouvaient des signes. Mais les nouveaux commencent par des signes, auxquels il ne reste plus qu’à trouver un sens.».
La vie d’une œuvre trouve parfois une résonnance toute particulière entre les mains du collectionneur qui l’accueille. Dr Livingstone, I presume ? possède à ce titre une histoire et une provenance exceptionnelle. En effet, l’œuvre provient de la collection personnelle de l’écrivain Romain Gary. Clin d’œil à son propre parcours artistique, la toile est peinte l’année de la publication de La Promesse de l’aube dans laquelle il confie avec malice : « Après avoir longuement hésité entre la peinture, la scène, le chant et la danse, je devais un jour opter pour la littérature, qui me paraissait le dernier refuge, sur cette terre, de tous ceux qui ne savent pas où se fourrer. ». En parallèle de sa vie littéraire, l’écrivain est un amoureux d’art et de peinture. C’est entre 1948 et 1952 que Gary, alors en poste au consulat de France à Berne fait la connaissance de l’ambassadeur Henri Hoppenot, qui l’initie à l’art moderne. Au cours de son séjour suisse, il s’essaie d’ailleurs à la peinture lui-même mais reviendra très vite à l’écriture. Il conserve néanmoins un véritable amour pour l’art contemporain et trouve très certainement dans l’œuvre d’Alechinsky une certaine vision commune de la vie. « Pour l’artiste, le réel ne sera jamais le vrai, ni la vie le vivant. » explique-t-il en 1957 lors d’une interview. L’œuvre d’art est pour lui une sorte de refuge mais également la possibilité d’une tentative d’explication de la condition humaine. « Dans un monde où le truquage et les fausses valeurs triomphent partout, la seule certitude qui nous reste est celle des chefs-d’œuvre. » écrit-il deux ans plus tard. Face à la toile de Pierre Alechinsky, on ne peut alors qu’apprécier les mots de Romain Gary.
1960 was a decisive year in Pierre Alechinskys artistic career. Chosen to represent Belgium at the 30th Venice Biennale, along with four other artists, this nomination represented an indisputable sign of his growing international recognition. Dr Livingstone, I presume?, painted that same year, reflects this period of maturity and mastery of oil painting. The artist found his fullest expression in the interlacing of materials, a perfect synthesis of the brutal expressionism inherited from the CoBrA group and the fluidity of lines which he picked up during his time in Japan in 1955. "What we remember [about Alechinsky] is always an envelopment and a development; or rather a furling and unfurling of shapes that both overlap and follow each other," wrote the critic Jean Grenier upon seeing this new series of works. Neither figurative nor truly abstract, Alechinsky's work takes liberties with reality to come closer to a certain truth on the canvas. Here, not without humour and leaving quite a lot open to interpretation, the artist seems to transcribe the fabled, historical encounter between the journalist Henry Morton Stanley and Dr David Livingstone, an English missionary and explorer who had disappeared on an expedition in eastern Africa. As Alechinsky explained, "Painters in old times began with meaning and found symbols to correspond. But in our time, artists begin with symbols for which meaning remains to be attributed."
The life of a work sometimes becomes especially resonant in the hands of the collector who acquires it. Dr Livingstone, I presume? is one such work; its history and provenance are remarkable. The painting comes from the personal collection of writer Romain Gary. A nod to his own artistic journey, the canvas was painted the year that his novel Promise at Dawn was published. In the book, he mischievously confides: "Having hesitated for a long time among painting, acting, singing and dancing, I was finally driven to literature, which has always been the last refuge, in this world, for those who do not know where to go." Outside his literary life, the writer was a lover of art and painting. Between 1948 and 1952, while Gary was working at the French consulate in Bern, he met Ambassador Henri Hoppenot, who introduced him to modern art. During his tenure in Switzerland, he tried his own hand at painting, but quickly came back to writing. However, he retained a deep love of contemporary art and most definitely saw in Alechinsky's work a shared vision of life. "For the artist, what is real will never be what is true, nor will life be what is alive," he explained in a 1957 interview. To him, the work of art was a kind of refuge, as well as the possibility of attempting to explain the human condition. "In a world where fraudulence and false values are constantly getting the upper hand, a masterpiece is the only certainty we have left," he wrote two years later. Looking at Pierre Alechinsky's canvas, one cannot help but appreciate Romain Gary's words.

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