Literature
M. Berhaut, Gustave Caillebotte, Sa vie et son œuvre, Catalogue raisonné des peintures et pastels, Paris, 1978, p. 210, no. 383 (illustré).
M. Berhaut, Gustave Caillebotte, Catalogue raisonné des peintures et pastels, Paris, 1994, p. 205, no. 356 (illustré).
E. Darragon, Caillebotte, Tout l'art, Monographie, Paris, 1994, p. 112-113 (illustré en couleurs, p. 113).
J. J. Lévèque, Gustave Caillebotte, L'oublié de l'impressionnisme, Paris, 1994, p. 157 (illustré en couleurs).
Exhibited
Paris, Galerie Schmit, Maîtres Français XIXe-XXe siècle, mai-juillet 1988, no. 11 (illustré en couleurs).
(prêt) Lodève, Musée Lodève, 2002-2009.
Lausanne, Fondation de l'Hermitage, Caillebotte, Au coeur de l'impressionnisme, juin-octobre 2005, p. 165 et 186, no. 75 (illustré en couleurs, p. 165).
Tokyo, Bridgestone Museum of Art, Ishibashi Foundation, Impressionist in Modern Paris, octobre-décembre 2013, no. 53 (illustré en couleurs, p. 163).
Further Details
« À l'écart du centre névralgique de la Seine et, par la même, de toute trace des loisirs et des activités commerciales que polarisait le fleuve, le Petit Bras était un havre pittoresque qui évoquait un temps révolu. Si son embouchure servait de port de plaisance, ses rivages semblaient encore délicieusement intacts, et les arbres et la végétation qui en longeaient les berges pouvaient dissimuler toute intrusion susceptible de rompre le charme derrière les coulisses. Il s'agissait, en somme, d'un lieu où l'on pouvait entrer en communion avec la nature. »
P. Hayes Tucker in The Impressionists at Argenteuil, cat. exp., National Gallery of Art, Washington, D.C. et Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford, 2000, p. 168.
Avec sa parfaite harmonie et sa riche palette de bleus et de verts, Le Petit Bras de la Seine à Argenteuil, que Caillebotte peint en 1890, illustre précisément les mots de Paul Hayes Tucker ci-dessus : « un lieu où l'on pouvait entrer en communion avec la nature ». Ici, la lumière qui émane des couches de verts, de bleus, de jaunes et de blancs s'avère presque envoûtante, notamment les éclats mouchetés qui scintillent dans les reflets de l'eau. Le point de fuite de la composition se trouve au centre de la toile, au milieu de la ligne d'horizon qui sépare le fleuve, le ciel et les deux berges, comme pour inviter l'observateur à « entrer en communion avec la nature » en le plongeant au cœur même de ce paysage féérique encore préservé, semble-t-il, de toute présence humaine.
Cette œuvre s'inscrit dans une série de toiles au fil desquelles Caillebotte représente ce secteur de la Seine depuis différents angles de vue, à différentes heures de la journée et à des saisons différentes, préfigurant l'approche de Monet lorsqu'il produira ses trente tableaux de la cathédrale de Rouen entre 1892 et 1894. Aussi, Caillebotte peint tantôt le Petit Bras dans la lumière dorée de l'arrière-saison (collection particulière, dépôt permanent à la Fondation Corboud, Wallraf-Richartz Museum, Cologne ; 1890), tantôt sous un lourd ciel gris (collection particulière ; Christie’s New York, novembre 2017), dans le froid automnal (Fondation Bemberg, Toulouse ; 1890) ou dans l'éclat frais du printemps (Sotheby's Londres, février 2014). Dans le présent Petit Bras de la Seine à Argenteuil, l'artiste saisit l'éclairage d'un moment bien précis de la journée, une approche qui fait de sa toile une œuvre intrinsèquement impressionniste, tout comme le sujet en lui-même – ces berges de la Seine à Argenteuil, l'un des motifs privilégiés du mouvement.
À la fin du XIXe siècle, la bourgeonnante ville de banlieue est une destination en plein essor, idéalement située en bord de Seine à une vingtaine de minutes en train de la foisonnante gare Saint-Lazare. Offrant aux Parisiens un peu d'air frais et de loisirs, Argenteuil a tout de la petite station balnéaire mais l'avantage d'être bien plus proche de la capitale. Aussi les artistes peuvent-ils s'y délecter de paysages panoramiques et de l'étendue miroitante et bleue du fleuve, avec ses perspectives à n'en plus finir en amont comme en aval et ses vastes horizons aux rivages bordés d'arbres, surplombés par l'immense voûte céleste au-delà. Plus encore que son travail de peintre, c'est d'abord le goût de Caillebotte pour la voile qui le pousse à se rendre pour la première fois à Argenteuil en 1878, dans les pas de quelques-uns de ses amis impressionnistes. La famille d'Édouard Manet possédait en effet une propriété à Gennevilliers et ce fut sur les conseils de ce dernier que Claude Monet s'installa à Argenteuil en 1871. Il y travailla durant les sept années suivantes, et sa présence y attira Pierre-Auguste Renoir et Alfred Sisley, suivis de Caillebotte. Durant la dernière décennie de sa carrière, les scènes fluviales d'Argenteuil occupèrent ainsi une place de choix non seulement dans la vie de peintre de Caillebotte, mais aussi d'amateur de voile.
“Removed from the activity of the main body of the Seine and thus from the evidence of commerce and leisure that the river attracted, the Petit Bras was a picturesque retreat that evoked a sense of bygone days. Although its mouth was used as a docking area for pleasure craft, its shores were refreshingly free of development, and the trees and bushes along its banks could mask whatever encroachments might lurk offstage. It was, in short, somewhere one could be in communion with nature.”
P. Hayes Tucker in The Impressionists at Argenteuil, exh. cat., National Gallery of Art, Washington, D.C. & Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford, 2000, p. 168.
With its perfect harmony and rich variety of greens and blues, Le Petit bras de la Seine à Argenteuil painted by Caillebotte in 1890 precisely illustrates Paul Hayes Tucker’s description here above: “somewhere one could be in communion with nature”. The luminosity emanating from the layers of greens, blues, yellows and whites is almost mesmerizing for the viewer, particularly with the scintillating flecks of light in the water’s reflection. The composition’s focal point is at the centre of the canvas, coinciding with the centre of the horizon line separating the water and the sky, and with the middle of the river between the two banks, delving the beholder into this fairytale-like landscape, seemingly untouched by man, and inviting him or her to ‘be in communion with nature’.
The present Petit bras de la Seine à Argenteuil is part of a series of paintings realised by Caillebotte that depict the same area of the Seine River seen from different points of view, at different times of the day and at different seasons, announcing the similar approach taken by Monet to produce his 30 paintings of the Cathedral of Rouen between 1892 and 1894. Caillebotte painted Le Petit Bras in a golden autumn light (Private collection, on permanent loan to the Fondation Corboud, Wallraf-Richartz Museum, Cologne; 1890), on a cold autumn day (Fondation Bemberg, Toulouse; 1890), under a heavy grey sky (Private collection; Christie’s New York, November 2017), or during a fresh spring day (Sotheby’s London, February 2014). In Petit bras de la Seine à Argenteuil, Caillebotte captures the light of a precise moment during the day making it a quintessentially Impressionist work. The subject itself, depicting the river banks of the Seine at Argenteuil, also place the present work and its fellow paintings of the same series at the heart of Impressionism.
During the late 19th century, Argenteuil was a burgeoning suburban community, prominently situated on the Seine about a twenty minutes train-ride from the bustling Gare Saint-Lazare in Paris. Argenteuil offered leisure attractions and fresh air for Parisians, being picturesquely sited like any seaside town, but with the advantage of being much nearer to the capital. Here artists could revel in panoramic space and paint the blue expanse of the mirror-like river, distant vistas both up- and downstream, the broad horizon of the distant tree-lined bank and the immense canopy of open sky above. It was initially Caillebotte's interest in sailing, and later his work as a painter, that brought him to Argenteuil for the first time in 1878. He was a relative latecomer among the Impressionists who were drawn to the town before him. Édouard Manet's family owned property in Gennevilliers, and it was at Manet's urging, that Claude Monet moved to Argenteuil in 1871 and worked there for the next seven years. His presence attracted Pierre-Auguste Renoir and Alfred Sisley to the town as well, and later Caillebotte. During the final decade of his career, the Seine at Argenteuil would be the focus of Caillebotte's activities, both as a painter and a sailor.