Géraniums et fleurs des champs
Details
Odilon Redon (1840-1916)
Géraniums et fleurs des champs
signé 'ODILON REDON' (en bas à gauche)
pastel sur papier teinté
44 x 36 cm.
Exécuté vers 1905
signed 'ODILON REDON' (lower left)
pastel on tinted paper
17 3/8 x 14 1/8 in.
Executed circa 1905
Géraniums et fleurs des champs
signé 'ODILON REDON' (en bas à gauche)
pastel sur papier teinté
44 x 36 cm.
Exécuté vers 1905
signed 'ODILON REDON' (lower left)
pastel on tinted paper
17 3/8 x 14 1/8 in.
Executed circa 1905
Provenance
Jules Chavasse, Paris; sa vente, Me Lair-Dubreuil, Paris, 22 juin 1922, lot 29 (illustré).
Vente, Mes Audap, Godeau et Solanet, Paris, 12 décembre 1973, lot A (illustré en couleurs en couverture).
Galerie Brame et Lorenceau, Paris (vers 1977).
Galerie Daniel Malingue, Paris (en 1980).
Galerie Brame et Lorenceau, Paris (avant 1982 et jusqu'à au moins en 1984).
Collection particulière, Paris (en 1986).
Marie de La Chevardière, Paris.
Acquis auprès de celle-ci par la famille du propriétaire actuel en 2010.
Vente, Mes Audap, Godeau et Solanet, Paris, 12 décembre 1973, lot A (illustré en couleurs en couverture).
Galerie Brame et Lorenceau, Paris (vers 1977).
Galerie Daniel Malingue, Paris (en 1980).
Galerie Brame et Lorenceau, Paris (avant 1982 et jusqu'à au moins en 1984).
Collection particulière, Paris (en 1986).
Marie de La Chevardière, Paris.
Acquis auprès de celle-ci par la famille du propriétaire actuel en 2010.
Literature
A. Wildenstein, Odilon Redon, Catalogue raisonné de l'œuvre peint et dessiné, Fleurs et paysages, Paris, 1996, vol. III, p. 54, no. 1414 (illustré).
Exhibited
Paris, Galerie Daniel Malingue, Maîtres impressionnistes et modernes, juin-juillet 1980, no. 5 (illustré).
New York, Paul Rosenberg & Co, Four Guest Galleries from Paris and Paul Rosenberg and Co., French painting, 1600-1900, mars-mai 1982, p. 100, no. 49 (illustré, p. 101).
Saint-Tropez, Musée de l'Annonciade, Fleurs, de Fantin-Latour à Marquet, France, 1865-1925, juin-septembre 1982, no. 49 (illustré).
Paris, Grand Palais, XIIe Biennale des Antiquaires, septembre-octobre 1984, p. 40 (illustré en couleurs, p. 41).
New York, Paul Rosenberg & Co, Four Guest Galleries from Paris and Paul Rosenberg and Co., French painting, 1600-1900, mars-mai 1982, p. 100, no. 49 (illustré, p. 101).
Saint-Tropez, Musée de l'Annonciade, Fleurs, de Fantin-Latour à Marquet, France, 1865-1925, juin-septembre 1982, no. 49 (illustré).
Paris, Grand Palais, XIIe Biennale des Antiquaires, septembre-octobre 1984, p. 40 (illustré en couleurs, p. 41).
Further Details
Disposé à s'éloigner des visions sombres et troublantes qui avaient habité jusque-là ses tableaux, ses lithographies et ses fusains (les « noirs »), Redon a plus de soixante ans lorsqu'il se lance dans une longue suite d'œuvres florales. Réalisées à l'huile ou au pastel, elles ponctuent largement sa production à partir de 1900. « Les démons ont rendu les armes », dira Klaus Berger (Odilon Redon, New York, 1965, p. 88). En réponse aux théories sur l'art ornemental des jeunes peintres nabis – Émile Bernard, Pierre Bonnard, Paul Sérusier, Félix Vallotton et Édouard Vuillard – et aux nouvelles recherches scientifiques autour de la couleur instiguées par les néo-impressionnistes, Redon se met à traiter son œuvre de manière totalement inédite, désormais fasciné par la pureté des moyens et conquis par le principe symboliste de l'art pour l'art. La couleur devient sa préoccupation centrale, si bien qu'il choisit désormais ses sujets en fonction de leurs possibilités chromatiques. En ce sens, les fleurs, que Redon perçoit comme des « êtres fragiles de parfum, prodiges adorables de la lumière », constituent un sujet idéal pour déployer son nouveau champ d'expression (À soi-même, Journal (1867-1915), Paris, 1985).
Pour ses composition florales, Redon va privilégier le pastel dont il explore déjà les teintes vives depuis le milieu des années 1890. Oscillant entre un réalisme ostensible et un univers plus fantastique, l'artiste donne toute sa mesure à ce support intrinsèquement chatoyant qui lui permet de jouer sur les effets de texture et de saturation. Son utilisation croissante du pastel inquiète alors certains de ses amis et collectionneurs, qui craignent de le voir négliger les sujets, le style et le fusain des « noirs », qui avaient fait sa renommée auprès d'un cercle certes restreint, mais dévoué, d'amateurs. Confiant malgré tout de pouvoir séduire ses enthousiastes avec ses dessins de couleurs, Redon expose en mars 1899 sept pastels, quelques fusains et une peinture à l'huile à la galerie Durand-Ruel et Cie., lors d'une exposition qui réunit aussi des artistes post-impressionistes et nabis. Tous les pastels seront vendus, l'encourageant à poursuivre dans cette direction. Au Salon d'Automne de 1904, parmi les soixante pièces qu'il présente, une quinzaine sont des natures mortes florales et, en 1906, il accroche vingt-neuf dessins de fleurs dans une exposition de cinquante-trois de ses œuvres. Les deux événements connaissent un succès critique et commercial ; jamais les ventes de Redon n'avaient été aussi fructueuses que celles de 1906.
Redon began his series of flower paintings, both in oil and pastel, after 1900, when he was in his sixties. He was inclined to move away from the darkness of the troubling visions that had preoccupied him in his earlier paintings, his charcoal drawings (which he called his "noirs") and lithographs. "The demons have retired," Klaus Berger observed (Odilon Redon, New York, 1965, p. 88). Responding to the decorative theories of the young Nabi artists - Émile Bernard, Pierre Bonnard, Paul Sérusier, Félix Vallotton and Édouard Vuillard - and to the widespread research in scientific colour theory initiated by the neo-Impressionists, Redon began to approach his art from a new orientation, displaying a fascination in the purity of its means, and sharing the symbolist view of art for its own sake.
Colour became his chief focus, and he was drawn to new subjects mainly for the possibilities they offered him in pursuing his quest for chromatic expression. Flowers, which Redon regarded as "those fragile perfumed beings, exquisite prodigies of light," were the ideal subject for these new interests (To Myself: Notes on Life Art and Artists, New York, 1986, p. 114).
Redon often chose to render his floral subjects in pastel, whose vibrant tints he had employed with increasing frequency since the mid-1890s. He utilized this inherently iridescent medium in all its potential to create effects in texture and colour saturation that ranged from the straightforwardly naturalistic to the imaginary and otherworldly. His increasing use of pastels had caused some of Redon's friends and collectors to worry that the artist would begin neglecting his signature subjects, style and medium - his noirs - with which he had made his reputation among a small but devoted coterie of connoisseurs.
However, the artist was confident that his collectors would be receptive to his new colour drawings, and in March 1899 he exhibited seven pastels, as well as several of his more familiar charcoal drawings and one oil painting, in a group exhibition at Galerie Durand-Ruel et Cie., which also featured works by the Nabis and other post-Impressionists. All of the pastels were sold, encouraging Redon to continue working in this medium.
Pour ses composition florales, Redon va privilégier le pastel dont il explore déjà les teintes vives depuis le milieu des années 1890. Oscillant entre un réalisme ostensible et un univers plus fantastique, l'artiste donne toute sa mesure à ce support intrinsèquement chatoyant qui lui permet de jouer sur les effets de texture et de saturation. Son utilisation croissante du pastel inquiète alors certains de ses amis et collectionneurs, qui craignent de le voir négliger les sujets, le style et le fusain des « noirs », qui avaient fait sa renommée auprès d'un cercle certes restreint, mais dévoué, d'amateurs. Confiant malgré tout de pouvoir séduire ses enthousiastes avec ses dessins de couleurs, Redon expose en mars 1899 sept pastels, quelques fusains et une peinture à l'huile à la galerie Durand-Ruel et Cie., lors d'une exposition qui réunit aussi des artistes post-impressionistes et nabis. Tous les pastels seront vendus, l'encourageant à poursuivre dans cette direction. Au Salon d'Automne de 1904, parmi les soixante pièces qu'il présente, une quinzaine sont des natures mortes florales et, en 1906, il accroche vingt-neuf dessins de fleurs dans une exposition de cinquante-trois de ses œuvres. Les deux événements connaissent un succès critique et commercial ; jamais les ventes de Redon n'avaient été aussi fructueuses que celles de 1906.
Redon began his series of flower paintings, both in oil and pastel, after 1900, when he was in his sixties. He was inclined to move away from the darkness of the troubling visions that had preoccupied him in his earlier paintings, his charcoal drawings (which he called his "noirs") and lithographs. "The demons have retired," Klaus Berger observed (Odilon Redon, New York, 1965, p. 88). Responding to the decorative theories of the young Nabi artists - Émile Bernard, Pierre Bonnard, Paul Sérusier, Félix Vallotton and Édouard Vuillard - and to the widespread research in scientific colour theory initiated by the neo-Impressionists, Redon began to approach his art from a new orientation, displaying a fascination in the purity of its means, and sharing the symbolist view of art for its own sake.
Colour became his chief focus, and he was drawn to new subjects mainly for the possibilities they offered him in pursuing his quest for chromatic expression. Flowers, which Redon regarded as "those fragile perfumed beings, exquisite prodigies of light," were the ideal subject for these new interests (To Myself: Notes on Life Art and Artists, New York, 1986, p. 114).
Redon often chose to render his floral subjects in pastel, whose vibrant tints he had employed with increasing frequency since the mid-1890s. He utilized this inherently iridescent medium in all its potential to create effects in texture and colour saturation that ranged from the straightforwardly naturalistic to the imaginary and otherworldly. His increasing use of pastels had caused some of Redon's friends and collectors to worry that the artist would begin neglecting his signature subjects, style and medium - his noirs - with which he had made his reputation among a small but devoted coterie of connoisseurs.
However, the artist was confident that his collectors would be receptive to his new colour drawings, and in March 1899 he exhibited seven pastels, as well as several of his more familiar charcoal drawings and one oil painting, in a group exhibition at Galerie Durand-Ruel et Cie., which also featured works by the Nabis and other post-Impressionists. All of the pastels were sold, encouraging Redon to continue working in this medium.
Brought to you by
Antoine Lebouteiller
Head of Department