Achille-Émile Othon Friesz (1879-1949)
Achille-Émile Othon Friesz (1879-1949)
Achille-Émile Othon Friesz (1879-1949)
2 More
Collection d’un amateur, Europe
Achille-Émile Othon Friesz (1879-1949)

Automne à Honfleur, la Côte de Grâce

Details
Achille-Émile Othon Friesz (1879-1949)
Automne à Honfleur, la Côte de Grâce
signé 'Othon Friesz' (en bas à gauche) et signé indistinctement 'O. Friesz' (en bas à droite)
huile sur toile
65.4 x 81.2 cm.
Peint vers 1906

signed 'Othon Friesz' (lower left) and indistinctly signed 'O. Friesz' (lower right)
oil on canvas
25 7/8 x 32 in.
Painted circa 1906
Provenance
Galerie Charpentier, Paris (avant 1950).
Robert Worms, Paris (avant 1958).
Collection particulière, Maine (en 1997).
Vente, Christie's, New York, 5 mai 2011, lot 411.
Collection particulière, Allemagne.
Literature
R. Martin et O. Aittouarès, Émile Othon Friesz, L'œuvre peint, Paris, 1995, vol. I, p. 119, no. 248 (illustré et illustré de nouveau en couleurs, p. 111).
Exhibited
Paris, Galerie Charpentier, Rétrospective Othon Friesz, décembre 1950, no. 26 (titré 'Paysage').
Paris, Musée National d'Art Moderne, Le Fauvisme, juin-septembre 1951, p. 26, no. 61.
Metz, Musée de Metz et Nancy, Musée des Beaux-Arts, Évolution de la Peinture en France de 1905 à 1914, juin-septembre 1958, p. 23, no. 17.
Paris, Galerie Daniel Malingue, Maîtres Impressionnistes et Modernes, mai-juillet 1994, no. 7 (illustré en couleurs).
Further Details
Avec sa clairière flamboyante qui irradie une lumière chaude et vive, Automne à Honfleur, la Côte de Grâce est emblématique d'une des périodes les plus importantes de la carrière de Friesz. C'est lorsqu'il se rend à Anvers en 1906, en compagnie de Georges Braque (1882-1963), que son style fauve prend pleinement forme. Friesz séjourne ensuite à Honfleur, dans les pas du peintre Raoul Dufy (1877-1953), dont le langage fauve s'est épanoui l'année précédente, en 1905, le long du littoral normand entre Trouville, Honfleur, Sainte-Adresse et le Havre. Friesz y peint à son tour plusieurs paysages de la Côte de Grâce, dont la présente œuvre constitue un exemple exceptionnel. Ici, l'artiste représente un espace imaginaire, entouré d'arbres rendus par des formes évasives et quelques coups de pinceau très spontanés. L'intensité du plan rouge-orangé au centre semble refléter la vie intérieure de Friesz, ses sentiments, son plaisir ; quant aux éléments alentour, ils déploient une énergie telle qu'ils paraissent emplir de vie cette clairière déserte et ardente, faisant de ce paysage la première œuvre foncièrement fauve du peintre.
Au moment où il réalise Automne à Honfleur, la Côte de Grâce, Friesz est entouré d'artistes et d'influences fauves depuis quelques mois seulement. Or des champs électriques et des touches de couleurs tourbillonnantes fusent déjà sur sa toile à des fins purement expressives, donnant à voir un fauvisme très pictural qui témoigne de son intérêt pour la manière de Matisse et pour le style pré-cubiste de Braque. Contrairement aux tableaux que Friesz conçoit à Anvers, très marqués par le modelage et la modulation, cette composition normande donne à voir une simplification radicale des lignes et des volumes. Ici, tout est mis au service de la vitalité et de la lumière qui émanent de la couleur.
La « conversion » de Friesz au fauvisme remonte au Salon d'Automne de 1905, à l'occasion duquel le critique (contempteur) Louis Vauxcelles invente le terme (initialement péjoratif) « fauve ». Ironie du sort, Vauxcelles fait au contraire preuve d'un grand engouement pour les œuvres exposées par Friesz ; un enthousiasme qui passe largement inaperçu de l'artiste, trop absorbé par la salle des peintres fauves dont l'esthétique le bouleverse. À la suite de cette révélation, Friesz se rapproche rapidement de leur cercle. Il passe notamment beaucoup de temps auprès de Matisse, leurs ateliers se trouvant dans le même immeuble. Automne à Honfleur, la Côte de Grâce voit le jour à l'apogée de cette période fauve, brève mais tout à fait fondamentale – la plus prisée de Friesz sur le marché. Une autre œuvre issue de cette série honfleuraise de 1906, Arbres, automne, a notamment été vendue à plus d'un million de dollars en 2016 : la deuxième plus haute enchère de tous les temps pour un lot du peintre français.
Un an seulement après l'exécution d'Automne à Honfleur, la Côte de Grâce, Friesz tourne déjà la page de son plus pur style fauve : en témoigne une toile de 1907, aujourd'hui dans les collections du musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. Intitulée Le Travail à lautomne, cette étude préparatoire préfigure un tableau monumental de plus de deux mètres de large abrité par le musée national de l'Art, de l'Architecture et du Design de Norvège, à Oslo. Ses tonalités sont beaucoup plus tamisées, et les figures qui habitent le paysage, très musculeuses, sont définies par la ligne et non par la couleur. Si le décor semble être le même que celui d'Automne à Honfleur, la Côte de Grâce – une clairière très ressemblante, cernée d'arbres –, la composition plus tardive de Travail à lautomne lorgne non seulement vers la démarche de Cézanne, en préférant la structure à la forme, mais emprunte aussi son sujet à une longue tradition picturale française, héritée tant de Poussin que de Puvis de Chavannes : les baigneuses au sein d'un paysage arcadien.

With its fiery clearing at the centre of the composition emanating a warm dazzling light, Automne à Honfleur, la Côte de Grâce dates from one of the most important moments in Friesz' artistic career. It was first during his journey with Braque in 1906 to Antwerp, his second to that city, that his Fauve style truly coalesced. He then travelled to Honfleur in Normandy, following the footsteps of fellow Fauve painter Raoul Dufy (1877-1953). The latter had developed the ‘wild beasts’ aesthetics on the Channel Coast in Trouville, Honfleur, Sainte Adresse and Le Havre a year earlier in 1905. Friesz painted there several landscapes of the Côte de Grâce, a prime example of which is the present work that depicts an imaginary space very spontaneously outlined by a few brushstrokes and shapes used for the trees surrounding the clearing. The intensity of the red-orange surface plane reflects the artist’s emotions and pleasure, whilst the other compositional elements release such energy that they bring to life the empty fiery space, marking the first quintessentially Fauvist work in Friesz’s oeuvre.
Friesz had been surrounded by Fauve artists and Fauve influences for only a few of months by the time that Automne à Honfleur, la Côte de Grâce was painted. Now, electric fields and lines of swirling colour have been used to a highly expressive effect. This is a painterly Fauvism that shows Friesz' interest in a style and manner that is akin to the pictures of Matisse and, at this pre-Cubist period, Braque. In comparison to the Antwerp paintings, in which there was a great deal of modelling and modulation, the Honfleur composition has been drastically simplified in terms of lines and volumes, and the focus is really to make the picture’s colours burst with light and energy. Friesz' 'conversion' had begun at the 1905 Salon d'Automne, when the word 'Fauve' was coined by the (disparaging) critic Louis Vauxcelles. Ironically, Vauxcelles gave great praise to the paintings that Friesz exhibited there, but this encouragement was to be ignored, because Friesz was blown away by the room in which the Fauves had their pictures exhibited, and following this revelation became increasingly involved in their circle. Indeed, he spent a great amount of time with Matisse in particular and had a studio in the same building as him. Automne à Honfleur, la Côte de Grâce was therefore painted at the very highpoint and at the heart of the brief but highly influential Fauve period - the most sought-after in the market for Friesz. One of the other works from the 1906 Honfleur brief series was Arbres, automne, which sold for over a millions dollars in 2016, the second world record price for the artist at auction.
Only a year after he painted Automne à Honfleur, la Côte de Grâce, Friesz had already moved on from this pure Fauvist style found in the latter, as exemplified in one of his 1907 paintings, Le Travail à l’automne, today housed in the collections of the State Hermitage Museum in St. Petersburg. This canvas is the preparatory work for a monumental painting at the National Museum for Art, Architecture and Design in Oslo measuring over two meters wide, the colours of which are much more sober and the figures are muscular and defined by line not by colour. Although the scene seems to take place in the same setting as the Honfleur painting – a similar clearing flanked by trees - Friesz looks back not only to Cézanne by giving more room to structure and form, but also to a traditional subject that has persisted throughout art history from Poussin to Puvis de Chavannes, that of bathers in an arcadian landscape.

Brought to you by

Antoine Lebouteiller
Antoine Lebouteiller Head of Department

More from Oeuvres modernes sur papier / Art Impressionniste et Moderne

View All
View All