Lot Essay
Cet ensemble remarquable -bureau, cartonnier et pendule le surmontant- est avant tout une spectaculaire illustration de la créativité des ébénistes et des artisans parisiens du XVIIIe siècle. Mais c’est également un véritable voyage dans l’histoire du goût, illustrant l’importance et le rôle des collectionneurs et mécènes.
LA COLLECTION DU BARON DE BESENVAL
Il semble que ce meuble soit identifié pour la première fois dans la collection du baron de Besenval pour lequel le cartonnier -œuvre de Bernard III Van Risenburg- et le bureau ont été adaptés afin de se répondre aussi harmonieusement.
Connaisseur averti, doté d'un œil sûr et nourrissant des goûts éclectiques, le baron de Besenval a réuni une extraordinaire collection de tableaux, de meubles, de bronzes d'ameublement et d'œuvres d'art asiatiques, dont la richesse rivalisait avec celles de Blondel de Gagny ou du duc d'Aumont.
Né en Suisse, Pierre-Victor, baron de Besenval (1722-1791), commandant des gardes suisses, sert lors de la guerre de Succession d'Autriche puis durant la guerre de Sept Ans. Ami intime de la reine Marie-Antoinette, il fait partie de son entourage à partir des années 1770. En 1767, il acquiert un hôtel particulier rue de Grenelle, construit en 1704 par Delamair pour l'abbé Chanac de Pompadour.
Le baron de Besenval fait procéder à d'importantes modifications de son intérieur, en y installant par exemple une salle des bains néo-classique remarquablement moderne sur les plans d'Alexandre Brongniart, et une galerie à éclairage zénithal. Dans un même temps, il conserve certains éléments d’époque Louis XV, au style dépassé, comme la cheminée rococo de son salon de Compagnie. Ce mélange des styles, ce goût éclectique se retrouve sur le portrait peint Henri-Pierre Danloux, aujourd’hui conservé à la National Gallery de Londres (N° Inv. NG6598). Installé dans une bergère à oreilles d’époque Louis XV, le baron semble se réjouir des chefs d’œuvre qui l’entourent : une garniture en porcelaine céladon monté de bronze ciselé et doré (dont le vase vendu chez Christie's Londres, le 6 décembre 2007, lot 130), des tableaux hollandais du XVIIe siècle, un bronze posé sur un meuble d'appui en marqueterie Boulle
Un autre regard sur cette collection nous vient du témoignage de Luc Vincent Thiery, qui donne un aperçu fascinant de l'hôtel et des collections du baron de Besenval (voir le "Guide des Amateurs et des Etrangers" publié en 1787). Ce guide, associé au catalogue de vente du baron de Besenval de 1795, révèle le goût particulier du baron de Besenval pour les meubles de luxe et notamment pour Boulle dont il possédait quinze pièces. Parmi ses plus grands trésors figure la célèbre commode de Martin Carlin ornée de panneaux de Pietra Dura, située dans sa chambre avec son cartonnier et son bureau. Cette commode achetée en 1782 à la célèbre actrice Mademoiselle Laguerre est aujourd'hui conservée avec les collections royales anglaises (Inv. RCIN258). Enfin un rare cartel appartenant à Besenval, ornée de putti en bronze patiné et également doté d’un mouvement de l'horloger Stollewerck, se trouve maintenant à la Wallace Collection (Inv. F257).
Le présent cartonnier et le bureau se trouvaient très certainement dans la chambre du baron, et apparaissent dans le catalogue de sa vente en 1795, décrits comme tels : « Un grand & magnifique Bureau plaqué en ébène, avec son caisson & serre papiers, richement décoré de figures en cariatides, masques d’Apollon, encadrement de moulures, carderons & autres ornemens en cuivre doré. Ce meuble, du meilleur genre, dans le style de Boulle, est encore orné d’une superbe pendule en globe & à cadran tournant, du nom de Stollwerck, à Paris. Divers accessoires biens traités contribuent à former le plus bel ensemble, & présente un des meubles distingué qui ait été établi dans ce genre. Sa longueur totale est de 7 pieds, profondeur 3 pieds 5 po. »
Cuvelier, qui a estampillé le bureau, est très certainement l’auteur des importantes transformations du bureau à l’époque. Il a su non seulement le redimensionner mais également le transformer stylistiquement, passant des codes du style Louis XV à ceux du néo-classicisme.
GUSTAVE DE ROTHSCHILD
Moins d'un siècle plus tard, on retrouve le bureau et le cartonnier inscrits à l’inventaire d’une autre prestigieuse collection : celle du baron Gustave de Rothschild. Né en 1829, frère d’Edmond de Rothschild, Gustave est entre autres choses consul général d'Autriche-Hongrie. Il est surtout l’un des plus importants mécènes et collectionneurs de son siècle. En 1869, le baron Gustave de Rothschild achète à la duchesse de Bauffremont deux hôtels particuliers sis 21, avenue Marigny et 14, rue du Cirque ; puis le 13 avenue Marigny, qui servira d’écrin à ses collections. Y figuraient notamment les portraits de Marten Soolmans et Oopjen Coppit, peints par Rembrandt et récemment vendus via Christie’s au Rijksmuseum et au Musée du Louvre (N° Inv. SK-A-5033), et Le joueur de guitare de Frantz Hals du Louvre (N° Inv. RF 1984-32). Il possédait également une remarquable collection d’émaux limousins et de faïences de Saint-Porchaire. Avec son frère Edmond, il finance les fouilles de Milet, Didymes, Tralles et Magnésie, effectuées en 1873 par l'archéologue Rayet, ils offriront le produit de ces fouilles au musée du Louvre, comptant notamment le trésor de Boscoreale.
C’est peut-être juste avant son entrée dans les collections de Gustave de Rothschild que le meuble a fait de nouveau l’objet de quelques ajouts et transformations, incarnations de l’évolution du goût des mécènes et collectionneurs.
Le cartonnier que nous présentons est prêté à une exposition d'art à Paris en 1874. Le célèbre historien de l'art Albert Jacquemart, ayant vu la pièce lors de cette exposition, déclare dans son Histoire du Mobilier que ce meuble est « Le plus remarquable bout de bureau que nous ayons vu […] est celui appartenant à M. Gustave de Rothschild, et qui a figuré à l’Exposition faite en faveur des Alsaciens-Lorrains ; le corps inférieur, rectangulaire, ouvrant par les côtés, portait sur sa face un trophée d’instruments de musique rattaché par des rubans noués, et, latéralement, des mascarons à palmettes et feuilles d’acanthe en bronze doré. Le corps supérieur, plus étroit au sommet plus étroit au sommet et à deux ventaux ornés de masques couronnés de palmettes, se réunissait à la base par des épanouissements cintrés se repliant en grecque à leur point d’appui ; sur les parties creuses saillaient des consoles servant de base à des athlètes chargés d’enroulements en volutes. Le couronnement du meuble est un bronze allégorique moitié doré, moitié teinté par une patine brune : sur un groupe de nuages que traverse la faux du Temps, apparaît un globe ailé à moitié couvert d’un voile et environné par un serpent ; les heures y sont marquées et un génie les indique, tandis qu’un autre, entouré des attributs des sciences et assis sur les nuages, écrit sur un livre qu’il tient. La pendule est signée : Stollewerck, à Paris »
On trouve bureau et cartonnier dans l’inventaire de la succession de Gustave de Rothschild. Le bureau et le cartonnier sont placés dans deux pièces différentes de son Hôtel de Marigny, Paris; la longue description du cartonnier permet une identification certaine tandis que celle du bureau est plus succincte.
BVRB III VAN RISENBURGH
L’impressionnant cartonnier du présent ensemble porte l’estampille utilisé par le célèbre ébéniste Bernard II van Riesenburgh (m. 1766) mais également par son fils, Bernard III (1731-1800). Ce dernier n’a apparemment jamais reçu de maîtrise mais travailla dans l’atelier de son père lorsque celui-ci fut géré par la veuve de ce dernier. Bernard III, en digne héritier de son père, eut une carrière courte mais brillante produisant un ensemble de meubles aux formes innovantes dans le goût dit ‘à la grecque’. L’inventaire du stock de BVRB II effectué en 1764 lors de la vente de son contenu à son fils sont décrits ‘deux batis de commodes à l'Antique sur l'un desquels sont commencés à monter les cadres des portes et coté et les moulures du haut et bas en cuivre’ (T. Dell, Furniture in the Frick Collection, vol. I, New York 1992, p. 302), indiquant que BVRB II débuta cette transition stylistique. Un groupe de meubles aux lignes néo-classiques puissantes et portant l’estampille de BVRB sont aujourd’hui attribués à Bernard III van Risenburgh:
-Une paire de cabinets à panneaux de laque du Japon à la Frick collection (T. Dell, Furniture in the Frick Collection, vol. I, New York 1992, pp. 294-313).
-Une commode à panneaux de laque du Japon au Metropolitan Museum of Art in New York (C.C. Dauterman a.o., Decorative art from the Samuel H. Kress Collection at the Metropolitan Museum, London, 1964, No. 10).
-Une commode à panneaux de laque du Japon provenant des collections du duc de Westminster vendue à Christie’s, Londres, 9 décembre 2004, lot 100. Une commode similaire mais marqueterie portant l'estampille de BVRB fut vendue chez Sotheby's, Monaco, 14 décembre 1996, lot 73.
-Une commode et sa paire d’encoignures très probablement commandité par Armand-Frédéric-Ernest Nogaret (1734-1806), secrétaire du Roi et trésorier, provenant des collections Rothschild, furent vendues chez Christie’s, Londres, 4 juillet 2019, lots 10, 11 (et 12 pour une deuxième commode similaire listée en 1796 dans le Palais Directorial de Paris).
- Une commode de laque jaune aujourd’hui conservée à la fondation Ephrussi de Rothschild et sa paire d’encoignure en suite fut vendue dans la vente de la collection Jacques Doucet, Galerie Georges Petit, Paris 7-8 juin 1912, lot 322.
- Une autre paire encoignures en laque rouge est aujourd’hui au Musée du château de Versailles donnée par la duchesse de Windsor en 1973 (inv. V4987). Cette paire fut conçue avec une commode à vantaux vendue dans la vente de la collection de Monsieur Claude Cartier, Sotheby’s, Monaco, 25 novembre 1979, lot 155.
STOLLENWERCK
Stollenwerck, ou Stollewerck, est né en Allemagne et travaille à Paris sous le règne de Louis XV, après avoir été reçu maître en février 1746. Les pièces qu’ils signent sont peu nombreuses mais toutes sont remarquables ; ses pairs et la critique de l’époque le considèrent comme l’un des meilleurs horlogers, doté d’un talent mécanique exceptionnel. « Le sieur Stollenweck, horloger […] joint une grande théorie à une parfaite exécution & sa main est toujours guidé par un calcul antécédent » lit-on dans L’Avant-Coureur du 16 février 1761. Ou encore « Quant aux instruments à timbres, ou carillons (...), ceux de Stollenwerk ont joui de la plus haute réputation » (Engramelle, 1776).
Cette solide réputation lui valut de collaborer avec les meilleurs ébénistes et bronziers comme Latz et Osmond. Il répond aux commandes des collectionneurs les plus exigeants : le baron de Besenval évidemment, mais aussi aux rois de Pologne Stanislaw Leszcinski, Frédéric le Grand et Auguste III de Saxe, ou encore les duc de Brissac et de Mortemart.
LA COLLECTION DU BARON DE BESENVAL
Il semble que ce meuble soit identifié pour la première fois dans la collection du baron de Besenval pour lequel le cartonnier -œuvre de Bernard III Van Risenburg- et le bureau ont été adaptés afin de se répondre aussi harmonieusement.
Connaisseur averti, doté d'un œil sûr et nourrissant des goûts éclectiques, le baron de Besenval a réuni une extraordinaire collection de tableaux, de meubles, de bronzes d'ameublement et d'œuvres d'art asiatiques, dont la richesse rivalisait avec celles de Blondel de Gagny ou du duc d'Aumont.
Né en Suisse, Pierre-Victor, baron de Besenval (1722-1791), commandant des gardes suisses, sert lors de la guerre de Succession d'Autriche puis durant la guerre de Sept Ans. Ami intime de la reine Marie-Antoinette, il fait partie de son entourage à partir des années 1770. En 1767, il acquiert un hôtel particulier rue de Grenelle, construit en 1704 par Delamair pour l'abbé Chanac de Pompadour.
Le baron de Besenval fait procéder à d'importantes modifications de son intérieur, en y installant par exemple une salle des bains néo-classique remarquablement moderne sur les plans d'Alexandre Brongniart, et une galerie à éclairage zénithal. Dans un même temps, il conserve certains éléments d’époque Louis XV, au style dépassé, comme la cheminée rococo de son salon de Compagnie. Ce mélange des styles, ce goût éclectique se retrouve sur le portrait peint Henri-Pierre Danloux, aujourd’hui conservé à la National Gallery de Londres (N° Inv. NG6598). Installé dans une bergère à oreilles d’époque Louis XV, le baron semble se réjouir des chefs d’œuvre qui l’entourent : une garniture en porcelaine céladon monté de bronze ciselé et doré (dont le vase vendu chez Christie's Londres, le 6 décembre 2007, lot 130), des tableaux hollandais du XVIIe siècle, un bronze posé sur un meuble d'appui en marqueterie Boulle
Un autre regard sur cette collection nous vient du témoignage de Luc Vincent Thiery, qui donne un aperçu fascinant de l'hôtel et des collections du baron de Besenval (voir le "Guide des Amateurs et des Etrangers" publié en 1787). Ce guide, associé au catalogue de vente du baron de Besenval de 1795, révèle le goût particulier du baron de Besenval pour les meubles de luxe et notamment pour Boulle dont il possédait quinze pièces. Parmi ses plus grands trésors figure la célèbre commode de Martin Carlin ornée de panneaux de Pietra Dura, située dans sa chambre avec son cartonnier et son bureau. Cette commode achetée en 1782 à la célèbre actrice Mademoiselle Laguerre est aujourd'hui conservée avec les collections royales anglaises (Inv. RCIN258). Enfin un rare cartel appartenant à Besenval, ornée de putti en bronze patiné et également doté d’un mouvement de l'horloger Stollewerck, se trouve maintenant à la Wallace Collection (Inv. F257).
Le présent cartonnier et le bureau se trouvaient très certainement dans la chambre du baron, et apparaissent dans le catalogue de sa vente en 1795, décrits comme tels : « Un grand & magnifique Bureau plaqué en ébène, avec son caisson & serre papiers, richement décoré de figures en cariatides, masques d’Apollon, encadrement de moulures, carderons & autres ornemens en cuivre doré. Ce meuble, du meilleur genre, dans le style de Boulle, est encore orné d’une superbe pendule en globe & à cadran tournant, du nom de Stollwerck, à Paris. Divers accessoires biens traités contribuent à former le plus bel ensemble, & présente un des meubles distingué qui ait été établi dans ce genre. Sa longueur totale est de 7 pieds, profondeur 3 pieds 5 po. »
Cuvelier, qui a estampillé le bureau, est très certainement l’auteur des importantes transformations du bureau à l’époque. Il a su non seulement le redimensionner mais également le transformer stylistiquement, passant des codes du style Louis XV à ceux du néo-classicisme.
GUSTAVE DE ROTHSCHILD
Moins d'un siècle plus tard, on retrouve le bureau et le cartonnier inscrits à l’inventaire d’une autre prestigieuse collection : celle du baron Gustave de Rothschild. Né en 1829, frère d’Edmond de Rothschild, Gustave est entre autres choses consul général d'Autriche-Hongrie. Il est surtout l’un des plus importants mécènes et collectionneurs de son siècle. En 1869, le baron Gustave de Rothschild achète à la duchesse de Bauffremont deux hôtels particuliers sis 21, avenue Marigny et 14, rue du Cirque ; puis le 13 avenue Marigny, qui servira d’écrin à ses collections. Y figuraient notamment les portraits de Marten Soolmans et Oopjen Coppit, peints par Rembrandt et récemment vendus via Christie’s au Rijksmuseum et au Musée du Louvre (N° Inv. SK-A-5033), et Le joueur de guitare de Frantz Hals du Louvre (N° Inv. RF 1984-32). Il possédait également une remarquable collection d’émaux limousins et de faïences de Saint-Porchaire. Avec son frère Edmond, il finance les fouilles de Milet, Didymes, Tralles et Magnésie, effectuées en 1873 par l'archéologue Rayet, ils offriront le produit de ces fouilles au musée du Louvre, comptant notamment le trésor de Boscoreale.
C’est peut-être juste avant son entrée dans les collections de Gustave de Rothschild que le meuble a fait de nouveau l’objet de quelques ajouts et transformations, incarnations de l’évolution du goût des mécènes et collectionneurs.
Le cartonnier que nous présentons est prêté à une exposition d'art à Paris en 1874. Le célèbre historien de l'art Albert Jacquemart, ayant vu la pièce lors de cette exposition, déclare dans son Histoire du Mobilier que ce meuble est « Le plus remarquable bout de bureau que nous ayons vu […] est celui appartenant à M. Gustave de Rothschild, et qui a figuré à l’Exposition faite en faveur des Alsaciens-Lorrains ; le corps inférieur, rectangulaire, ouvrant par les côtés, portait sur sa face un trophée d’instruments de musique rattaché par des rubans noués, et, latéralement, des mascarons à palmettes et feuilles d’acanthe en bronze doré. Le corps supérieur, plus étroit au sommet plus étroit au sommet et à deux ventaux ornés de masques couronnés de palmettes, se réunissait à la base par des épanouissements cintrés se repliant en grecque à leur point d’appui ; sur les parties creuses saillaient des consoles servant de base à des athlètes chargés d’enroulements en volutes. Le couronnement du meuble est un bronze allégorique moitié doré, moitié teinté par une patine brune : sur un groupe de nuages que traverse la faux du Temps, apparaît un globe ailé à moitié couvert d’un voile et environné par un serpent ; les heures y sont marquées et un génie les indique, tandis qu’un autre, entouré des attributs des sciences et assis sur les nuages, écrit sur un livre qu’il tient. La pendule est signée : Stollewerck, à Paris »
On trouve bureau et cartonnier dans l’inventaire de la succession de Gustave de Rothschild. Le bureau et le cartonnier sont placés dans deux pièces différentes de son Hôtel de Marigny, Paris; la longue description du cartonnier permet une identification certaine tandis que celle du bureau est plus succincte.
BVRB III VAN RISENBURGH
L’impressionnant cartonnier du présent ensemble porte l’estampille utilisé par le célèbre ébéniste Bernard II van Riesenburgh (m. 1766) mais également par son fils, Bernard III (1731-1800). Ce dernier n’a apparemment jamais reçu de maîtrise mais travailla dans l’atelier de son père lorsque celui-ci fut géré par la veuve de ce dernier. Bernard III, en digne héritier de son père, eut une carrière courte mais brillante produisant un ensemble de meubles aux formes innovantes dans le goût dit ‘à la grecque’. L’inventaire du stock de BVRB II effectué en 1764 lors de la vente de son contenu à son fils sont décrits ‘deux batis de commodes à l'Antique sur l'un desquels sont commencés à monter les cadres des portes et coté et les moulures du haut et bas en cuivre’ (T. Dell, Furniture in the Frick Collection, vol. I, New York 1992, p. 302), indiquant que BVRB II débuta cette transition stylistique. Un groupe de meubles aux lignes néo-classiques puissantes et portant l’estampille de BVRB sont aujourd’hui attribués à Bernard III van Risenburgh:
-Une paire de cabinets à panneaux de laque du Japon à la Frick collection (T. Dell, Furniture in the Frick Collection, vol. I, New York 1992, pp. 294-313).
-Une commode à panneaux de laque du Japon au Metropolitan Museum of Art in New York (C.C. Dauterman a.o., Decorative art from the Samuel H. Kress Collection at the Metropolitan Museum, London, 1964, No. 10).
-Une commode à panneaux de laque du Japon provenant des collections du duc de Westminster vendue à Christie’s, Londres, 9 décembre 2004, lot 100. Une commode similaire mais marqueterie portant l'estampille de BVRB fut vendue chez Sotheby's, Monaco, 14 décembre 1996, lot 73.
-Une commode et sa paire d’encoignures très probablement commandité par Armand-Frédéric-Ernest Nogaret (1734-1806), secrétaire du Roi et trésorier, provenant des collections Rothschild, furent vendues chez Christie’s, Londres, 4 juillet 2019, lots 10, 11 (et 12 pour une deuxième commode similaire listée en 1796 dans le Palais Directorial de Paris).
- Une commode de laque jaune aujourd’hui conservée à la fondation Ephrussi de Rothschild et sa paire d’encoignure en suite fut vendue dans la vente de la collection Jacques Doucet, Galerie Georges Petit, Paris 7-8 juin 1912, lot 322.
- Une autre paire encoignures en laque rouge est aujourd’hui au Musée du château de Versailles donnée par la duchesse de Windsor en 1973 (inv. V4987). Cette paire fut conçue avec une commode à vantaux vendue dans la vente de la collection de Monsieur Claude Cartier, Sotheby’s, Monaco, 25 novembre 1979, lot 155.
STOLLENWERCK
Stollenwerck, ou Stollewerck, est né en Allemagne et travaille à Paris sous le règne de Louis XV, après avoir été reçu maître en février 1746. Les pièces qu’ils signent sont peu nombreuses mais toutes sont remarquables ; ses pairs et la critique de l’époque le considèrent comme l’un des meilleurs horlogers, doté d’un talent mécanique exceptionnel. « Le sieur Stollenweck, horloger […] joint une grande théorie à une parfaite exécution & sa main est toujours guidé par un calcul antécédent » lit-on dans L’Avant-Coureur du 16 février 1761. Ou encore « Quant aux instruments à timbres, ou carillons (...), ceux de Stollenwerk ont joui de la plus haute réputation » (Engramelle, 1776).
Cette solide réputation lui valut de collaborer avec les meilleurs ébénistes et bronziers comme Latz et Osmond. Il répond aux commandes des collectionneurs les plus exigeants : le baron de Besenval évidemment, mais aussi aux rois de Pologne Stanislaw Leszcinski, Frédéric le Grand et Auguste III de Saxe, ou encore les duc de Brissac et de Mortemart.