Lot Essay
Ce portrait appartient à la période de maturité de l’artiste bolonaise Lavinia Fontana et daterait selon Maria Teresa Cantaro du début des années 1590.
Le sujet, un jeune homme corpulent, est représenté en pied, les doigts de sa main droite posés sur sa hanche formant un "V" — un geste qui, en termes iconographiques, pourrait, comme l'a suggéré Mauro Zanchi, être porteur d'un pouvoir magique et superstitieux contre la maladie et la mort (voir M. Zanchi, "Letture iconologiche. Il gesto a 'V' rovesciata nell'arte del Cinquecento. Sotto il segno di Diana", Art e Dossier, n°315, novembre 2014, p. 72-77). Il est vêtu d'un doublet de velours rouge foncé fermé par une rangée de boutons ajustés sur la poitrine, sur lequel il porte un gilet noir ouvert boutonné au cou. À l'auriculaire de la main droite, le jeune homme porte une bague en or ornée d'une croix portant l'inscription "INRI". La présence d'un tel bijou pourrait indiquer que le modèle appartenait à une confrérie séculaire.
Le jeune homme se tient dans une pièce d'une maison noble, à laquelle font allusion les carreaux de marbre géométriques du sol qui donnent une impression de profondeur à l'espace pictural. Ce procédé, typique de l’œuvre de l’artiste, se retrouve dans d’autres de ses compositions, à l’image du Portrait de la famille Gozzadini conservée à la pinacothèque de Bologne (inv. no. 1161). La composition austère de ce tableau, conforme au standard international du portrait diffusé dans les cours d'Europe de l'époque, est interrompue par l'ajout d'un petit chien émergeant de dessous la table. L'animal apporte une légèreté joyeuse à la scène, se montrant apparemment contre la volonté de son jeune maître.
Il n'est pas possible à l'heure actuelle de révéler l'identité de ce jeune érudit de quinze ou seize ans. Toutefois, la présence du compas, de l'encrier et d’instruments de mesure permet d'identifier l'individu comme un futur architecte. Ces objets, en particulier le compas, apparaissent à plusieurs reprises dans des portraits antérieurs, contemporains et ultérieurs de membres de cette profession. Parmi les exemples notables, citons le Portrait d'un architecte de Lorenzo Lotto conservé à la Gemäldegalerie à Berlin (inv. no. 153).
Caroline Murphy a identifié un dessin à rapprocher de notre portrait, Portrait de jeune homme, conservé au musée des Offices (inv. no. 12189F) (ill. 1), qu'elle propose comme une étude préparatoire pour les traits du jeune homme de notre portrait (C.P. Murphy, op. cit., p. 180). En effet, la forme particulière du visage, du nez, des yeux, de la bouche et de l'oreille, la rondeur du menton, la coupe courte des cheveux, la forme de la tête et même la position du visage, tourné de trois-quarts sur la droite, sont autant de caractéristiques communes aux deux œuvres. Seul le col du jeune homme diffère, mais cela peut simplement refléter les différents vêtements qu'il portait lorsqu'il était assis pour prendre la pose en vue de la composition finale.
Nous remercions Maria Teresa Cantaro d’avoir confirmé l’attribution de ce portrait à Lavinia Fontana sur base d’un examen direct de l’œuvre.
Le sujet, un jeune homme corpulent, est représenté en pied, les doigts de sa main droite posés sur sa hanche formant un "V" — un geste qui, en termes iconographiques, pourrait, comme l'a suggéré Mauro Zanchi, être porteur d'un pouvoir magique et superstitieux contre la maladie et la mort (voir M. Zanchi, "Letture iconologiche. Il gesto a 'V' rovesciata nell'arte del Cinquecento. Sotto il segno di Diana", Art e Dossier, n°315, novembre 2014, p. 72-77). Il est vêtu d'un doublet de velours rouge foncé fermé par une rangée de boutons ajustés sur la poitrine, sur lequel il porte un gilet noir ouvert boutonné au cou. À l'auriculaire de la main droite, le jeune homme porte une bague en or ornée d'une croix portant l'inscription "INRI". La présence d'un tel bijou pourrait indiquer que le modèle appartenait à une confrérie séculaire.
Le jeune homme se tient dans une pièce d'une maison noble, à laquelle font allusion les carreaux de marbre géométriques du sol qui donnent une impression de profondeur à l'espace pictural. Ce procédé, typique de l’œuvre de l’artiste, se retrouve dans d’autres de ses compositions, à l’image du Portrait de la famille Gozzadini conservée à la pinacothèque de Bologne (inv. no. 1161). La composition austère de ce tableau, conforme au standard international du portrait diffusé dans les cours d'Europe de l'époque, est interrompue par l'ajout d'un petit chien émergeant de dessous la table. L'animal apporte une légèreté joyeuse à la scène, se montrant apparemment contre la volonté de son jeune maître.
Il n'est pas possible à l'heure actuelle de révéler l'identité de ce jeune érudit de quinze ou seize ans. Toutefois, la présence du compas, de l'encrier et d’instruments de mesure permet d'identifier l'individu comme un futur architecte. Ces objets, en particulier le compas, apparaissent à plusieurs reprises dans des portraits antérieurs, contemporains et ultérieurs de membres de cette profession. Parmi les exemples notables, citons le Portrait d'un architecte de Lorenzo Lotto conservé à la Gemäldegalerie à Berlin (inv. no. 153).
Caroline Murphy a identifié un dessin à rapprocher de notre portrait, Portrait de jeune homme, conservé au musée des Offices (inv. no. 12189F) (ill. 1), qu'elle propose comme une étude préparatoire pour les traits du jeune homme de notre portrait (C.P. Murphy, op. cit., p. 180). En effet, la forme particulière du visage, du nez, des yeux, de la bouche et de l'oreille, la rondeur du menton, la coupe courte des cheveux, la forme de la tête et même la position du visage, tourné de trois-quarts sur la droite, sont autant de caractéristiques communes aux deux œuvres. Seul le col du jeune homme diffère, mais cela peut simplement refléter les différents vêtements qu'il portait lorsqu'il était assis pour prendre la pose en vue de la composition finale.
Nous remercions Maria Teresa Cantaro d’avoir confirmé l’attribution de ce portrait à Lavinia Fontana sur base d’un examen direct de l’œuvre.