Lot Essay
Cette œuvre est référencée dans les archives de la Fondation Zao Wou-Ki et sera incluse dans le catalogue raisonné de l’artiste en préparation par Françoise Marquet et Yann Hendgen (information fournie par la Fondation Zao Wou-Ki).
This work is referenced in the archive of the Fondation Zao Wou-Ki and will be included in the artist's forthcoming catalogue raisonne prepared by Francoise Marquet and Yann Hendgen (Information provided by Fondation Zao Wou-Ki).
« L’homme suit les voies de la Terre, la Terre suit les voies du Ciel, le ciel suit les voies de la Voie, et la Voie suit ses propres voies ». – Lao Tseu
Tout au long de sa carrière artistique prolifique, Zao Wou-Ki a cherché à décrire les profondeurs de l’invisible, en explorant de multiples expressions de lumière, de mouvement et de couleur. Le tableau 19 août 2006 rassemble de nombreuses caractéristiques typiques de l’œuvre de l’artiste car il adopte une composition centrale (largement utilisée dans les années 1960) tout en présentant une palette colorée (qu’il a étendue dans les années 1980) organisée le long de fragments verticaux qui rappellent son Hommage à Matisse I – 02.02.86 et son Triptyque 1987-1988. Le tableau que nous voyons ici incarne sa dernière quête : « Je me demande souvent de quelle manière que je peux peindre le vent ? Comment puis-je exprimer la luminosité et la pureté de la lumière ? […] je souhaite créer de nouvelles couleurs, de nouveaux espaces et une nouvelle sorte de légèreté. Je souhaite que les gens aient ces sensations à la fois fraîches, légères et chatoyantes ».
Les années 2000 ont marqué un tournant dans la carrière de l’artiste, tandis que Zao Wou-Ki dévoilait une large palette chromatique, repoussant les limites qu’il avait précédemment définies. Peint près de soixante ans après son arrivée à Paris, 19 août 2006 présente un panel de couleurs pastel rayonnant d’un axe bleu foncé dominant, traversant la toile de bas en haut. Tandis que des éclats de violet se détachent du tronc principal de la composition et parcourent la surface en semblant flotter, affranchis de l’apesanteur, le temps semble se figer dans le royaume nouvellement créé de l’artiste. Cette douce harmonie entre la couleur et le mouvement révèle une composition monumentale lumineuse, vestige, sur le plan vertical, du paysage chinois qui défile.
Les grandes toiles que Zao Wou-Ki a commencé à utiliser dans les années 1960 ont permis au peintre d’élargir son amplitude au moyen de grands coups de pinceaux. Ce format, qu’il a adopté en emménageant dans son studio situé Rue Jonquoy, en 1964, à la suite d’une visite à New York (où il a rencontré ses contemporains de l’expressionnisme abstrait, également représentés par leur galeriste Samuel Kootz), a été un facteur déterminant dans son travail et a atteint son apogée dans ses compositions des années 2000 dans lesquelles les couleurs embrassent la toile.
Dans ses dernières œuvres, Zao a utilisé de grandes quantités de solvant afin de pouvoir répartir les couleurs de la façon la plus uniforme qui soit et de cacher ses coups de pinceau, créant ainsi un flux continu de couleur qui suinte et parcoure la toile. Telles des gouttes de couleur tombant dans de l’eau claire, elles se mélangent et forment de nouveaux tons empreints d’un naturel total, tout ceci sans effort ni artificialité, produisant ainsi les variations kaléidoscopiques de la lumière présents dans le tableau.
Ici, 19 août 2006 va au-delà de l’intérêt que voue l’artiste au dynamisme et au mouvement pour transformer davantage encore l’espace pictural en une vision d’ouverture et de profondeur transparente. Le critique d’art François Jacob a autrefois décrit en ces termes les œuvres que Zao a peintes à la fin de sa carrière : « Devant mes yeux figure le chaos qui existait avant la création du monde ; il s’agit d’une route, qui ne mène pas à une impasse mais retourne à l’origine, à un endroit se trouvant entre la forme et l’absence de forme. C’est ce à quoi les tableaux de Zao Wou-Ki nous mènent, vers un monde toujours en cours de création, en suspension, hésitant dans son dernier mouvement de vol vertigineux avant l’émergence de l’ordre. Les tableaux de Zao Wou-Ki sont intemporels dans leur questionnement de l’univers, dans leurs objectifs de parvenir à la nouvelle création...ils nous présentent la naissance de la lumière, les origines de l’eau, et au-delà de ces bouleversements turbulents de la matière, un sens lointain d’énergie vitale surgissant au milieu de tout cela. »
“Man follows the way of the Earth; Earth follows the way of Heaven; Heaven follows the way of the Tao; the Tao follows the way of nature.” – Laozi
Throughout his prolific artistic career, Zao Wou-Ki has sought to depict the depths of the invisible, exploring multiple expressions of light, movement, and colour. 19 août 2006 brings together many signature features of the artist’s work as it adopts a core-focused composition -widely used in the 1960s- while displaying a colourful palette -which he expanded in the 1980s- organised along vertical fragments reminiscent of his Hommage à Matisse I – 02.02.86 and his Triptyque 1987-1988. Our painting here embodies his ultimate quest: “In my mind I often wonder, How can I paint the wind? How can I express the brightness and purity of light? […] I want to create new colours, new spaces, a new kind of lightness. I want people to feel those fresh, light, shimmering sensations”
The 2000s marked a turning point in the artist’s career, as Zao Wou-Ki unveiled a wide chromatic palette, breaking his previously set boundaries. Painted almost sixty years after his arrival in Paris, 19 août 2006 displays a breath of soft pastel colours radiating from a dominant deep blue axis crossing the canvas from bottom to top. As sprinkles of purple get detached from the main compositional trunk and roam across the surface in floating motion, free from gravity, time seems to stand still within the artist’s newly created realm. This gentle harmony of colour and motion reveal a luminous monumental composition, with a verticality reminiscent of Chinese landscape scrolls.
The large canvases Zao Wou-Ki started using in the 1960s allowed the painter to widen his amplitude thanks to large movements of his brushes. This format, which he adopted when he moved into his studio in Rue Jonquoy in 1964 following a visit to New York (where he met his abstract expressionist contemporaries, also represented by their gallery owner Samuel Kootz) was a determining factor in his work and reached its peak in his compositions of the 2000s in which colours set the canvas ablaze.
In his late works, Zao used generous amounts of solvent to help spread colours as evenly as possible and hide his brushstrokes, creating a continuous flow of colour that seeps and flows across the canvas. Like drops of colour falling into clear water, they mix and form new tones with complete naturalness and no sense of effort or artificiality, producing the kaleidoscopic changes of light in the painting.
Here, 19 août 2006 goes beyond the artist’s concern for dynamism and motion to further transform the pictorial space into a vision of openness and transparent depth. Art critic Francois Jacob once described Zao's late-period works this way: “Before my eyes I see the chaos that existed before the formation of the world; it is a road, a road that leads not to an endpoint but back to a beginning, somewhere between form and formlessness. This is where Zao Wou-Ki's paintings lead us, to a world still in formation, in suspension, hesitating in its last moment of free-soaring flight before the emergence of order. Zao Wou-Ki's paintings are ageless in their questioning of the universe, in their efforts at re-creation....they present for us the birth of light, the origins of water, and beyond these turbulent upheavals of matter, a distant sense of the life energy coming into being in their midst.”
This work is referenced in the archive of the Fondation Zao Wou-Ki and will be included in the artist's forthcoming catalogue raisonne prepared by Francoise Marquet and Yann Hendgen (Information provided by Fondation Zao Wou-Ki).
« L’homme suit les voies de la Terre, la Terre suit les voies du Ciel, le ciel suit les voies de la Voie, et la Voie suit ses propres voies ». – Lao Tseu
Tout au long de sa carrière artistique prolifique, Zao Wou-Ki a cherché à décrire les profondeurs de l’invisible, en explorant de multiples expressions de lumière, de mouvement et de couleur. Le tableau 19 août 2006 rassemble de nombreuses caractéristiques typiques de l’œuvre de l’artiste car il adopte une composition centrale (largement utilisée dans les années 1960) tout en présentant une palette colorée (qu’il a étendue dans les années 1980) organisée le long de fragments verticaux qui rappellent son Hommage à Matisse I – 02.02.86 et son Triptyque 1987-1988. Le tableau que nous voyons ici incarne sa dernière quête : « Je me demande souvent de quelle manière que je peux peindre le vent ? Comment puis-je exprimer la luminosité et la pureté de la lumière ? […] je souhaite créer de nouvelles couleurs, de nouveaux espaces et une nouvelle sorte de légèreté. Je souhaite que les gens aient ces sensations à la fois fraîches, légères et chatoyantes ».
Les années 2000 ont marqué un tournant dans la carrière de l’artiste, tandis que Zao Wou-Ki dévoilait une large palette chromatique, repoussant les limites qu’il avait précédemment définies. Peint près de soixante ans après son arrivée à Paris, 19 août 2006 présente un panel de couleurs pastel rayonnant d’un axe bleu foncé dominant, traversant la toile de bas en haut. Tandis que des éclats de violet se détachent du tronc principal de la composition et parcourent la surface en semblant flotter, affranchis de l’apesanteur, le temps semble se figer dans le royaume nouvellement créé de l’artiste. Cette douce harmonie entre la couleur et le mouvement révèle une composition monumentale lumineuse, vestige, sur le plan vertical, du paysage chinois qui défile.
Les grandes toiles que Zao Wou-Ki a commencé à utiliser dans les années 1960 ont permis au peintre d’élargir son amplitude au moyen de grands coups de pinceaux. Ce format, qu’il a adopté en emménageant dans son studio situé Rue Jonquoy, en 1964, à la suite d’une visite à New York (où il a rencontré ses contemporains de l’expressionnisme abstrait, également représentés par leur galeriste Samuel Kootz), a été un facteur déterminant dans son travail et a atteint son apogée dans ses compositions des années 2000 dans lesquelles les couleurs embrassent la toile.
Dans ses dernières œuvres, Zao a utilisé de grandes quantités de solvant afin de pouvoir répartir les couleurs de la façon la plus uniforme qui soit et de cacher ses coups de pinceau, créant ainsi un flux continu de couleur qui suinte et parcoure la toile. Telles des gouttes de couleur tombant dans de l’eau claire, elles se mélangent et forment de nouveaux tons empreints d’un naturel total, tout ceci sans effort ni artificialité, produisant ainsi les variations kaléidoscopiques de la lumière présents dans le tableau.
Ici, 19 août 2006 va au-delà de l’intérêt que voue l’artiste au dynamisme et au mouvement pour transformer davantage encore l’espace pictural en une vision d’ouverture et de profondeur transparente. Le critique d’art François Jacob a autrefois décrit en ces termes les œuvres que Zao a peintes à la fin de sa carrière : « Devant mes yeux figure le chaos qui existait avant la création du monde ; il s’agit d’une route, qui ne mène pas à une impasse mais retourne à l’origine, à un endroit se trouvant entre la forme et l’absence de forme. C’est ce à quoi les tableaux de Zao Wou-Ki nous mènent, vers un monde toujours en cours de création, en suspension, hésitant dans son dernier mouvement de vol vertigineux avant l’émergence de l’ordre. Les tableaux de Zao Wou-Ki sont intemporels dans leur questionnement de l’univers, dans leurs objectifs de parvenir à la nouvelle création...ils nous présentent la naissance de la lumière, les origines de l’eau, et au-delà de ces bouleversements turbulents de la matière, un sens lointain d’énergie vitale surgissant au milieu de tout cela. »
“Man follows the way of the Earth; Earth follows the way of Heaven; Heaven follows the way of the Tao; the Tao follows the way of nature.” – Laozi
Throughout his prolific artistic career, Zao Wou-Ki has sought to depict the depths of the invisible, exploring multiple expressions of light, movement, and colour. 19 août 2006 brings together many signature features of the artist’s work as it adopts a core-focused composition -widely used in the 1960s- while displaying a colourful palette -which he expanded in the 1980s- organised along vertical fragments reminiscent of his Hommage à Matisse I – 02.02.86 and his Triptyque 1987-1988. Our painting here embodies his ultimate quest: “In my mind I often wonder, How can I paint the wind? How can I express the brightness and purity of light? […] I want to create new colours, new spaces, a new kind of lightness. I want people to feel those fresh, light, shimmering sensations”
The 2000s marked a turning point in the artist’s career, as Zao Wou-Ki unveiled a wide chromatic palette, breaking his previously set boundaries. Painted almost sixty years after his arrival in Paris, 19 août 2006 displays a breath of soft pastel colours radiating from a dominant deep blue axis crossing the canvas from bottom to top. As sprinkles of purple get detached from the main compositional trunk and roam across the surface in floating motion, free from gravity, time seems to stand still within the artist’s newly created realm. This gentle harmony of colour and motion reveal a luminous monumental composition, with a verticality reminiscent of Chinese landscape scrolls.
The large canvases Zao Wou-Ki started using in the 1960s allowed the painter to widen his amplitude thanks to large movements of his brushes. This format, which he adopted when he moved into his studio in Rue Jonquoy in 1964 following a visit to New York (where he met his abstract expressionist contemporaries, also represented by their gallery owner Samuel Kootz) was a determining factor in his work and reached its peak in his compositions of the 2000s in which colours set the canvas ablaze.
In his late works, Zao used generous amounts of solvent to help spread colours as evenly as possible and hide his brushstrokes, creating a continuous flow of colour that seeps and flows across the canvas. Like drops of colour falling into clear water, they mix and form new tones with complete naturalness and no sense of effort or artificiality, producing the kaleidoscopic changes of light in the painting.
Here, 19 août 2006 goes beyond the artist’s concern for dynamism and motion to further transform the pictorial space into a vision of openness and transparent depth. Art critic Francois Jacob once described Zao's late-period works this way: “Before my eyes I see the chaos that existed before the formation of the world; it is a road, a road that leads not to an endpoint but back to a beginning, somewhere between form and formlessness. This is where Zao Wou-Ki's paintings lead us, to a world still in formation, in suspension, hesitating in its last moment of free-soaring flight before the emergence of order. Zao Wou-Ki's paintings are ageless in their questioning of the universe, in their efforts at re-creation....they present for us the birth of light, the origins of water, and beyond these turbulent upheavals of matter, a distant sense of the life energy coming into being in their midst.”