Lot Essay
« J’ai le sentiment qu’A.R. Penck nous invite […] à éprouver cette ivresse des débuts de toute création ». Adrien Maeght
“I have a feeling that A.R. Penck invites us […] to experience this euphoria that comes with the beginning of each creation.” Adrien Maeght
« Je m'intéresse aux structures et au changement, pas l'un ou l'autre, mais les deux. Certaines personnes croient aux systèmes, mais elles sont aveugles quant aux faits. Je m'intéresse au mouvement plutôt qu'à quelque chose de statique. C’est d’ailleurs le mouvement que j’observe depuis toutes ces années ». A. R. Penck
“I am interested in structures and change, not one or the other, but both. Some people believe in systems, but they are blind about the facts. I am interested in movement, rather than something static. That’s what I have been looking at all these years, movement.” A. R. Penck
Par son esthétique singulière, volontiers primitive, A.R. Penck est considéré comme l’un des artistes allemands les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Profondément marqué par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale durant son enfance, poursuivi par la Stasi dans sa jeunesse avant de fuir finalement l’Est pour l’Ouest au début des années 1980, le peintre porte en lui une partie de l’histoire de l’Allemagne contemporaine.
Avec Ich und M.W., Penck se met en scène dans une conversation avec son marchand historique, Michael Werner. Grand et à la posture rassurante, le galeriste n’est pas seulement dépeint comme une figure protectrice. Il est aussi ici un ami avec lequel Penck converse et échange. Michael Werner écoute le peintre et se penche pour mieux servir son compagnon. Cet échange fertile entre deux hommes collaborant dans leur travail et leur réflexion n’est d’ailleurs pas sans rappeler les relations étroites que Pierre Rochelois a lui-même entretenues avec certaines des grandes figures de l’art contemporain, et notamment un autre représentant majeur de la scène allemande, Anselm Kiefer.
Ich und M.W. donne à voir les éléments de style caractéristiques de Penck, résistant à toute tentative de déchiffrement complet, presque mystiques. L’artiste néglige la diversité de couleurs et se concentre sur la forme. Sa palette est en effet réduite à une trilogie aussi fort que dense - noir, rouge, blanc - accentuée par une composition en miroir où les deux personnages sont traités dans un jeu où le rouge et le noir servent tantôt le corps, tantôt l’arrière-plan. Les aplats sont larges et puissants, ponctués de zones blanches laissées en réserve qui viennent découper davantage la scène et amplifier la rythmique dansante de la toile.
Finalement, c’est bien la relation qu’entretient le créateur avec la vérité qui se trouve illustrée ici. Ayant changé plusieurs fois de nom, Penck affirme ne pas vouloir s’intéresser aux solutions concrètes que peut dégager une œuvre d’art et préfère envisager la tension qui réside dans toute forme de création. Ich und M.W. en offre un exemple saisissant.
A.R. Penck is considered to be one of the most important German artists of the second half of the twentieth century for his unique and resolutely primitive aesthetic. He was profoundly affected by the Second World War bombings he experienced during his childhood, and was pursued by the Stasi in his youth before eventually fleeing to the West in the early 1980s. The painter carried inside him a part of Germany’s recent history.
In Ich und M.W., Penck depicts himself in conversation with his long-time dealer, Michael Werner. Tall and with a reassuring stance, the gallery owner is not just portrayed as a protective figure. He is also shown as a friend with whom Penck is conversing and discussing. Michael Werner is listening to the painter and is leaning over to better help his companion. This fruitful discussion between two men collaborating on their work and thinking also brings to mind the close relationship that Pierre Rochelois had with a number of important figures in the contemporary art world, including another major representative of the German scene, Anselm Kiefer.
Ich und M.W. demonstrates elements of Penck’s characteristic style, which resists any attempt to entirely decipher it, remaining almost mystical. The artist leaves colour to one side to concentrate on form. His palette is reduced to a strong, dense trio of black, red and white, accentuated by a mirrored composition where the two figures are rendered with an interplay of red and black that is at times used for the body and at times the background. He uses large, powerful swathes of colour, punctuated by areas he has left white, which divide the scene up further and amplify the rhythmic movement of the canvas.
Ultimately, it is the artist’s relationship with the truth that is illustrated here. Having changed his name several times, Penck maintained that he was not interested in the concrete solutions that a work of art may offer and preferred to contemplate the tension that resides in all forms of creation. Ich und M.W. provides a striking example of this.
“I have a feeling that A.R. Penck invites us […] to experience this euphoria that comes with the beginning of each creation.” Adrien Maeght
« Je m'intéresse aux structures et au changement, pas l'un ou l'autre, mais les deux. Certaines personnes croient aux systèmes, mais elles sont aveugles quant aux faits. Je m'intéresse au mouvement plutôt qu'à quelque chose de statique. C’est d’ailleurs le mouvement que j’observe depuis toutes ces années ». A. R. Penck
“I am interested in structures and change, not one or the other, but both. Some people believe in systems, but they are blind about the facts. I am interested in movement, rather than something static. That’s what I have been looking at all these years, movement.” A. R. Penck
Par son esthétique singulière, volontiers primitive, A.R. Penck est considéré comme l’un des artistes allemands les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Profondément marqué par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale durant son enfance, poursuivi par la Stasi dans sa jeunesse avant de fuir finalement l’Est pour l’Ouest au début des années 1980, le peintre porte en lui une partie de l’histoire de l’Allemagne contemporaine.
Avec Ich und M.W., Penck se met en scène dans une conversation avec son marchand historique, Michael Werner. Grand et à la posture rassurante, le galeriste n’est pas seulement dépeint comme une figure protectrice. Il est aussi ici un ami avec lequel Penck converse et échange. Michael Werner écoute le peintre et se penche pour mieux servir son compagnon. Cet échange fertile entre deux hommes collaborant dans leur travail et leur réflexion n’est d’ailleurs pas sans rappeler les relations étroites que Pierre Rochelois a lui-même entretenues avec certaines des grandes figures de l’art contemporain, et notamment un autre représentant majeur de la scène allemande, Anselm Kiefer.
Ich und M.W. donne à voir les éléments de style caractéristiques de Penck, résistant à toute tentative de déchiffrement complet, presque mystiques. L’artiste néglige la diversité de couleurs et se concentre sur la forme. Sa palette est en effet réduite à une trilogie aussi fort que dense - noir, rouge, blanc - accentuée par une composition en miroir où les deux personnages sont traités dans un jeu où le rouge et le noir servent tantôt le corps, tantôt l’arrière-plan. Les aplats sont larges et puissants, ponctués de zones blanches laissées en réserve qui viennent découper davantage la scène et amplifier la rythmique dansante de la toile.
Finalement, c’est bien la relation qu’entretient le créateur avec la vérité qui se trouve illustrée ici. Ayant changé plusieurs fois de nom, Penck affirme ne pas vouloir s’intéresser aux solutions concrètes que peut dégager une œuvre d’art et préfère envisager la tension qui réside dans toute forme de création. Ich und M.W. en offre un exemple saisissant.
A.R. Penck is considered to be one of the most important German artists of the second half of the twentieth century for his unique and resolutely primitive aesthetic. He was profoundly affected by the Second World War bombings he experienced during his childhood, and was pursued by the Stasi in his youth before eventually fleeing to the West in the early 1980s. The painter carried inside him a part of Germany’s recent history.
In Ich und M.W., Penck depicts himself in conversation with his long-time dealer, Michael Werner. Tall and with a reassuring stance, the gallery owner is not just portrayed as a protective figure. He is also shown as a friend with whom Penck is conversing and discussing. Michael Werner is listening to the painter and is leaning over to better help his companion. This fruitful discussion between two men collaborating on their work and thinking also brings to mind the close relationship that Pierre Rochelois had with a number of important figures in the contemporary art world, including another major representative of the German scene, Anselm Kiefer.
Ich und M.W. demonstrates elements of Penck’s characteristic style, which resists any attempt to entirely decipher it, remaining almost mystical. The artist leaves colour to one side to concentrate on form. His palette is reduced to a strong, dense trio of black, red and white, accentuated by a mirrored composition where the two figures are rendered with an interplay of red and black that is at times used for the body and at times the background. He uses large, powerful swathes of colour, punctuated by areas he has left white, which divide the scene up further and amplify the rhythmic movement of the canvas.
Ultimately, it is the artist’s relationship with the truth that is illustrated here. Having changed his name several times, Penck maintained that he was not interested in the concrete solutions that a work of art may offer and preferred to contemplate the tension that resides in all forms of creation. Ich und M.W. provides a striking example of this.