Berthe Morisot (1841-1895)
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Collection Rouart: Hommage à Berthe Morisot et Édouard Manet
Berthe Morisot (1841-1895)

Le Flageolet

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Berthe Morisot (1841-1895)
Le Flageolet
huile sur toile
56.4 x 87.5 cm.
Peint à Mézy en 1890

oil on canvas
22 1/8 x 34 ½ in.
Painted in Mézy in 1890
Provenance
Atelier de l'artiste.
Julie Manet et Ernest Rouart, Paris (par descendance).
Clément Rouart, Paris (par descendance).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
M. Angoulvent, Berthe Morisot, Paris, 1933, p. 142, no. 488 (titré 'Le flageolet (Julie et Jeannie à Mézy)').
M.-L. Bataille et G. Wildenstein, Berthe Morisot, Catalogue des peintures, pastels et aquarelles, Paris, 1961, p. 40, no. 255 (illustré, fig. 250).
R. de Boland Roberts et J. Roberts, Growing up with the Impressionists: The Diary of Julie Manet, Londres, 1987, p. 21.
A. Clairet, D. Montalant et Y. Rouart, Berthe Morisot, Catalogue raisonné de l’oeuvre peint, Paris, 1997, p. 242, no. 259 (illustré).
Exhibited
Paris, Musée Jacquemart André, Berthe Morisot, 1961, no. 73.
Cannes, Salons de la Malmaison, Femmes… Portraits et Nus, décembre 1985-février 1986.
Laren, Museum Singer Laren, De impressionistische wereld van Julie Manet, mai-août 1990.
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Antoine Lebouteiller
Antoine Lebouteiller Head of Department

Lot Essay

« De la musique avant toute chose » énonce Paul Verlaine dans l’« Art poétique » (Jadis et Naguère, 1884) ! Elle joue assurément un rôle essentiel dans les milieux cultivés des années 1860-1900. Les musiciens et compositeurs Alfred Cortot, Ernest Chausson, Emmanuel Chabrier sont des habitués du Salon d’Eugène et de Berthe. Le Journal de Julie, commencé en 1893, atteste régulièrement de cette passion familiale, ainsi le 5 novembre de cette même année : « Allées aujourd’hui, Maman, Jeannie et moi au Concert Colonne. Nous sommes arrivées lorsque l’on jouait la symphonie de Beethoven qui est très belle ; entendu ensuite Mlle Frank chanter le Roi des Aulnes […] La Chevauchée des Walkyries m’a semblé mieux jouée par l’orchestre de Colonne que par celui de Lamoureux […] Ensuite on a joué que du Gounod […] » (cité in J. Manet, Journal (1893-1899), Paris, 1979, p. 24). Julie, que Berthe représente s’exerçant à la mandoline en 1889 et 1890, au violon en 1893, joue également du Flageolet (1890). Le jardin de la maison que les Manet louent durant l’été 1890 et 1891 à Mézy-sur-Seine, situé à proximité de Mantes-la-Jolie, est mieux adapté que le violon à l’apprentissage de cet instrument qui connait son apogée dans la deuxième moitié du XIXème siècle en devenant l’instrument favori des bals et des fêtes populaires. Relativement peu représenté dans la peinture, si l’on excepte l’étonnant tableau contemporain de Paul Gauguin, Le joueur de flageolet (1889) (Indianapolis, Museum of Art), il est pour Berthe Morisot l’occasion de deux tableaux ainsi que d’une lithographie en couleurs. Le 8 juillet 1890, Mallarmé écrira, en guise d’adresse, ces quelques vers sur l’enveloppe destinée à Berthe : « Sans t’endormir dans l’herbe verte / Naïf distributeur, mets-y / Du tien, cours chez Madame Berthe / Manet, par Meulan, à Mézy ».

“Music above all else” proclaimed Paul Verlaine in “Art poétique” (Jadis et Naguère, 1884)! She certainly played an essential role in the world of culture over the period 1860-1900. The musicians and composers Alfred Cortot, Ernest Chausson and Emmanuel Chabrier were regular guests at the salons hosted by Eugène and Berthe. Julie’s Journal, begun in 1893, regularly attests to this family passion. On 5 November of that same year, she wrote: “Today Mother, Jeannie and I went to the Colonne concert. We arrived as they were playing the very pretty Beethoven symphony; then we heard Miss Franck sing The Erlkönig […] I thought the The Ride of the Valkyries was done better by the Colonne orchestra than by the Lamoureux orchestra […] Then they played Gounod […] (quoted in J. Manet, Journal (1893-1899), Paris, 1979, p. 24). Julie, whom Berthe showed playing the mandolin in 1889 and 1890 and the violin in 1893, also played the Flageolet (1890). The garden at the house the Manets leased in the summers of 1890 and 1891 in Mézy-sur-Seine, near Mantes-la-Jolie, was better suited to learning that instrument than the violin. The flageolet reached the height of its popularity in the second half of the 19th century by becoming the preferred instrument at street dances and celebrations. Relatively rarely depicted in painting, save for the surprising contemporary work by Paul Gauguin, Le joueur de flageolet (1889) (Indianapolis, Museum of Art), Berthe Morisot featured it in two paintings and one colour lithograph. On 8 July 1890, Mallarmé wrote the following verses as an address on an envelope intended for Berthe: “Sans t’endormir dans l’herbe verte / Naïf distributeur, mets-y / Du tien, cours chez Madame Berthe / Manet, par Meulan, à Mézy”. (“Rather than falling asleep in the green grass / Naïve distributor, put in / Yours, run to Madame Berthe / Manet, via Meulan, in Mézy”).

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