Lot Essay
Le Bateau à quai (1886) fait irrésistiblement penser, par son cadrage resserré et la puissance de ses traits, à Boulogne-sur-mer (1868) de Manet. Comme Manet, c’est ici l’aventure humaine, celle des pêcheurs s’affairant, des marins sur le quai, des cheminées dans le lointain, qui intéresse Berthe. Quelques coups de brosse y retranscrivent immédiatement la vie.
Gilles Genty, historien de l'art.
One cannot help but compare Bateau à quai (1886) with its tight framing and powerful lines to Manet’s Boulogne-sur-mer (1868). As with the Manet, it is the human activity ‒ the busy fishermen, the sailors on the wharf, the smokestacks in the distance ‒ that catch Berthe’s eye. A few brush strokes immediately bring them to life.
Gilles Genty, Art historian.
Peintre de l’intimité de la vie bourgeoise, du travail domestique féminin et de portraits, Morisot attache néanmoins dès ses premières œuvres, une importance particulière aux scènes d’extérieurs et notamment aux effets de la réflexion de la lumière sur l’eau. Dans la lignée du père de l’impressionnisme, Claude Monet, Berthe Morisot pose ainsi son chevalet au Bois de Boulogne ou encore sur les berges de Seine, à Villeneuve-la-Garenne, où elle séjourne à partir de 1874 pour restituer dans ses toiles l’impact des variations atmosphériques sur l’eau. Au début des années 1880, alors qu’elle voyage sur la côte d’Azur c’est à nouveau aux reflets du soleil cette fois sur l’eau de la mer méditerranée que Berthe Morisot s’intéresse ainsi qu’en témoigne Le Port de Nice (1882). Par son thème ainsi que ses petites touches fractionnées de couleurs cette œuvre illustre la parfaite maîtrise par Berthe Morisot des principes de l’impressionnisme.
À l’été 1886, Morisot séjourne à Jersey avec son mari et sa fille Julie. C’est au cours de ce séjour qu’elle réalise Bateaux à quai qui ne montre que peu de ressemblances avec Le Port de Nice pourtant peint seulement quatre années auparavant. Si elle semble reprendre un point de vue en contre-plongée – qui suggère qu’elle ait posé son chevalet sur un bateau – la délicatesse des tons employés à la réalisation du Port de Nice contraste avec la palette sombre de Bateaux à quai qui rappelle les toiles de son maître et beau-frère Édouard Manet. Dans Marine à Berck : Bateaux de pêche et pêcheurs (1873), ce dernier emploie un cadrage peu commun et un camaïeu sombre révélant l’influence certaine qu’il eut sur l’œuvre de Berthe Morisot. Si par certains aspects leurs deux œuvres se montrent très proches, il se dégage des Bateaux à quai de Morisot une énergie unique probablement impulsée par une touche rapide et vive, comme emportée par l’inspiration. A l’instar de Monet dans ses Bateaux sur la plage d’Étretat, Morisot rend un instant fugitif au travers d’une touche qui relève de l’esquisse.
Bien que l’art de Morisot se soit enrichi des découvertes des peintres Édouard Manet et Claude Monet, elle livre une œuvre unique empreinte d’une modernité audacieuse.
Despite being the painter of the intimate life of the bourgeoisie, of women's domestic work and of portraits, Morisot attached a particular importance to outdoor scenes as seen in her earliest works, with a focus on the reflection of light on water. In order to accurately portray the impact of atmospheric variations on water, and much like the father of Impressionism, Claude Monet, Berthe Morisot set up her easel in the Bois de Boulogne or on the banks of the Seine, in Villeneuve-la-Garenne, where she stayed from 1874 onwards. At the beginning of the 1880s, while traveling on the French Riviera, Berthe Morisot was once again interested in the reflections of the sun, this time on the water of the Mediterranean Sea, as shown in Le Port of Nice (1882). By its theme as well as its small fractioned touches of color, this work depicts Berthe Morisot's perfect mastery of the principles of Impressionism.
In the summer of 1886, Morisot was staying in Jersey with her husband and daughter Julie. It is during this stay that she produced Bateaux à quai that shows little resemblance to Le Port de Nice, painted only four years earlier. While she appears to be, once again, using a low-angle viewpoint – suggesting that her easel was set on a boat – the delicacy of tones used in Le Port de Nice contrasts with the dark palette of Les Bateaux à quai that evokes the paintings of her brother-in-law Edouard Manet. In Marine à Berck: Bateaux de pêche et pêcheurs (1873), Manet uses an unusual framing and a dark cameo thus unequivocally revealing the influence he had on the work of Berthe Morisot. Despite their two works being very similar, Morisot's Bateaux à quai oozes unique energy probably driven by a quick and lively touch, as if carried away by inspiration. Like Monet in his Bateaux sur la plage d’Étretat, Morisot renders a fleeting moment through a sketchy touch.
Although Morisot's art was enriched by the discoveries of painters Édouard Manet and Claude Monet, she delivers a unique work marked by daring modernity.
Gilles Genty, historien de l'art.
One cannot help but compare Bateau à quai (1886) with its tight framing and powerful lines to Manet’s Boulogne-sur-mer (1868). As with the Manet, it is the human activity ‒ the busy fishermen, the sailors on the wharf, the smokestacks in the distance ‒ that catch Berthe’s eye. A few brush strokes immediately bring them to life.
Gilles Genty, Art historian.
Peintre de l’intimité de la vie bourgeoise, du travail domestique féminin et de portraits, Morisot attache néanmoins dès ses premières œuvres, une importance particulière aux scènes d’extérieurs et notamment aux effets de la réflexion de la lumière sur l’eau. Dans la lignée du père de l’impressionnisme, Claude Monet, Berthe Morisot pose ainsi son chevalet au Bois de Boulogne ou encore sur les berges de Seine, à Villeneuve-la-Garenne, où elle séjourne à partir de 1874 pour restituer dans ses toiles l’impact des variations atmosphériques sur l’eau. Au début des années 1880, alors qu’elle voyage sur la côte d’Azur c’est à nouveau aux reflets du soleil cette fois sur l’eau de la mer méditerranée que Berthe Morisot s’intéresse ainsi qu’en témoigne Le Port de Nice (1882). Par son thème ainsi que ses petites touches fractionnées de couleurs cette œuvre illustre la parfaite maîtrise par Berthe Morisot des principes de l’impressionnisme.
À l’été 1886, Morisot séjourne à Jersey avec son mari et sa fille Julie. C’est au cours de ce séjour qu’elle réalise Bateaux à quai qui ne montre que peu de ressemblances avec Le Port de Nice pourtant peint seulement quatre années auparavant. Si elle semble reprendre un point de vue en contre-plongée – qui suggère qu’elle ait posé son chevalet sur un bateau – la délicatesse des tons employés à la réalisation du Port de Nice contraste avec la palette sombre de Bateaux à quai qui rappelle les toiles de son maître et beau-frère Édouard Manet. Dans Marine à Berck : Bateaux de pêche et pêcheurs (1873), ce dernier emploie un cadrage peu commun et un camaïeu sombre révélant l’influence certaine qu’il eut sur l’œuvre de Berthe Morisot. Si par certains aspects leurs deux œuvres se montrent très proches, il se dégage des Bateaux à quai de Morisot une énergie unique probablement impulsée par une touche rapide et vive, comme emportée par l’inspiration. A l’instar de Monet dans ses Bateaux sur la plage d’Étretat, Morisot rend un instant fugitif au travers d’une touche qui relève de l’esquisse.
Bien que l’art de Morisot se soit enrichi des découvertes des peintres Édouard Manet et Claude Monet, elle livre une œuvre unique empreinte d’une modernité audacieuse.
Despite being the painter of the intimate life of the bourgeoisie, of women's domestic work and of portraits, Morisot attached a particular importance to outdoor scenes as seen in her earliest works, with a focus on the reflection of light on water. In order to accurately portray the impact of atmospheric variations on water, and much like the father of Impressionism, Claude Monet, Berthe Morisot set up her easel in the Bois de Boulogne or on the banks of the Seine, in Villeneuve-la-Garenne, where she stayed from 1874 onwards. At the beginning of the 1880s, while traveling on the French Riviera, Berthe Morisot was once again interested in the reflections of the sun, this time on the water of the Mediterranean Sea, as shown in Le Port of Nice (1882). By its theme as well as its small fractioned touches of color, this work depicts Berthe Morisot's perfect mastery of the principles of Impressionism.
In the summer of 1886, Morisot was staying in Jersey with her husband and daughter Julie. It is during this stay that she produced Bateaux à quai that shows little resemblance to Le Port de Nice, painted only four years earlier. While she appears to be, once again, using a low-angle viewpoint – suggesting that her easel was set on a boat – the delicacy of tones used in Le Port de Nice contrasts with the dark palette of Les Bateaux à quai that evokes the paintings of her brother-in-law Edouard Manet. In Marine à Berck: Bateaux de pêche et pêcheurs (1873), Manet uses an unusual framing and a dark cameo thus unequivocally revealing the influence he had on the work of Berthe Morisot. Despite their two works being very similar, Morisot's Bateaux à quai oozes unique energy probably driven by a quick and lively touch, as if carried away by inspiration. Like Monet in his Bateaux sur la plage d’Étretat, Morisot renders a fleeting moment through a sketchy touch.
Although Morisot's art was enriched by the discoveries of painters Édouard Manet and Claude Monet, she delivers a unique work marked by daring modernity.