[Los Caprichos. Madrid : chez l'artiste, 1799]
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GOYA Y LUCIENTES, Francisco (1746-1828)
[Los Caprichos. Madrid : chez l'artiste, 1799]
GOYA Y LUCIENTES, Francisco (1746-1828). [Los Caprichos. Madrid : chez l'artiste, 1799]
Édition originale des Caprices de Goya, premier et ambitieux recueil de gravures du maître espagnol.
Goya grave les premières planches des Caprices peu après avoir été nommé peintre du roi Charles IV et de la reine Maria-Luisa, plus haute dignité pour un artiste en Espagne. Bien qu’il bénéficie d’une reconnaissance officielle, la première édition des Caprices ne rencontre pas le succès espéré : seuls 27 exemplaires sont vendus.
Faute de trouver une librairie acceptant de proposer les premiers exemplaires, ou par souci de contrôler la diffusion de son ouvrage, Goya doit se résoudre en 1799 à les vendre au numéro 1 de la Calle del Desengano à Madrid. Se sentant probablement menacé par l’Inquisition qui sévit à cette époque, l’artiste décide finalement de confier les 80 cuivres originaux et 240 exemplaires au roi en 1803, par l’intermédiaire de Manuel Godoy, alors Premier Ministre, en échange d’une pension.
Les Caprices se présentent comme une suite de gravures mêlant plusieurs techniques : l’eau-forte, le burin, la pointe sèche et l’aquatinte. Derrière la grande maîtrise des différentes techniques de gravure et le sens de la composition se lisent les influences de Rembrandt et de Velasquez. A travers les 80 planches, Goya développe trois thèmes sur un ton souvent onirique : l’amour et ses désillusions, la satire sociale et la sorcellerie. Déjà atteint de surdité au moment de la réalisation des Caprices, Goya explore aussi les tourments intérieurs : la célèbre planche 43 est une forme d’autoportrait où le rêve se mêle à l’introspection.
Artiste des Lumières, il titre cette planche « El sueño de la razón produce monstruos ». Cette critique éclairée se retrouve aussi planche 25, où l’éducation violente des enfants est dénoncée. Enfin, de nombreuses figures de la société parmi lesquelles le clergé, la noblesse et les représentants de l’Inquisition sont critiquées, représentées sous des figures animales récurrentes comme l’âne. Si le succès n'est pas immédiat en Espagne, la suite d’estampes devient rapidement très appréciée en France. Dans sa lettre au roi concernant le don des plaques de cuivre originales, Goya écrit déjà en 1803 : « ce sont les étrangers qui les désirent le plus ». Un article de Théophile Gautier publié en 1842 contribue à diffuser davantage l’œuvre en France. Il loue l’exactitude fantasmagorique de l'œuvre dans un autre ouvrage dédié à l’Espagne, Tra los montes : « Les abominables mégères des Caprices de Goya, que j’avais pris jusqu’à présent pour des cauchemars et des chimères monstrueuses, ne sont que des portraits d’une exactitude effrayante. » (Tra los montes, Paris : Victor Magen, 1843, p. 53). Eugène Delacroix, qui possédait un exemplaire, dit aussi son admiration pour l’artiste espagnol dans une lettre à Laurent Matheron (10 décembre 1855) où il écrit des Caprices qu’ils « sont probablement son chef-d’œuvre ». La planche 64 a probablement inspiré l'artiste pour la gravure de "Méphistophélès dans les airs" du Faust qu'il publie en 1828. Compte tenu de ce succès, une deuxième édition est réalisée en 1855, bientôt suivie d’une dizaine d’autres.
Delteil 38–117 ; Harris 36–115.
Exemplaire de second tirage, d'une très belle impression, dans une élégante reliure du milieu du XIXe siècle. Il est également annoté à l'époque, à la planche n° 2 dont la légende est traduite en français à l'encre. Le second tirage se reconnait, entre autre, par la légère rayure sur le menton de la figure au second plan de la planche 45.
In-4 (278 x 177 mm). 80 planches gravées à l’eau-forte, aquatinte, burin et pointe sèche, sur papier vergé. Reliure du milieu du XIXe siècle exécutée par l'atelier Susse : demi-maroquin aubergine à long grain, dos lisse orné d'un long décor floral doré. (Encrage d'une très belle intensité, exemplaire délicatement et professionnellement lavé, charnière du premier plat restaurée, gardes renouvelés avec du papier de l'époque, coiffes refaites).
First edition of Goya's Caprices, second issue, in a mid-19th century binding.
[Los Caprichos. Madrid : chez l'artiste, 1799]
GOYA Y LUCIENTES, Francisco (1746-1828). [Los Caprichos. Madrid : chez l'artiste, 1799]
Édition originale des Caprices de Goya, premier et ambitieux recueil de gravures du maître espagnol.
Goya grave les premières planches des Caprices peu après avoir été nommé peintre du roi Charles IV et de la reine Maria-Luisa, plus haute dignité pour un artiste en Espagne. Bien qu’il bénéficie d’une reconnaissance officielle, la première édition des Caprices ne rencontre pas le succès espéré : seuls 27 exemplaires sont vendus.
Faute de trouver une librairie acceptant de proposer les premiers exemplaires, ou par souci de contrôler la diffusion de son ouvrage, Goya doit se résoudre en 1799 à les vendre au numéro 1 de la Calle del Desengano à Madrid. Se sentant probablement menacé par l’Inquisition qui sévit à cette époque, l’artiste décide finalement de confier les 80 cuivres originaux et 240 exemplaires au roi en 1803, par l’intermédiaire de Manuel Godoy, alors Premier Ministre, en échange d’une pension.
Les Caprices se présentent comme une suite de gravures mêlant plusieurs techniques : l’eau-forte, le burin, la pointe sèche et l’aquatinte. Derrière la grande maîtrise des différentes techniques de gravure et le sens de la composition se lisent les influences de Rembrandt et de Velasquez. A travers les 80 planches, Goya développe trois thèmes sur un ton souvent onirique : l’amour et ses désillusions, la satire sociale et la sorcellerie. Déjà atteint de surdité au moment de la réalisation des Caprices, Goya explore aussi les tourments intérieurs : la célèbre planche 43 est une forme d’autoportrait où le rêve se mêle à l’introspection.
Artiste des Lumières, il titre cette planche « El sueño de la razón produce monstruos ». Cette critique éclairée se retrouve aussi planche 25, où l’éducation violente des enfants est dénoncée. Enfin, de nombreuses figures de la société parmi lesquelles le clergé, la noblesse et les représentants de l’Inquisition sont critiquées, représentées sous des figures animales récurrentes comme l’âne. Si le succès n'est pas immédiat en Espagne, la suite d’estampes devient rapidement très appréciée en France. Dans sa lettre au roi concernant le don des plaques de cuivre originales, Goya écrit déjà en 1803 : « ce sont les étrangers qui les désirent le plus ». Un article de Théophile Gautier publié en 1842 contribue à diffuser davantage l’œuvre en France. Il loue l’exactitude fantasmagorique de l'œuvre dans un autre ouvrage dédié à l’Espagne, Tra los montes : « Les abominables mégères des Caprices de Goya, que j’avais pris jusqu’à présent pour des cauchemars et des chimères monstrueuses, ne sont que des portraits d’une exactitude effrayante. » (Tra los montes, Paris : Victor Magen, 1843, p. 53). Eugène Delacroix, qui possédait un exemplaire, dit aussi son admiration pour l’artiste espagnol dans une lettre à Laurent Matheron (10 décembre 1855) où il écrit des Caprices qu’ils « sont probablement son chef-d’œuvre ». La planche 64 a probablement inspiré l'artiste pour la gravure de "Méphistophélès dans les airs" du Faust qu'il publie en 1828. Compte tenu de ce succès, une deuxième édition est réalisée en 1855, bientôt suivie d’une dizaine d’autres.
Delteil 38–117 ; Harris 36–115.
Exemplaire de second tirage, d'une très belle impression, dans une élégante reliure du milieu du XIXe siècle. Il est également annoté à l'époque, à la planche n° 2 dont la légende est traduite en français à l'encre. Le second tirage se reconnait, entre autre, par la légère rayure sur le menton de la figure au second plan de la planche 45.
In-4 (278 x 177 mm). 80 planches gravées à l’eau-forte, aquatinte, burin et pointe sèche, sur papier vergé. Reliure du milieu du XIXe siècle exécutée par l'atelier Susse : demi-maroquin aubergine à long grain, dos lisse orné d'un long décor floral doré. (Encrage d'une très belle intensité, exemplaire délicatement et professionnellement lavé, charnière du premier plat restaurée, gardes renouvelés avec du papier de l'époque, coiffes refaites).
First edition of Goya's Caprices, second issue, in a mid-19th century binding.
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Adrien Legendre
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