Pierre Soulages (né en 1919)
Pierre Soulages (né en 1919)

Peinture 165 x 130 cm, 19 mars 2006

Details
Pierre Soulages (né en 1919)
Peinture 165 x 130 cm, 19 mars 2006
signé, titré et daté 'SOULAGES ''Peinture 165cm. x 130cm. 19 03 2006'' (au dos)
acrylique sur toile
165 x 130 cm.
Peint en 2006.

signed, titled and dated 'SOULAGES ''Peinture 165cm. x 130cm.'' 19 03 2006' (on the reverse)
acrylic on canvas
65 x 51 1⁄8 in.
Painted in 2006.
Provenance
Galerie Karsten Greve, Cologne (acquis en 2006)
Collection privée, Suisse (acquis en 2007)
Collection privée, France (acquis en 2010)
Literature
C. Morando, Pierre Soulages, Paris, 2015.
P. Encrevé, Soulages,l’œuvre complet, peintures IV. 1997-2013, Paris, 2015, No. 1319 (illustré en couleurs p. 181).
Exhibited
Paris, Centre Pompidou, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Soulages, octobre 2009-mars 2010, No. 91 (illustré au catalogue d'exposition).
Mexico, Museo de la Ciudad de Mexico, Pierre Soulages, juin-août 2010 (illustré au catalogue d'exposition).
Berlin, Martin-Gropius-Bau, Pierre Soulages, octobre 2010-janvier 2011, No. 63 (illustré au catalogue d'exposition).
Paris, Christie's, Soulages - Hartung, destins croisés, mars 2018 (illustré en couleurs au fascicule d'exposition).

Brought to you by

Josephine Wanecq
Josephine Wanecq Specialist, Head of Evening Sale

Lot Essay

« Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j’ignore, je vais à leur rencontre ». - Pierre Soulages

''Black has unsuspected possibilities and, since I am attentive to what I do not know, I go to meet them.'' - Pierre Soulages

Si l’outrenoir constitue l’une des révolutions les plus importantes de la longue trajectoire artistique de Pierre Soulages, c’est pourtant au hasard qu’elle doit sa naissance. Au début 1979, l’artiste est dans son atelier et, malgré lui – ou dans un acte manqué qui ravirait les psychanalystes – il recouvre entièrement de peinture noire la toile qui lui fait face. Le lendemain, explique-t-il, « quand je l’ai montrée à Colette [sa femme], avec sa réaction j’ai compris que c’était vraiment une peinture autre » (P. Daix, J. J. Sweeney, Pierre Soulages, Neuchâtel, 1991, p. 13). Car si son travail se caractérisait jusqu’alors par une utilisation du noir dans une opposition aux autres couleurs – les rouges, les bleus, les bruns ou les blancs contre lesquels il venait s’appuyer – cette nouvelle approche lui permet d’explorer le noir non plus tant pour ses propriétés chromatiques que pour sa formidable capacité à générer de la lumière.
À partir du milieu des années 2000, l’acrylique remplace l’huile dans ce corpus d’œuvres. L’utilisation d’une pâte particulièrement épaisse permet en effet à l’artiste de travailler la matière à loisir, presque comme le ferait un sculpteur, de lui imprimer tranchées, cratères, stries et crêtes que vient tantôt accentuer, tantôt estomper la lumière qui s’y projette. Peinture 165 x 130 cm, 13 mars 2006 offre un exemple emblématique de ce travail autour de la texture. Les bandes horizontales, traitées par contrastes de zones mates et brillantes et que viennent scander quelques interstices clairs, renvoient au regardeur une vision de l’œuvre qui change en fonction de la position depuis laquelle il la contemple. Ainsi, par sa façon de présenter à celui qui l’observe un visage toujours renouvelé, Peinture 165 x 130 cm, 13 mars 2006 montre combien ce qui importe à l’artiste, c’est « l’infinie pluralité de la lumière selon le point où l’on se place pour voir » (B. Decron et P. Encrevé, avant-propos au catalogue de l’exposition Outrenoir en Europe, Rodez, Musée Soulages, mai-octobre 2014, p. 11).

While outrenoir is one of the most important revolutions in the long artistic career of Pierre Soulages, it owes its birth to happenstance. At the beginning of 1979, the artist was in his studio and, in spite of himself and—or in an act of failure that would delight psychoanalysts—he covered the canvas in front of him entirely with black paint. The next day, he explains: “When I showed it to Colette [his wife], her reaction made me realize that it was really another kind of painting.”
(P. Daix, J. J. Sweeney, Pierre Soulages, Neuchâtel, 1991, p. 13).
For if his work had previously been characterized by the use of black in opposition to the other colours—the reds, blues, browns or whites against which it was set—this new approach enabled him to explore black not so much for its chromatic properties as for its formidable capacity to generate light.
From the mid-2000s, acrylics replaced oil in this body of works. Thus, the use of a particularly thick paste allowed the artist to experiment with the material at will, almost as a sculptor would, to imprint it with trenches, craters, grooves and ridges that are sometimes accentuated and sometimes blurred by the light that is projected onto it. Peinture 165 x 130 cm, 13 March 2006 is an emblematic example of this intricate work on texture. The horizontal bands, treated by contrasting matt and shiny areas—punctuated by a few light-coloured gaps—give the viewer a vision that changes according to the position from which he or she contemplates each piece.
Thus, by presenting the viewer with an ever-changing face, Peinture 165 x 130 cm, 13 March 2006 shows how important it is to the artist that “the infinite plurality of light depends on the point of view from which one places oneself in order to see.”
(B. Decron and P. Encrevé, foreword to the catalogue for the exhibition Outrenoir en Europe, Rodez, Musée Soulages, May-October 2014, p. 11).

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