Lot Essay
Cette œuvre est enregistrée dans les archives de la fondation Antonio Saura sous le No. MUST@1997. LES TROIS GRÂCES. 2.
« La toile est un champ de bataille sans limites ». - Antonio Saura
''The canvas is a battlefield without limits.'' - Antonio Saura
« Antonio Saura a moins cherché un public qu’il n’a peint pour comprendre et se comprendre. Connu dans le cercle des initiés davantage que dans le grand public, il est longtemps resté en deçà de l’indiscutable célébrité. […] Or les marges un jour deviennent centre. Les créateur isolés deviennent phares ». - Rainer Michael Mason
''Antonio Saura was not actually seeking out an audience, but rather painting to understand himself and his subject. More well-known by the inner circle than by the general public, he has long remained below the level of undisputed celebrity. [...] But one day the margins become the centre. Isolated creators become beacons.'' - Rainer Michael Mason
Née sur le terrain désolé que laisse la guerre civile d’Espagne, la peinture de Saura se manifeste par des coups de pinceaux expressifs. Ses portraits transmettent la même intensité, voire parfois la même névrose, que ceux de Dora Maar peints par Picasso ; et ses foules, la même monochromie cyclonique que Guernica. Les accidents prémédités que sont les coulures et sa gestuelle ressentie dans chaque aplat soulignent ce réseau d’énergies et d’inflexions.
Dans cette atmosphère, à laquelle il reste fidèle tout au long de sa vie, l’artiste fonde le mouvement El Paso en 1956, épaulés d’autres artistes tel qu’Antoni Tàpies. Son œuvre se caractérise alors par une palette de couleurs limitée et des coups de pinceaux à la fois vifs et contraints. Saura compose magistralement les ombres, enduit les surfaces et procède à un étalement de la matière univoque qui le caractérise. Echo d’euphorie mélangeant douleurs mais aussi joies expressives, en réponse émotionnelle aux fissures causées par la guerre, Saura peint pour que quelque chose surgisse en un temps de l’œil, ou de la toile.
Dans Les Trois Grâces, sujet dont il réalise une première version dans les années cinquante, aujourd'hui conservée au Musée des Beaux-Arts de Bilbao, Antonio Saura insiste sur cette expressivité monumentale, à la fois dans le format choisi mais aussi dans la manière dont il représente son sujet. A l’instar de nombreux de ses portraits, ces dernières se détachent de la toile à la manière d’icônes déchirées - comme écorchées par ses gestes indomptables. Paradoxe avec les Trois Grâces de Raphael ou de Léonard de Vinci qui appréhendaient les femmes avec une douceur et une sensualité mythologique, celles de Saura convoitent elles l’attention sur l’expression de son monde intérieur.
Born in the desolate aftermath of the Spanish Civil War, Saura's painting manifests itself in expressive brushstrokes. His portraits convey the same intensity, sometimes even the same neurosis, as Picasso's portraits of Dora Maar, and his crowds, the same cyclonic monochrome as Guernica. The premeditated accidents that are the drippings and his gestures felt in each flat surface underscore this network of energies and inflections.
In this atmosphere, to which he remained faithful throughout his life, the artist founded the El Paso movement in 1956, supported by other artists such as Antoni Tàpies. His work was characterised by a palette limited in colour and brushstrokes that were both vivid and constrained. Saura masterfully composes shadows, coats the surfaces and proceeds with the unambiguous spreading of matter that characterises him. Echoing euphoria, mixing pain and expressive joy, in emotional response to the splits caused by the war, Saura paints so that something emerges in a moment from the eye, or from the canvas.
In The Three Graces, a subject for which he produced a first version in the 1950s, now in the Fine Arts Museum of Bilbao, Antonio Saura insists on this monumental expressiveness, both in the format chosen and in the way he represents his subject. Like many of his portraits, they stand out from the canvas like torn icons— as if flayed by his indomitable gestures. In contrast with the Three Graces of Raphael or Leonardo da Vinci, who perceived women with mythological softness and sensuality, Saura's portraits highight the expression of his inner world.
« La toile est un champ de bataille sans limites ». - Antonio Saura
''The canvas is a battlefield without limits.'' - Antonio Saura
« Antonio Saura a moins cherché un public qu’il n’a peint pour comprendre et se comprendre. Connu dans le cercle des initiés davantage que dans le grand public, il est longtemps resté en deçà de l’indiscutable célébrité. […] Or les marges un jour deviennent centre. Les créateur isolés deviennent phares ». - Rainer Michael Mason
''Antonio Saura was not actually seeking out an audience, but rather painting to understand himself and his subject. More well-known by the inner circle than by the general public, he has long remained below the level of undisputed celebrity. [...] But one day the margins become the centre. Isolated creators become beacons.'' - Rainer Michael Mason
Née sur le terrain désolé que laisse la guerre civile d’Espagne, la peinture de Saura se manifeste par des coups de pinceaux expressifs. Ses portraits transmettent la même intensité, voire parfois la même névrose, que ceux de Dora Maar peints par Picasso ; et ses foules, la même monochromie cyclonique que Guernica. Les accidents prémédités que sont les coulures et sa gestuelle ressentie dans chaque aplat soulignent ce réseau d’énergies et d’inflexions.
Dans cette atmosphère, à laquelle il reste fidèle tout au long de sa vie, l’artiste fonde le mouvement El Paso en 1956, épaulés d’autres artistes tel qu’Antoni Tàpies. Son œuvre se caractérise alors par une palette de couleurs limitée et des coups de pinceaux à la fois vifs et contraints. Saura compose magistralement les ombres, enduit les surfaces et procède à un étalement de la matière univoque qui le caractérise. Echo d’euphorie mélangeant douleurs mais aussi joies expressives, en réponse émotionnelle aux fissures causées par la guerre, Saura peint pour que quelque chose surgisse en un temps de l’œil, ou de la toile.
Dans Les Trois Grâces, sujet dont il réalise une première version dans les années cinquante, aujourd'hui conservée au Musée des Beaux-Arts de Bilbao, Antonio Saura insiste sur cette expressivité monumentale, à la fois dans le format choisi mais aussi dans la manière dont il représente son sujet. A l’instar de nombreux de ses portraits, ces dernières se détachent de la toile à la manière d’icônes déchirées - comme écorchées par ses gestes indomptables. Paradoxe avec les Trois Grâces de Raphael ou de Léonard de Vinci qui appréhendaient les femmes avec une douceur et une sensualité mythologique, celles de Saura convoitent elles l’attention sur l’expression de son monde intérieur.
Born in the desolate aftermath of the Spanish Civil War, Saura's painting manifests itself in expressive brushstrokes. His portraits convey the same intensity, sometimes even the same neurosis, as Picasso's portraits of Dora Maar, and his crowds, the same cyclonic monochrome as Guernica. The premeditated accidents that are the drippings and his gestures felt in each flat surface underscore this network of energies and inflections.
In this atmosphere, to which he remained faithful throughout his life, the artist founded the El Paso movement in 1956, supported by other artists such as Antoni Tàpies. His work was characterised by a palette limited in colour and brushstrokes that were both vivid and constrained. Saura masterfully composes shadows, coats the surfaces and proceeds with the unambiguous spreading of matter that characterises him. Echoing euphoria, mixing pain and expressive joy, in emotional response to the splits caused by the war, Saura paints so that something emerges in a moment from the eye, or from the canvas.
In The Three Graces, a subject for which he produced a first version in the 1950s, now in the Fine Arts Museum of Bilbao, Antonio Saura insists on this monumental expressiveness, both in the format chosen and in the way he represents his subject. Like many of his portraits, they stand out from the canvas like torn icons— as if flayed by his indomitable gestures. In contrast with the Three Graces of Raphael or Leonardo da Vinci, who perceived women with mythological softness and sensuality, Saura's portraits highight the expression of his inner world.