Lot Essay
Jean-Henri Riesener (1734-1806)
A prominent cabinetmaker under Louis XVI, Jean-Henri Riesener (1734-1806, maître in 1768) became supplier to the Garde-Meuble Royal the year Louis XVI and Marie-Antoinette acceded to the throne. Riesener offered very luxurious furniture, with accomplished designs evolving from the Transition to the Louis XVI style, executed in precious materials, exotic woods, ormolu, lacquer and mother-of-pearl. King Louis XV's cylinder desk, begun by Oeben and completed by him, is one of his noteworthy works.
In 1786, his excessive prices were pointed out by the new director of the Garde-Meuble Royal, Thierry de Ville-d'Avray, who then chose Guillaume Benneman (1750-1811, maître in 1785), who was just as concerned with the quality of the veneers and bronzes used on his furniture as his predecessor. Benneman worked to deliver furniture in keeping with the style created by Riesener.
All the same, Queen Marie-Antoinette broke away from this official measure and ordered several pieces of furniture from him until the Revolution for her private Garde-Meuble directed by Bonnefoy du Plan. Among the sumptuous pieces of furniture he delivered to the Queen was the exquisite mother-of-pearl furniture in 1786 - consisting of a cylinder desk and a work table - for her boudoir in Fontainebleau decorated under the lead of the architect Pierre Rousseau.
This elegant mahogany table à la Tronchin (architect table) is typical of the turning point in Riesener's career, when he abandoned the monumental productions of the early Louis XVI period and opted for more sober models, in keeping with the evolution of fashion. The decoration of these elegantly architectural pieces of furniture became simpler, with fewer bronzes, and the elaborate marquetry of flowers was replaced by magnificent plain mahogany surfaces. Above all, the quality of execution remains the same: impeccable and worthy of its reputation.
The present table is precisely made according to this new idea of sober and balanced furniture, in line with the Anglomania of the time, also followed by Adam Weisweiler, Pierre Garnier and Canabas.
Georges Geffroy & Bunny Mellon: two distinguished provenances
Originally from Georges Geffroy’s personal collection on the Rue de Rivoli in Paris, this table later belonged to Bunny Mellon, who left it to her friend Hubert de Givenchy in 2014.
A model maker for Jean Patou at the beginning of the Roaring Twenties, Georges Geffroy gained notoriety through his many burlesque appearances at Parisian balls, which were featured in Vogue magazine. He quickly became a prominent member of the Café Society. From the 1930s onwards, he was chosen for the decoration of fashion salons for Jean Piguet and Marcel Rochas, but also for striking theatre sets such as for Sheridan’s play, School for Scandal, performed at the Théâtre des Mathurins in Paris in February 1940. His clientele consisted of leading French and foreign art lovers and collectors. The Moreira Salles's flat on Avenue Foch is one of his most beautiful creations, along with the flats of Daisy Fellowes and Loel Guiness; the quintessence of 1950s and 1960s’ elegance in terms of interior design.
This table was later acquired by Rachel Lambert Mellon (1910-2014), known as Bunny, one of the major figures of 20th century American high society. A philanthropist, art collector and above all a garden designer, she married the banking magnate and distinguished art patron Paul Mellon. She designed numerous gardens for the Mellon estates, including the formal gardens at Oak Spring Farm. She was very close to the Kennedy family and advised Jacqueline on many occasions. The White House's rose garden was laid out according to her plans in 1962, at the personal request of the President and his wife.
Of her projects in France, we know that she actively participated in the development of the gardens and part of the emblematic decor of Givenchy's Manoir du Jonchet. Very close to the designer, she was not only a client but also a faithful friend. In the 1990s, when Givenchy became president of the World Monuments Fund, they worked together to supervise the restoration of the Potager du Roi in Versailles.
Bunny Mellon's extraordinary life was distinguished by her constant search for beauty, which she naturally expressed through the creation of her gardens, her jewellery, her wardrobe, but above all through her works of art, as our present table shows.
Jean-Henri Riesener (1734-1806)
Ebéniste incontournable sous Louis XVI, Jean-Henri Riesener (1734-1806, reçu maître en 1768) devient fournisseur du Garde-Meuble royal l’année de l’accession au trône de Louis XVI et Marie-Antoinette. Riesener propose des meubles d’un très grand luxe, au dessin abouti évoluant du style Transition au style Louis XVI et exécutés dans des matériaux précieux que sont les bois exotiques, le bronze doré, le laque ou encore la nacre. Le bureau à cylindre du roi Louis XV commencé par Oeben et achevé par lui s’inscrit parmi ses œuvres remarquables.
En 1786, l’excessivité de ses prix est mise en avant par le nouveau directeur du Garde-Meuble Royal, Thierry de Ville-d’Avray, qui lui préfère alors Guillaume Benneman (1750-1811, reçu maître en 1785), aussi soucieux de la qualité des placages et des bronzes employés sur ses meubles que son prédécesseur. Benneman s’emploiera à livrer des meubles en harmonie avec le style créé par Riesener.
Parallèlement, la reine Marie-Antoinette s’affranchit de cette mesure officielle écartant son ébéniste favori et lui commande plusieurs meubles jusqu’à la Révolution pour son Garde-Meuble privé dirigé par Bonnefoy du Plan. Parmi les meubles somptueux qu’il livre à la Reine, citons le ravissant mobilier en nacre en 1786 – composé d’un bureau à cylindre et d’une table à ouvrage - pour son fabuleux boudoir à Fontainebleau décoré sous la direction de l’architecte Pierre Rousseau.
Cette élégante table à tronchin en acajou est emblématique de ce tournant dans la carrière de Riesener où il renonce aux monumentales productions du début de Louis XVI et opte, en sacrifiant aux évolutions de la mode, pour des modèles plus sobres. L’habillement de ces meubles élégamment architecturés se simplifie, les bronzes se réduisent, les marqueteries fouillées de fleurs laissent la place aux somptueuses plages unies d’un bel acajou. La qualité d’exécution surtout reste la même : impeccable et digne de sa réputation.
La présente table est précisément réalisée selon cette nouvelle conception de meubles sobres et équilibrés répondant à l’anglomanie en vogue suivie également par Adam Weisweiler, Pierre Garnier ou encore Canabas.
George Geffroy & Bunny Mellon : deux provenances insignes
Provenant tout d’abord de la collection personnelle de Georges Geffroy de la rue de Rivoli à Paris cette table appartiendra par la suite à Bunny Mellon qu’elle léguera en 2014 à son ami Hubert de Givenchy.
Modéliste de la maison Jean Patou aux débuts des années folles, Georges Geffroy accède à la notoriété par ses multiples apparitions burlesques dans les bals parisiens relayées dans Vogue magazine. Il devient rapidement un membre éminent de la Café Society. Dès les années 1930, il est remarqué pour la décoration de salons de mode pour Jean Piguet et Marcel Rochas, mais aussi des décors de théâtre saisissants comme pour la pièce l’Ecole de la médisance de Sheridan, jouée au théâtre des Mathurins à Paris en février 1940. Sa clientèle se compose de grands amateurs d’art et de collectionneurs français ou étrangers. L’appartement des Moreira Salles, avenue Foch est l’une de ses plus belles créations aux cotés des appartements de Daisy Fellowes et Loel Guiness ; il représente la quintessence de l’élégance des années 50 et 60 en termes de décoration d’intérieur.
Cette table sera par la suite acquise par Rachel Lambert Mellon (1910-2014), dite Bunny, l’une des figures majeures de la haute société américaine du XXe siècle. Philanthrope, collectionneuse d’art et surtout créatrice de jardins elle épousera le magnat de la banque et distingué patron des arts Paul Mellon. Elle conçut de nombreux jardins pour les différentes propriétés des Mellon et notamment les jardins à la française d’Oak Spring Farm. Très proche de la famille Kennedy elle conseillera Jacqueline à de nombreuses reprises. La roseraie de la Maison Blanche sera aménagée selon ses plans en 1962 et sur la demande personnelle du président et de sa femme.
De ses projets en France nous savons qu’elle participera activement à l’aménagement des jardins et d’une partie de l’emblématique décor du Manoir du Jonchet de Givenchy. Très proche du couturier elle lui sera une cliente mais également une amie fidèle. C’est d’ailleurs à ses côtés dans les années 1990, lorsque Givenchy deviendra président du World Monuments Fund, qu’ils superviseront ensemble la restauration du Potager du Roi à Versailles.
La vie extraordinaire de Bunny Mellon se distinguera par cette recherche permanente de la beauté qu’elle retranscrira bien évidemment à travers la création de ses jardins, ses bijoux, sa garde-robe mais surtout à travers ses œuvres d’art comme en témoigne notre présente table.
A prominent cabinetmaker under Louis XVI, Jean-Henri Riesener (1734-1806, maître in 1768) became supplier to the Garde-Meuble Royal the year Louis XVI and Marie-Antoinette acceded to the throne. Riesener offered very luxurious furniture, with accomplished designs evolving from the Transition to the Louis XVI style, executed in precious materials, exotic woods, ormolu, lacquer and mother-of-pearl. King Louis XV's cylinder desk, begun by Oeben and completed by him, is one of his noteworthy works.
In 1786, his excessive prices were pointed out by the new director of the Garde-Meuble Royal, Thierry de Ville-d'Avray, who then chose Guillaume Benneman (1750-1811, maître in 1785), who was just as concerned with the quality of the veneers and bronzes used on his furniture as his predecessor. Benneman worked to deliver furniture in keeping with the style created by Riesener.
All the same, Queen Marie-Antoinette broke away from this official measure and ordered several pieces of furniture from him until the Revolution for her private Garde-Meuble directed by Bonnefoy du Plan. Among the sumptuous pieces of furniture he delivered to the Queen was the exquisite mother-of-pearl furniture in 1786 - consisting of a cylinder desk and a work table - for her boudoir in Fontainebleau decorated under the lead of the architect Pierre Rousseau.
This elegant mahogany table à la Tronchin (architect table) is typical of the turning point in Riesener's career, when he abandoned the monumental productions of the early Louis XVI period and opted for more sober models, in keeping with the evolution of fashion. The decoration of these elegantly architectural pieces of furniture became simpler, with fewer bronzes, and the elaborate marquetry of flowers was replaced by magnificent plain mahogany surfaces. Above all, the quality of execution remains the same: impeccable and worthy of its reputation.
The present table is precisely made according to this new idea of sober and balanced furniture, in line with the Anglomania of the time, also followed by Adam Weisweiler, Pierre Garnier and Canabas.
Georges Geffroy & Bunny Mellon: two distinguished provenances
Originally from Georges Geffroy’s personal collection on the Rue de Rivoli in Paris, this table later belonged to Bunny Mellon, who left it to her friend Hubert de Givenchy in 2014.
A model maker for Jean Patou at the beginning of the Roaring Twenties, Georges Geffroy gained notoriety through his many burlesque appearances at Parisian balls, which were featured in Vogue magazine. He quickly became a prominent member of the Café Society. From the 1930s onwards, he was chosen for the decoration of fashion salons for Jean Piguet and Marcel Rochas, but also for striking theatre sets such as for Sheridan’s play, School for Scandal, performed at the Théâtre des Mathurins in Paris in February 1940. His clientele consisted of leading French and foreign art lovers and collectors. The Moreira Salles's flat on Avenue Foch is one of his most beautiful creations, along with the flats of Daisy Fellowes and Loel Guiness; the quintessence of 1950s and 1960s’ elegance in terms of interior design.
This table was later acquired by Rachel Lambert Mellon (1910-2014), known as Bunny, one of the major figures of 20th century American high society. A philanthropist, art collector and above all a garden designer, she married the banking magnate and distinguished art patron Paul Mellon. She designed numerous gardens for the Mellon estates, including the formal gardens at Oak Spring Farm. She was very close to the Kennedy family and advised Jacqueline on many occasions. The White House's rose garden was laid out according to her plans in 1962, at the personal request of the President and his wife.
Of her projects in France, we know that she actively participated in the development of the gardens and part of the emblematic decor of Givenchy's Manoir du Jonchet. Very close to the designer, she was not only a client but also a faithful friend. In the 1990s, when Givenchy became president of the World Monuments Fund, they worked together to supervise the restoration of the Potager du Roi in Versailles.
Bunny Mellon's extraordinary life was distinguished by her constant search for beauty, which she naturally expressed through the creation of her gardens, her jewellery, her wardrobe, but above all through her works of art, as our present table shows.
Jean-Henri Riesener (1734-1806)
Ebéniste incontournable sous Louis XVI, Jean-Henri Riesener (1734-1806, reçu maître en 1768) devient fournisseur du Garde-Meuble royal l’année de l’accession au trône de Louis XVI et Marie-Antoinette. Riesener propose des meubles d’un très grand luxe, au dessin abouti évoluant du style Transition au style Louis XVI et exécutés dans des matériaux précieux que sont les bois exotiques, le bronze doré, le laque ou encore la nacre. Le bureau à cylindre du roi Louis XV commencé par Oeben et achevé par lui s’inscrit parmi ses œuvres remarquables.
En 1786, l’excessivité de ses prix est mise en avant par le nouveau directeur du Garde-Meuble Royal, Thierry de Ville-d’Avray, qui lui préfère alors Guillaume Benneman (1750-1811, reçu maître en 1785), aussi soucieux de la qualité des placages et des bronzes employés sur ses meubles que son prédécesseur. Benneman s’emploiera à livrer des meubles en harmonie avec le style créé par Riesener.
Parallèlement, la reine Marie-Antoinette s’affranchit de cette mesure officielle écartant son ébéniste favori et lui commande plusieurs meubles jusqu’à la Révolution pour son Garde-Meuble privé dirigé par Bonnefoy du Plan. Parmi les meubles somptueux qu’il livre à la Reine, citons le ravissant mobilier en nacre en 1786 – composé d’un bureau à cylindre et d’une table à ouvrage - pour son fabuleux boudoir à Fontainebleau décoré sous la direction de l’architecte Pierre Rousseau.
Cette élégante table à tronchin en acajou est emblématique de ce tournant dans la carrière de Riesener où il renonce aux monumentales productions du début de Louis XVI et opte, en sacrifiant aux évolutions de la mode, pour des modèles plus sobres. L’habillement de ces meubles élégamment architecturés se simplifie, les bronzes se réduisent, les marqueteries fouillées de fleurs laissent la place aux somptueuses plages unies d’un bel acajou. La qualité d’exécution surtout reste la même : impeccable et digne de sa réputation.
La présente table est précisément réalisée selon cette nouvelle conception de meubles sobres et équilibrés répondant à l’anglomanie en vogue suivie également par Adam Weisweiler, Pierre Garnier ou encore Canabas.
George Geffroy & Bunny Mellon : deux provenances insignes
Provenant tout d’abord de la collection personnelle de Georges Geffroy de la rue de Rivoli à Paris cette table appartiendra par la suite à Bunny Mellon qu’elle léguera en 2014 à son ami Hubert de Givenchy.
Modéliste de la maison Jean Patou aux débuts des années folles, Georges Geffroy accède à la notoriété par ses multiples apparitions burlesques dans les bals parisiens relayées dans Vogue magazine. Il devient rapidement un membre éminent de la Café Society. Dès les années 1930, il est remarqué pour la décoration de salons de mode pour Jean Piguet et Marcel Rochas, mais aussi des décors de théâtre saisissants comme pour la pièce l’Ecole de la médisance de Sheridan, jouée au théâtre des Mathurins à Paris en février 1940. Sa clientèle se compose de grands amateurs d’art et de collectionneurs français ou étrangers. L’appartement des Moreira Salles, avenue Foch est l’une de ses plus belles créations aux cotés des appartements de Daisy Fellowes et Loel Guiness ; il représente la quintessence de l’élégance des années 50 et 60 en termes de décoration d’intérieur.
Cette table sera par la suite acquise par Rachel Lambert Mellon (1910-2014), dite Bunny, l’une des figures majeures de la haute société américaine du XXe siècle. Philanthrope, collectionneuse d’art et surtout créatrice de jardins elle épousera le magnat de la banque et distingué patron des arts Paul Mellon. Elle conçut de nombreux jardins pour les différentes propriétés des Mellon et notamment les jardins à la française d’Oak Spring Farm. Très proche de la famille Kennedy elle conseillera Jacqueline à de nombreuses reprises. La roseraie de la Maison Blanche sera aménagée selon ses plans en 1962 et sur la demande personnelle du président et de sa femme.
De ses projets en France nous savons qu’elle participera activement à l’aménagement des jardins et d’une partie de l’emblématique décor du Manoir du Jonchet de Givenchy. Très proche du couturier elle lui sera une cliente mais également une amie fidèle. C’est d’ailleurs à ses côtés dans les années 1990, lorsque Givenchy deviendra président du World Monuments Fund, qu’ils superviseront ensemble la restauration du Potager du Roi à Versailles.
La vie extraordinaire de Bunny Mellon se distinguera par cette recherche permanente de la beauté qu’elle retranscrira bien évidemment à travers la création de ses jardins, ses bijoux, sa garde-robe mais surtout à travers ses œuvres d’art comme en témoigne notre présente table.