Lot Essay
« Lorsqu'un artiste italien reçoit un courriel sur son écran d'ordinateur, il y prête attention tout en apercevant depuis sa fenêtre le Colisée ou quelque autre monument historique. Le Colisée et l'Internet constituent ainsi deux aspects d'une même réalité historique non seulement objective, mais aussi concrète et immédiate, et l'un de ces aspects ne peut annuler l'autre. Le fossé entre ces deux éléments correspond à l'espace de réflexion qui permet à un artiste d'élaborer son oeuvre. C'est la situation propre à tout artiste italien, ou du moins aux artistes qui ont fondé l'arte povera en Italie ». - Pier Paolo Calzolari
"When an Italian artist receives an Internet message on his computer screen, he thinks of it at the same time as he sees the Coliseum or some other historic monument outside his window. In this way the Coliseum and the Internet form two aspects of one same historical reality that is not only objective but quite present, and neither one of these aspects can negate the other. The gap between these two aspects is the space of reflection that allows an artist to develop his own work. This is the situation characteristic of an Italian artist, or at least of those artists who created Arte Povera in Italy." - Pier Paolo Calzolari
Dans cette oeuvre sans titre de 1978, Pier Paolo Calzolari imagine, avec les éléments et les objets les plus simples, une sorte de monde archétype étrange qui semble habité d'une dimension magique. À l'instar d'autres représentants de l'arte
povera comme Jannis Kounellis ou Mario Merz, Calzolari a fondé son esthétique sur une approche fondamentalement poétique et sensuelle des objets, des formes dépouillées et du langage de la matière. « Lorsque j'enseignais, se souvient l'artiste, je tâchais toujours de dire à mes élèves que les choses, les volumes ont une voix. J'ai toujours demandé aux gens d'écouter le murmure des choses, la voix des objets, leurs secrets » (Pier Paolo Calzolari, ‘Conversation with Massimiliano Gioni' in Pier Paolo Calzolari, cat. exp., Pistoia, 2011, non-paginé).
Calzolari appréhende les objets et les matériaux les plus élémentaires de notre monde avec l'oeil d'un alchimiste qui serait profondément conscient du secret des choses, de leurs pouvoirs cachés, de leur nature symbolique et des transformations que le temps et la température peuvent leur faire subir. Ses tableaux, structures et installations sont tous des expressions lyriques de cette vision essentielle de la réalité comme une substance changeante et versatile. Conçue en 1978, cette oeuvre relève d'une période où l'artiste se tourne peu à peu vers la forme picturale et la peinture. Composée d'un panneau en plomb auquel ont été suspendus des fils, un dé à coudre, une aiguille et un oeuf qui flotte au-dessus d'une bougie allumée, cette pièce semble vouloir s'imposer à la fois comme une installation matérielle et comme un tableau de maître symbolique, qui prend corps dans l'espace réel et contemporain de l'observateur.
La vision inspirée et poétique que Calzolari déploie ici est marquée par ce qu'il perçoit comme une conception profondément franciscaine du temps – une notion probablement héritée de ses séjours en Ombrie et dans les Marches, régions centrales
de l'Italie, au cours des années 1970 et au début des années 1980. « Le concept fondamental de la pensée franciscaine, qui était totalement ahurissant pour son temps en Occident, explique Calzolari, reposait sur le fait de voir le monde de manière
organique et horizontale, et de nouer un dialogue avec lui : avec la matière, les objets, les animaux. Le vers consacré à 'Soeur eau' et 'Frère feu' dans le Cantique de Frère Soleil, que nous connaissons malheureusement dans une version lissée et vulgarisée par la toute-puissante Église, reste l'une des pierres angulaires de l'esprit révolutionnaire. Il reprend des idées bien plus anciennes qui s'avèrent cruciales, et offre un regard sur le monde qui ressurgit à d'autres moments clés de l'histoire de l'art et de la culture » (Pier Paolo Calzolari, ‘Conversation with Massimiliano Gioni’, op. cit. non-paginé).
In this untitled work from 1978, Pier Paolo Calzolari articulates a strangely archetypal world of magical potential using only the simplest of elements and objects. Like fellow arte povera artists Jannis Kounellis and Mario Merz, Calzolari’s working aesthetic is one that is founded upon an essentially sensual and poetic approach to objects, simple forms and the language of materials. ‘"When I taught," Calzolari has said, "I always tried to tell my students that things, volumes have a voice. I’ve always asked people to listen to the murmuring of things, the voice of objects, their secrets" (Pier Paolo Calzolari ‘Conversation with Massimiliano Gioni’ in Pier Paolo Calzolari, Pistoia 2011, n.p).
Calzolari views the basic objects and materials of the world with the eye of an alchemist who is deeply aware of their secret, hermetic powers, their symbolic nature and the transmutative effects that time and temperature can have upon them. His paintings, structures and installations are all poetic expressions of this elemental understanding of reality as a volatile and changing domain. This work, from 1978 belongs to a period when Calzolari was beginning to become interested in pictorial form and in painting. Comprising a lead panel in front of which an egg has been suspended over a burning candle along with a thimble and a needle and hanging threads, it is a work that generates a sense of itself as part material installation and part symbolic old master painting existing in the real, contemporaneous space of the viewer.
The visionary and poetic approach that Calzolari displays here owes much to what he recognizes is an essentially Franciscan understanding of time—something that is in his case perhaps reflective of the time he spent in both Umbria and the Le Marche regions of Italy during the 1970s and early ‘80s. "The basic concept of Franciscan culture, which was absolutely stunning for the time in the West’, Calzolari has explained, ‘lay in seeing the world in an organic, horizontal way, and entering into dialogue with it: with matter, with objects, with animals. The verse about ‘sister water’ and brother fire’ in the Canticle of the Sun, which unfortunately has been taught to us in a form dumbed-down and flattened out by the enormous power of the Church, is still a conceptual keystone of the revolutionary mind. It takes up much older ideas that are very important, and is an outlook that turns up again at other critical points in the history of art and culture" (Pier Paolo Calzolari, ‘Conversation with Massimiliano Gioni’, ibid).
"When an Italian artist receives an Internet message on his computer screen, he thinks of it at the same time as he sees the Coliseum or some other historic monument outside his window. In this way the Coliseum and the Internet form two aspects of one same historical reality that is not only objective but quite present, and neither one of these aspects can negate the other. The gap between these two aspects is the space of reflection that allows an artist to develop his own work. This is the situation characteristic of an Italian artist, or at least of those artists who created Arte Povera in Italy." - Pier Paolo Calzolari
Dans cette oeuvre sans titre de 1978, Pier Paolo Calzolari imagine, avec les éléments et les objets les plus simples, une sorte de monde archétype étrange qui semble habité d'une dimension magique. À l'instar d'autres représentants de l'arte
povera comme Jannis Kounellis ou Mario Merz, Calzolari a fondé son esthétique sur une approche fondamentalement poétique et sensuelle des objets, des formes dépouillées et du langage de la matière. « Lorsque j'enseignais, se souvient l'artiste, je tâchais toujours de dire à mes élèves que les choses, les volumes ont une voix. J'ai toujours demandé aux gens d'écouter le murmure des choses, la voix des objets, leurs secrets » (Pier Paolo Calzolari, ‘Conversation with Massimiliano Gioni' in Pier Paolo Calzolari, cat. exp., Pistoia, 2011, non-paginé).
Calzolari appréhende les objets et les matériaux les plus élémentaires de notre monde avec l'oeil d'un alchimiste qui serait profondément conscient du secret des choses, de leurs pouvoirs cachés, de leur nature symbolique et des transformations que le temps et la température peuvent leur faire subir. Ses tableaux, structures et installations sont tous des expressions lyriques de cette vision essentielle de la réalité comme une substance changeante et versatile. Conçue en 1978, cette oeuvre relève d'une période où l'artiste se tourne peu à peu vers la forme picturale et la peinture. Composée d'un panneau en plomb auquel ont été suspendus des fils, un dé à coudre, une aiguille et un oeuf qui flotte au-dessus d'une bougie allumée, cette pièce semble vouloir s'imposer à la fois comme une installation matérielle et comme un tableau de maître symbolique, qui prend corps dans l'espace réel et contemporain de l'observateur.
La vision inspirée et poétique que Calzolari déploie ici est marquée par ce qu'il perçoit comme une conception profondément franciscaine du temps – une notion probablement héritée de ses séjours en Ombrie et dans les Marches, régions centrales
de l'Italie, au cours des années 1970 et au début des années 1980. « Le concept fondamental de la pensée franciscaine, qui était totalement ahurissant pour son temps en Occident, explique Calzolari, reposait sur le fait de voir le monde de manière
organique et horizontale, et de nouer un dialogue avec lui : avec la matière, les objets, les animaux. Le vers consacré à 'Soeur eau' et 'Frère feu' dans le Cantique de Frère Soleil, que nous connaissons malheureusement dans une version lissée et vulgarisée par la toute-puissante Église, reste l'une des pierres angulaires de l'esprit révolutionnaire. Il reprend des idées bien plus anciennes qui s'avèrent cruciales, et offre un regard sur le monde qui ressurgit à d'autres moments clés de l'histoire de l'art et de la culture » (Pier Paolo Calzolari, ‘Conversation with Massimiliano Gioni’, op. cit. non-paginé).
In this untitled work from 1978, Pier Paolo Calzolari articulates a strangely archetypal world of magical potential using only the simplest of elements and objects. Like fellow arte povera artists Jannis Kounellis and Mario Merz, Calzolari’s working aesthetic is one that is founded upon an essentially sensual and poetic approach to objects, simple forms and the language of materials. ‘"When I taught," Calzolari has said, "I always tried to tell my students that things, volumes have a voice. I’ve always asked people to listen to the murmuring of things, the voice of objects, their secrets" (Pier Paolo Calzolari ‘Conversation with Massimiliano Gioni’ in Pier Paolo Calzolari, Pistoia 2011, n.p).
Calzolari views the basic objects and materials of the world with the eye of an alchemist who is deeply aware of their secret, hermetic powers, their symbolic nature and the transmutative effects that time and temperature can have upon them. His paintings, structures and installations are all poetic expressions of this elemental understanding of reality as a volatile and changing domain. This work, from 1978 belongs to a period when Calzolari was beginning to become interested in pictorial form and in painting. Comprising a lead panel in front of which an egg has been suspended over a burning candle along with a thimble and a needle and hanging threads, it is a work that generates a sense of itself as part material installation and part symbolic old master painting existing in the real, contemporaneous space of the viewer.
The visionary and poetic approach that Calzolari displays here owes much to what he recognizes is an essentially Franciscan understanding of time—something that is in his case perhaps reflective of the time he spent in both Umbria and the Le Marche regions of Italy during the 1970s and early ‘80s. "The basic concept of Franciscan culture, which was absolutely stunning for the time in the West’, Calzolari has explained, ‘lay in seeing the world in an organic, horizontal way, and entering into dialogue with it: with matter, with objects, with animals. The verse about ‘sister water’ and brother fire’ in the Canticle of the Sun, which unfortunately has been taught to us in a form dumbed-down and flattened out by the enormous power of the Church, is still a conceptual keystone of the revolutionary mind. It takes up much older ideas that are very important, and is an outlook that turns up again at other critical points in the history of art and culture" (Pier Paolo Calzolari, ‘Conversation with Massimiliano Gioni’, ibid).