JACOB JORDAENS (ANVERS 1593-1678)
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JACOB JORDAENS (ANVERS 1593-1678)

L’Économe infidèle face aux débiteurs de son maître (?)

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JACOB JORDAENS (ANVERS 1593-1678)
L’Économe infidèle face aux débiteurs de son maître (?)
inscrit ‘Den on[rechtvaar]digen Rentmeester/ 16[…]’ (en bas au centre) ; avec signature ‘Jordaens’ (en bas à gauche)
pierre noire, sanguine, plume et encre brune, lavis brun et lavis de sanguine, rehaussé de blanc, des bandes de papier ajoutées le long des bords droit, gauche et supérieur par l'artiste
24,4 x 25,7 cm (9 1/2 x 10 1/8 in.)
Provenance
Jean-Baptiste-Florentin-Gabriel de Meyran, Marquis de Lagoy (1764-1829), Aix-en-Provence (L. 1710); Hôtel des Commissaires-Priseurs, Paris, 17-19 avril 1834, lot 148.
Further Details
JACOB JORDAENS, THE UNJUST STEWARD AND HIS MASTER’S DEBTORS, BLACK AND RED CHALK, BROWN AND RED CHALK WASH, HEIGHTENED WITH WHITE

This unpublished sheet is an attractive addition to the drawn œuvre of the most prolific of seventeenth-century Flemish draughtsmen, Jacob Jordaens, who outlived his main rivals, Peter Paul Rubens and Anthony van Dyck, by almost forty years. Aided by an extensive workshop, he left a large number of paintings and other finished works, to which many of the drawings can be related (for Jordaens’s drawings, see R.-A. d’Hulst, Jordaens Drawings, 4 vols., Brussels, 1974). However, he seems to also have produced many independent drawings, often with a religious theme, which may have played a role in Protestant gatherings attended by Jordaens (as suggested in S. Alsteens in Raphael to Renoir. Drawings from the Collection of Jean Bonna, exhib. cat., New York, The Metropolitan Museum of Art, and Edinburgh, National Gallery of Scotland, 2009, no. 48, ill.). The present work, unrelated to any painting by the artist, could belong this category of works.
The inscription in the artist’s characteristic handwriting, known from many other drawings of his, appears to identify the subject as an episode from the Parable of the Unjust Steward, or ‘onrechtvaardige rentmeester’ in Dutch, as told in the gospel of Luke (chapter 16). Rarely depicted, this parable with a controversial meaning tells the story of a steward whose master threatens to fire for mismanagement. To ensure he will have shelter if he is no longer employed, the steward allows his master’s debtors to declare less than the owe him, at which ‘the lord commended the unjust steward, because he had done wisely’ (Luke 16,8). The seated man at left may depict the steward (rather than his master), and the figures addressing him the debtors. But the scene appears almost more fitting as an illustration of another parable of Christ, that of the Unjust Judge (Luke 18). The judge, known for his lack of mercy, decides to do justice to a persistent widow so she stops bothering him. Christ explains his story by saying: ‘and shall not God avenge his own elect, which cry day and night unto him’? (Luke 18,7). Could Jordaens have been confused, and written ‘rentmeester’ instead of ‘rechter’ (judge)? Or could the fragmentary inscription refer to another composition, perhaps originally underneath the one presented here?
Whatever the case may be, the drawing is a powerfully executed example of Jordaens’s theatrical, decorative composition style, and his mastery in combining different mediums. Characteristic, too, is the use of different pieces of paper to adjust the support’s format to the flight of his inspiration. The cut-of line of the inscription appears to contain a date in the 1660s (perhaps 1660?), which would situate it firmly in the second half of the artist’s career. Among other examples, two elaborate allegories are similar in style and technique, dated 1658 (D’Hulst, op. cit., II, nos. A327, A328, IV, figs. 344, 345). But many aspects are common to Jordaens’ entire œuvre – stylistic, technical, but also compositional, such as the shallow stage, or the piled-up figures. The beautiful dog echoes one already used by Jordaens in a design for a tapestry depicting a proverb, dated 1638, in the Museum Plantin Moretus, Antwerp (inv. PK.OT.00160; see D’Hulst, op. cit., I, no. A190, III, fig. 205; and R.-A. d’Hulst, Jacob Jordaens (1593-1678), II, Tekeningen en prenten, exhib. cat., Antwerp, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, 1993, no. B38, ill.).

Brought to you by

Hélène Rihal
Hélène Rihal Head of Department

Lot Essay

Cette feuille inédite est un ajout intéressant à l’œuvre dessinée du plus prolifique des dessinateurs flamands du XVIIe siècle, Jacob Jordaens, qui a survécu à ses principaux rivaux, Pierre Paul Rubens et Antoine van Dyck, de près de quarante ans. Aidé par un vaste atelier, il a laissé un grand nombre de peintures et d'autres œuvres achevées, auxquelles de nombreux dessins peuvent être rattachés (pour les dessins de Jordaens, voir R.-A. d’Hulst, Jordaens Drawings, 4 vol., Bruxelles, 1974). Cependant, il semble avoir également produit de nombreux dessins indépendants, souvent religieux, qui ont pu jouer un rôle dans les rassemblements protestants auxquels Jordaens participait (comme le suggère S. Alsteens dans Raphael to Renoir. Drawings from the Collection of Jean Bonna, cat. exp., New York, The Metropolitan Museum of Art ; Édimbourg, National Gallery of Scotland, 2009, n° 48, ill.). Le présent dessin, sans lien avec une quelconque peinture de l’artiste, pourrait appartenir à cette catégorie d’œuvres.

L’inscription autographe caractéristique de l’artiste, connue sur de nombreux autres dessins, semble identifier le sujet comme un épisode de la parabole de l’Économe infidèle, ou ‘onrechtvaardige rentmeester’ en néerlandais, tel que raconté dans l'évangile selon Luc (chapitre 16). Rarement représentée, cette parabole au sens controversé raconte l’histoire d’un intendant que son maître menace de renvoyer pour mauvaise gestion. Pour s’assurer qu’il aura un abri s’il n’est plus employé, l’intendant permet aux débiteurs de son maître de déclarer moins que ce qu’ils lui doivent, ce à quoi ‘le maître fit l’éloge de l’intendant malhonnête à cause de l’habileté dont il avait fait preuve’ (Luc 16.8). L’homme assis à gauche pourrait être l’intendant (plutôt que son maître), tandis que les personnages qui s’adressent à lui seraient les débiteurs. Mais la scène semble plus appropriée à l’illustration d’une autre parabole, celle du Juge inique (Luc 18). Le juge, connu pour son manque de miséricorde, décide de rendre justice à une veuve obstinée pour qu’elle cesse de l’importuner. Le Christ explique son récit en disant : ‘Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ?’ (Luc 18.7). Jordaens aurait-il été confus et écrit ‘rentmeester’ au lieu de ‘rechter’ ? Ou bien l'inscription fragmentaire pourrait-elle faire référence à une autre composition, peut-être située originellement sous le présent dessin ?

Quoi qu’il en soit, ce dessin est un parfait exemple du style de composition théâtrale et décorative de Jordaens et de sa maîtrise dans la combinaison de différents médiums. Un autre élément caractéristique est l’utilisation de différents morceaux de papier afin d’ajuster le format du support au gré de l’inspiration de l’artiste. L’inscription partiellement coupée semble contenir une date dans les années 1660 (peut-être 1660 ?), ce qui situerait ce dessin dans la seconde moitié de la carrière de l’artiste. Parmi d’autres exemples, deux allégories élaborées, de style et de technique similaires sont datées de 1658 (D’Hulst, op. cit., II, nos A327, A328, IV, fig. 344, 345). De nombreux aspects sont communs à l’ensemble de l’œuvre de Jordaens - stylistiques, techniques, mais aussi structurels, comme l’espace peu profond et les figures empilées. Le chien élégamment représenté fait écho à un motif déjà utilisé par Jordaens pour une tapisserie représentant un proverbe, datée de 1638 et conservée au Musée Plantin-Moretus d’Anvers (inv. PK.OT.00160 ; voir D’Hulst, op. cit., I, n° A190, III, fig. 205 ; et R.-A. d’Hulst, Jacob Jordaens (1593-1678), II, Tekeningen en prenten, cat. exp., Anvers, Musée Royal des beaux-arts, 1993, n° B38, ill.).

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