Maximilien Luce (1858-1941)
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Provenant d'une collection particulière, Europe
Maximilien Luce (1858-1941)

Couillet, La Nuit

Details
Maximilien Luce (1858-1941)
Couillet, La Nuit
signé et daté 'Luce 96' (en bas à gauche)
huile sur toile
50 x 65 cm.
Peint à Couillet en 1896

signed and dated 'Luce 96' (lower left)
oil on canvas
19 3/4 x 25 5/8 in.
Painted in Couillet in 1896
Provenance
Atelier de l'artiste.
Frédéric Luce, France (par descendance et jusqu'à au moins 1966).
Collection particulière, États-Unis (dans les années 1990).
Literature
P. Cazeau, Maximilien Luce, Lausanne et Paris, 1982, p. 74 (illustré en couleurs; titré 'Usines à Couillet, La Nuit').
D. Bazetoux, Maximilien Luce, Catalogue de l'œuvre peint, Paris, 1986, vol. II, p. 275, no. 1104 (illustré).
Exhibited
(probablement) Londres, Wildenstein, Paintings by Maximilien Luce, octobre-novembre 1954, no. 8 (titré 'Usine la nuit près de Charleroi').
Charleroi, Palais des Beaux-Arts, Tricentenaire de Charleroi, Maximilien Luce, octobre-décembre 1966, no. 29.
Albi, Musée Toulouse-Lautrec, Luce, juin-septembre 1977, no. 14.
Paris, Musée Marmottan, Maximilien Luce, février-avril 1983, no. 26.
Further Details
« Je trouve ce pays admirable, mais quelle tristesse ! […] Le temps est atroce de la pluie à flot ; je me promène beaucoup et prend des notes, ah si je pouvais arriver à rendre ce que je sens-là. »
M. Luce à H. E. Corss, cité in J. Sutter, Maximilien Luce, Peintre Anarchiste, Paris, 1986, p. 80.

« Vous vous êtes complu – il y a quelques années déjà – à traduire le tumulte des pays de flamme et de charbon : les usines compactes, les hauts fourneaux aux briques calcinées, les cheminées géantes, les terrils géométriques. Vous montriez ainsi, non seulement votre application à revêtir de la parure des couleurs et des lignes, des fragments de monde que la beauté semblait bannir de son domaine, mais vous prouviez surtout quel talent aéré, puissant, farouche était le vôtre »
Émile Verhaeren

Entre octobre et décembre 1895, Maximilien Luce rend visite à Théo van Rysselberghe dans la ville belge de Charleroi, située au sud de Bruxelles. Au cours de ce voyage et des suivants (en 1897, 1899 et 1900), Luce passe beaucoup de temps à explorer le Borinage, région autour de Charleroi ; il est alors bouleversé par cette région où l'industrie est trépidante et où le paysage est ponctué de ces aciéries et des hauts fourneaux. Cette région en plein expansion offre des paysage étonnant, liés à la production de charbon, de verre et d’acier, autour de la Sambre. L’activité industrielle ne cesse jamais, fonctionnant nuit et jour. Avec Couillet, La Nuit Maximilien Luce, réalise le souhait exprimé quinze ans plus tôt, en 1883 par le critique Joris-Karl Huysmans qui invitait les peintres à exprimer sur la toile cette « fièvre moderne que présente l’activité de l’industrie ».
A Couillet, village de la périphérie de Charleroi, les hauts fourneaux rythmaient le paysage, les cheminées crachaient continuellement de la fumée, la poussière donnait à toutes choses une teinte grisâtre et sale. Néanmoins, ces paysages fascinaient Luce. L’énergie qui s’en dégageait était pour lui une véritable source d’inspiration inépuisable. L’artiste y discerne même une certaine beauté, dépeignant, grâce à sa technique divisionniste mature, une atmosphère particulière empreinte d’effets de lumière dramatiques. Avec son utilisation de bleus et de violets gradués, soulignés par des points de lumière intenses, Couillet, La Nuit est une évocation belle et subtile du crépuscule industriel des alentours de Charleroi. Avec cette œuvre, Luce sublime la féérie pyrotechnique du flamboiement des forges et l’apparente hideur des haut-fourneaux et des terrils.
Cet intérêt naissant pour l’industrie et toute la beauté qui s’en dégage, mais aussi pour l’évocation du travail et les conditions sociales des ouvriers trouvera également écho dans l’œuvre de l’ami et maitre de Luce, Paul Signac, qui le rejoint à Charleroi en 1897. Celui-ci affirmera : « Il faudrait des pastels pour rendre la beauté de cette féerie des flammes. Partout des feux de Bengale multicolores, des feux d’artifices, des étincelles […]. Les ouvriers ne sont plus rien, je vois là le règne du feu ! Des couchers de soleils, des Turner comme je les rêves, aux éclairages multiples, plutôt que le dur labeur des pauvres hommes, si petits qui circulent dans cette fantasmagorie. […] Jamais je le crois je n’ai eu une pareille joie de couleur ! […] A force de grandeur et d’utilité, ces hauts fourneaux arrivent à avoir grand style architectural. Cette architecture de fer et de feu, c’est la seule de notre époque. Entre la Trinité et cette usine, il n’y a pas à hésiter. » (P. Signac, Journal inédit, Paris, 15 novembre–17 décembre 1897).
Indépendant par rapport à la théorie divisionniste, Maximilien Luce propose ici une gamme chromatique raffinée et recherchée, vibrante et lumineuse. Avec Couillet, La Nuit l’artiste nous témoigne son intérêt pour les paysages nocturnes, la lumière des crépuscules, les reflets sur l’eau et les climats incertains dont il se fait le spécialiste. Lui qui, comme l’affirma Gustave Kahn, « rugueusement, violement, peint des prolétaires » (G. Kahn, ‘Peinture, Exposition des indépendants’ in La Revue indépendante, avril 1888, p. 163), nous fait part ici de son gout de l’humanité. Il confère à son sujet une poésie singulière, nous plongeants dans cet univers de feu et la lumière où l’humain et le métal entraient en fusion !
Mélangeant avec brio les tons bleus et violets, les effet de lumières naturelle et électrique, la sensation de chaleur du métal en fusion et d’humidité de la nuit tombante, Luce nous plonge ici dans un paysage industriel dont il s‘est fait le chantre et dont lui seul a su à ce point sublimer la beauté.

“I find this country to be admirable, but what sadness! […] The weather is terrible, it pours with rain; I do a lot of walking and I take notes, if I could only manage to portray what I feel here.”
M. Luce to H. E. Corss, quoted in J. Sutter, Maximilien Luce, Peintre Anarchiste, Paris, 1986, p. 80.

“A few years ago, you took pleasure in conveying the turbulence of the lands of flames and coal: the compact factories, the blast furnaces with their charred bricks, the giant chimneys, the geometric slag heaps. You thus not only demonstrated the effort you had made to cloak fragments of the world that appeared to have been excluded from the realms of beauty with the finery of colours and lines, but you proved above all what a refreshing, powerful and fierce talent you had.”
Émile Verhaeren

Between October and December 1895, Maximilien Luce visited Théo van Rysselberghe in the Belgian city of Charleroi, south of Brussels. During this trip and subsequent trips (in 1897, 1899 and 1900), Luce spent a lot of time exploring the Borinage area surrounding Charleroi; he was unsettled by this region where industry was progressing fast and the landscape was punctuated by steelworks and blast furnaces. This region in the throes of expansion produced amazing landscapes associated with the production of coal, glass and steel around the Sambre River. There was unceasing industrial activity, operating day and night. With Couillet, La Nuit, Maximilien Luce fulfilled the wish expressed fifteen years earlier in 1883 by the critic Joris-Karl Huysmans, who invited painters to express on canvas the “modern fever produced by the activity of industry”.
In Couillet, a village on the outskirts of Charleroi, blast furnaces punctuated the landscape, the chimneys continuously spat out smoke and the dust gave everything a greyish, dirty hue. Despite this, these landscapes fascinated Luce. The energy that they gave off was an unending source of inspiration for him. The artist even discerned a certain beauty about them, thanks to his mature divisionist technique, which created a distinctive atmosphere tinged with dramatic light effects. With his use of a gradation of blues and purples, highlighted with intense points of light, Couillet, La Nuit is a beautiful, subtle evocation of industrial twilight in the area surrounding Charleroi. With this work, Luce brings out the beauty of the enchanting fireworks produced by the blazing forges and the obvious ugliness of the blast furnaces and slag heaps.
This budding interest for industry and all the beauty that it creates, but also for evoking work and the social conditions of workers, would also be echoed in the work of Luce’s friend and master, Paul Signac, who joined him in Charleroi in 1897. He said, ‘Pastels would be needed to portray the beauty of these enchanted flames. Multicoloured Bengal torches everywhere, fireworks, sparks […]. The workers are nothing now, here I can see the reign of fire! Sunsets, the Turners of my dreams, with multiple light sources, rather than the hard labour of the poor men, who look so small as they move around in this phantasmagory. […] I do not think colour has ever given me such joy! […] The size and usefulness of these blast furnaces gives them great architectural style. This architecture of iron and fire is unique in our time. There is nothing to choose between the Trinity and this factory.’ (P. Signac, Journal inédit, Paris, 15 November–17 December 1897).
Independently of divisionist theory, here Maximilien Luce brings a range of colours that is refined and studied, vibrant and luminous. With Couillet, La Nuit, the artist demonstrates his interest in nocturnal landscapes, twilight, reflections on water and the unsettled climates that he specialises in. The artist who, as stated by Gustave Kahn, ‘roughly, violently, paints proletarians’ (G. Kahn, ‘Peinture, Exposition des indépendants’ in La Revue indépendante, April 1888, p. 163), is informing us here of his taste for humanity. He confers a distinctive poetry on his subject, immersing us in this world of fire and light where humans and metal were melted together!
Brilliantly blending blue and violet tones, the effects of natural and electric light, the feel of melting metal and the humidity of nightfall, here Luce immerses us in the industrial landscape that he championed as the only person capable of bringing out its beauty.

Brought to you by

Valérie Didier
Valérie Didier Specialist, Head of Sale

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