Kees van Dongen (1877-1968)
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Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the … Read more Ancienne collection Albert Sarraut, France
Kees van Dongen (1877-1968)

La Jeune Dame aux cheveux rouges

Details
Kees van Dongen (1877-1968)
La Jeune Dame aux cheveux rouges
signé 'van Dongen.' (en bas à droite)
huile sur toile
55 x 46 cm.
Peint vers 1925

signed 'van Dongen.' (lower right)
oil on canvas
21 5/8 x 18 1/8 in.
Painted circa 1925
Provenance
Albert Sarraut, Paris (probablement acquis auprès de l’artiste).
Liliane Caujolle, France (par descendance en 1962).
Lucien Caujolle, Neuilly-sur-Seine (par succession en 2015).
Roger Caujolle, France (par descendance en 2016).
Puis par descendance au propriétaire actuel en 2021.
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.
Further Details
Peint vers 1925, La Jeune Dame aux cheveux rouges, n’a jamais été vue sur le marché, provenant de la collection d’Albert Sarraut (1872-1962) puis de ses descendants. Homme d'État français très actif pendant la première moitié du XXème siècle, Sarraut fut gouverneur général de l’Indochine française, ministre des Colonies à plusieurs reprises (1920-24, puis 1932-33), ainsi que ministre de la Marine (1930, 1931 et 1933-34), ministre d’État (1937-38 et 1938), ministre de l’Intérieur (1926-28, 1934, 1936, 1938, 1938-40) ou encore Président du Conseil deux fois, en 1933 et en 1936. Malgré ces hautes fonctions publiques, cela n’empêcha pas Sarraut d’être aussi amateur d’art, d’échanger avec les artistes de son temps, comme en atteste par exemple une lettre datée 1945-52 adressée au peintre voyageur Marcel Mouillot (1889-1972), qu’il s’empresse d’aller voir dans son atelier régulièrement. Sarraut soutiendra certains artistes, tel le peintre juif russe émigré Chaïm Soutine (1893-1943), en lui achetant quelques toiles et à qui il procurera les laissez-passer requis pour se rendre à Paris pour ses soins pendant l’Occupation allemande. De plus, Sarraut contribua à promouvoir des évènements culturels, telle la conférence qu’il donna au musée de l’Orangerie en 1929 à l’occasion de l’exposition de la collection de Paul Guillaume (1891-1934). Enfin, Sarraut constitua une collection d’art très éclectique, dont une riche sélection d’œuvres khmères présentées au musée Albert Sarraut à Phnom Penh (aujourd’hui, le musée national du Cambodge), fondé en 1919. Sa collection rassemblait selon les témoignages familiaux des œuvres de Gauguin, Marie Laurencin, Toulouse-Lautrec, Degas, Modigliani. Sarraut semble avoir aussi collectionné des œuvres d’artistes plus modernes, tels Henri Martin (1860-1943) qui lui a peint et dessiné son portrait, ou Louis Marcoussis (1878-1941), dont son tableau Nature morte au damier de 1912 fait aujourd’hui partie des collections du musée d’art moderne du Centre Georges Pompidou à Paris, mais aussi Kees Van Dongen, duquel il a probablement acquis le portrait ci-contre de La Jeune Dame aux cheveux rouges.
Reconnu pour ses talents de portraitiste, le peintre hollandais Kees van Dongen parvient rapidement à capturer l’essence d’une nouvelle génération de femmes. Suite à son installation en France et sa rencontre avec la créatrice de mode Léa (Jasmy) Jacob, l’artiste découvre l’élite parisienne. Ses nombreux portraits, notamment de figures féminines, connaissent rapidement un succès auprès de la belle société ainsi qu’une reconnaissance critique. Dès 1920, Gustave Coquiot écrivait ainsi qu’avec ses portraits, van Dongen "déclare vouloir exprimer dans ses images le tempérament de la femme moderne et, à travers elle, l’esprit de son temps" (G. Coquiot cité in Van Dongen, Fauve, anarchiste et mondain, cat. exp., Musée d’art moderne de la ville de Paris, Paris, 2011, p. 189). C’est tout à fait ce que la Jeune Dame aux cheveux rouges incarne : vêtue d’une simple blouse blanche, les épaules nues, sa pose dégage un certain relâchement voir même une certaine liberté, plutôt que de la timidité ou de la soumission, qui pourraient être suggérées par son regard baissé, inévitablement rappelant l’un des chefs-d’œuvre d’un autre grand maître hollandais, remontant au XVIIème siècle, La Femme au bain, peint par Rembrandt en 1654 (Londres, National Gallery of Art).
Cependant, contrairement aux riches empâtements de Rembrandt, Van Dongen réduit son modèle de manière ingénieuse à quelques touches essentielles et pourtant osées, notamment les contours de sa figure peints avec un vert primaire. En effet, ses larges coups de pinceaux sont très précis bien que spontanés, lui permettant de jouer avec la réserve de la toile pour créer un jeu de reflets très vivant. Ces lignes et ces couleurs exaltent, selon l’artiste, la figure féminine, note d'ailleurs Jean Melas Kyriazi : "Pour un bon peintre, il n’est peut-être pas difficile d’exécuter un portrait ressemblant, mais il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit de faire ressortir l’individualité, le caractère ou le manque de caractère, bref tout ce qui caractérise le modèle, qui pose dans l’immobilité et le silence" (J. Melas Kyriazi, Van Dongen Après le Fauvisme, Lausanne, 1987, p. 50). Toujours selon Jean Melas Kyriazi, l’ "artiste s’y révèle un excellent psychologue, à qui rien n’échappe, et il parvient à mettre à nu le cœur de ces clients" (ibidem). C’est bien cela qui permet à Kees van Dongen d’échapper à "cette vaste catégorie des portraitistes voués à un oubli certain : la postérité se référera à ses portraits pour juger les années folles" (ibid., p. 57). Ainsi, le présent portrait d’une Jeune Dame aux cheveux rouges parvient-il à la fois de rendre compte l’âme de son modèle, mais également celle de toute une époque et d’un artiste, Kees van Dongen, qui ne manque pas de rendre hommage à l’un des tableaux phares de la peinture hollandaise du siècle d’or.

Painted circa 1925, La Jeune Dame aux cheveux rouges, has never been seen on the market and comes from the collection of Albert Sarraut (1872-1962) and his heirs. Sarraut was a very active French politician during the first half of the 20th century, being appointed general governor of French Indochina, minister of the Colonies on several occasions (1920-24, then 1930-33), as well as minister of the Navy (1930, 1931, 1933-34), minister of State (1937 and 1938), minister of Interior (1926-28, 1934, 1936, 1938, 1938-40), and twice President of the Ministers’ Council in 1933 and in 1936. Nevertheless, these high functions did not stop Sarraut to also appreciate and promote the arts, to meet and befriend several contemporary artists of his time, as witnessed by a letter dated 1945-52 that he wrote to the travel painter Marcel Mouillot (1889-1972), in which he describes the pleasure he has in frequently visiting the latter’s studio. Sarraut also financially supported artists, such as the Jewish painter Chaïm Soutine (1892-1943), a Russian emigrant, from whom he purchased several paintings and to whom he provided safe passes to travel in and out of Paris for his medical treatment during the German Occupation. In addition, Sarraut contributed to promoting cultural events, such as the conference he held at the Musée de l’Orangerie in Paris on the occasion of the exhibition of Paul Guillaume’s collection (1891-1934). Finally, Sarraut assembled a very eclectic art collection, including a rich ensemble of khmer artworks that were on view at the Albert Sarraut Museum in Phnom Penh (which is today the National Museum of Cambodia), founded in 1919. It seems that Sarraut also collected artworks from more modern artists, such as Henri Martin (1860-1943) who painted and drew the politician’s portrait, or Louis Marcoussis (1878-1941), one of whose paintings, Nature morte au damier (1912), formerly in the Sarraut collection, is today housed at the museum of modern art of the Centre Georges Pompidou in Paris. Kees van Dongen was another artist admired by Sarraut, and he most likely purchased the present work La Jeune Dame aux cheveux rouges, directly from the artist.
Recognised for his abilities as a portrait artist, Dutch painter Kees van Dongen was quick to capture the essence of a new generation of modern women. After moving to France and meeting fashion designer Léa (Jasmy) Jacob, the artist discovered the luxurious world of the Paris elite. His many portraits, especially of women, were lauded in fashionable society and achieved critical acclaim. As early as 1920, Gustave Coquiot wrote that, through his portraits, van Dongen “is stating his desire to express in his images the temperament of the modern woman and, through her, the spirit of our times” (G. Coquiot quoted in Van Dongen, Fauve, anarchiste et mondain, exp. cat., Musée d’art moderne de la ville de Paris, Paris, 2011, p. 189). This is exactly what La Jeune Dame aux cheveux rouges represents : wearing a simple white blouse with bare shoulders, her position suggests a certain slackening and relaxation, perhaps even a certain liberty, rather than shyness or submission that could be identified with her eyes looking down. This portrait inevitably brings to mind one of the masterpieces of another great Dutch master, going back to the 17th century, A Woman Bathing in a Stream of 1654 (London, National Gallery of Art).
However, as opposed to the richly textured impasto used by Rembrandt, Van Dongen ingeniously reduces his model to a few essential brushstrokes that are nonetheless daring, such as the figure’s contours that are painted with a primary green colour. His wide brushstrokes are very precise despite their spontaneity, and allow the artist to play with the primed ground in order to create a lively game of reflections. According to the artist, these lines and colours glorify the female figure. As Jean Melas Kyriazi notes : "To be a good painter, it isn’t perhaps hard to paint a portrait that is a good likeness, but it’s a different story when it comes to getting across a person’s individuality, their character or lack of it - in short, everything about the model who posed for him without moving or making a sound" (J. Melas Kyriazi, Van Dongen Après le Fauvisme, Lausanne, 1987, p. 50). Jean Melas Kyriazi also wrote that, ‘here the artist reveals himself to be a keen psychologist, nothing escapes him, he sees right into the heart of these clients” (ibidem). This sets Kees Van Dongen apart from “the broad class of portrait painters who are doomed to a certain oblivion: posterity will look to his portraits to form an opinion on the Roaring Twenties" (ibid., p. 57). La Jeune Dame aux cheveux rouges succeeds in capturing the soul of his model, of an entire epoque, and of an artist, and at the same time Kees van Dongen pays tribute to one of the most iconic paintings of the Dutch Golden Age.

Brought to you by

Valérie Didier
Valérie Didier Specialist, Head of Sale

Lot Essay

Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné en ligne de l'œuvre de Kees van Dongen actuellement en préparation par le Wildenstein Plattner Institute.

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